La descente aux enfers de John Fitzgerald Kennedy
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La descente aux enfers de John Fitzgerald Kennedy
Ce texte se situe dans le même univers que « 20 ans de gaullisme » et « Ajax et Rostam ». Ici, l’Indochine française a connu une décolonisation sans guerre, mais Bao Daï a été renversé par un coup d’Etat pro-américain à la fin de la décennie 1950, ce qui a conduit les Etats-Unis à intervenir de plus en plus sur le territoire vietnamien.
En 1964, John Fitzgerald Kennedy était réélu très confortablement. L’homme qui avait défié l’Union soviétique à Berlin et avait réussi à la faire plier lors de la crise de Cuba était l’un des présidents les plus populaires, hormis parmi l’électorat démocrate du sud, qui n’avait pas apprécié son soutien au mouvement des droits civiques. La guerre du Vietnam restait, pour la majeure partie de l’opinion américaine, un conflit lointain où ne combattaient que des soldats américains volontaires.
Mais, dès les premiers mois de sa seconde investiture, la popularité du président est gravement entachée par les révélations de la presse à scandale : Kennedy aurait entretenu plusieurs liaisons extraconjugales, voyant ses maitresses y compris alors même que sa propre fille était malade. Pire, certaines de ces maitresses seraient des agentes de puissances du bloc de l’Est… La Maison Blanche ne put s’en tirer qu’en niant fermement toute menace pour la sécurité de l’Etat et en mettant en scène les excuses du président et sa réconciliation avec son épouse.
L’attention du public sur la vie privée du couple présidentiel ne retombe qu’après que les médias aient commencé à se focaliser sur le Vietnam. A partir de 1965, l’engrenage de l’intervention commence à devenir incontrôlable, avec l’envoi de plus en plus d’appelés pour contenir la progression du Viet Minh. Les négociations avec celui-ci et ses alliés de circonstances monarchistes, largement médiatisés, n’aboutissent pas, tandis que l’opinion commence à devenir majoritairement anti-guerre devant les images de cercueils rapatriés vers les Etats-Unis.
Début 1967, le camp de Dien Bien Phu, point secondaire du dispositif américain, insuffisamment défendu, est la cible d’une attaque surprise du Vietminh, qui est parvenu à faire parvenir de l’artillerie au nez et à la barbe des Américains. Paniqués, les défenseurs se décident trop tard à organiser une défense réaliste et à creuser des tranchées, et finissent submergés. 300 soldats sont aux mains de l’ennemi, tandis que la nécessité symbolique de reprendre absolument la position coûte encore de lourdes pertes au corps expéditionnaire.
Dans les mois suivants, l’US Army connaît d’autres revers dans le sud du pays, tandis que des échanges d’artillerie de part et d’autre de la frontière avec l’armée chinoise, puis des combats au sol sur le territoire voisin -et neutre- du royaume du Laos contre l’APL font augmenter la tension internationale.
Constamment sous pression, Kennedy retombe dans ses vieux démons : un journaliste de tabloïd, qui s’avérera en réalité être un ancien agent de renseignement payé par le Parti Républicain, diffuse une photographie où l’on vit le président en compagnie de trois jeunes étudiantes, consommant ce qui s’apparente à du cannabis. Le scandale est énorme, et l’indignation dépasse très largement l’opinion conservatrice.
Menacé par une procédure de destitution, John Fitzgerald Kennedy est contraint à la démission. S’exprimant une dernière fois à la télévision, il présente ses excuses : « j’ai failli à mes devoirs de père et d’époux, ainsi qu’à mon devoir de montrer l’exemple en tant que président. C’est pour moi un immense regret de quitter mes responsabilités alors que notre pays traverse des épreuves aussi dures, que de jeunes et courageux Américains tombent en ce moment pour défendre la liberté. Mais je sais que le peuple américain souhaite me voir quitter mes fonctions, et ma croyance ferme en la démocratie m’oblige à accepter cette volonté. Vous êtes en droit de juger l’homme, je laisserai à l’histoire le soin de juger le président. »
Alors que la procédure de divorce est lancée immédiatement après sa démission, JFK quitte les Etats-Unis et s’installe quelques mois à Berlin ouest, où il est resté très populaire. L’année suivante, il se trouve par hasard en Irlande en même temps que le couple De Gaulle et André Malraux. Leur rencontre donnera lieux à un livre d’André Malraux, La Lande irlandaise.
