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Les sorcières

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Les sorcières Empty Les sorcières

Message par Anaxagore Ven 16 Aoû - 20:59

Les sorcières

Origine :
Les légendes parlant de sorcières (90 % des sorciers étant de sexe féminin) remontent aux origines de l’humanité, bien avant l’époque de l’écriture. Si on limite notre recherche à l’occident chrétien et préchrétien, la première remarque à faire est que les sorcières n’ont pas toujours eu mauvaise réputation.  

Jason n’aurait jamais réussi à ramener la toison d’or en Grèce sans l’aide de la sorcière Médée. C’est également elle qui vainc Talos, le géant de bronze qui garde les approches de la Crète.

Hécate, la déesse de la magie est également une sorcière, même si sa fille Circé présente déjà les traits « habituels » de la sorcière (mépris des hommes qu’elle transforme en animaux). Je ne devrais pas avoir à souligner la portée psychologique de cette légende qui voit une femme autocratique qui domine les hommes au point qu’ils en perdent le rang d’homme.

Il est intéressant de voir que ce sont les sociétés où les femmes ont le moins de pouvoir qui sont à l’origine des mythes de sorcière. Les Grecs sont même allé jusqu’à créer des sociétés entières de femmes violant « l’ordre divin », les célèbres amazones.

Bien que n’ayant pas réellement de pouvoir magique, le prototype de la sorcière grecque est la reine Omphale. Après les crises de fureur qui poussèrent Héraclès à tuer sa femme puis plusieurs de ses enfants et amis, les dieux le condamnèrent à servir Omphale comme esclave. Celle-ci obligea Héraclès à porter une robe de femme et à filer la laine au pied de son trône.

Il faut connaître un peu le grec et les lois grecques pour comprendre le sens de ce mythe. Omphalos en grec ancien cela veut dire « nombril ». Le nombril c’est par là que le bébé est nourri dans le ventre de sa mère. Et du point de vue légal, la femme est considérée sa vie durant comme mineure dans la société grecque. Elle est l’enfant de ses parents jusqu’à son mariage, puis « l’enfant » de son mari.

La folie meurtrière d’Héraclès survenant toujours lorsqu’il était dans un état d’excès de masculinité ou de responsabilité (une seule et même chose dans le monde grec) les dieux lui ont imposé de servir Omphale… pour le guérir.

Les sorcières dans l’occident chrétien

Les origines des sorcières sont généralement diaboliques. On les dit parfois enfant de démons, enfant remplacée (changelin) par un démon à sa semblance alors qu’elle était encore au berceau. La version la plus courante étant bien sûr que la sorcière passe un pacte avec le Diable à l’âge adulte pour recevoir pouvoirs magiques, capacité de séduction etc… Généralement, le Diable offre un familier démoniaque (chat noir, corbeau, plus rarement chien) qui est en fait un démon déguisé.

D’autres légendes disent qu’une sorcière est la « septième fille d’une septième fille ». La sorcellerie ne serait pas démoniaque mais serait le résultat d’une sorte de « super-féminité ».  Cette conviction est à mettre en parallèle avec une curieuse légende que l’on trouve au début du Roman de Renart. Selon cette histoire, après que Dieu ait chassé Adam et Ève hors d’Eden, il leur aurait remis une sorte de talisman sensé créer des animaux qui leur serait utile. Chaque fois qu’Adam s’en serait servi, un animal utile (vache, mouton brebis etc..) serait apparu. Evidemment Dieu aurait confié à Adam seul l’utilisation du talisman. Mais bien sûr, Ève aurait obtenu que le (faible) Adam lui permette d’utiliser le talisman. Et bien entendu, à chaque fois qu’Ève s’en servit un animal dangereux (loup, renard etc…) serait apparu.          
Cette légende fait fond sur la religion médiévale qui fait porter la faute originelle sur Ève (tentée par le serpent) qui aurait corrompu activement Adam. Adam, corrompu passivement n’aurait en fait été que trop permissif avec Ève. Le corollaire étant bien sûr le suivant : «  Adam a été chassé du Paradis à cause de sa faiblesse envers Ève. Pour éviter que le Diable entre à nouveau dans votre demeure soyez le maître de votre femme ».  Ou la base religieuse du sexisme…
En fait, il ne s’en est pas fallu de beaucoup pour, qu’au haut moyen âge, un synode remplis de vieux religieux misogyne en vienne à conclure que la femme n’avait pas d’âme ! Heureusement, le Nouveau Testament offrait la Vierge Marie pour défendre le sexe féminin.
Il est d’ailleurs à remarquer que les progrès du culte de Notre-Dame et ceux de la condition féminine se rejoignent. Ce n’est qu’au vingtième siècle que Marie atteint son statu de « déesse mère » du catholicisme, à une époque où la femme a obtenu le droit de vote, celui de divorcer et de garder les enfants.

