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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

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Yodarc
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 4 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Collectionneur Lun 2 Mai - 23:39

Merci encore. Mais je n'est pas trouvé de ''Maria Jagellon, la fille aînée de Sigismond I de Pologne'' dans l'article du wiki sur ce souverain :

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Sigismond_II_de_Pologne
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 4 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Mar 3 Mai - 0:41

C'est une conséquence indirecte du POD : OTL, Sigismond avait épousé Bona Sforza et avait eu avec elle plusieurs enfants dont Isabelle comme fille aînée et Sigismond comme héritier.
Sauf que du fait du POD, il n'y a pas eu de cinquième guerre d'Italie (et de Marignan). Cela a amené au mariage de Maximilien Sforza avec sa cousine Bona (projet qui était en négociation mais qui a capoté du fait de la campagne militaire de François I).
La conséquence est que Sigismond épouse une autre femme. J'ai choisi Suzanne de Bavière parce qu'elle est la petite-fille de Maximilien d'Autriche (OTL, Sigismond s'est remarié avec une parente des Habsbourg pour se réconcilier avec Maximilien et Bona Sforza était apparentée à l'empereur Habsbourg).
Étant donné que ce n'est pas la même femme qui a épousé Sigismond I de Pologne, cela se répercute sur le nom de leurs enfants et plus précisément de leurs filles (un souci de cohérence au regard de l'identité de l'épouse et m'étant appuyé sur les références OTL pour les couples respectifs de ces deux personnes plus une touche locale, étant donné que j'appelle leur fille aînée ITTL Maria et non Marie).
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Message par Collectionneur Mar 3 Mai - 1:46

Effet papillon qui commence au niveau des autres dynasties, plus les mêmes rencontres...
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Message par Yodarc Sam 7 Mai - 21:06

Bonjour. Cette nouvelle partie porte sur les îles Britanniques. Du fait de la période concernée, un événement incontournable de l'époque y sera présenté. Mais du fait à la fois des changements qui ont lieu plus tôt et de certains partis pris (que je m'efforce toujours de cadrer avec le contexte alternatif) vont donner une tournure autre à ces événements. Certains aspects seront développés dans une partie ultérieure et la tournure alternative aura bien entendu des conséquences pour les territoires concernés.
Un autre événement mineur y est décrit avec là aussi un parti pris au regard des textes antérieurs et des informations glanés sur le sujet.
Et bien sûr un petit passage sur l’Écosse qui est assez proche de son parcours historique dans ce cadre.
J'espère que cette partie saura vous plaire malgré les partis pris abordés.
Bonne lecture ! Smile

1527-1531 : Grabuge dans les îles Britanniques

Les années 1527-1531 sont marqués par d’importants changements au niveau des îles britanniques.

