La Grande Révolte des Paysans

La Grande Révolte des Paysans :

La guerre entre Valois, Navarrais et Plantagenets embrassait les campagnes. La France était ravagée par les troupes de tous bords. La Grande Peste de 1348-1349 fit qu’en Bourgogne les gens tombaient comme des mouches et l’on n’arrivait plus à enterrer les morts. Les brigands sévissaient, et tels des corbeaux qui suivent les loups ils terrorisaient les paysans. Les loups d’ailleurs sortaient des bois pour envahir les villages d’Auvergne. Toutes ces conditions désastreuses firent que le 18 Mai 1358 des paysans du Beauvaisis, plus désespérés qu’autre chose, attaquèrent des chevaliers qui venaient piller et se servir en blé dans un hameau déjà affamé : 9 écorcheurs et écuyers furent tués. Le tocsin sonna marquant le début d’une révolte et d’une force paysanne insoupçonnée par des nobles qui ne voyaient dans le peuple qu’une masse servile et prompte à supporter leur querelle dynastique, à supporter sans broncher les misères du temps. Et justement les villages qui grondaient de tant de misère se soulevèrent.

La colère des paysans : Les Jacques, se transforma en insurrection. De Beauvais à Laon, de Troyes à Amiens les châteaux furent pris d’assaut et les seigneurs comme leurs familles furent abattus. Le ras-le-bol de cette guerre qui ruinait le Royaume opposant des nobles aussi cousins qu’égoïstes suscita la remise en cause de tout le fonctionnement d’un système basé sur l’exploitation du peuple par des improductifs somnolant dans leurs castels et les gens de guerre se nourrissant sur les campagnes. Partout les Jacques tinrent le Pays et le grand mouvement populaire qui mit à bas la féodalité apparut comme une grande fête où l’on festoyait et dansait autour de cette Liberté si nouvelle et sans entrave. Le paysan devait être Maitre de sa Terre. L’immense prise de conscience de liberté paysanne gagna la bourgeoisie qui comme à Meaux, Senlis et Compiègne pactisa avec les Jacques : Des paysans armés et vêtus d’une armure simple (plastron rembourré), qui par dérision furent appelés comme leur protection par des nobles aussi hargneux que mauvais.
En Normandie, épouvantés par les bandes de Jacques meurtrières de plus en plus nombreuses, les nobliaux désemparés cherchèrent refuge dans les grandes places fortifiées. A Grandvilliers, Jean et Guilbert Doublet : Des soldats de métiers, se firent capitaines d’une troupe de 3 000 manants, et Aumale fut rasée par cette armée qui ne fit aucun quartier envers les loyalistes monarchistes. Autre part, un petit noble : Guillaume l’Aloue seigneur du fief de Vervins, prit fait et cause pour le peuple révolté et à la tête d’une troupe de gueux il attaqua tous les partis anglais passant à vue. L’Aloue resté loyal envers le prétendant : Charles de Valois, était vassal d’Anséric de Saligny pour le grand domaine de Longueil.
Dès la fin Mai un ancien homme d’arme devenu agriculteur : Guillaume Caillet organisa les troupes paysannes du Beauvaisis. Guillaume Caillet / Gaillet / Calle / Cale / Carle ou encore Carlet est connu ou encore appelé fréquemment : Guillaume Karle ou Carle. Dans tous les cas, Guillaume Caillet fut benoitement choisi par les paysans pour sa connaissance de la Guerre. En fait, il n’eut pas vraiment le choix : menacé de mort en cas de refus : Ou il était avec les Paysans, ou il était avec les Nobles…, Guillaume Caillet fut à l’unanimité (On s’en doute) élu Capitaine-Général de l’Armée Paysanne, l’Armée des Jacques. Il nomma des Dizeniers, des Lieutenants et des Capitaines qui furent amenés à le seconder. Ses qualités humaines firent que Caillet regroupa et disciplina les hordes paysannes qui se montèrent à 6 000 hommes en armes, sans compter les femmes et les enfants qui suivaient les troupes qui massacraient les nobles et leurs soldats. Tous combattaient pour leur Liberté, pour se délivrer de leur servitude : Ils étaient les Jacques Bonhommes, des hommes libres. Guillaume Cailletvoyait loin et pensa passer une alliance avec Etienne Marcel qui dirigeait les bourgeois parisiens.

