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Cœur d'Ambre

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Message par Anaxagore Dim 28 Aoû - 10:30

https://www.amazon.fr/dp/B00ZGCYO72

Cœur d'Ambre 51Gm6i59IwL

Coeur d'Ambre est le premier tome d'une série mais peut être lu de manière parfaitement indépendante. Inspiré de l'époque de la conquista espagnol, l'Empire du Fopal est une puissance navale et terrestre qui possède des comptoirs au sud du continent d'Ava, dans un monde médieval-fantastique assez classique. mais l'originalité est que l'action se passe dans l'équivalent locale de l'Afrique Noire... Vaudou... fétichistes... Eleni de Havella, femme médecin et fille du capitaine Esteban de Havella va se retrouver prise dans une lutte âpre contre Cœur d'Ambre la mystérieuse reine-sorcière des jungles noires.

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Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
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Message par Anaxagore Dim 28 Aoû - 10:36

et un extrait :

Chapitre III

L’aurore avait trouvé les navires encore ancré dans la baie sans en réveiller les équipages.
Depuis deux heures déjà, les marins s’activaient aux derniers préparatifs de la traversée. Vivres et matériel étaient embarqués. Les matelots n’attendaient plus que l’ordre du capitaine pour appareiller. A la sanglante lueur de l’aube, Esteban de Havella se tenait sur la dunette du château arrière. D’autres officiers le serraient de près, ayant revêtus pour l’occasion leurs plus beaux atours. Ces fiers hidalgos chamarrés de dentelles, de velours et de soie étaient encadrés par une garde de hallebardiers.
A peine sa montre remise dans son gousset, le capitaine de Havella se tourna vers son second :
- Mon navire est-il opérationnel ?
- Oui, monsieur.
- Paré à lever les ancres.
Tourné vers l’équipage en contrebas, le second s’empara d’un porte-voix de bronze :
- Paré à lever les ancres !
Le pont sembla soudain pris d’une sorte de frénésie. Des hommes couraient en tous sens, un grand nombre d’eux eux se réunirent autour des cabestans à l’avant. Après avoir introduit les barres d’anspect dans leurs logements, ils s’immobilisèrent.
Esteban de Havella approuva la précision de la manœuvre et se rapprocha de son second :
- Levez les ancres.
- Levez les ancres !
Sur l’escalier reliant la dunette au deuxième étage du château de poupe, le bosco souffla dans son sifflet métallique. En contrepoint de ce son strident, un vieux bat-la-houle se mit à chanter. C’était une de ses chansons de marin qui rythmaient les différentes tâches du bord. Dans ce cas là, une chanson à virer qui, dès les premiers couplets d’invite, devint un chœur formidable. En cadence avec ces voix, les ancres s’arrachèrent à la vase. Rapidement, elles furent enroulées autour du barbotin.
A l’ordre de hisser les voiles de manœuvre, les matelots se précipitèrent dans les mâtures et les drisses avec une habileté de singe. Une nouvelle fois, on entonna une rengaine. Une chanson à hisser, une mélodie poignante scandée à la mesure du roulis. Son air et ses paroles mêmes trahissaient la difficulté de la tâche. Sur le pont, un chanteur disait seul un ou deux vers. Alignés sur le cordage, les hommes occupés à délier les voiles répondaient en chœur, alors que le bateau se relevait de l’autre bord.
La voile carrée du petit mat avant se gonfla sous l’effet du vent. Celle, latine, de l’antenne arrière suivit ainsi que les focs reliés au beaupré.
La Foudre prit rapidement de la vitesse. Autour de la nef capitane, les caravelles et les uscières se rassemblèrent. Ce convoi de blanches voilures les faisaient ressembler à des nuages effleurant l’océan dans leur course vagabonde. L’élément aérien leur donnait bien grâce et vitesse mais la mer restait leur habitat.
La flottille obliqua pour doubler les brisants près du castillo. Du haut de ses murailles, mains et chèches s’agitaient pour saluer les splendides navires. Le canon tonna, chassant un nuage de poudre…
Sur la dunette, le capitaine de Havella se tourna vers sa fille accoudée au bastingage.
- C’est toi qui a expliqué à l’Arbo Ashemal ce qu’est un salut au canon ?
Elle se retourna à demi et son père vit son sourire amusé.
- Oh ? Je suppose que cela a dû m’échapper…
- « Échapper » ? Il est extraordinaire de voir le nombre de choses qui « t’échappent ».
Avec un haussement d’épaule amusé, Esteban de Havella distribua ses ordres pour que le fauconneau de poupe soit chargé à blanc.
- Vingt-et-un coups ?
Derechef, Eleni laissa fuser son rire.
- Tu n’imagines tout de même pas que j’ai demandé à Ashemal qu’il t’offre un salut impérial ?
- Cent-un coups de canons ? Au prix de la poudre ? Tu me rassures !
- Le prix de la poudre ? C’est toi qui m’as enseigné que la plupart des généraux doivent jouer sur des facteurs tel que l’armement ou des effectifs qui leur sont imposés par les circonstances. Toutefois, c’est au commandant qui revient d’améliorer leur entraînement et leur moral.
D’un mouvement désinvolte, elle désigna les marins qui répondaient au salut des Akhidis. Dans leur exubérance, il y avait une inévitable part de forfanterie. Néanmoins, il semblait qu’une partie des tensions affichées à l’aurore se soient dissipées.
- Tu es incroyable d’avoir pensé à tout ça.
- Je suis le médecin du bord. Le moral fait aussi parti de mes devoirs.
Accoudé à la balustrade de la dunette, Esteban de Havella lança l’ordre d’établir la grande voile. Derrière lui, une tabatière incrustée dans le pont se souleva pour révéler la tête couronnée de dreadlocks de Bombucq.
- Eleni ? Tu es occupée ?
- Non, pourquoi ?
- Je voudrais que quelqu’un m’aide à établir la vitesse de La Foudre.
- Je descends.
Aidée par son jeune frère, Eleni descendit l’échelle de coupée jusqu’à une coursive qui desservait les cabines des officiers. Arrivé à la cabine du second, ils ouvrirent une caisse laissée sur la grande table. Elle contenait un registre, un rouleau de corde à nœud et un chronomètre.
Surprise, Eleni souleva l’objet.
- J’e n'en ai jamais vu d’aussi petit.
Bombucq sourit.
- Il m’a été donné par le capitaine du vaisseau courrier d’Oevenheilm. Il m’a parlé d’une fusée à ressort dans le système d’échappement…
- Une fusée ? Tu ne dois pas avoir besoin de remonter ta montre aussi souvent que la mienne ou celle de papa. Tu me la prêterais pour que je prenne le pouls de mes patients ?
- Pourquoi pas. Oh ! à propos de prêt, je t’ai dit que l’Arbo Ashemal m’a remis son épée ?
- Non.
- Attends, passons à côté je vais te la montrer.
A côté, cela voulait dire dans sa cabine distante de seulement quelques mètres. De son coffre, il tira une tabouka. Une lame droite proche de certaines épées du nord. Sa garde était plus réduite mais la différence venait surtout de l’aspect de son fer évidé en plusieurs endroits. Des fils d’or dessinaient des mots sur le métal et des pierreries étaient incrustées aux extrémités de la garde, sur le pommeau aussi bien qu’à la naissance de la lame.
- Qu’elle est belle. Comment as-tu pu… ? Comment… ?
- C’est un prêt, je te l’ai dit. Aucun des enfants d’Ashemal n’est en âge d’aller à la guerre. Les aînés sont morts et leurs enfants encore plus jeune. Moi j’y partais… et puis pour moitié, je suis un Akhidis.

