Croisades uchroniques?

Et si les Etats latins d'Orient avaient été autre chose que d'éphémères établissements en position précaire, écrasés dès lors que leurs ennemis n'étaient plus divisés?

La tâche pour parvenir à ce scénario est ardue, vue la disproportion des forces : le faible nombre de croisés, la difficulté à s'appuyer sur les Chrétiens locaux vu le fossé culturel, ainsi que la désorganisation inhérente au système féodal, avoir tenu aussi longtemps est déjà un exploit. Mais imaginons tout de même : Bohémond de Tarente n'est pas capturé à Mélitène, et l'expédition de renfort, dirigée par Raymond de Saint-Gilles, ne s'enfonce pas en Anatolie pour tenter de le secourir et rejoint sans encombre la Terre Sainte. Dans son sillage, les expéditions de Guillaume de Nevers puis de Welf de Bavière et Ida d'Autriche parviennent également à destination, bien qu'amoindries par le harcèlement des Turcs et le manque de vivres.

Grâce à cet apport de colons, les Etats latins peuvent se construire sur une base plus solide : Homs est prise, tandis que le comté d'Edesse s'étend vers l'Est, remportant la bataille de Haran puis prenant et pillant Mossoul, sans pour autant parvenir à la conserver.

Le renforcement d'Edesse rend inutile l'idée d'une seconde croisade : Louis VII ne met pas le siège devant Damas, et l'émirat reste en bons termes avec les croisés. Zengi et ses héritiers ne s'en emparent jamais. Un peu plus tard, le roi Amaury s'empare de l'Egypte des Fatimides et créé, sur la côte, un royaume latin d'Egypte.

Sans IVe croisade, pas de prise de Constantinople : l'Empire, malgré ses périodes de crises, reste solide et parvient peu à peu à reprendre l'Anatolie aux Seldjoukides.

En France, Louis VII et Aliénor ne se séparent pas suite à la croisade, ou du moins ne se séparent pas tout de suite et peuvent avoir un fils, Guillaume, qui unit l'Aquitaine aux possessions du roi de France.

La suite? Les Etats latins se maintiennent, profitant notamment des ravages de l'invasion mongole sur leurs voisins. La ferveur croisée disparaît peu à peu en Occident, et les descendants de Francs s'intègrent de plus en plus à leur environnement oriental, jusqu'à s'y fondre complètement.

Tout est possible.
Un tel POD pourrait arriver mais...
Soyons honnête tu as dix fois plus de chance d'arriver à faire 6 dix fois d'affilé en jetant un dé.

Parmi les causes de l'échec des croisades on peut citer :

1. Les divisions entre croisés
   
2. Les erreurs de stratégie
   
3. La méconnaissance du terrain
   
4. Le conflit religieux entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe
   
5. Le faible nombre de croisés établis durablement en orient et donc un effectif militaire insuffisant pour défendre les États Latins.
   

On peut principalement agir sur les points 1 et 2. Sur le plan purement militaire, les croisés sont d'excellents combattants. Les effectifs engagés lors des croisades elles-mêmes sont tout à fait conséquents (par exemple vingt-cinq mille hommes lors de la septième croisade). Les succès militaires des croisés inspirent la crainte et le doute dans les rangs ennemis. Le seul souvenir de Richard Cœur de Lion inspire encore la peur décennies plus tard.

A défaut d'une véritable réconciliation entre l'Église catholique romaine et l’Église orthodoxe, on peut imaginer une entente temporaire (marquée par des tentatives de réunion des deux Églises) qui permettrait aux Chrétiens de s'unir contre leur ennemi commun au lieu de s'entre-déchirer.

On peut donc identifier et tenter de remédier aux erreurs les plus flagrantes des croisés. En évitant certaines erreurs stratégiques et politiques grossières et en profitant un peu plus habilement des conflits et crises politiques qui secouent le monde musulman, un succès des croisades et un maintien des États Latins semble parfaitement possibles.

Une autre piste intéressante est d'arriver à mettre en œuvre une alliance franco-mongole. Si le fonctionnement d'une telle alliance semble peu probable à long terme, on peut imaginer qu'elle dure suffisamment longtemps pour affaiblir les Musulmans et changer la donne en Orient.

Les pistes à explorer sont :

1. Quatrième Croisade.
   Le détournement de la Quatrième Croisade vers Constantinople est une triple catastrophe, puisqu'il affaiblit durablement l'Empire Romain d'Orient, créé une rupture irrémédiable entre la culture occidentale et la culture orthodoxe en plus de manquer son objectif qui aurait pu être tout à fait atteignable. Si Alexis IV Ange ne parvient pas à fuir et à contacter les Croisés, on évite la prise de Constantinople. Les croisés auraient alors pu conquérir au moins partiellement l’Égypte, ce qui leur offrait un avantage stratégique considérable, affaiblir les Ayyoubides tout en maintenant l'alliance avec l'Empire Romain d'Orient. Ce dernier a également plus de chances de survie à long terme.
   
2. Cinquième Croisade.
   L'échec de la Cinquième Croisade est essentiellement lié à la personnalité et aux choix du légat du pape Pélage. Sans celui-ci, une issue favorable de la Cinquième Croisade est parfaitement possible.
   
3. Septième croisade
   J'avais commencé à écrire une uchronie sur le sujet. Il y a plusieurs arguments pour étayer la possibilité d'un succès de la septième croisade. Le point de divergence serait le choix de prendre Alexandrie (parfaitement réalisable) au lieu de marcher sur Le Caire, puis une alliance avec le Sultan Ayyoubide de Syrie. Je ne vais pas en dire davantage ici. Je réserve la suite pour mon uchronie.