[CTC37] La guerre de Dix ans
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[CTC37] La guerre de Dix ans
La guerre de dix ans
La bataille de Crécy
Le 26 août 1346, l’ost du roi de France, Philippe VI de Valois, manqua de peu l’un des pires désastres de son histoire.
Un assaut précipité face aux redoutables archers de l’armée anglaise aurait sans doute fait perdre une occasion unique aux Français de terminer la guerre en saisissant le roi d’Angleterre, lequel prétendait depuis 1337 au trône de France. Il fallut toute l’énergie du roi de France, et celle de l’autre roi présent ce jour-là, Jean II de Luxembourg, roi de Bohème, pour rassembler les troupes et les empêcher de se ruer, en ordre de marche, sur les archers anglais.
Le lendemain, redéployées en bon ordre, reposées de leur marche et, détail particulièrement important, les cordes des arbalètes séchées après l’orage de la veille, les troupes françaises pouvaient profiter au mieux de leur supériorité numérique. Certes, les arbalétriers génois, engagés les premiers face aux archers anglais, furent durement éprouvés, plus que décimés par les tirs des long bows. Mais ils avaient affaibli l’arme la la plus redoutable du roi d’Angleterre, et préparé le terrain aux assauts suivants.
A la fin de la journée, Philippe VI de Valois, roi de France, était maitre du terrain. L’usurpateur Edouard et son fils, Edouard de Woodstock étaient prisonniers. C’en était fini de la revendication anglaise sur le trône de France, et de toute contestation sérieuse de la légitimité du pouvoir de Philippe : déjà vainqueur des Flamands à Cassel en 1328, il venait de prouver une fois de plus par l’ordalie de Crécy que Dieu le reconnaissait comme le souverain légitime.
La renonciation
La guerre ne s’acheva néanmoins pas tout de suite. Si Edouard III, prisonnier, ne pouvait que renoncer à la couronne de France, les conditions plus larges de sa libération et de la paix entre les deux royaumes étaient encore à négocier, et à faire accepter par le « Parlement de convention » réuni à Londres par la régente Philippa de Hainaut.
Le roi de France exigeait, comme punition de la félonie d’Edouard, la cession de toutes les terres des Plantagenêts se trouvant sur le continent et, à titre de rançon, 4 millions d’écus d’or. La proposition est rejetée avec véhémence par le Parlement, mais la reprise de Calais par les Français, puis la reprise en main de la Bretagne par la maison de Blois, alliée de Philippe, oblige Londres à revenir à la table des négociations. La rançon est finalement réduite à 3 millions, et Edouard peut conserver la Guyenne, réduite à une bande de terre autour de Bordeaux, mais devra la céder à son fils cadet Lionel d’Anvers à la majorité de celui-ci, réglait ainsi le problème de la vassalité du roi d’Angleterre pour ce duché.
A Noël 1347, alors que le traité a déjà été signé et le premier versement de la rançon reçu, Edouard renonce solennellement, dans la cathédrale Notre-Dame, à toute prétention sur le trône de France. Le document signé à cette occasion est inséré dans un cartulaire consignant les signatures de plus de 1000 témoins, grands du royaume, ecclésiastiques, et notaires que l’on a fait venir de toute l’Europe pour assurer au document la plus grande force de preuve possible ! Les historiens qualifieront ce cartulaire, copié en des dizaines d’exemplaires envoyés dans les grandes villes du royaume, d’ « apogée de la diplomatique médiévale ». Edouard est ensuite libéré par Philippe, non sans avoir laissé son héritier comme garant du paiement de sa rançon.
Vainqueur sur tous les plans, Philippe pouvait se prévaloir d’un royaume plus unifié et stable encore que sous le règne de Philippe le Bel, son oncle. Cela n’allait pourtant pas durer : dès l’année suivante, la grande peste venue d’Orient allait frapper le royaume, tuant tant les vilains que les grands seigneurs, faisant oublier l’éclat de ses victoires devant la terreur qu’inspirait la colère de Dieu. En 1350, le premier roi Valois mourrait sans avoir pu réaliser sa grande œuvre : la croisade vers Jérusalem.
Edouard III et son Parlement
Pour Edouard, la situation était pire encore : dépendant du Parlement pour le paiement de sa rançon et le retour de son fils et héritier, il avait accepté une série de conditions humiliantes : le Parlement devait désormais se réunir tous les trois ans, même lorsque le roi n’avait pas de nouvel impôt à faire passer. Une fois la rançon payée, il devait accepter le démantèlement du système fiscal mis en place par Jean sans Terres, et qui avait fait la supériorité de l’Angleterre jusqu’ici. Ce n’était pas tout : déjà extrêmement lourde, la rançon devenait en 1348 quasiment impossible à payer au vu du nombre réduit de contribuables après l’arrivée de la Grande peste.