Alors que la flottille s'éloignait vers la haute mer, les événements connaissaient une brutale accélération.
La troupe qui venait d'arriver dans les savanes du sud Bournou était venue de l'est, ayant traversé un vaste désert. C'était une force impressionnante. Il y avait beaucoup de guerriers tribaux ne portant que des pagnes de tissu, protégés par un long bouclier ovale et armées de lourdes sagaies à pointe de fer. Avec eux s'avançait des archers dont certains portaient une sorte de péplum couleur de terre. L'infanterie était nombreuse, mais son armement palissait devant celui de la cavalerie. Les hommes portaient des casques coniques. En bronze doré, ils s'ornaient de plumes d'autruche. La poitrine était couverte par une sorte de gilet d'écaille de fer qui laissait les bras nus. Ils complétaient leur équipement par des boucliers ronds et de courtes javelines. Leurs selles étaient des peaux de panthère. Dominant en masse comme en taille ce fleuve de combattants, des éléphants s'avançaient d'un pas nonchalant. Conduits par des cornacs nus mais armés de javelots, ces animaux étaient une force propre à semer la terreur dans les cœurs les plus endurcis.
La vue de cette armée provoqua une terreur qui se répandit rapidement dans la région. Les pasteurs fuirent leurs pâturages avec leurs troupeaux de buffle. Les agriculteurs abandonnèrent les champs de millet et de sorgho. Les femmes des villages empoignèrent les enfants et coururent pour sauver leurs vies.
Tous avaient reconnu les nouveaux venus. Ils n'étaient pas originaires du royaume bournou. C'étaient des esclavagistes des états Latoko. Ces petites principautés inféodées à l'empire vassani étaient tristement célèbres pour leurs guerres sans fin avec leurs voisins. Jusque là, ces conflits n'avaient eu d'autres buts que de faire des captifs et les revendre aux Vassanides. Jamais ils n'avaient envoyés une telle armée aussi loin.
Les fuyards coururent jusqu'à N'kassa. C'était une petite ville de briques et de pissé. Ses bâtiments bas, couleur de terre, formaient un lacis de minuscules ruelles à l'abri d'un mur peu élevé. Des tours carrées le renforçaient régulièrement, mais l'Arbo local ne pouvait le garnir que de bien peu d'hommes capables de prendre les armes. Il fit ce qu'il pu pour le confort des réfugié et envoya un homme à cheval prévenir le Grand Arbo. C'était tout ce qui lui était possible de faire.
Lorsque l'armée latoko surgis, il n'y eut plus aucun doute quand au destin sinistre qui attendait les habitants. Les hommes montèrent sur le chemin de ronde pour faire face, serrant leurs boucliers en peau de zèbre d'une main, et leur sagaie dans l'autre. Il n'y avait pourtant peu de doute que l'ennemi ne serrait pas arrêté par les fortifications. Les assaillants avaient apporté un bélier et des échelles. Sous le couvert de leurs archers, ils entreprirent de les amener à pied d'œuvre. Des flèches enflammés furent tirés des tours, cherchant à mettre le feu à l'engin de siège, mais le bois était encore vert et peu combustible. D'autres projectiles s'attaquaient aux hommes qui montaient vers les murs, mais ceux-ci ripostaient avec une ardeur égale. Les morts tombaient sur la terre rouge et leur sang ce mêlait à cette couleur. Pourtant, les pertes infligées étaient insignifiantes et l'avance paraissait inexorable. Le bélier tambourinait déjà aux portes que les premières échelles touchaient le rempart. Les défenseurs envoyaient des pierres et cherchaient à précipiter dans le vide les esclavagistes, mais ceux-ci prirent pieds en plusieurs points du rempart.
La mêlée devint furieuse, les sagaies perçaient les poitrines au milieu des cris et des appels. Des corps dégringolaient des murailles. Les esclavagistes avaient cependant de plus lourdes pertes et lentement, commencèrent à être repoussés.
Cependant le bélier continuait à frapper la porte en dépit des flèches et des pierres qui rebondissaient sur son toit. Les lourds battants résonnaient de plus en plus sous les coups de boutoir. Soudain, dans un craquement, la barre qui les tenait fermés se brisa.
Les défenseurs de l'entrée reculèrent, levant un mur de boucliers hérissés de pointes de lance. Ils attendaient anxieusement ce qui surgirait de l'ouverture. La poussière soulevée par la chute des portes leur bouchait la vue. En entendant les barrissements des éléphants, la terreur les poignarda. La charge des colosses à la peau épaisse fut immédiatement décisive. Des hommes furent projetés ou piétinés et les défenseurs perdirent toute cohésion. Certains se débandèrent, incapables de lutter.
Avec la chute des portes, la cavalerie ennemie entra en ville, pourchassant, pillant... Bien vite les combats y furent perdus par les défenseurs. Il ne restait plus que quelques sections des remparts encore aux mains des guerriers de N'kassa. Ces irréductibles furent rapidement décimés par les archers postés sur les tours saisies et attaquées de tout côté par les guerriers. En dépit d'une résistance désespérés, ils avaient tous étaient vaincus avant que le jour ne tombe.