Les nobles, une fois les premiers effrois passés, s’organisent enfinet choisissent pour mater la révolte paysanne : Charles II de Navarre, comte d’Evreux et seigneur de Normandie encore appelé par les Français : Charles le Mauvais. Il est le fils de Jeanne, fille du roi de France : Louis X le Hutin. Elle fut évincée par le comte de Poitiers : son oncle Philippe V le Long, au nom de la prétendue Loi Salique qui le favorisa, lui et son réseau financier. Charles II n’aura de cesse de vouloir reprendre la couronne dont sa mère fut spoliée. Son ami : Guillaume de Picquigny, ayant été tué par les Jacques, Charles ne souffrit plus que la Gentillesse (Les Gentilshommes, la Noblesse) soit mise à mal. Ainsi, à la tête d’une armée de 400 chevaliers, le Navarrais marcha sur Clermont de l’Oise (Clermont en Beauvaisis). Guillaume Caillet en fut alerté. En l’église d’Ermenonville le Général tint un conseil : Il voulait éviter la bataille et marcher vers Paris pour rejoindre Etienne Marcel et les parisiens révoltés. Mais ses seconds en décidèrent autrement : 4 000 hommes à pieds, archers et arbalétriers ainsi que 600 cavaliers voulurent combattre les nobles qui venaient vers eux. Guillaume Caillet déploya alors ses troupes. Soldat de Métier il connaissait la tactique des chevaliers : L’attaque de front.

Le choc entre les deux armées : Celle des Jacques et des Nobles eut lieu le 10 Juin 1358. Les « Fer-Vêtus » de Charles II de Navarre furent obligés de reculer face à la détermination des Paysans qui firent pleuvoir des nuées de flèches sur les soldats ennemis. Les couteliers égorgèrent les chevaliers tombés à terre. Déconfit le roi de Navarre fit retraite. Mais il comprit une chose aux vues de la tournure du combat qu’il observa: Sans chef les Jacques n’auraient plus de cohésion. Charles joua de ruse et dépêcha alors des parlementaires aux camps des Paysans : Ils proposèrent à Guillaume Caillet un armistice pour discuter d’une trêve et de l’amélioration de vie du Peuple. Le Capitaine-Général des Jacques accepta naïvement et se rendit à Clermont de l’Oise pour parlementer avec le roi de Navarre. Guillaume Caillet croyait en la parole donnée. Il se trompait : A peine reçu par Charles II, Caillet fut saisi et enchainé. Le jour même le camp des révoltés fut attaqué par les chevaliers Navarrais et Normands : Laissés sans chef pour les guider, 5 000 paysans désorganisés furent tués. Les survivants se réfugièrent à Meaux où des bourgeois de Paris les rejoignirent pour faire cause commune contre les nobles. Le Captal de Buch et le comte de Foix se lancèrent alors à l’assaut de la ville briarde avec leurs routiers. Une bataille sanglante eut lieu sur le pont de la cité qui enjambe la Marne. 7 000 Jacques sans cohésion y furent trucidés par des soldats de métier. Ce fut la curée : Les nobles prirent leur revanche sur le peuple. Sans distinction des milliers de paysans furent massacrés : Jacques comme Loyalistes. Tous ceux qui furent capturés eurent la tête coupée. Rien qu’à Beauvais, 800 personnes montèrent à l’échafaud. Condamné pour avoir usurpé le titre de « roi » ( ? ), car il fallait bien un chef d’accusation valable, Guillaume Caillet fut exécuté par le bourreau qui le coiffa d’un trépied chauffé à blanc. Ainsi mourut l’homme qui porta tous les espoirs de l’insurrection paysanne.