La fin des années 1520 est marqué par un événement majeur pour le royaume d’Angleterre : la demande d’annulation de mariage d’Henri VIII. Le souverain anglais décide début 1527 d’en faire la demande au pape Paul III sur le motif que son mariage est illégal devant Dieu, ayant épousé Catherine d’Aragon alors qu’elle avait été l’épouse de son frère aîné Arthur. Il charge son chancelier, Thomas Wolsey, d’aller à Rome pour faire au pape cette requête. La demande est reçue par le souverain pontife qui n’y donne cependant aucune réponse immédiate, préférant y réfléchir dessus. L’absence de réponse immédiate du pape tend à susciter la frustration et l’impatience d’Henri VIII. Aux tergiversations du pape s’ajoute le refus de Catherine d’Aragon de consentir à cette annulation de mariage, affirmant n’avoir jamais connu d’autres hommes que le roi et ne voulant pas voir sa fille Marie se retrouver rejetée de la succession.
Deux crises frappent le royaume d’Angleterre en 1527 et 1528. La première est une crise agricole qui amène Thomas Wolsey à acheter du grain pour le vendre à bas prix, limitant les risques de fort mécontentement et d’émeutes au sein du royaume. La seconde crise est l’éclatement d’une épidémie de suette anglaise en mai 1528 à Londres. L’épidémie est violente et intense, obligeant la cour anglaise à quitter Londres. L’épidémie se développe dans le royaume et même au-delà des frontières, affectant principalement les territoires où des anglais s’y trouvent, notamment marchands. Les Flandres, Hambourg ou même la Bretagne sont ainsi affectés par l'épidémie, même si l’intensité de la maladie est moins vive que sur le royaume insulaire. Durant cette épidémie, certains membres de la cour, comme William Carey, décèdent alors que d’autres, comme le chancelier ou Anne Boleyn, en tombent malades mais en réchappent.
Après la période trouble provoquée par l’épidémie, le royaume reprend tranquillement son cours. Seul la querelle autour de l’annulation de mariage d’Henri VIII demeure et se renforce à cause d’implications politiques : Henri VIII s’appuie sur sa sœur et Charles IX pour influencer Paul III en un sens favorable à lui alors que Charles Quint travaille sur sa relation avec le pape pour l’amener à refuser d’accepter la demande du souverain anglais. La participation de différents souverains dans la querelle matrimoniale contribue à nourrir la rivalité entre ces derniers. Ces ingérences se retrouvent jusque parmi les ambassadeurs de la cour d’Henri VIII : Louis de Praët, l’ambassadeur de Charles Quint, affirme à la reine son soutien à la défense de son mariage alors que l’ambassadeur français travaille avec Wolsey à un travail d’influence auprès de la papauté au travers des échanges diplomatiques entre la cour française et le Saint-Siège. Ces conflits sous-jacents aggravent l’impatience d’Henri VIII qui n’apprécie guère les tergiversations du pape et les ingérences de Charles Quint. L’attente autour d’une réponse positive de la papauté amène à une dégradation de la confiance du roi en son chancelier.
A l’automne 1528, Paul III envoie son légat, le cardinal Campeggio, en Angleterre afin de trouver une solution à ce problème qui vient perturber la bonne tenue du concile de Mantoue. Henri VIII veut profiter de cette visite pour persuader le légat et son maître de la légitimité de sa demande. Il n’hésite pas à rappeler qu’il a été désigné « Défenseur de la foi » par le prédécesseur de Paul III et qu’il pourrait aider à la résolution des problèmes suscités par Martin Luther et de soutenir le pape au travers du concile. Le souverain anglais propose la tenue d’un tribunal ecclésiastique pour trancher sur la validité de son mariage. Le cardinal Campeggio repart à Rome faire part au pape de l’idée du souverain. Paul III se montre favorable à la tenue de cette cour, mais se montre ferme sur le fait que ce type de tribunal ne devrait pas se tenir en Angleterre, ce qui amène à des discussions sur le fait de faire tenir ou non le tribunal à Rome.
La situation évolue en mars 1529 lorsque Paul III décède. Le décès du pape bouleverse la situation. Si Henri VIII est des plus irrités car le décès du souverain pontife oblige un nouveau report d’une réponse favorable du Saint-Siège à sa demande, il y voit aussi une opportunité pour avoir un pape qui lui soit favorable. Il s’appuie sur son neveu Charles IX pour influencer le conclave en sa faveur et cherche à faire promouvoir Wolsey, donnant à ce dernier une dernière chance de réussir. Si sa manœuvre échoue, le souverain anglais est plein d’expectative avec l’élection de Pie IV en avril 1529. Il envoie des ambassadeurs pour féliciter le pape de son élection et lui demander l’annulation de mariage. Il apprend la décision finale du pape à l’automne 1529 et l’accueille avec soulagement et joie, accueillant avec courtoisie et fort empressement les deux représentants pontificaux et le cardinal Campeggio chargés du tribunal pour trancher sur la validité du mariage.
Le tribunal débute début décembre 1529 et voient les deux représentants du pape questionner les différents arguments autour de l’annulation de mariage, ainsi qu’Henri VIII et son épouse. Si le souverain anglais est sûr d’avoir passé l’étape la plus difficile, il déchante vite avec la détermination toujours plus forte et persistante de Catherine d’Aragon. Cette dernière, déterminée à défendre son mariage et les droits de sa fille, refuse de reconnaître la plupart des arguments favorables à l’annulation de son mariage, affirmant que son mariage a bel et bien été fait devant Dieu sans aucune forme de péché et qu’elle n’a jamais eu l’occasion de consommer son premier mariage avec Arthur. Le procès pour l’annulation du mariage devient tendu et oppressant alors que chaque parti se maintient sur ses positions, ce qui suscite l’impatience et la colère d’Henri VIII. Le procès se retrouve dans une impasse pendant plusieurs semaines et ce n’est qu’une lettre supposément d’Arthur Tudor qui permet de faire évoluer la situation. La missive datant de décembre 1502 est destinée à Henri VII et voit Arthur annoncer à son père que son mariage avec Catherine d’Aragon a été consommé. La reine et ses alliés récusent cette lettre, y dénonçant une fourberie et accusant le chancelier de l’avoir fabriquée de toute pièces. Mais leur dénonciation n’est pas retenue et les deux représentants du pape penchent progressivement pour une annulation du mariage. Catherine d’Aragon continue de se défendre malgré tout, mais cherche surtout à préserver les droits de sa fille dans la succession. Henri VIII est intransigeant, plus que jamais désireux d’annuler son mariage pour pouvoir se remarier avec Anne Boleyn. Il cherche cependant à persuader son épouse à reconnaître l’invalidité de leur mariage en échange de la préservation des droits de succession de leur fille. Catherine d’Aragon est très réticente à accepter cette demande car elle a le sentiment d’accepter un mensonge et d’être parjure devant le ciel. Mais se rendant compte que le tribunal ecclésiastique chargé de vérifier la validité de son mariage risque de finir en faveur de son époux et considérant le statut et les droits de sa fille plus importants que la validité de son mariage, elle finit par reconnaître l’invalidité de son mariage avec Henri VIII. Ce faisant, le tribunal ecclésiastique envoyé par Pie IV se conclut par l’annulation du mariage entre Henri VIII et Catherine Aragon en août 1530. L’ancienne reine se voit reconnaître l’octroi d’un domaine mais ne peut plus avoir de contact avec sa fille. Charles Quint est furieux en apprenant la nouvelle tandis que François d’Angoulême ressent un certain soulagement, ayant appréhendé la perte de statut de sa potentielle belle-fille. Chez les figures promouvant la Réforme, les avis sont plus divisés, la plupart critiquant la décision finale du tribunal, y dénonçant l’ingérence et la partialité pontificale et nombreux étant ceux qui questionnent la pertinence de maintenir le statut royal de la princesse Marie si le mariage de ses parents n’est pas valide. Quant aux sujets d’Henri VIII, ils sont partagés sur la question, entre l’acceptation de la décision pontificale et l’incompréhension devant ce qu’ils perçoivent comme la déchéance de leur reine au profit d’une intrigante.