Aram était un homme plus grand que nature. C'était comme si un dieu l'avait modelé en choisissant une échelle plus grande. Bien sûr cette description s'appliquait d'abord à son physique. L'homme était immense et musclé sans paraître disproportionné. Il avait un visage aux traits rudes, comme taillé dans la pierre dure. Avec son crâne rasé et la boucle d'or à une de ses oreilles, il donnait l'impression d'être une brute. L'apparence était trompeuse, c'était un époux aimant et un bon père qui n'aimait rien tant que la vie calme qu'il avait jusque là vécu.
Kawana courrait à côté de son mari. C'était une très jolie femme à la peau d'ébène la plus pure. Par contraste, Aram semblait presque pâle. Elle avait des traits magnifiques par leur caractère volontaire et ses cheveux étaient comme la crinière d'un lion. Kawana serrait dans une main un long poignard et dans l'autre tenait son aîné, un jeune garçon du nom de Kham. Ce dernier tenait à son tour la main de sa sœur, la jolie Tsasah.
La nuit était à présent tombée sur N'kassa. Dans la pénombre, des hommes et des femmes courraient. Lorsque les hommes rattrapaient les femmes, on entendait des cris tandis que les guerriers déchiraient les vêtements pour jeter leurs victimes au sol. Aram était fort, mais pas assez pour combattre à lui seul tous les ennemis qui s'étaient répandus dans sa ville autrefois si paisible. Il avait lutté autant qu'il le pouvait et tué une dizaine d'esclavagistes, non sans recevoir des coups qui laissaient des traces sanglantes sur sa poitrine. Il y avait des moments pour se battre et d'autres pour fuir. Lorsqu'il fut évident que N'kassa était perdue, Aram avait couru jusqu'à la maison qu'il partageait avec sa femme. A présent, il la conduisait vers une poterne qu'il connaissait et qu'il espérait encore libre.
Alors qu'il pressait le pas, un bruit le fit tressaillir. Un frôlement, pensa Aram. Sagaie en main, il se tourna vers l'origine du son. Plusieurs silhouettes se découpèrent dans la pénombre. Les Lakotos - car c'était eux- brandissaient aussi des sagaies. Aram sembla rapetisser comme ses muscles se contractaient.... Il allait bondir.

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