Et si Rome n'avait pas brûlé en 64 apr-J.C. ?
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Et si Rome n'avait pas brûlé en 64 apr-J.C. ?
Peu importe les raisons, folie de Néron, chrétien appliquant les enseignements christique à la lettre ou malheureux hasard... Que se serait-il passé si Rome n'avait pas brûlé ?
Et bien, c'est avec l’incendie de Rome que Néron lance les persécutions chrétiennes... or ces persécutions, loin d'anéantir la nouvelle religion, vont impressionner les Romains. Les martyrs vont aller à la mort en chantant. les morts, victime de la répression sauvage de Néron vont être comme des graines qui vont germer et répandre la foi chrétienne... (jolie image, non ?)
Sans incendie de Rome, la religion chrétienne pourrait bien rester une religion parmi d'autres à Rome et pas une des plus populaires. Les Chrétiens méprisent les cultes païens. Tacite disait que les Chrétiens étaient "dépravés". Suétone les qualifie de "nouvelle croyance religieuse malveillante".
A la même époque, d'autres religion s'étendent à Rome comme le culte d'Isis. D'autres vont apparaître... comme celui de Mithra. Ce dernier manqua de peu de devenir la première religion du monde romain.
Et bien, c'est avec l’incendie de Rome que Néron lance les persécutions chrétiennes... or ces persécutions, loin d'anéantir la nouvelle religion, vont impressionner les Romains. Les martyrs vont aller à la mort en chantant. les morts, victime de la répression sauvage de Néron vont être comme des graines qui vont germer et répandre la foi chrétienne... (jolie image, non ?)
Sans incendie de Rome, la religion chrétienne pourrait bien rester une religion parmi d'autres à Rome et pas une des plus populaires. Les Chrétiens méprisent les cultes païens. Tacite disait que les Chrétiens étaient "dépravés". Suétone les qualifie de "nouvelle croyance religieuse malveillante".
A la même époque, d'autres religion s'étendent à Rome comme le culte d'Isis. D'autres vont apparaître... comme celui de Mithra. Ce dernier manqua de peu de devenir la première religion du monde romain.
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Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
Anaxagore- Messages : 2236
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Et si Rome n'avait pas brûlé en 64 apr-J.C. ?
J'ai envisagé un scénario similaire, avec un christianisme toléré mais demeurant minoritaire, à partir d'un point de divergence plus tardif : Julien l'Apostat n'est pas assassiné en 363 et règne une vingtaine d'années (au lieu de deux ans), favorisant les cultes païens, ce qui ralentit la christianisation de l'Empire. Autre point de divergence possible : les chrétiens n'abandonnent pas les obligations et interdits du judaïsme (circoncision, interdits alimentaires), ce qui freine largement l'adoption du christianisme, qui demeure une secte juive comme une autre.
Rappelons que le christianisme heurte les croyances traditionnelles romaines (polythéisme, culte de l'Empereur). L'essor du christianisme crée une situation conflictuelle. Même sans l'incendie de Rome sous Néron, des persécutions sont probables. Cet incendie n'était qu'un prétexte.
On ne sait pas dans quelle mesure ces persécutions ont freiné ou renforcé la progression du christianisme dans l'Empire Romain.
Il y a un intérêt et un attrait des élites gréco-romaines pour le monothéisme et en particulier pour les valeurs chrétiennes, complètement nouvelles dans le monde antique : égalité entre les Hommes (donc refus de l'esclavage), charité, solidarité envers les pauvres et les malades, ascétisme, conception du temps (linaire avec une Fin du Monde, contrairement à la conception cyclique du temps antique).
La religion est un instrument d'unification politique. Or le christianisme est plus populaire et ouvert que le mithraïsme (réservé aux hommes) ou le culte de Sol Invictus (surtout répandu dans l'armée).
Tôt ou tard, on risque donc d'avoir un empereur chrétien, qui favorisera le christianisme voire qui l'imposera de manière plus ou moins violente.
