L'attentat contre Eisenhower
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L'attentat contre Eisenhower
Un petit texte dans le même univers que "Le discours de Goering" et "Le discours de Doriot".
L’attentat
Le 5 août 1944, alors qu’il s’apprête à inspecter les nouvelles installations des forces américaines en Bavière, et que son véhicule est ralenti par l’agitation d’une ville de Munich qui commence à peine à se reconstruire, le général Dwight Eisenhower voit avec stupeur un dément courir dans sa direction. Un soldat américain réagit suffisamment vite pour viser l’assaillant et le toucher à l’épaule, mais cela ne l’empêche pas de déclencher la ceinture d’explosifs cachée sous ses vêtements. Blessé, Eisenhower décède trois heures plus tard, à l’hôpital militaire américain.
L’enquête révèlera que l’attentat-suicide a été organisé par un petit groupe d’ancien SS, qui avaient à l’origine mis au point leur bombe dans l’optique d’un attentat contre…Hermann Goering. Dans une lettre laissée à son domicile, l’assaillant revendique son crime, déclarant que « des milliers viendraient après-lui » pour libérer l’Allemagne, et se disant satisfait de « retrouver les Reichsführer SS Heinrich Himmler au paradis des guerriers ».
L’attentat n’aura en fait pas impliqué plus que quatre personnes, toutes arrêtées et condamnées, mais il a une incidence profonde sur les rapports entre les vainqueurs et l’Allemagne occupée, de même qu’entre les troupes d’occupations et la population. Il semble en effet confirmer aux soldats alliés ce qu’ils ont lu dans les manuels qui leur avaient été distribués avant l’entrée en Allemagne, et dans les films de propagande : l’Allemagne est un pays peuplé par des millions de revanchards ayant baigné des années dans l’idéologie nazie. Les élucubrations de Goebbels, tout juste livré par les autorités argentines, qui déclare lors des procès de Nüremberg qu’une « armée de l’intérieur dont personne ne soupçonne la puissance » s’apprête à « transformer l’Allemagne en un enfer pour les occupants ».
Le découpage de l’Allemagne
En dehors des relations quotidiennes entre troupes alliées et population, la principale conséquence de la mort d’Eisenhower est sans aucun doute possible l’acceptation par l’ensemble des vainqueurs des conclusions du rapport Morgenthau. L’étonnante modération de Béria et son empressement à tenir ses engagements sur la neutralisation de la Pologne et de la Finlande éloignaient définitivement la possibilité d’un affrontement entre les vainqueurs et rendaient obsolète l’idée d’une Allemagne rempart au communisme.
A la conférence de Potsdam, on se mit d’accord sur un plan de transformation du pays : le sud, occupé par les Français et les Américains, devait devenir en 1947 une confédération d’Allemagne du Sud, en union douanière avec l’Autriche, restaurée dans son indépendance, tandis que les zones britannique et soviétique devaient donner naissance à un Etat nord-allemand. Dans l’ensemble de ces territoires, toutes les installations industrielles et minières devaient être démantelées. On accorda tout de même une exception sur l’industrie chimique, afin d’éviter une famine généralisée faute d’engrais, qui aurait pu causer des millions de morts (cette mesure prit effet partout sauf dans les territoires soviétiques, où les installations chimiques furent démantelées et déplacées en URSS, comme l’ensemble du matériel de production de la zone).
La Rhénanie, cœur de la puissance industrielle du Reich, devait rester plusieurs années encore une zone internationale, dont la population ne serait représentée que par un Conseil Rhénan, émanation des institutions municipales et locales. Toute l’industrie devait être démantelée avec un soin plus minutieux encore que dans le reste du pays. Après avoir envisagé de mettre définitivement fin à l’extraction minière de la Ruhr, on finit par la fixer à 25% de la production d’avant-guerre, pour éviter une hausse brutale des cours mondiaux. Les puits de mines superflus par rapport à ce seuil furent condamnés.
Alors qu’une grande partie des revendications territoriales néerlandaises étaient acceptées, la France se montra étonnamment prudente, sous l’influence de De Gaulle qui pensait qu’un rapprochement entre son pays et l’Allemagne serait une nécessité à moyen-terme : les territoires cédés au second traité de Paris furent bel et bien annexés, mais le reste de la Sarre resta un simple protectorat.
Ces mesures radicales parvinrent à leur objectif, neutraliser durablement l’Allemagne, mais produisirent une grave crise alimentaire, notamment en zone soviétique, et un chômage de masse propice aux discours radicaux. La résistance anti-alliée, inexistante après la capitulation, se structura réellement autour du Werwolf, influencé par l’idéologie nazie, ainsi que d’autres mouvements d’obédience nationale-conservatrice. D’autres allemands firent le choix de l’émigration, notamment vers l’Amérique latine, noyant dans la masse les criminels de guerre en fuite. De nombreux ingénieurs trouvèrent également leur salut dans les contrats avantageux offerts par l’URSS en reconstruction, essayant d’oublier que, dans le même pays, des milliers de leurs concitoyens étaient toujours retenus dans des conditions atroces. En Irlande, De Valera fit pour sa part scandale en favorisant l’immigration des Allemands catholiques.
La Confédération d’Allemagne du Sud obtint bel et bien son indépendance en 1947, mais les divergences entre les zones britannique et soviétique, et notamment l’opposition du SED à la création du nouvel Etat, empêchèrent la création de la République nord-allemande avant l’année suivante. En 1954, la Rhénanie obtint le statut d’Etat à part entière. L’année suivante, les différents Etats allemands signèrent l’acte de naissance de l’Union allemande, début d’un long processus de réintégration.