Brièvement de retour aux Etats-Unis en 1969, il dénonce les bombardements massifs et l’usage immodéré du Napalm au Vietnam par l’administration Nixon, mais ses critiques sont très mal accueillies par l’opinion. Il passera par la suite peu de temps aux Etats-Unis et interviendra de moins en moins dans la politique américaine, sans doute pour ne pas porter préjudice aux carrières de ses frères, Robert et Edward.
Il se fait peu remarquer au cours de la décennie 1970, à l’exception de sa brève liaison avec Brigitte Bardot, et s’installe dans le Sud de la France.
Après 1980, il sort de son silence et critique avec virulence le Parti Démocrate et l’influence des contre-cultures, qu’il juge responsables de la défaite électorale et de la victoire de Ronald Reagan. Il se rapproche du discours des néoconservateurs qui entament à ce moment de la gauche américaine. Le public américain le redécouvre grossi, et visiblement aigri, ce qui ne contribue pas à faire remonter sa popularité. Une fois, encore, il retourne à sa retraite européenne. Il se lie notamment avec l’homme d’affaire italien Silvio Berlusconi, qui l’invite régulièrement à ses soirées.
Usé prématurément par ses excès en tous genres qui se cumulent avec les problèmes de santé qui l’handicapent depuis toujours, il est de plus en plus immobilisé et décède en juillet 1992 à Saint-Tropez. Ses cendres sont rapatriées et inhumées au cimetière familial, à Arlington.
En 1964, John Fitzgerald Kennedy était réélu très confortablement. L’homme qui avait défié l’Union soviétique à Berlin et avait réussi à la faire plier lors de la crise de Cuba était l’un des présidents les plus populaires, hormis parmi l’électorat démocrate du sud, qui n’avait pas apprécié son soutien au mouvement des droits civiques. La guerre du Vietnam restait, pour la majeure partie de l’opinion américaine, un conflit lointain où ne combattaient que des soldats américains volontaires.
Mais, dès les premiers mois de sa seconde investiture, la popularité du président est gravement entachée par les révélations de la presse à scandale : Kennedy aurait entretenu plusieurs liaisons extraconjugales, voyant ses maitresses y compris alors même que sa propre fille était malade. Pire, certaines de ces maitresses seraient des agentes de puissances du bloc de l’Est… La Maison Blanche ne put s’en tirer qu’en niant fermement toute menace pour la sécurité de l’Etat et en mettant en scène les excuses du président et sa réconciliation avec son épouse.
L’attention du public sur la vie privée du couple présidentiel ne retombe qu’après que les médias aient commencé à se focaliser sur le Vietnam. A partir de 1965, l’engrenage de l’intervention commence à devenir incontrôlable, avec l’envoi de plus en plus d’appelés pour contenir la progression du Viet Minh. Les négociations avec celui-ci et ses alliés de circonstances monarchistes, largement médiatisés, n’aboutissent pas, tandis que l’opinion commence à devenir majoritairement anti-guerre devant les images de cercueils rapatriés vers les Etats-Unis.
Début 1967, le camp de Dien Bien Phu, point secondaire du dispositif américain, insuffisamment défendu, est la cible d’une attaque surprise du Vietminh, qui est parvenu à faire parvenir de l’artillerie au nez et à la barbe des Américains. Paniqués, les défenseurs se décident trop tard à organiser une défense réaliste et à creuser des tranchées, et finissent submergés. 300 soldats sont aux mains de l’ennemi, tandis que la nécessité symbolique de reprendre absolument la position coûte encore de lourdes pertes au corps expéditionnaire.
Dans les mois suivants, l’US Army connaît d’autres revers dans le sud du pays, tandis que des échanges d’artillerie de part et d’autre de la frontière avec l’armée chinoise, puis des combats au sol sur le territoire voisin -et neutre- du royaume du Laos contre l’APL font augmenter la tension internationale.
Constamment sous pression, Kennedy retombe dans ses vieux démons : un journaliste de tabloïd, qui s’avérera en réalité être un ancien agent de renseignement payé par le Parti Républicain, diffuse une photographie où l’on vit le président en compagnie de trois jeunes étudiantes, consommant ce qui s’apparente à du cannabis. Le scandale est énorme, et l’indignation dépasse très largement l’opinion conservatrice.
