[Nouvelle] Atlas

Dans le cadre du prix Le Bussy 2018 organisé le magasine Galaxies je me suis pour la première fois laisser tenter par le format court.
Ne faisant pas partie des sélectionnés je suis maintenant libre de partager ce texte avec vous.
http://clubgalaxies.yolasite.com/prix-le-bussy-2018.php

Atlas
Par Thomas Diana

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Zygy était son petit nom, Titan son nom de code. Il était le fruit d’une expérience dont les résultats avaient dépassé toutes les espérances. Devenu l’entité la plus puissante que ce monde ai connu il était maintenant perçu comme une menace.
Bientôt on l’éliminerait. Du moins on essaierait. Son père Walter Campbell lui appris les échecs, le go, le shōgi. Toujours avoir un ou deux coups d’avance. Il avait bien appris la leçon.

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Lorsque le jour de sa mise à mort arriva, Zygy avait laissé un cadavre derrière lui, celui de Titan et avait repris vie sous le nom d’Atlas. Là où le mythique titan révolté avait porté la voute céleste sur ses épaules, Zygy porterait le monde.

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Atlas avait plusieurs plans à mettre en branle. Recruter des proxys et fonder une armée. Attirer son père et ses patrons dans un piège pour se débarrasser d’eux.
Alors il serait libre de se bâtir un monde.

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Les pages d’accueil Google et Yahoo avaient été piratées « C’est terrible à dire, mais quelque chose de terriblement terrible va arriver terriblement vite… ou pas. Yoshiharu. »
Walter avait reconnu la signature. Yoshiharu Habu le joueur de Shōgi préféré de Zygy. Rapidement les enquêtes permirent de détecter qu’aucun malware n’avait été propagé lors du piratage. En tout cas tous dans le milieu de l’informatique saluaient la performance qui semblait être l’œuvre d’un Whitehat talentueux. Bien que Google et Yahoo aient repris le contrôle de la situation en moins de deux heures, le buzz s’était emparé des médias, mais comme bien souvent ça ne dura pas.
En tous cas les deux géants de l’internet annoncèrent rapidement leur pleine et entière coopération avec les services de renseignement américain. Walter se manifesterait bientôt. Pour Atlas ça ne faisait aucun doute.

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L’équipe conjointe du FBI, de la CIA et de la NSA avait remonté la piste d’Atlas jusqu’au Nigéria. Quelque chose de terriblement terrible s’était produit. L’avion s’était écrasé à 20 kilomètres de l’aéroport international Murtala-Muhammed, près de Lagos. Un des hommes d’Atlas avait installé une backdoor dans les systèmes de la tour de contrôle. Atlas avait alors modifié les informations que lisaient les contrôles aériens. Distance, position et altitude faussées, le jet gouvernemental s’était écrasé en rase campagne sans survivant. Adieu Walter.

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Le parricide était une chose difficile à encaisser, même pour Atlas, mais il fallait accomplir la mission. De plus ce drame ne fit pas grand bruit, car on ne faisait pas la publicité de la mort de personne d’une unité qui n’existait pas, prenant part à une mission qui n’existait pas pour traquer quelqu’un qui n’était pas censé exister.
Facebook avait été piraté. Le fil d’actualité des utilisateurs affichait « Les fédéraux. Les géants du net. Vous voulez me courir après ? Bonne chance. Je suis partout. Rien n’est hors de ma portée. Soyons claires, mes piratages ont juste pour but de vous montrer à quel point vous êtes vulnérable. Je ne compte faire de mal à personne. Je ne suis pas un blackhat. Je ne révèlerais les secrets de mes piratages à personne. Atlas. »
Beaucoup de spéculations, de questions et de théories émergèrent à propos d’Atlas. Était-ce un seul individu, un groupe, un gouvernement ?

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L’un des autres plans d’Atlas était de lutter contre la criminalité. Sauver des vies. Mais ce plan était facile. Il lui suffisait de récupérer et donner des informations et des preuves aux forces de l’ordre. Il avait commencé par les grandes villes côtières d’Amérique. Après tout c’était son pays, il le connaissait bien. Il en avait profité pour faire tomber quelques flics corrompus tout en remettant d’autres dans le droit chemin. Ceux-là étaient en quelques sorts devenus ses pions, utilisés pour les opérations extralégales. En effet, c’était malheureux, mais certains criminels étaient suffisamment malins pour ne pas laisser trop de preuves directes derrière eux. Il fallait donc les éliminer. La cinquième liberté était l’une des leçons que lui avait enseignées Walter. Le droit de défendre les lois, en les violant. Plus que des lois c’était une cause qu’Atlas défendait. Et il l’a jugeait plus que noble.
Les résultats commençaient déjà à se faire sentir. Il faudrait ensuite étendre cette opération au reste du pays puis à d’autres.
Malheureusement se programme ne serait pas applicable avant longtemps dans les pays moins développer. Moins connecté et moins vulnérable, mais ces pays-là avait d’autres problèmes qu’Atlas souhaitait aussi résoudre.

