Histoire d’os — Howard Waldrop
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Histoire d’os — Howard Waldrop
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Résumé :
« Louisiane, 1929 : en fouillant un tumulus vieux de 500 ans, une mission archéologique découvre des squelettes de chevaux et des douilles de cuivre. Impensable : ni les chevaux ni les fusils n’existaient dans l’Amérique précolombienne… Des hommes du XXIe siècle, envoyés dans le passé — objectif 1930 — pour influencer la trame de l’Histoire et prévenir le déclenchement d’une guerre nucléaire, se retrouvent à une époque indéterminée, assiégés par des hordes d’Indiens hostiles… Il y a bien sûr un rapport entre ces deux histoires ; mais un rapport beaucoup plus étrange qu’il n’y paraît. Et ce n’est qu’au terme d’une aventure haletante, d’une incroyable réécriture de l’histoire des Amériques, que l’énigme de cette histoire d’os sera finalement résolue. »
Fiche technique :
Auteur : Howard Waldrop
Éditeur : J’ai lu
Pagination : 276 pages
Une uchronie qui était dans ma liste de lecture depuis très, très longtemps. Je me suis fait offrir un exemplaire d’occasion à Noël dernier. Si vous vous demandez pourquoi j’ai mis des années avant de franchir le pas, c’est pour une raison toute simple : j’ai beaucoup de mal avec les histoires de voyage dans le temps, encore plus quand on met l’étiquette « uchronie » dessus.
Howard Waldrop, malheureusement décédé le 14 janvier 2024, n’est pas forcément très connu par chez nous. Notamment parce qu’il exerce beaucoup dans la forme courte, ce qui n’est pas le plus le traduit chez nous. Il n’est l’auteur que de deux textes longs. Pour le reste de son travail, il s’agit de recueils de nouvelles ou de participation à des anthologies dont la plupart ne sont pas arrivés par chez nous.
« Histoire d’os » est structurée en trois récits dont les titres de chapitres sont « Bessie », « Leak » et « La Boîte », tous suivit d’un numéro. Les trois récits sont évidements liés de près ou de loin. Les chapitres « LEAKE » sont ouverts par des citations, la plupart du temps issus de « Urn Burial » de Thomas Browne. Le livre comporte 15 chapitres pour Bessie, 18 pour Leake et 18 pour La Boîte. Certains chapitres font à peine une page.
Les chapitres « Bessie » se déroulent en Louisiane en 1929. Ils sont à la troisième personne et nous décrivent le chantier de fouille d’un tumulus funéraire vieux de cinq siècles. Toutefois, le site commence à révéler des éléments plus qu’anormaux, laissant même penser à un canular élaboré : des squelettes de chevaux et des houilles en cuivre, deux choses qui n’existaient pas en Amérique à cette époque. Les fouilles révèlent ensuite des cadavres décapités portant des plaques d’identification militaire américaine dont le format ne correspond pas à celui alors récemment introduit aux États-Unis. Si certains noms ressortent, par homonymie, les dates de naissance sont éminemment anormales. Malheureusement, le chantier de fouille est sur un site menacé d’inondation. Une course contre-la-montre commence alors pour Bessie et ses collègues afin d’extraire et sauver un maximum d’éléments.
Les chapitres « Leak » commencent par un gars, Madison Yazoo Leake, qui surgit d’un « portail ». Il est un soldat en mission de reconnaissance pour une mission de voyage dans le temps et ouvre la route à un contingent plus conséquent. Il se rend compte de deux problèmes. D’abord, il n’a pas atterri à la bonne époque. Ensuite, malgré des jours d’attente, le reste du bataillon n’arrive pas. On découvre alors que Leak vient de l’année 2003 (le livre date de 1984) et d’un monde agonisant suite aux ravages d’une guerre nucléaire totale. La mission du bataillon était de remonter en 1930 et de modifier le cours de l’histoire pour éviter l’apocalypse. Comment ? Pourquoi ? On ne saura pas grand-chose de ce conflit apocalyptique. Leak, va finir par prendre contact avec une tribu native, par le biais de Prend-son-temps et son épouse Fleur-de-soleil. Il va alors progressivement s’intégrer à la tribu et se faire appeler « Yaz ». Petit à petit, on découvre que dans cette Amérique les mammouths existent encore, mais aussi que les Amérindiens sont en contact avec des civilisations telles que les Vikings et les Aztèques. Yaz découvre que le christianisme est inconnu et l’islam est la grande religion dominante. Leak/Yaz n’a pas atterri à la mauvaise époque, mais dans le « mauvais monde ». Un monde uchronique dont le POD (Point de divergence » est la victoire des Carthaginois sur les Romains dans la Deuxième Guerre Punique. Toutefois, Yaz est rattrapée par la guerre alors qu’une cité aztèque voisine attaque sa tribu. Contrairement aux chapitres « Bessie », le récit de Leak est à la première personne, ce qui le rend très immersif.