L’attentat
Le 5 août 1944, alors qu’il s’apprête à inspecter les nouvelles installations des forces américaines en Bavière, et que son véhicule est ralenti par l’agitation d’une ville de Munich qui commence à peine à se reconstruire, le général Dwight Eisenhower voit avec stupeur un dément courir dans sa direction. Un soldat américain réagit suffisamment vite pour viser l’assaillant et le toucher à l’épaule, mais cela ne l’empêche pas de déclencher la ceinture d’explosifs cachée sous ses vêtements. Blessé, Eisenhower décède trois heures plus tard, à l’hôpital militaire américain.
L’enquête révèlera que l’attentat-suicide a été organisé par un petit groupe d’ancien SS, qui avaient à l’origine mis au point leur bombe dans l’optique d’un attentat contre…Hermann Goering. Dans une lettre laissée à son domicile, l’assaillant revendique son crime, déclarant que « des milliers viendraient après-lui » pour libérer l’Allemagne, et se disant satisfait de « retrouver les Reichsführer SS Heinrich Himmler au paradis des guerriers ».
L’attentat n’aura en fait pas impliqué plus que quatre personnes, toutes arrêtées et condamnées, mais il a une incidence profonde sur les rapports entre les vainqueurs et l’Allemagne occupée, de même qu’entre les troupes d’occupations et la population. Il semble en effet confirmer aux soldats alliés ce qu’ils ont lu dans les manuels qui leur avaient été distribués avant l’entrée en Allemagne, et dans les films de propagande : l’Allemagne est un pays peuplé par des millions de revanchards ayant baigné des années dans l’idéologie nazie. Les élucubrations de Goebbels, tout juste livré par les autorités argentines, qui déclare lors des procès de Nüremberg qu’une « armée de l’intérieur dont personne ne soupçonne la puissance » s’apprête à « transformer l’Allemagne en un enfer pour les occupants ».
Le découpage de l’Allemagne
En dehors des relations quotidiennes entre troupes alliées et population, la principale conséquence de la mort d’Eisenhower est sans aucun doute possible l’acceptation par l’ensemble des vainqueurs des conclusions du rapport Morgenthau. L’étonnante modération de Béria et son empressement à tenir ses engagements sur la neutralisation de la Pologne et de la Finlande éloignaient définitivement la possibilité d’un affrontement entre les vainqueurs et rendaient obsolète l’idée d’une Allemagne rempart au communisme.
A la conférence de Potsdam, on se mit d’accord sur un plan de transformation du pays : le sud, occupé par les Français et les Américains, devait devenir en 1947 une confédération d’Allemagne du Sud, en union douanière avec l’Autriche, restaurée dans son indépendance, tandis que les zones britannique et soviétique devaient donner naissance à un Etat nord-allemand. Dans l’ensemble de ces territoires, toutes les installations industrielles et minières devaient être démantelées. On accorda tout de même une exception sur l’industrie chimique, afin d’éviter une famine généralisée faute d’engrais, qui aurait pu causer des millions de morts (cette mesure prit effet partout sauf dans les territoires soviétiques, où les installations chimiques furent démantelées et déplacées en URSS, comme l’ensemble du matériel de production de la zone).
La Rhénanie, cœur de la puissance industrielle du Reich, devait rester plusieurs années encore une zone internationale, dont la population ne serait représentée que par un Conseil Rhénan, émanation des institutions municipales et locales. Toute l’industrie devait être démantelée avec un soin plus minutieux encore que dans le reste du pays. Après avoir envisagé de mettre définitivement fin à l’extraction minière de la Ruhr, on finit par la fixer à 25% de la production d’avant-guerre, pour éviter une hausse brutale des cours mondiaux. Les puits de mines superflus par rapport à ce seuil furent condamnés.
Alors qu’une grande partie des revendications territoriales néerlandaises étaient acceptées, la France se montra étonnamment prudente, sous l’influence de De Gaulle qui pensait qu’un rapprochement entre son pays et l’Allemagne serait une nécessité à moyen-terme : les territoires cédés au second traité de Paris furent bel et bien annexés, mais le reste de la Sarre resta un simple protectorat.
Ces mesures radicales parvinrent à leur objectif, neutraliser durablement l’Allemagne, mais produisirent une grave crise alimentaire, notamment en zone soviétique, et un chômage de masse propice aux discours radicaux. La résistance anti-alliée, inexistante après la capitulation, se structura réellement autour du Werwolf, influencé par l’idéologie nazie, ainsi que d’autres mouvements d’obédience nationale-conservatrice. D’autres allemands firent le choix de l’émigration, notamment vers l’Amérique latine, noyant dans la masse les criminels de guerre en fuite. De nombreux ingénieurs trouvèrent également leur salut dans les contrats avantageux offerts par l’URSS en reconstruction, essayant d’oublier que, dans le même pays, des milliers de leurs concitoyens étaient toujours retenus dans des conditions atroces. En Irlande, De Valera fit pour sa part scandale en favorisant l’immigration des Allemands catholiques.
La Confédération d’Allemagne du Sud obtint bel et bien son indépendance en 1947, mais les divergences entre les zones britannique et soviétique, et notamment l’opposition du SED à la création du nouvel Etat, empêchèrent la création de la République nord-allemande avant l’année suivante. En 1954, la Rhénanie obtint le statut d’Etat à part entière. L’année suivante, les différents Etats allemands signèrent l’acte de naissance de l’Union allemande, début d’un long processus de réintégration.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier, Collectionneur, Rayan du Griffoul, Uranium Colonel et Amon luxinferis aiment ce message
Re: L'attentat contre Eisenhower
J'avoue qu'à l'occase, je ne serais pas contre une uchronie plausible sur un réseau Werwolf assez puissant pour semer la terreur dans toute l'Allemagne.
_________________
« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
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