Ignorant ces querelles et réactions, Henri VIII prépare son mariage avec Anne de Boleyn, voulant le réaliser au plus vite tout en faisant en sorte que sa nouvelle reine soit acceptée par ses sujets. L’archevêque de Canterbury, William Warham, l’accompagne dans la préparation du mariage, étant en charge de l’office religieux. En septembre 1530, le mariage entre Henri VIII et Anne Boleyn est célébré alors que Anne devient reine consort peu de temps après et est présentée à la populace londonienne en octobre 1530. Le roi la fait comtesse de Pembroke à la même période.
En juin 1531, Anne Boleyn donne naissance à un petit garçon. Henri VIII est fou de joie à la nouvelle, pensant avoir enfin résolu son problème de succession. Son jeune fils est nommé Henri. La naissance du prince héritier permet aussi de consolider le couple et à Anne Boleyn de pouvoir agir un peu plus dans les affaires du royaume, la nouvelle reine voulant imprimer de son empreinte le royaume. A l’automne 1531, le nouveau couple royal voyage à la cour royale française faisant la rencontre de Charles IX. Le jeune souverain français les accueille avec beaucoup d’agrément, même si la reine douairière demeure incertaine concernant la nouvelle épouse de son frère, l’ayant connue lorsqu’elle était dans sa suite dans les premières années de sa régence. François d’Angoulême se montre cordial bien qu’incertain à cause de la situation compliquée de Marie, la fille d’Henri VIII et la promise à son fils François IV de Bretagne. La visite d’Henri VIII en France permet cependant un renforcement des liens entre les deux royaumes, Anne Boleyn faisant preuve de courtoisie et de diplomatie tout en exprimant sa position favorable à la France, tirant profit de la longue expérience qu’elle a eu à la cour de France.
Le changement de pape et la conclusion du procès d’annulation de mariage d’Henri VIII a permis à Thomas Wolsey de conserver sa position de chancelier. Mais le cardinal a été gravement affaibli par la controverse et le roi ne lui accorde plus facilement sa confiance. Le chancelier doit composer avec la nouvelle reine consort et la famille de cette dernière, ce qui est source de tensions et de rivalités avec ces derniers. Un des éléments de rivalité concerne le rapport aux positions radicales défendues par des hommes favorables aux idées luthériennes : Wolsey suspecte peu à peu la nouvelle reine d’y être favorable et de chercher à influencer le roi en ce domaine. La naissance du prince héritier Henri renforce cette crainte car Henri VIII permet à son épouse de jouer un rôle modeste dans certaines affaires du royaume du moment que cela n'entre pas en conflit avec ses affaires. Le cardinal-chancelier s’appuie de plus en plus sur son secrétaire, Thomas Cromwell, qui lui a été d’une aide précieuse pour résoudre les obstacles du procès sur la validité du mariage de leur roi. Les compétences de Thomas Cromwell lui permettent de gagner une place grandissante parmi les conseillers du roi. En 1531, le cardinal est cependant affaibli et fatigué et ses adversaires complotent pour le faire chuter.
En parallèle de ces événements est organisée en 1527 l’expédition de John Rut vers le Nouveau Monde. Le navigateur anglais quitte la tamise à la fin de mars 1527 avec la Mary Guilford et le Samson avant de quitter les côtes anglaises en avril 1527. Au début de juin 1527, l’expédition croise des icebergs amenant John Rut à hésiter à continuer vers le nord-est, d’autant plus alors que son équipage commence à souffrir du froid dans la région. Il décide finalement d’avancer davantage vers l’ouest et atteint à la fin juin 1527 les îles Knight. Malgré les conditions climatiques rudes, le navigateur continue vers l’ouest, traversant un détroit qui s’avère être celui exploré une décennie plus tôt par Sébastien Cabot (1). En juillet 1527, son expédition progresse dans la baie qui fut avait aussi été explorée par le navigateur italo-anglais, cherchant à trouver un passage qui permettrait de rejoindre l’Asie. Remontant le long de la Terre de Galles (2), il rejoindre début un passage qu’il nomme le détroit Saint-Jean et fait escale en août 1527 sur la Terre d’Henri (3). Reprenant la mer peu après, il est confronté aux conditions climatiques difficiles de la région alors que son équipage souffre du scorbut. Une partie de ses hommes lui demandent de rebrousser chemin. Le navigateur anglais hésite, pensant avoir trouvé le chemin que cherche son souverain, mais accepte finalement de consentir à la demande de ses hommes, considérant que ses trouvailles permettront des expéditions ultérieures. Rebroussant chemin, il est cependant rattrapé par les conditions climatiques alors que l’automne s’installe. Le climat froid de la région rend le trajet retour plus difficile et dangereux notamment et l’obligent à s’arrêter sur la côte ouest de la Terre de Galles en octobre 1527. Obligé d’hiverner, l’équipage de John Rut subit de plein fouet les affres des hivers du Nord. Couplé au scorbut, une bonne partie de l’expédition est décimée durant l’hiver 1527-1528 alors que John Rut est lui-même marqué par la rudesse de l’hiver. Lorsqu’elle reprend la mer en mars 1528, plus de la moitié de l’équipage est décédée alors que les navires ont souffert des ravages du froid. Longeant les côtes du Lavrador (4), la petite expédition rejoint Terre-Neuve début mai 1528. John Rut y note la forte présence des pêcheurs bretons. L’expédition y fait escale pendant quelques jours alors que des désaccords se font au sein de l’équipage : si certains estiment nécessaire de revenir au plus vite en Angleterre, d’autres soulignent le fait que les ressources de l’expédition sont épuisées et qu’il sera très compliqué de revenir chez eux sans subir davantage les affres de la faim et du scorbut. Le désir de revenir au plus vite en Angleterre l’emporte cependant et l’équipage de John Rut quitte Terre-Neuve mi-juin 1528. Malgré des conditions météorologiques pas toujours évidentes, John Rut et ce qui reste de son équipage rejoignent l’Angleterre en août 1528. Les survivants sont cependant confrontés à l’épidémie de suette qui frappe le royaume, décimant une partie des survivants alors que John Rut et les autres sont confinés à Plymouth où la Mary Guilford et le Samson ont accosté. John Rut est très affaibli et tombe malade durant l’automne 1528 avant de rendre l’âme fin octobre. De son expédition, environ une trentaine de marins ont survécu. Le second de John Rut fait le récit de l’expédition à Henri VIII en novembre 1528. Si l’expédition a permis d’approfondir la connaissance anglaise des territoires explorés par John et Sébastien Cabot, l’absence de confirmation de passage du Nord-Ouest et le coût de l’expédition amène Henri VIII à juger son résultat médiocre alors qu’il attendait beaucoup de celle-ci pour pouvoir échanger avec l’Asie. Le contexte de la controverse autour de l’annulation de son mariage avec Catherine d’Aragon et son caractère versatile pousse le roi à abandonner l’idée d’organiser de nouvelles expéditions vers le Nouveau Monde.