La dernière cause avancée pour expliquer l’existence de sorcières est la plus proche de la vérité. On les dit êtres fées ou esprits de la forêt…

Les « vraies » sorcières étaient souvent des rebouteuses qui connaissaient les secrets des simples cueillis dans la forêt. Elles soignaient les maladies… ou y échouaient, connaissaient aussi les plantes qui peuvent empoisonner ou mettre fin à une grossesse non désirée. Au moyen-âge (surtout dans les campagnes)  la vie et la mort sont entre les mains de Dieu… et du Diable.

L’ignorance superstitieuse des paysans a fait le reste, ainsi sa capacité à inventer et colporter des légendes.  Ainsi tout acte nuisant à leur petit village était forcément le fait des sorcières. On leur imputer tout ce qui provoquait la perte du bétail et des récoltes. En particulier les événements soudains et imprévisibles comme une grêle soudaine en plein été, les maladies, les fruits qui pourrissent encore en branche, les vaches dont le lait tarissent. Les pluies de grenouilles (phénomène réel mais dont on ignore encore l’origine) et les nuées de sauterelles seraient aussi l’effet de malédiction de sorcière.

Dans le domaine privé, la stérilité des femmes, l’impuissance masculine, les fausses couches, la mort subite des nouveau-nés, lui sont encore attribué.
Nombreuses sont les maladies provoquées par les sorcières : verrues, maladies de foie, la folie et la peste. Lorsqu’elle ne les provoque pas, la sorcière est sensée appliquée une graisse spéciale sur les poignées de porte pour en faciliter la propagation.
Bien sûr la sorcière tue aussi adultes et enfants, en particulier en leur lançant des sorts ou en les métamorphosant en animaux.
                                                                                                                                                                                       
Philtres et objets magiques

Les attributs de la sorcière n’ont que peu varié et sont connus de tous : la marmite, la baguette magique, le grand chapeau pointu, la cape et le balai.

Le chaudron : Probablement l’accessoire principal de la sorcière. Grâce à lui, elle peut concocter philtres, onguents et potions aux capacités mira… euh… non… démoniaques bien sûr.  Il ne s’agit pas d’alchimie, mais d’une forme spéciale de magie appelée en anglais Witch Brewing ( plus ou moins : brassage de sorcière). L’exemple le plus frappant (et à mon avis le plus ancien car inspiré de récits remontant à la nuit des temps)  se trouve dans le Mabinogi de Peredur :

Kerridwen résolut donc, selon l’art des livres de Fferyllt, de faire bouillir un chaudron d’inspiration et de science pour son fils, afin que son entrée parmi les hommes pût être honorable grâce à sa science des mystères du futur état du monde. Alors elle commença à faire bouillir le chaudron. Celui-ci devait cesser de bouillir pendant un an et un jour jusqu’à ce que trois gouttes magiques de grâce et d’inspiration fussent obtenues […].
Elle chargea le nain Gwyon Bach […], de surveiller le chaudron, et un aveugle nommé Morva d’activer le feu en dessous. Elle leur demanda de veiller pour que l’ébullition ne s’arrêtât pas pendant un an et un jour.
Elle-même, selon les livres des astrologues et pendant les heures des planètes, rassembla chaque jour toutes sortes d’herbes magiques.

Ce récit ultérieurement christianisé donnera naissance au Cycle du graal… ai-je besoin d’expliquer que le chaudron magique de Kerridwen avait un nom ? Il s’appelait Gréal.  C’est assez ironique que le Graal, l’une des reliques les plus sacrées du christianisme soit en fait un chaudron de sorcière.