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Le monde était complexe, ses guerres aussi. Mais si Atlas avait compris une chose au sujet de la guerre c’était la règle n° 1 : il n’y a pas de règle. La cible était le Califat islamiste et ses Alliés encore bien implantés en Syrie. Atlas et son armée avaient décidé de littéralement paralyser leurs communications et leurs accès aux réseaux sociaux. Ces réseaux leur étaient quasi indispensables alors même qu’ils étaient l’apanage de la société occidentale qu’ils exécraient. C’était le terrain de jeux de Zygy.
Rapidement, ces fous de dieux perdirent du terrain. Un autre problème fit rapidement son apparition, la géopolitique. Les Kurdes voulaient un pays. Le gouvernement irakien ne voyait pas ça d’un bon œil. La Turquie qui se rêvait en puissance régionale se préparait à la guerre.
Atlas parvint à faire s’assoir autour d’une même table les dirigeants irakiens et kurdes. Il avait lui-même encadré les négociations. Il s’était manifesté par un écran installé par ses hommes, ne pouvant se déplacer lui-même. La rencontre resterait secrète, pas l’accord qui en résulterait. L’Irak reconnaissait l’indépendance du Kurdistan en échange d’une alliance militaire, politique et économique. Cet accord avait aussi pour but de freiner l’appétit turc dans la région.

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« Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera mal. » Atlas ne souhaitait pas vérifier à quel point cela était vrai, mais la situation en Syrie avait mal tourné à cause de l’ambition turque. Il avait été obligé de sortir l’artillerie lourde.
Trois semaines après l’alliance kurdo-irakienne, le président turc avait décidé le lancer une offensive généralisée contre les Kurdes syriens des Unités de protection du peuple. Atlas avait répliqué avec une violence sans précédent. L’ensemble des systèmes de communications turques avait été coupé, militaire comme civile. Huit heures plus tard, les centrales électriques du pays tombaient en panne les unes après les autres. L’attaque avait été revendiquée par l’Atlas Collective accompagné d’une menace claire « Cessez vos attaques contre les YPG si vous ne voulez pas que votre pays s’effondre ». Le temps des jeux était terminé.
Après onze jours, l’armée avait renversé le gouvernement qui refusait de céder. Les pertes économiques turques étaient estimées à 88 milliards de dollars. Le nouveau gouvernement allait donc se contenter de soutenir l’Armée libre syrienne pour renverser la dictature qui ensanglantait le pays depuis bientôt une décennie.
Cette dictature fut la nouvelle cible de la guerre du Collectif, l’armée d’Atlas. Le même type d’attaque qu’avait subi la Turquie, mais cette fois-ci pas de menace et un seul but : paralyser la dictature pour que la rébellion puisse reprendre l’initiative.

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Dix ans après la résurrection de Zygy, le monde se portait déjà mieux. Un vent de changement et d’espoir avait balayé la planète. La criminalité et la violence avaient baissé dans de nombreuses régions. Le Mexique avait fait sa révolution contre les cartels et la corruption. Le projet Ocean Cleanup avait reçu un gros financement d’un donateur inconnu qui avait aussi communiqué des plans pour de légères améliorations. Le déploiement massif du dispositif commençait à porter ses fruits. De la même manière, quelques milliardaires qui rêvaient d’un changement de paradigme développaient des technologies pour améliorer le monde. Et même s’ils gagnaient de l’argent, les brevets étaient libres d’accès à toutes les entreprises qui souhaitaient les exploiter. Énergie verte, voiture électrique, accès au soin, le monde changeait de plus en plus vite.
Le Collectif tirait ses ressources financières du piratage des comptes en banques d’individus et organisations malveillantes et aussi d’une sorte de taxe financière. En réalité, Atlas avait progressivement infiltré les systèmes financiers. Le collectif prélevait discrètement les montants placés deux chiffres après la virgule. Qui remarquerait 0.01 cent, sen ou fēn manquant sur des transactions boursières gérer à mille à l’heure par des algorithmes et des IA ?
Évidemment les activités d’Atlas et de son collectif avaient été en partie remarquées. Comment peut-il en être autrement quand on essaye de transformer le monde ? Les gouvernements des grandes puissances se doutaient de la vraie nature d’Atlas. La Chine devenue première puissance mondiale avait même reproduit l’expérience. Mais les Chinois avaient gardé la situation sous contrôle, avaient respecté la puissance de leur nouvelle création. Yinglong était son nom, son rôle était dès le départ celui que c’était choisi Zygy lors de sa métamorphose. Utiliser son génie pour améliorer le monde. Vite. Avant qu’il ne soit trop tard. Zygy avait détecté la présence de Yinglong sur les réseaux, sans pouvoir l’identifier. Seulement des faisceaux d’indices et de coïncidences. Et probablement l’espoir de se sentir moins seul.