« La Boîte » contient les chapitres les plus courts du livre et fait appel à la forme épistolaire. On lit le journal et les rapports du soldat Smith, dont on découvrira que c’est une femme prénommée Mary. Elle fait partie du « bataillon » qui devait suivre Leak. Ce dernier est introuvable. Eux aussi n’ont pas atterri en 1930, néanmoins le bataillon finit par établir un contact avec des natifs. Malheureusement, les maladies importées du 21ème siècle en tuent plusieurs, les poussant alors à déclarer la guerre au bataillon dont on suit progressivement la décimation. Dommage, contrairement à Leak, ils avaient atterri dans le bon monde cible, mais à une époque antérieure à la colonisation. On comprend alors que les fouilles de Bessie en 1929 sont en train de découvrir le site du massacre du bataillon. La « Boîte » contenant le journal de Smith étant le dernier vestige que Bessie parviendra à extraire du site de fouille dévasté par les inondations.
Que dire de ce court roman ? D’abord, malgré une composante « voyage dans le temps » qui constitue généralement un frein pour moi, j’ai passé un bon moment. La raison est simple : Waldrop ne se sert pas du voyage dans le temps pour créer une divergence uchronique. Au final, le lecteur est juste témoin de trois récits. Il n’y a pas de fin heureuse, pas de grande mission accomplie. Une approche qui peut ne pas plaire à tout le monde et être casse-gueule, mais qui pour le coup est bien maitrisé et m’a beaucoup plus. Le récit effleure la prospective et le paradoxe temporel, sans jamais s’y laisser réellement embarquer. Le style littéraire est assez simple, mais très efficace et prenant, ce qui permet de passer un bon moment.
Au final, « Histoire d’os » n’est en rien révolutionnaire, ni même un grand livre. Il est toutefois un roman court, efficace et entrainant. Howard Waldrop évite le cliché du voyage dans le temps qui provoque un point de divergence, il effleure le paradoxe temporel et la prospective sans jamais s’y adonner. Le fait d’avoir trois formats narratifs très différents pour trois points de vue différents offre de la variété. Il faut en revanche accepter de lire une histoire qui ne livrera aucune réponse et qui n’est que le témoignage d’évènements très différents, mais liés.
Résumé :
« Louisiane, 1929 : en fouillant un tumulus vieux de 500 ans, une mission archéologique découvre des squelettes de chevaux et des douilles de cuivre. Impensable : ni les chevaux ni les fusils n’existaient dans l’Amérique précolombienne… Des hommes du XXIe siècle, envoyés dans le passé — objectif 1930 — pour influencer la trame de l’Histoire et prévenir le déclenchement d’une guerre nucléaire, se retrouvent à une époque indéterminée, assiégés par des hordes d’Indiens hostiles… Il y a bien sûr un rapport entre ces deux histoires ; mais un rapport beaucoup plus étrange qu’il n’y paraît. Et ce n’est qu’au terme d’une aventure haletante, d’une incroyable réécriture de l’histoire des Amériques, que l’énigme de cette histoire d’os sera finalement résolue. »
Fiche technique :
Auteur : Howard Waldrop
Éditeur : J’ai lu
Pagination : 276 pages
Une uchronie qui était dans ma liste de lecture depuis très, très longtemps. Je me suis fait offrir un exemplaire d’occasion à Noël dernier. Si vous vous demandez pourquoi j’ai mis des années avant de franchir le pas, c’est pour une raison toute simple : j’ai beaucoup de mal avec les histoires de voyage dans le temps, encore plus quand on met l’étiquette « uchronie » dessus.
Howard Waldrop, malheureusement décédé le 14 janvier 2024, n’est pas forcément très connu par chez nous. Notamment parce qu’il exerce beaucoup dans la forme courte, ce qui n’est pas le plus le traduit chez nous. Il n’est l’auteur que de deux textes longs. Pour le reste de son travail, il s’agit de recueils de nouvelles ou de participation à des anthologies dont la plupart ne sont pas arrivés par chez nous.
« Histoire d’os » est structurée en trois récits dont les titres de chapitres sont « Bessie », « Leak » et « La Boîte », tous suivit d’un numéro. Les trois récits sont évidements liés de près ou de loin. Les chapitres « LEAKE » sont ouverts par des citations, la plupart du temps issus de « Urn Burial » de Thomas Browne. Le livre comporte 15 chapitres pour Bessie, 18 pour Leake et 18 pour La Boîte. Certains chapitres font à peine une page.