Durant les années 1527-1528, le royaume d’Écosse traverse une période incertaine à cause des tensions existant entre Archibald Douglas et son ancienne épouse, Margaret Tudor. Le baron écossais garde auprès de lui James V et empêche ses adversaires de pouvoir agir sans risquer la vie du jeune souverain. Margaret rallie plusieurs seigneurs hostiles à son ex-époux afin de contrebalancer sa position dominante et commence à comploter contre ce dernier afin de le neutraliser. La situation s’était tendue au point d’un conflit larvé suite à la bataille de Linlithgow Bridge de septembre 1526 où James Hamilton, qui soutenait Archibald Douglas, avait défait le comte Lennox qui cherchait à s’emparer d’Édimbourg et à libérer Jacques V de l’emprise de son beau-père. La situation change au printemps 1528 lorsque James V parvient à fausser compagnie au seigneur écossais, ce qui lui permet de s’imposer comme seul souverain en son royaume.
L’évasion de James V force les Douglas à fuir l’Écosse, provoquant l’affaiblissement de la faction anglaise qui soutenait le clan et permettant à Margaret d’en devenir la nouvelle tête. La reine douairière devient une des figures importantes de la cour de son fils, jouant de son influence pour qu’il entretienne de bonnes relations avec Henri VIII et Charles IX et s’appuyant sur les seigneurs écossais faisant partie des factions française et anglaise initiales pour redevenir un acteur éminent de la cour. Le jeune souverain renouvelle en 1528-1529 les relations avec les royaumes d’Angleterre et de France, mais demeure en retrait de la querelle autour du mariage de son oncle Henri VIII. Il renouvelle la promesse de mariage avec Renée de France obtenue lors du traité de Rouen, même ses conseillers et lui discutent des possibilités de mariage avec ses cousines Christine ou Dorothée, filles de Christian II du Danemark, d’autant plus alors que ce dernier tente de récupérer son trône. Ces discussions sont encouragées par les représentants de Marguerite d’Autriche et de Charles Quint qui cherchent à détacher le royaume d’Écosse de son alliance avec les royaumes d’Angleterre et de France. Si elle veille à garantir les intérêts de son fils et de son royaume, Margaret s’efforce aussi de contrecarrer ces menées pour éviter de voir l’Écosse en conflit avec son frère.
Durant ces mêmes années, le jeune roi réprime les provinces rebelles des Highlands, des Orcades, des Shetland et des Hébrides, mettant un terme aux différentes divisions qui ont marqué l’Écosse depuis la mort de son père en 1513. Cette consolidation passe aussi par une amélioration de la gestion de ses domaines et en s’appuyant sur des diplomates et avocats pour mener à bien son règne. Il s’appuie aussi sur le duc d’Albany qui revient en grâce en Écosse en 1530, même s’il continue de faire des voyages en France pour gérer les domaines que la couronne française lui a offertes. James V s’oppose aussi à l’émergence de la Réforme en son royaume, faisant exécuter en 1528 le prédicateur Patrick Hamilton.