De la Picardie à l’Aisne les Nobles massacrent la population sans distinction. Néanmoins les paysans en armes tentent toujours de tenir le Pays et de maintenir leurs acquis, mais 3 000 Jacques survivants de la Bataille de Meaux périssent lors de combats qui s’enchainent sans répit. Ainsi, 800 Jacques sont tués lors d’un combat près de Gerberoy. Autre part les seigneurs ratissent la campagne et 300 femmes et enfants sont brûlés dans un monastère de l’Oise. Ailleurs le Seigneur de Coucy ordonne que tous ses serfs soient pendus à l’entrée de leurs masures. Un clerc de l’époque écrivait : « Les Nobles Français firent tant de mal au Royaume qu’il n’était nul besoin que les Anglais le fassent. Jamais les Anglais n’auraient pu faire plus de mal que les nobles Français pour la destruction du Royaume. » En tout 20 000 morts sont dus à la répression. Les rares survivants fuirent vers le Pays d’Oc et le Sud de la France. D’autre rejoignirent Guillaume l’Aloue qui avec ses hommes harcelaient les convois Anglais. A la fin Juin 1358 il en fut fini de l’insurrection paysanne et de la Liberté populaire.

« Une fois encore ceux qui sèment le grain et taillent la vigne ont été les victimes, car comme le chantait le trouvère Rutebeuf : L’Espérance du Lendemain ce sont mes Fêtes. » « Que sont mes amis devenus. Que j’avais si près tenus. Et tant aimés. Le vent, je crois les m’a ôtés. L’Amour est morte. Ce sont mes amis que le vent emporte. »
Guillaume l’Aloue : Seigneur de Vervins et fieffé du grand domaine de Longueil, avec son armée de 300 paysans en armes attaquent les Anglais partout où ils se trouvent. Il est aidé dans sa lutte par le chevalier : Jacques Bernier de Montataire, et d’un Hospitalier (Dont je ne connais pas le nom). Lassés, en 1359 Philippe de Navarre et Robert Knolles avec une armée anglaise décident d’en finir avec cette bande française. 700 Anglais dont 24 chevaliers prennent d’assaut la cité d’Auxerre où se sont retranchés les Français. Une retraite générale s’opère vers Longueil-Sainte-Marie où lors d’une intense bataille Guillaume l’Aloue est tué. Mais c’est compté sans la force des paysans en armes qui veulent encore en découdre. Le valet de l’Aloue : Le Grand Ferré (Ferret), est élu Capitaine de la troupe paysanne : Les Français montent une embuscade et triomphent des Anglais, puis lors de plusieurs batailles les hommes du Grand Ferré qui combat à la hache massacrent les Anglais qui doivent rebrousser chemin. Sans pitié le Grand Ferré fait brûler les corps de ses ennemis sans jamais en rendre un seul à l’adversaire. Le Grand Ferré mourra de la diarrhée à Rivecourt pour avoir bu de l’eau trop froide. Il est le premier héro populaire paysan de l’Histoire. Sa troupe continuera le combat jusqu’en 1360, puis ses hommes se disperseront….

Et si le comte de Poitiers : Philippe le Long, n’avait pas opéré son coup d’état en faisant valoir une loi fiction pour destituer sa nièce Jeanne du Trône de France ? Ni les Valois ou les Plantagenets ne se seraient combattus pour savoir laquelle de ces branches cousines des Capétiens directs devaient monter sur le Trône. Les Valois…. Aussi inutiles à la France qu’à l’Histoire dont découlent des ersatz de ramifications aussi béates qu’abrutîtes par une dérive d’ambitions capricieuses dont François 1er : Valois-Orléans-Angoulême, en est l’exemple parfait. Si le général De Gaulle a traité Jacques Chirac de Grand Con, qu’a fait ce roi-ci pour la France ? Pour le Peuple ? Construire des châteaux pour y loger ses maitresses et les y baisser aux loisirs de son cheminement ? Ouvrir le Canada aux Anglais ? Se faire berner aux Camp du Drap d’Or ? Ruiner la France dans la poursuite des Guerres d’Italie ? Ruiner la France dans son caprice à devenir Empereur pour rembourser ses créanciers ? Aider les Turcs à envahir l’Europe de l’Est et les Balkans afin de porter la guerre contre l’Empire ? Etre incapable de gérer une crise religieuse qui ne fit qu’empirer ? Marignan où il achète sa victoire auprès des Suisses pour qu’ils ne combattent pas ? Grand Con…. Je crois qu’au regard de l’Histoire pour cette fin de race dont la progéniture sera aussi inutile et dévoyée que son ainé : Le Grand Con n’est pas erronée. Il aurait sans défaut été préférable pour la France que : Jeanne II de Navarre fille de Louis X le Hutin monte sur le Trône de France. Les Valois ? A la suite du dernier Capétien direct Charles IV le Bel : Mieux aurait fallu un Edouard III Plantagenet fils d’Isabelle de France sur le Trône de France qu’un Philippe de Valois suivi d’un Jean II débonnaire et de son cortège de ducs filiaux qui minèrent par leurs ambitions néfastes un Royaume dévasté par une guerre qui durera plus de 100 ans. L’ironie de l’Histoire veut qu’Henri de Navarre descendant de Jeanne II de Navarre et donc des Capétiens Directs devienne cet Henri IV qui va conquérir son trône, le trône de ses aïeuls par les armes.