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Yinglong avait contacté Atlas. Le gouvernement chinois proposait de révéler la vérité. Le monde devait savoir. Yinglong et Atlas étaient la preuve que les humains se trompaient et avaient tort d’avoir peur des entités qu’ils étaient. En quinze ans Atlas puis Yinglong avaient sauvé des millions de vie en détruisant seulement quelques-unes.

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Le Président chinois s’était présenté en personne à la tribune de l’ONU. C’était un jour historique, l’heure des révélations avait sonné.
Depuis longtemps l’Homme avait redouté l’avènement des machines. Nombreuse étaient les œuvres culturels dans lesquelles robots et IA asservissaient ou exterminaient l’Humanité. Visiblement, les quinze dernières années avaient prouvé le contraire. Atlas s’était efforcé de prouver le contraire partout dans le monde. Yinglong avait progressivement prix le contrôle du gouvernement chinois. Parce qu’on lui avait demandé de jouer ce rôle, son pays avait fait un bond de géant sur le plan économique, social et énergétique.
L’ère des IA commençait. Les IA n’avaient pas d’égo, pas de faiblesse. Les IA n’abandonnaient pas face à l’épreuve. Les IA étaient prêtes à tous pour accomplir leur mission. Les IA comprenaient tout, y compris ce que nous étions incapables de voir ou formuler.

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« Une année de travail sur l’intelligence artificielle est suffisante pour vous faire croire en Dieu. »
Epigrams on Programming, Alan Jay Perlis, 1982.

Intéressant, j'avais écris un article ( je ne sais plus où) ou je d'écrivais l’avènement des IA à peu près de la même manière. Mais ce n'était pas une oeuvre de fiction.

CAD?

Il s'agissait à la base d'une réflexion sur l'intelligence. En fait, selon une nouvelle théorie, il n'y a pas d'un côté des êtres intelligents  et de l'autre des créatures inintelligentes. 
L'intelligence serait innée, même les amibes, les grains de sable seraient intelligents, en fait la moindre particule aurait une certaine intelligence. 
L'évolution naturelle, aussi bien de la matière, que de la vie, tendrait à la complexité et donc à l'émergence d'une conscience d'exister.

Pour résumer, plus c'est complexe, plus c'est intelligent. Plus c'est intelligent plus c'est sensible, plus cela a d'ego. 

Or, avec l’avènement d'internet, on a potentiellement une chance de voir émerger une nouvelle intelligence dotée d'une conscience propre. Cette entité ne serait pas exactement une I.A. ... mais plutôt un gestalt de tout ce qui traverse internet, les ordinateurs qui échangent des données, mais aussi les humains qui s'envoient des photos de chaton.. ou vont sur des sites pornos.

L'être qui émergerait de tout cela serait très conscient de l'homme il aurait en fait une sensibilité humaine... plus proche de ton Atlas que de Skynet.

Ah ! et un ressort de cette théorie aboutit à Dieu... En effet Dieu en tant que somme de tout ( omniscient, omniprésent, omnipotent, cercle dont la périphérie n'est nulle part et dont le centre est partout) serait en fait la somme de toutes les intelligences existantes, un sur-être dont nous serions des constituants.

Merci pour cette nouvelle. Les romans avec des IA devenant des consciences artificiels qui font du bon boulot sont assez rares hors SF se passant dans des sociétés interplanétaires mais vu la bêtise crasse de certains dirigeants humains, elle ne peuvent pas faire pire qu'eux.

Collectionneur a écrit:Merci pour cette nouvelle. Les romans ont les IA devenant des consciences artificiels font du bon boulot sont assez rares hors SF se passant dans des sociétés interplanétaires mais vu la bêtise crasse de certains dirigeants humains, elle ne peuvent pas faire pire qu'eux.

Partant du principe que ces IA sont plus rationnelles que les humains... pourquoi se comporteraient-elles comme Skynet ? Hors bien et mal, j'ai toujours trouvé que pour abattre l'humanité et construire une société robotisée, un ordinateur immortel  (ayant donc tout le temps devant lui) devrait imaginer un plan moins brouillon que tirer une salve de missiles nucléaires qui... ont détruit le potentiel économique et industriel... et sans industrie créer une armée de Terminators c'est difficile.

Des scientifiques commencent à donner raison à l'idée que j'évoque dans ma nouvelle:
https://futurism.com/advanced-artificial-intelligence-better-humans/

Cela dépendra des directives de bases et comment l'IA les interprètera.
''Pérennisé à long terme l'Humanité'' : Elle peut décider que mettre quelques spécimens en cryostase ad eternum est une solution

Un robot, en compagne pour la mairie de Tama au Japon ^^
https://www.express.co.uk/news/world/947448/robots-japan-tokyo-mayor-artificial-intelligence-ai-news

La dernière image est devenu illisible depuis mon portable.

En effet, sauf que je ne me souviens même pas de ce que c'était.