Supposons que le christianisme demeure minoritaire, dans un contexte de liberté religieuse. Que se passe-t-il ? On sait que le christianisme est demeuré minoritaire jusqu'au règne de Constantin 1er, et n'a eu aucune influence sur l'évolution de l'empire romain avant le IVème siècle. L'Empire ne peut éviter ni la crise du troisième siècle et les périodes d'anarchie militaire, ni le déclin au Vème siècle, liés à des facteurs politiques (instabilité), économiques, démographiques et climatiques. Par contre le christianisme a été l'instrument de l'unité politico-religieuse sous Constantin. Sans le choix du christianisme comme religion officielle, je vois deux scénarios :
1) Les empereurs comme Constantin (ou Théodose) s'appuient sur une autre religion, comme le culte de Sol Invictus, pour renforcer la cohésion de l'empire. Le nationalisme romain se renforce. Parallèlement, on peut imaginer que la christianisation des peuples barbares est également plus faible. Les barbares adoptent la religion dominante (Sol Invictus), associée à l'identité romaine, ce qui facilite leur assimilation (romanisation). Lorsque les Grandes Invasions débutent, les choix d'alliances et la stratégie romaine sont différents, la proximité religieuse avec des chefs barbares n'entrant pas en ligne de compte. Cela peut éventuellement repousser la chute de l'Empire d'Occident de quelques décennies.
2) Sans unité politico-religieuse, l'Empire d'Occident se délite et s'effondre plus tôt. Les Huns déferlent sur le territoire romain et déposent l'Empereur. Le centre de gravité culturel et économique se déplace en Afrique du Nord où se forme un royaume romano-berbère qui devient une puissance régionale. Sans l'influence de l’Église, l'Europe retombe dans la barbarie. Rappelons que le christianisme a été le ciment de la société médiévale en Europe.
Le christianisme continue toutefois de progresser lentement et de manière très variable selon les régions. Le christianisme nicéen n'a pas été imposé comme religion officielle et coexiste avec l'arianisme. La primauté de l’Église de Rome est contestée. Certains rois barbares pourraient choisir de se convertir au christianisme, y voyant un instrument d'unification politique et sociale. Aux VIème ou VIIème siècle on pourrait voir coexister des royaumes païens et des royaumes chrétiens, ariens ou catholiques (principe cujus regio, ejus religio).
Reste à savoir ce que deviendrait un Empire d'Orient demeuré majoritairement païen. Là encore j'imagine une christianisation ralentie, jusqu'à l'arrivée d'un empereur chrétien qui imposerait le christianisme comme religion officielle.
Je vous souhaite à tous une bonne fête de Sol Invictus, le 25 décembre.
Rappelons que le christianisme heurte les croyances traditionnelles romaines (polythéisme, culte de l'Empereur). L'essor du christianisme crée une situation conflictuelle. Même sans l'incendie de Rome sous Néron, des persécutions sont probables. Cet incendie n'était qu'un prétexte.
On ne sait pas dans quelle mesure ces persécutions ont freiné ou renforcé la progression du christianisme dans l'Empire Romain.
Il y a un intérêt et un attrait des élites gréco-romaines pour le monothéisme et en particulier pour les valeurs chrétiennes, complètement nouvelles dans le monde antique : égalité entre les Hommes (donc refus de l'esclavage), charité, solidarité envers les pauvres et les malades, ascétisme, conception du temps (linaire avec une Fin du Monde, contrairement à la conception cyclique du temps antique).
La religion est un instrument d'unification politique. Or le christianisme est plus populaire et ouvert que le mithraïsme (réservé aux hommes) ou le culte de Sol Invictus (surtout répandu dans l'armée).
Tôt ou tard, on risque donc d'avoir un empereur chrétien, qui favorisera le christianisme voire qui l'imposera de manière plus ou moins violente.
Supposons que le christianisme demeure minoritaire, dans un contexte de liberté religieuse. Que se passe-t-il ? On sait que le christianisme est demeuré minoritaire jusqu'au règne de Constantin 1er, et n'a eu aucune influence sur l'évolution de l'empire romain avant le IVème siècle. L'Empire ne peut éviter ni la crise du troisième siècle et les périodes d'anarchie militaire, ni le déclin au Vème siècle, liés à des facteurs politiques (instabilité), économiques, démographiques et climatiques. Par contre le christianisme a été l'instrument de l'unité politico-religieuse sous Constantin. Sans le choix du christianisme comme religion officielle, je vois deux scénarios :
1) Les empereurs comme Constantin (ou Théodose) s'appuient sur une autre religion, comme le culte de Sol Invictus, pour renforcer la cohésion de l'empire. Le nationalisme romain se renforce. Parallèlement, on peut imaginer que la christianisation des peuples barbares est également plus faible. Les barbares adoptent la religion dominante (Sol Invictus), associée à l'identité romaine, ce qui facilite leur assimilation (romanisation). Lorsque les Grandes Invasions débutent, les choix d'alliances et la stratégie romaine sont différents, la proximité religieuse avec des chefs barbares n'entrant pas en ligne de compte. Cela peut éventuellement repousser la chute de l'Empire d'Occident de quelques décennies.