(1) En 1516, Sébastien Cabot mène une expédition au nom d'Henri VIII afin de découvrir un passage vers le nord-ouest et découvre un détroit et une baie qui correspondent à la baie et au détroit Hudson OTL.
(2) La pointe nord du Québec OTL proche de la baie d'Hudson.
(3) OTL Ile Southampton au nord de la baie d'Hudson.
(4) Le Lavrador était le nom portugais du territoire actuel du Labrador.
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Message par Collectionneur Dim 8 Mai - 1:04

Donc, pas d'Anglicanisme, il y aura surement rupture ou du moins mise en retrait du pouvoir de la papauté dans quelques siècles comme IRL dans le reste de l'Europe.
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Message par Yodarc Dim 8 Mai - 8:16

Le retrait me paraît plausible déjà pour Henri VIII du fait qu'il semble garder quelques rancunes pour ceux qui l'ont failli. Et quand cela implique des personnes étrangères à son royaume, cela se traduit sur le plan diplomatique : il avait été allié à Ferdinand II d'Aragon mais n'a pas apprécié d'avoir été le dindon de la farce dans le conflit contre la France parce qu'il attendait beaucoup de l'aide du père de Catherine. C'est une des raisons pour lesquelles il a privilégié une diplomatie plus en retrait et alternant entre Charles Quint et François I.
Il faut aussi noter le fait que lorsqu'il devient le chef de l'Église d'Angleterre, il rompt certes avec le pape mais préserve de nombreux éléments du catholicisme et se montre encore hostile aux idées luthériennes. Ce n'est que sous Elisabeth que l'Église anglicane prend véritablement forme même si elle bénéficie de la rupture provoquée par Henri VIII.
Dans sa biographie sur le roi anglais, Georges Minois soulignait le fait qu'une partie de la société anglaise était sensible à la Réforme et à la décision d'Henri VIII non seulement à cause du renouveau spirituel qui caractérise le XVIe siècle mais aussi parce qu'elle gardait la mémoire des idées de John Wyclif (théologien du XIVe siècle qui a été condamné pour hérésie dans le contexte trouble du Grand Schisme d'Occident) et désirait se détacher de Rome.
Tous ces éléments vont jouer dans l'évolution de la société anglaise dans cette réalité alternative. Le retrait sera caractéristique d'Henri VIII mais l'incertitude sera pour ses successeurs, encore plus en fonction du contexte dans lequel ils émergeront.
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Message par Flosgon78 Dim 8 Mai - 9:32

Passionnant, la non-apparition de l'anglicanisme va voir des effets majeurs !
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Message par Yodarc Dim 8 Mai - 9:49

En effet et certaines seront explorées dans les prochaines parties (les partis pris seront plus fréquents étant donné que nous entrons bel et bien dans le mur flou cognitif, même si je m'efforce toujours de choisir ceux qui me paraissent plausibles au regard des informations existantes sur la période).
Une chose est certaine : la situation religieuse de l'Angleterre va être très différente et se rapprocher de celle de ses voisins continentaux.
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Message par Yodarc Sam 14 Mai - 20:32

Bonjour. Voici la dix-septième partie de cette Renaissance alternative. Elle porte sur la Papauté et des événements qui l'affectent ou qu'elle initie. Comme vous allez le voir, plusieurs de ces événements vont diverger davantage les événements du contexte historique originel, même si des tendances proches de celles historiques sont toujours à l’œuvre. Cela permettra de donner un éclairage sur certains événements mentionnés dans les précédentes parties.
J'espère que cette partie sur l'évolution alternative du Saint-Siège en ce 16ème siècle fictif saura vous plaire.
Bonne lecture ! Smile

1527-1531 : Les défis de la Papauté
Les années 1527-1531 voient la Papauté connaître d’importants défis alors qu’elle cherche à résoudre les problèmes résultant de l’expansion des idées de Martin Luther.