Edouard parvint pourtant, au moins dans un premier temps, à rétablir son autorité. En 1351, il s’abstint de convoquer un nouveau Parlement comme ses engagements l’y obligeaient. Deux ans plus tard, il put revoir son fils ainé, libéré par Philippe. Pourtant, les difficultés allaient bientôt réapparaître : alors que David II avait été libéré suite à la paix avec la France, un conflit d’interprétation sur le traité alors signé avec l’Ecosse conduit à une reprise des hostilités et au retour des raids écossais sur l’Angleterre. Edouard soit convoquer un nouveau Parlement avec lequel il entre immédiatement en conflit. L’absence de victoire décisive sur les Ecossais attise encore les tensions. Après des mois de débats sur le paiement d’un nouvel impôt, les parlementaires exigent, en contrepartie, le droit d’investir chaque nouvel héritier au trône, condition bien sûr inacceptable pour un monarque de droit divin. Après avoir voulu faire arrêter les meneurs de l’opposition, Edouard est expulsé de Londres. La « seconde anarchie anglaise » qui s’ensuit voit les Plantagenêts combattre pendant cinq longues années pour rétablir leur pouvoir, dans un pays déjà ravagé par la peste et le poids de la rançon. Ironie suprême, Edouard doit accepter l’aide de Jean II, fils de Philippe VI, pour venir à bout des rebelles. En 1361, la coalition des parlementaires et des Ecossais est finalement écrasée à York par les troupes du roi d’Angleterre et son allié, Charles de Navarre.
Au terme des règnes de Philippe VI et de son rival Edouard III, l’histoire commune entre France et Angleterre commencée en 1066 par l’avènement de Guillaume de Conquérant était définitivement achevée. La France écrirait son histoire sur le continent et en Méditerranée, l’Angleterre dans les îles.
Le 26 août 1346, l’ost du roi de France, Philippe VI de Valois, manqua de peu l’un des pires désastres de son histoire.
Un assaut précipité face aux redoutables archers de l’armée anglaise aurait sans doute fait perdre une occasion unique aux Français de terminer la guerre en saisissant le roi d’Angleterre, lequel prétendait depuis 1337 au trône de France. Il fallut toute l’énergie du roi de France, et celle de l’autre roi présent ce jour-là, Jean II de Luxembourg, roi de Bohème, pour rassembler les troupes et les empêcher de se ruer, en ordre de marche, sur les archers anglais.
Le lendemain, redéployées en bon ordre, reposées de leur marche et, détail particulièrement important, les cordes des arbalètes séchées après l’orage de la veille, les troupes françaises pouvaient profiter au mieux de leur supériorité numérique. Certes, les arbalétriers génois, engagés les premiers face aux archers anglais, furent durement éprouvés, plus que décimés par les tirs des long bows. Mais ils avaient affaibli l’arme la la plus redoutable du roi d’Angleterre, et préparé le terrain aux assauts suivants.
A la fin de la journée, Philippe VI de Valois, roi de France, était maitre du terrain. L’usurpateur Edouard et son fils, Edouard de Woodstock étaient prisonniers. C’en était fini de la revendication anglaise sur le trône de France, et de toute contestation sérieuse de la légitimité du pouvoir de Philippe : déjà vainqueur des Flamands à Cassel en 1328, il venait de prouver une fois de plus par l’ordalie de Crécy que Dieu le reconnaissait comme le souverain légitime.
La renonciation
La guerre ne s’acheva néanmoins pas tout de suite. Si Edouard III, prisonnier, ne pouvait que renoncer à la couronne de France, les conditions plus larges de sa libération et de la paix entre les deux royaumes étaient encore à négocier, et à faire accepter par le « Parlement de convention » réuni à Londres par la régente Philippa de Hainaut.
Le roi de France exigeait, comme punition de la félonie d’Edouard, la cession de toutes les terres des Plantagenêts se trouvant sur le continent et, à titre de rançon, 4 millions d’écus d’or. La proposition est rejetée avec véhémence par le Parlement, mais la reprise de Calais par les Français, puis la reprise en main de la Bretagne par la maison de Blois, alliée de Philippe, oblige Londres à revenir à la table des négociations. La rançon est finalement réduite à 3 millions, et Edouard peut conserver la Guyenne, réduite à une bande de terre autour de Bordeaux, mais devra la céder à son fils cadet Lionel d’Anvers à la majorité de celui-ci, réglait ainsi le problème de la vassalité du roi d’Angleterre pour ce duché.