Les chapitres « Bessie » se déroulent en Louisiane en 1929. Ils sont à la troisième personne et nous décrivent le chantier de fouille d’un tumulus funéraire vieux de cinq siècles. Toutefois, le site commence à révéler des éléments plus qu’anormaux, laissant même penser à un canular élaboré : des squelettes de chevaux et des houilles en cuivre, deux choses qui n’existaient pas en Amérique à cette époque. Les fouilles révèlent ensuite des cadavres décapités portant des plaques d’identification militaire américaine dont le format ne correspond pas à celui alors récemment introduit aux États-Unis. Si certains noms ressortent, par homonymie, les dates de naissance sont éminemment anormales. Malheureusement, le chantier de fouille est sur un site menacé d’inondation. Une course contre-la-montre commence alors pour Bessie et ses collègues afin d’extraire et sauver un maximum d’éléments.
Les chapitres « Leak » commencent par un gars, Madison Yazoo Leake, qui surgit d’un « portail ». Il est un soldat en mission de reconnaissance pour une mission de voyage dans le temps et ouvre la route à un contingent plus conséquent. Il se rend compte de deux problèmes. D’abord, il n’a pas atterri à la bonne époque. Ensuite, malgré des jours d’attente, le reste du bataillon n’arrive pas. On découvre alors que Leak vient de l’année 2003 (le livre date de 1984) et d’un monde agonisant suite aux ravages d’une guerre nucléaire totale. La mission du bataillon était de remonter en 1930 et de modifier le cours de l’histoire pour éviter l’apocalypse. Comment ? Pourquoi ? On ne saura pas grand-chose de ce conflit apocalyptique. Leak, va finir par prendre contact avec une tribu native, par le biais de Prend-son-temps et son épouse Fleur-de-soleil. Il va alors progressivement s’intégrer à la tribu et se faire appeler « Yaz ». Petit à petit, on découvre que dans cette Amérique les mammouths existent encore, mais aussi que les Amérindiens sont en contact avec des civilisations telles que les Vikings et les Aztèques. Yaz découvre que le christianisme est inconnu et l’islam est la grande religion dominante. Leak/Yaz n’a pas atterri à la mauvaise époque, mais dans le « mauvais monde ». Un monde uchronique dont le POD (Point de divergence » est la victoire des Carthaginois sur les Romains dans la Deuxième Guerre Punique. Toutefois, Yaz est rattrapée par la guerre alors qu’une cité aztèque voisine attaque sa tribu. Contrairement aux chapitres « Bessie », le récit de Leak est à la première personne, ce qui le rend très immersif.
« La Boîte » contient les chapitres les plus courts du livre et fait appel à la forme épistolaire. On lit le journal et les rapports du soldat Smith, dont on découvrira que c’est une femme prénommée Mary. Elle fait partie du « bataillon » qui devait suivre Leak. Ce dernier est introuvable. Eux aussi n’ont pas atterri en 1930, néanmoins le bataillon finit par établir un contact avec des natifs. Malheureusement, les maladies importées du 21ème siècle en tuent plusieurs, les poussant alors à déclarer la guerre au bataillon dont on suit progressivement la décimation. Dommage, contrairement à Leak, ils avaient atterri dans le bon monde cible, mais à une époque antérieure à la colonisation. On comprend alors que les fouilles de Bessie en 1929 sont en train de découvrir le site du massacre du bataillon. La « Boîte » contenant le journal de Smith étant le dernier vestige que Bessie parviendra à extraire du site de fouille dévasté par les inondations.
Que dire de ce court roman ? D’abord, malgré une composante « voyage dans le temps » qui constitue généralement un frein pour moi, j’ai passé un bon moment. La raison est simple : Waldrop ne se sert pas du voyage dans le temps pour créer une divergence uchronique. Au final, le lecteur est juste témoin de trois récits. Il n’y a pas de fin heureuse, pas de grande mission accomplie. Une approche qui peut ne pas plaire à tout le monde et être casse-gueule, mais qui pour le coup est bien maitrisé et m’a beaucoup plus. Le récit effleure la prospective et le paradoxe temporel, sans jamais s’y laisser réellement embarquer. Le style littéraire est assez simple, mais très efficace et prenant, ce qui permet de passer un bon moment.
Au final, « Histoire d’os » n’est en rien révolutionnaire, ni même un grand livre. Il est toutefois un roman court, efficace et entrainant. Howard Waldrop évite le cliché du voyage dans le temps qui provoque un point de divergence, il effleure le paradoxe temporel et la prospective sans jamais s’y adonner. Le fait d’avoir trois formats narratifs très différents pour trois points de vue différents offre de la variété. Il faut en revanche accepter de lire une histoire qui ne livrera aucune réponse et qui n’est que le témoignage d’évènements très différents, mais liés.
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
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