Le Mabinogi de Peredur  explique très bien les limitations rencontrées par ces chaudrons magiques. Il faut une recette, donc un livre de recettes (les sorcières se les échangent volontiers). Le livre dont dispose Kerridwen est d’ailleurs nommé les livres de Fferyllt. Il faut alors collecter une suite d’ingrédients (comme en alchimie). Mais la subtilité est que les herbes doivent être récoltées à des heures et des jours précis pour avoir tous leurs pouvoirs magiques. Kerridwen doit donc se servir d’un deuxième livre d’astrologie qui lui indique quand  cueillir les herbes. Parfois, il faut même un lieu précis. L’exemple le plus connu est l’herbe de Saint-Jean qui doit être recueillie dans un cimetière à la pleine lune. Les ingrédients ne sont pas tous des herbes. Un rituel de sorcellerie d’une ancienne secte demandait par exemple de broyer un fœtus humain dans un mélange de miel et de poivre. Plus une potion est puissante plus elle demande d’ingrédients rares et de circonstances spéciales.

La baguette magique : d’après le Formulaire de Haute-Magie, la baguette ne sert qu’à donner de l’allonge au bras. Dans les rituels demandant une épée, on peut facilement la remplacer par une baguette. En fait savez-vous quel était le vrai rôle des baguettes ? On s’en servait pour tracer les pentacles magiques sans avoir à se pencher. C’est la culture populaire qui donne à la baguette un pouvoir intrinsèque. N’est pas Harry Potter qui veut…

La cape et le chapeau pointu : ils ont été rendus populaires par des gravures à l’époque où ils étaient à la mode et porté communément. A noter que le chapeau pointu était un vêtement masculin utilisé par exemple par les docteurs.

Le balai : nous le savons tous, le balai servait aux sorcières pour vole. Mais contrairement à l’imagerie populaire,  le balai est « piloté » avec le manche dirigé vers l’arrière. Le Malleus Maleficarum explique comment la sorcière fait pour faire voler un balai. En fait, le balai lui-même est très ordinaire. Mais la sorcière s’enduit le corps d’un onguent magique (qui contient entre autre du fiel de chat) et sort par la cheminée toujours nue. Précisons que l’onguent ne se contente pas de faire voler le balai il rend aussi l’engin volant et sa pilote invisible !  

Les triades

Il n’y a qu’une chose vraie dans la série Charmed, la légende accorde à une triade de sorcière un pouvoir bien plus grand. La plus célèbre triade de sorcière est formée par la fée Morgane, sa demi-sœur Morgause et de leur aînée Élaine. Dans la vita Merlini de Geoffroy de Monmouth il semblerait qu’il y ait en fait neuf sorcières à Avalon (une triple triade).
L’intérêt de la triade c’est qu’ensembles elles peuvent jeter chaque sort connu de l’une d’elle avec leur puissance cumulée.

La magie des chandelles

Chaque mois, une sorcière peut fabriquer une chandelle. Il lui faut œuvrer pendant trois jours. Si elle est interrompue de quelque manière que ce soit la chandelle sera inutilisable.
Mode de fonctionnement : la magie de la chandelle prend effet lorsqu’elle s’éteint que se soit naturellement (épuisement) ou lorsque l’on souffle dessus. La puissance du sortilège dépend du temps pendant lequel la chandelle a brûlé. La victime désignée doit évidement être dans le rayon d’effet de la chandelle.

Les chandelles :
Chandelles rouges : amour
Chandelle bleues : protection
Chandelles pourpres : drogue de vérité
Chandelle jaune : lecture de l’esprit
Chandelle dorée : soin
Chandelle noire : malédiction
Chandelle verte : poison

La plus célèbre victime de la magie des chandelles est Guillaume de Nogaret, ministre de Philipe IV le Bel.

Autres pouvoirs

Les sorcières sont sensées connaître un « maléfice de taciturnité »  capable de les rendre insensible à la douleur (et donc empêcher les interrogateurs de leur tirer leurs secrets par la torture). Elles auraient une marque sur le corps, insensible qui serait la marque de leur pacte avec le Diable. Les sorcières sont sensées être capable d’exercer la cristallomancie, c'est-à-dire prédire l’avenir grâce à une boule de cristal, un miroir, ou n’importe quelle surface réfléchissante.  Les sorcières peuvent ramener temporairement à la vie un mort. Mais il retournera à l’état de cadavre au bout d’une dizaine de jours.

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Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
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Les sorcières Empty Re: Les sorcières

Message par Archibald Sam 17 Aoû - 13:50

Moi j'adore la variante Roald Dahl. Plutôt sinistre d'ailleurs la fin, en fait Dahl c'est pas vraiment fait pour les enfants... de qui traumatiser plusieurs générations de marmots, dont moi, ma soeur...

Archibald

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