2) Sans unité politico-religieuse, l'Empire d'Occident se délite et s'effondre plus tôt. Les Huns déferlent sur le territoire romain et déposent l'Empereur. Le centre de gravité culturel et économique se déplace en Afrique du Nord où se forme un royaume romano-berbère qui devient une puissance régionale. Sans l'influence de l’Église, l'Europe retombe dans la barbarie. Rappelons que le christianisme a été le ciment de la société médiévale en Europe.
Le christianisme continue toutefois de progresser lentement et de manière très variable selon les régions. Le christianisme nicéen n'a pas été imposé comme religion officielle et coexiste avec l'arianisme. La primauté de l’Église de Rome est contestée. Certains rois barbares pourraient choisir de se convertir au christianisme, y voyant un instrument d'unification politique et sociale. Aux VIème ou VIIème siècle on pourrait voir coexister des royaumes païens et des royaumes chrétiens, ariens ou catholiques (principe cujus regio, ejus religio).
Reste à savoir ce que deviendrait un Empire d'Orient demeuré majoritairement païen. Là encore j'imagine une christianisation ralentie, jusqu'à l'arrivée d'un empereur chrétien qui imposerait le christianisme comme religion officielle.
Je vous souhaite à tous une bonne fête de Sol Invictus, le 25 décembre.
Aetius- Messages : 14
Date d'inscription : 01/12/2015
Re: Et si Rome n'avait pas brûlé en 64 apr-J.C. ?
Ah, très intéressante question. J'ai un livre sur ce sujet qui recense toutes les les tentatives de restauration du paganisme dans l'empire romain tardif. L'auteur est un néo-païen et il insiste bien sur l'ampleur des massacres opérés par les chrétiens ! mais ce qui est intéressant c'est l'ampleur de la résistance des païens, révolte armée, sédition de régions entières, répression par les chrétiens... dans un autre post j'ai raconté comment Conan Meriadek aurait tué tous les hommes d'Armorique et arraché toutes les langues des femmes pour détruire définitivement le paganisme. C'est une légende... aucun historien n'y voit plus qu'un souvenir déformé et symbolique de la disparition du gaulois et de la perte de leur identité des Armoricains qui deviennent "bretons". Toutefois, il y a un véritable déchirement à la disparition du paganisme.
Une légende grecque raconte ceci : " Un jour, un navire se retrouva encalminé par temps calme. Une voix s'éleva alors, s'adressant à un passager : " Lorsque tu arriveras en Grèce, avant de toucher terre tu devras crier en direction des forêts "Le grand dieu Pan est mort" ".
Le bateau fut alors relâché et le passager respecta ce que Dieu (ce n'est pas dit explicitement, mais c'est bien le Dieu chrétien) lui avait demandé. Il cria " le grand dieu Pan est mort". Et de tout côté s'éleva des pleurs et des cris de douleur.
la mort du grand dieu Pan, c'est la mort du paganisme.
Une légende grecque raconte ceci : " Un jour, un navire se retrouva encalminé par temps calme. Une voix s'éleva alors, s'adressant à un passager : " Lorsque tu arriveras en Grèce, avant de toucher terre tu devras crier en direction des forêts "Le grand dieu Pan est mort" ".
Le bateau fut alors relâché et le passager respecta ce que Dieu (ce n'est pas dit explicitement, mais c'est bien le Dieu chrétien) lui avait demandé. Il cria " le grand dieu Pan est mort". Et de tout côté s'éleva des pleurs et des cris de douleur.
la mort du grand dieu Pan, c'est la mort du paganisme.
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Anaxagore- Messages : 2236
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
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