A Noël 1347, alors que le traité a déjà été signé et le premier versement de la rançon reçu, Edouard renonce solennellement, dans la cathédrale Notre-Dame, à toute prétention sur le trône de France. Le document signé à cette occasion est inséré dans un cartulaire consignant les signatures de plus de 1000 témoins, grands du royaume, ecclésiastiques, et notaires que l’on a fait venir de toute l’Europe pour assurer au document la plus grande force de preuve possible ! Les historiens qualifieront ce cartulaire, copié en des dizaines d’exemplaires envoyés dans les grandes villes du royaume, d’ « apogée de la diplomatique médiévale ». Edouard est ensuite libéré par Philippe, non sans avoir laissé son héritier comme garant du paiement de sa rançon.
Vainqueur sur tous les plans, Philippe pouvait se prévaloir d’un royaume plus unifié et stable encore que sous le règne de Philippe le Bel, son oncle. Cela n’allait pourtant pas durer : dès l’année suivante, la grande peste venue d’Orient allait frapper le royaume, tuant tant les vilains que les grands seigneurs, faisant oublier l’éclat de ses victoires devant la terreur qu’inspirait la colère de Dieu. En 1350, le premier roi Valois mourrait sans avoir pu réaliser sa grande œuvre : la croisade vers Jérusalem.
Edouard III et son Parlement
Pour Edouard, la situation était pire encore : dépendant du Parlement pour le paiement de sa rançon et le retour de son fils et héritier, il avait accepté une série de conditions humiliantes : le Parlement devait désormais se réunir tous les trois ans, même lorsque le roi n’avait pas de nouvel impôt à faire passer. Une fois la rançon payée, il devait accepter le démantèlement du système fiscal mis en place par Jean sans Terres, et qui avait fait la supériorité de l’Angleterre jusqu’ici. Ce n’était pas tout : déjà extrêmement lourde, la rançon devenait en 1348 quasiment impossible à payer au vu du nombre réduit de contribuables après l’arrivée de la Grande peste.
Edouard parvint pourtant, au moins dans un premier temps, à rétablir son autorité. En 1351, il s’abstint de convoquer un nouveau Parlement comme ses engagements l’y obligeaient. Deux ans plus tard, il put revoir son fils ainé, libéré par Philippe. Pourtant, les difficultés allaient bientôt réapparaître : alors que David II avait été libéré suite à la paix avec la France, un conflit d’interprétation sur le traité alors signé avec l’Ecosse conduit à une reprise des hostilités et au retour des raids écossais sur l’Angleterre. Edouard soit convoquer un nouveau Parlement avec lequel il entre immédiatement en conflit. L’absence de victoire décisive sur les Ecossais attise encore les tensions. Après des mois de débats sur le paiement d’un nouvel impôt, les parlementaires exigent, en contrepartie, le droit d’investir chaque nouvel héritier au trône, condition bien sûr inacceptable pour un monarque de droit divin. Après avoir voulu faire arrêter les meneurs de l’opposition, Edouard est expulsé de Londres. La « seconde anarchie anglaise » qui s’ensuit voit les Plantagenêts combattre pendant cinq longues années pour rétablir leur pouvoir, dans un pays déjà ravagé par la peste et le poids de la rançon. Ironie suprême, Edouard doit accepter l’aide de Jean II, fils de Philippe VI, pour venir à bout des rebelles. En 1361, la coalition des parlementaires et des Ecossais est finalement écrasée à York par les troupes du roi d’Angleterre et son allié, Charles de Navarre.
Au terme des règnes de Philippe VI et de son rival Edouard III, l’histoire commune entre France et Angleterre commencée en 1066 par l’avènement de Guillaume de Conquérant était définitivement achevée. La France écrirait son histoire sur le continent et en Méditerranée, l’Angleterre dans les îles.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1472
Date d'inscription : 05/03/2016
Thomas, LFC/Emile Ollivier, Collectionneur, Rayan du Griffoul, Uranium Colonel, ezaski, Yodarc et Raoul Sanchez aiment ce message
Re: [CTC37] La guerre de Dix ans
Phillipe étant mort de la peste en 1350. Il y a pour moi une gaffe sur qui à libérer en 1353 David.
DemetriosPoliorcète aime ce message
Re: [CTC37] La guerre de Dix ans
Collectionneur a écrit:Phillipe étant mort de la peste en 1350. Il y a pour moi une gaffe sur qui à libérer en 1353 David.
Alors dans mon idée David est ici libéré au moment du traité de paix avec Philippe, donc plus tôt que dans notre continuum.
Mais c'est vrai que ce n'était pas précisé.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1472
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier et Collectionneur aiment ce message
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