Au début de l’année 1527, confirmant son engagement pour résoudre les défis qui affectent l’Eglise et répondant à la demande de Charles Quint, Paul III fait tenir un concile à Mantoue afin de traiter des problèmes qui touchent l’Eglise, répondant à la demande de Charles Quint. Le concile s’ouvre en juin 1527 avec des représentants italiens et du Saint-Empire Romain avant que des évêques français et ibériques ne les rejoignent à l’automne. Quelques ecclésiastes proches des idées de Martin Luther ou de Zwingli viennent à Mantoue afin de défendre leurs idées, voulant tirer profit de ce concile pour affirmer leurs positions. Martin Luther n’est pas intéressé à venir assister au concile, mais autorise ses alliés comme Melanchthon à y participer. Les débats sont initialement sur les abus de l’Eglise, mais évoluent rapidement sur le canon théologique et sur ce qui est à conserver, à changer ou à supprimer. De fortes tensions et rivalités commencent à émerger entre les différents partis alors que certains des représentants modérés des réformateurs catholiques et des représentants proches de Zwingli ou de Luther s’efforcent à trouver un compromis. L’éclatement d’une épidémie de peste durant l’été amène Paul III à interrompre la tenue du concile en août 1527, bien que cela suscite des tensions au sein des participants, certains des représentants luthériens ou zwinglistes soupçonnant ou accusant le pape de ne pas vouloir faire face aux abus et faiblesses de l’Eglise.
La même année, dans un cadre diplomatique, le pape met un terme au problème suscité par le duché d’Urbino depuis que Léon X l’avait pris à François Marie della Rovere pour le compte de son neveu Laurent de Médicis en 1516. Il restitue officiellement le duché au condottiere, mettant un terme à plusieurs années de troubles et d’incertitude sur le statut du duché. Ce dernier entreprend de consolider de nouveau sa position et rompt les contacts qu’il avait pu avoir avec la faction républicaine de Florence et le cardinal Soderini lorsque ce dernier était encore en vie (1).

Mais alors que le concile devant déterminer l’avenir de l’Eglise face à ses problèmes se met en place, Paul III est confronté à un problème particulier : au printemps 1527, il reçoit des représentants d’Henri VIII qui lui délivre un message du souverain anglais. Ce dernier demande au souverain pontife d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon, arguant que leur mariage est illégitime devant Dieu du fait qu’elle avait été mariée avec Arthur, le frère aîné d’Henri VIII. Le pape se retrouve dans une position compliquée : s’il considère pertinent la demande du roi anglais, n’étant peu favorable au commerce des dispenses papales, il ne faut pas se retrouver en porte-à-faux avec Charles Quint qui est le neveu de Catherine d’Aragon. Les arguments d’Henri VIII et le fait que la dispense pontificale ait été faite par Jules II qui l’avait fait cardinal contribuent aussi à réfréner le pape à donner une réponse immédiate au souverain anglais, Paul III préférant tergiverser sur la question en espérant qu’Henri VIII se lasse d’attendre. Mais le souverain anglais insiste, s’appuyant notamment sur sa sœur Marie puis Charles IX lorsque ce dernier est en âge de régner, plaçant le pape dans une position inconfortable alors que Charles Quint le pousse à refuser la demande. Pour gagner du temps, le pape envoie fin septembre 1528 le légat d’Angleterre, le cardinal Campeggio, investiguer la demande du souverain et déterminer le degré de légitimité de la demande. Le cardinal revient d’Angleterre en février 1529 avec le message pressant d’Henri VIII au pape pour qu’il accepte sa demande en échange de son soutien à ses positions sur le concile de Mantoue, lui rappelant qu’il avait été nommé « Défenseur de la Foi » en 1521. Mais Paul III n'aura pas le temps de donner une réponse à ce message : épuisé et malade, il décède début mars 1529.

Le décès de Paul III provoque une nouvelle fois l’interruption du concile de Mantoue. Ce dernier avait repris en décembre 1527 et avait abordé en sept sessions, a abordé la question des abus et du canon théologique mais surtout le pouvoir du pape et la question de certaines de ses prérogatives : la controverse autour de l’annulation du mariage d’Henri VIII s’est retrouvée au cœur du concile durant l’année 1528 lorsque les évêques germaniques proches de l’empereur ou de Martin Luther y ont dénoncé le souverain anglais. Cette dénonciation a évolué vers la question du pouvoir papal et de la légitimité du pape à annuler des mariages ou à accorder des dispenses, une question utilisée par les évêques français pour souligner l’hypocrisie des Habsbourg qui ont fait de nombreux mariages qui seraient perçus comme consanguins, notamment avec les membres de la maison d’Aziz du Portugal (2). L’autre controverse importante a concerné les éléments du canon de l’Église pouvant être conservés ou changés : si plusieurs évêques italiens ont défendu la posture de Paul III, les évêques proches de Martin Luther ont demandé à revoir le canon notamment sur la question de l’eucharistie ou du célibat des prêtres. De vives tensions ont ponctué cette première phase du concile, notamment entre des représentants proches de Luther et de Zwingli avec leurs coreligionnaires plus modérés ou conservateurs. Les querelles entre les soutiens du moine allemand et ceux du prédicateur suisse émergent aussi, notamment sur la nature de l’eucharistie. Quelques avancées ont abouti, notamment concernant la nécessité de mieux former le clergé, mais le concile est au début de 1529 dans une impasse du fait des controverses et des divisions qui la parcourent.