Et si le comte de Poitiers : Philippe le Long, n’avait pas opéré son coup d’état en faisant valoir une loi fiction pour destituer sa nièce Jeanne du Trône de France ? Les Valois et les Plantagenets se seraient-ils combattus pour savoir laquelle de ces branches cousines des Capétiens directs devaient monter sur le Trône en épousant la princesse ? Aurait-il été préférable pour la France que Jeanne II de France et de Navarre fille de Louis X le Hutin montée sur le Trône de France s’unisse à Édouard III Plantagenet fils d’Isabelle de France plutôt qu’à un Philippe de Valois qui sera suivi d’un Jean II débonnaire et de son cortège de ducs filiaux qui mineront par leurs ambitions néfastes un Royaume dévasté par une guerre qui durerait plus de 100 ans. L’ironie de l’Histoire veut qu’Henri de Navarre descendant de Jeanne II de Navarre et donc des Capétiens directs devienne cet Henri IV qui va conquérir son trône, le trône de ses aïeuls par les armes. Et si Jeanne II s'était mariée à l'Empereur d'Allemagne ou au roi de Castille, ou à celui d'Aragon ?

" Improductifs somnolant dans leurs châteaux"... continue comme ça et je devrais laver l'honneur de mes ancêtres dans le sang.

On ne parle pas d’Écorcheurs au XIVème siècle, mais de Routiers ( le route désigne une troupe en vieux français, ce sens subsiste dans le terme "déroute").

Ce qu'il y a de bien avec toi Anaxagore, c'est que tu as toujours quelque chose à dire sur les écrits des autres. Tu me diras cela ne me gène pas, au moins toi tu fais vivre le Forum. Écorcheurs, ça me va bien dans le texte.... Routiers ( le route désigne une troupe en vieux français, ce sens subsiste dans le terme "déroute"). En tout cas merci pour l'info'.

Pour ma part je descends de Messire François Chauvel, Seigneur Breton de Saint-Nicolas de Redon et de par mes ancêtres Bourguignons me voici descendant de Messire Lézé  : Garde des Chasses et du Plaisir du Comte de Charolles et de son père : Le duc de Bourgogne. Hein ? Ah, oui : Les nobles ne servent à rien ! Les Orléanistes nous le rappellent chaque jours.

j'espère qu'aucun de tes ancêtre n'est tombé dans une embuscade en Lorraine...
Je suis un descendant du sire de la Rozière qui a été anobli par le duc Renée de Lorraine pour sa participation aux guerres de Bourgogne.

Vous êtes remonté loin dans votre généalogie.

Aucun de mes ancêtres, puisque je suis là....

Du beau monde sur le forum dis donc

Très beau texte, belle plume

Ce qui me semble problématique pour toutes les formes de révolte paysanne jusqu'à la fin du moyen age, c'est l'importance de l'Église, propriétaire en général du quart au tiers des terres en occident.

Se révolter, si on espère un changement de condition durable et profond, implique remettre en cause le patrimoine ecclésiastique et encourir de ce fait le risque d’excommunication et donc la damnation éternelle.


Avec la réforme au moins, ce point là devient moins critique...

Que serait-il advenu de la guerre des paysans dans le sud-est allemand au début du XVIème siècle si Luther avait pris le parti des insurgés ? Très peu probable, mais quel coup de tonnerre c’eut été !!!