Menacé par une procédure de destitution, John Fitzgerald Kennedy est contraint à la démission. S’exprimant une dernière fois à la télévision, il présente ses excuses : « j’ai failli à mes devoirs de père et d’époux, ainsi qu’à mon devoir de montrer l’exemple en tant que président. C’est pour moi un immense regret de quitter mes responsabilités alors que notre pays traverse des épreuves aussi dures, que de jeunes et courageux Américains tombent en ce moment pour défendre la liberté. Mais je sais que le peuple américain souhaite me voir quitter mes fonctions, et ma croyance ferme en la démocratie m’oblige à accepter cette volonté. Vous êtes en droit de juger l’homme, je laisserai à l’histoire le soin de juger le président. »
Alors que la procédure de divorce est lancée immédiatement après sa démission, JFK quitte les Etats-Unis et s’installe quelques mois à Berlin ouest, où il est resté très populaire. L’année suivante, il se trouve par hasard en Irlande en même temps que le couple De Gaulle et André Malraux. Leur rencontre donnera lieux à un livre d’André Malraux, La Lande irlandaise.
Brièvement de retour aux Etats-Unis en 1969, il dénonce les bombardements massifs et l’usage immodéré du Napalm au Vietnam par l’administration Nixon, mais ses critiques sont très mal accueillies par l’opinion. Il passera par la suite peu de temps aux Etats-Unis et interviendra de moins en moins dans la politique américaine, sans doute pour ne pas porter préjudice aux carrières de ses frères, Robert et Edward.
Il se fait peu remarquer au cours de la décennie 1970, à l’exception de sa brève liaison avec Brigitte Bardot, et s’installe dans le Sud de la France.
Après 1980, il sort de son silence et critique avec virulence le Parti Démocrate et l’influence des contre-cultures, qu’il juge responsables de la défaite électorale et de la victoire de Ronald Reagan. Il se rapproche du discours des néoconservateurs qui entament à ce moment de la gauche américaine. Le public américain le redécouvre grossi, et visiblement aigri, ce qui ne contribue pas à faire remonter sa popularité. Une fois, encore, il retourne à sa retraite européenne. Il se lie notamment avec l’homme d’affaire italien Silvio Berlusconi, qui l’invite régulièrement à ses soirées.
Usé prématurément par ses excès en tous genres qui se cumulent avec les problèmes de santé qui l’handicapent depuis toujours, il est de plus en plus immobilisé et décède en juillet 1992 à Saint-Tropez. Ses cendres sont rapatriées et inhumées au cimetière familial, à Arlington.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
Thomas, LFC/Emile Ollivier, Collectionneur, Rayan du Griffoul, Amon luxinferis, ezaski et Yodarc aiment ce message
Re: La descente aux enfers de John Fitzgerald Kennedy
Trés bonne histoire
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Re: La descente aux enfers de John Fitzgerald Kennedy
Intéressant. Cela me rappelle une réplique d'un film : "Soit on meurt héros, soit on devient le méchant."
Le principe de la route de la (l'in)fortune mis en valeur dans ce récit et comment une personne pourrait évoluer suite aux aléas de l'existence.
Le principe de la route de la (l'in)fortune mis en valeur dans ce récit et comment une personne pourrait évoluer suite aux aléas de l'existence.
Yodarc- Messages : 424
Date d'inscription : 14/02/2022
Age : 31
DemetriosPoliorcète, LFC/Emile Ollivier, Collectionneur et Rayan du Griffoul aiment ce message
Re: La descente aux enfers de John Fitzgerald Kennedy
Yodarc a écrit:Intéressant. Cela me rappelle une réplique d'un film : "Soit on meurt héros, soit on devient le méchant."
Le principe de la route de la (l'in)fortune mis en valeur dans ce récit et comment une personne pourrait évoluer suite aux aléas de l'existence.
Oui, c'est tout à fait ça...
Je pense que Kennedy avait peu de chances de finir populaire, tant les scandales de moeurs auraient pesé sur lui. Je doute aussi qu'il ait pu empêcher la guerre du Vietnam.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier, Collectionneur et Rayan du Griffoul aiment ce message
Re: La descente aux enfers de John Fitzgerald Kennedy
Du coup pas de balle tragique à Dallas ?
ezaski- Messages : 300
Date d'inscription : 08/11/2020
DemetriosPoliorcète, LFC/Emile Ollivier et Rayan du Griffoul aiment ce message
Re: La descente aux enfers de John Fitzgerald Kennedy
ezaski a écrit:Du coup pas de balle tragique à Dallas ?
Non. Mais un autre président va être tué dans cette ville, quelques décennies plus tard...
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier et Collectionneur aiment ce message
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