Le conclave qui suit la mort de Paul III débute à la fin mars 1529. Il voit une profonde division des cardinaux en deux grandes factions : le clan impérial et le clan franco-anglais surnommé par dérision par ses adversaires de « parti Tudor ». Pendant plusieurs semaines, aucun cardinal ne s’impose, chaque camp campant fermement sur ses positions et refusant de soutenir l’autre. Parmi les favoris figurent Alexandre Farnèse et Giulio de Médicis, respectivement soutenus par Charles IX et Charles Quint. Le soutien d’Henri VIII à son chancelier-cardinal Thomas Wolsey contribue à fragiliser le camp anglo-français, mais cela ne permet pas au parti impérial de triompher pour autant. Le conclave est aussi marqué par le décès du cardinal Passerini fin avril 1529. Le choix se porte finalement sur le cardinal Giovanni Piccolomini, jugé plus neutre comparé aux principaux favoris ou à certains autres cardinaux comme Antonio Del Monte ou Lorenzo Campeggio qui ont été impliqués d’une façon ou d’une autre dans la « Grande Affaire ». Le nouveau pape est élu à la fin du mois de mai et choisit pour nom de règne Pie à l’instar de ses prédécesseurs apparentés (3), devenant ainsi Pie IV.

Le nouveau pape reçoit la visite de représentants d’Henri VIII en août 1529 concernant la demande du souverain pour l’annulation de son mariage. Il reçoit aussi un message du cardinal Wolsey, le suppliant de soutenir la cause de son souverain par crainte de le voir prendre des mesures extrêmes pour obtenir ce qu’il recherche. Pie IV reçoit aussi un message des représentants de Charles Quint lui demandant de poursuivre l’approche de son prédécesseur et même de refuser net la demande. Le souverain pontife réfléchit à la décision à prendre, pesant les différents arguments pour et contre l’annulation. Ce n’est pas la seule décision cruciale que le nouveau souverain pontife doit prendre : le concile de Mantoue a été suspendu mais une forte demande de certains de ses participants et de Charles Quint. Désireux de s’émanciper de l’influence de l’empereur pour pouvoir agir en son propre maître, Pie IV décide de relancer le concile de Mantoue tout en accordant à Henri VIII sa demande d’annulation de mariage. Le nouveau souverain pontife considère que la résolution des problèmes au sein de l’Église est plus importante que la querelle autour d’une affaire matrimoniale. Il annonce la reprise du concile en septembre 1529 pour l’année prochaine et fait confirmer début octobre son consentement pour le lancement d’une procédure pour l’annulation du mariage d’Henri VIII. Si le souverain anglais accueille sa décision avec soulagement et joie, Charles Quint est mitigé, heureux de voir le concile reprendre mais furieux de voir que le pape a consenti à l’annulation du mariage de sa tante avec Henri VIII. Pie IV envoie en novembre 1529 deux représentants chargés d’enquêter sur l’annulation de mariage et les fait accompagner du légat d’Angleterre, le cardinal Campeggio.

Durant les années 1530-1531, Pie IV met en place sa politique. S’il poursuit la politique réformatrice de son prédécesseur, notamment en relançant le concile de Mantoue, le nouveau pape s’en démarque aussi de différentes manières. Il affiche ainsi un soutien prononcé aux artistes et aux intellectuels, permettant à Rome de connaître un nouvel élan dans l’épanouissement culturel. C’est dans le domaine diplomatique que le pape se démarque le plus : désireux d’être davantage un arbitre au sein de la Chrétienté, il se détache de Charles Quint. Sa décision à l’automne 1529 concernant l’annulation du mariage d’Henri VIII l’amène à se rapprocher des royaumes de France et d’Angleterre, ce qui amène à quelques tensions avec l’empereur du Saint-Empire romain. Pie IV cherche ainsi à résoudre la querelle autour de la Sanction Pragmatique de Bourges, sa démarche étant facilitée par la détermination de Charles IX à condamner les idées de Luther et à soutenir l’Église dans ses valeurs et sa volonté d’une réforme interne modérée. Les négociations aboutissent à la signature du Concordat de Carpentras à l’automne 1530. Il accorde en 1531 à Jacques V d’Écosse la possibilité de lever des impôts sur les monastères de son royaume.
Le pape assure cependant la réouverture du concile de Mantoue afin de ménager l’empereur et de continuer de chercher à résoudre les problèmes qui affectent l’Église. Ce faisant, Pie IV cherche à se réapproprier le projet qu’avait eu son oncle, le pape Pie III, lorsqu’il avait été choisi par les cardinaux à l’automne 1503 : tenir un concile pour résoudre les problèmes internes de l’Église. Le souverain pontife voit dans le concile de Mantoue ce concile qu’aurait rêvé son oncle et poursuivre ce qu’avait débuté son prédécesseur.

La troisième session du concile de Mantoue s’ouvre en février 1530. Après la première session tumultueuse, les différents participants décident de réorganiser les débats en déterminant les éléments sur lesquels il n’est plus nécessaire de revenir. Les décisions et réflexions des sessions de 1527-1529 sont conservés pour la plupart, mais les questions de certains aspects du canon et du pouvoir papal demeurent controversées parmi les participants, notamment entre les tenants d’une approche traditionnelle mais réformée du canon et ceux proches de Zwingli et plus encore de Martin Luther. Les représentants des deux principales branches se revendiquant réformées sont désormais unis dans les débats, malgré quelques désaccords. Cela contribue à renforcer l’opposition entre ceux qui se présentent comme des réformés et les autres représentants religieux, les conditions posées par les uns entrant en contradiction avec celles des représentants plus modérés ou traditionalistes qui veulent préserver différents aspects du canon théologique, notamment sur l’Eucharistie et la Transsubstantiation. Concernant la question des pouvoirs du pape, trois factions s’opposent : la conception « romaine », la conception « épiscopalienne » et celle des « réformés » refusent toute autorité hiérarchique. Les deux dernières factions voient cependant certains de ses représentants s’entendre sur la question et faire des propositions concernant la gouvernance de l’Église, relançant notamment la thèse du conciliarisme au grand dam des défenseurs de la conception « romaine ».
Si des avancés se font durant les sessions de 1530-1531, les fortes divisions qui opposent les positions « réformées » avec les autres représentants ecclésiastiques aboutissent à de nombreuses impasses et rapprochent des représentants réformateurs modérés et conservateurs. Les oppositions au sein du concile contribuent à nourrir les tensions entre la papauté et Charles Quint, l’opposition grandissante aux positions luthériennes allant à l’encontre des positions de l’empereur qui souhaitent une réconciliation des différents partis. Le conflit dans les cantons suisses et la création de la Ligue de Marbourg viennent renforcer les tensions entre les deux partis, les représentants catholiques accusant leurs homologues de chercher à imposer leurs idées sans aucun respect pour le respect des traditions. Ces tensions aboutissent à la décision de la majeure partie du concile à condamner les idées prétendues réformées de Luther et de Zwingli à l’automne 1531, provoquant le départ des représentants proches des deux prédicateurs réformés.

(1) Le cardinal Soderini décède de maladie au printemps 1524.
(2) Les "Souverains catholiques", Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, avaient fait marier leur fille Isabelle au roi Manuel I du Portugal et leur héritier, Jean d'Aragon, devait épouser Marguerite d'Autriche, la future tante de Charles Quint, avant qu'il ne décède en 1498. La même année décède Isabelle, amenant Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille à faire marier une autre de leurs filles, Marie, à Manuel I pour maintenir l'alliance avec le Portugal. En 1518, Charles Quint fera marier sa sœur aînée Éléonore à Manuel I du Portugal alors veuf de leur tante depuis 1517. Enfin, en 1525, Jean III, le fils de Manuel I et le cousin de Charles Quint épouse une autre sœur de ce dernier, Catherine.
(3) L'oncle et le grand-oncle de Giovanni Piccolomini ont été papes, le premier de 1458 à 1464, le second durant septembre 1503. Ils ont choisi Pie comme nom de pape, probablement comme diminutifs de leur nom de naissance.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 4 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 21 Mai - 10:55

Bonjour. Voici la dix-huitième partie de cette TL. Elle va porter sur les événements et tendances qui touchent le reste de la péninsule italienne et les cantons suisses. Des éléments similaires à ceux historiques et de nouveaux y seront présentés. Les équilibres existant depuis le POD commencent à évoluer.
J'espère que cette partie saura vous plaire.
Bonne lecture ! Very Happy

1527-1531 : Troubles en Italie et Suisse
Les années 1527-1531 voient les territoires italiens et la Suisse confrontés à des troubles divers, relançant des tensions qui menacent le fragile équilibre mis en place depuis le Traité de Londres de 1517.

En 1527-1528, les cantons suisses sont de plus en plus divisés sur leur rapport aux idées de Zwingli. Si certains sont tentés de suivre l’exemple de Zurich et finissent par le faire, comme Berne en janvier 1528, d’autres n’y sont pas favorables, notamment à cause de l’opposition du prédicateur à la politique de mercenariat ou le désir de Zwingli à réorganiser les bailliages. Zwingli voit sa position de prédicateur se renforcer durant cette période. Cette opposition et réticence est renforcé du fait des liens privilégiés qui existent entre la papauté et la Confédération du fait de Paul III. Ce dernier est amené à excommunier Zwingli à l’automne l’année 1528, voyant que son ancien ami continue de persister sur la même voie de réformes unilatérales ne tenant pas compte des décisions du Saint-Siège. Cette excommunication amène Zwingli à avancer davantage dans ses réformes, se trouvant désormais en complète rupture avec Rome. Les liens existants entre la papauté et les cantons suisses impactent le développement de la réforme, certains cantons étant incertains sur la marche à suivre.
L’annonce et l’ouverture du concile de Mantoue est l’occasion pour plusieurs représentants religieux suisses, comme l’évêque de Constance, d’y assister afin de résoudre le différend grandissant avec Zwingli tandis que ce dernier saisit l’importance du concile pour défendre ses idées et contribuer au renouvellement de l’Église. Il envoie des représentants au concile avec une confession de foi présentant et défendant ses idées, tandis qu’il s’occupe de travailler à la réorganisation des cantons qui se rallient à ses idées. Il est aussi persuadé par le landgrave de Hesse de rencontrer Martin Luther afin d’unifier les différentes tendances de la Réforme afin de présenter un front uni face aux Catholiques et pour défendre leurs positions dans le concile. Cela est d’autant plus rendu nécessaire que les premières sessions sont tumultueuses et que les alliés de Zwingli sont confrontés à l’hostilité des représentants catholiques, mais aussi de certains représentants proches de Martin Luther. Ce dernier est d’autant plus hostile au prédicateur suisse qu’il lui reproche de conserver des liens avec la papauté.
La mort de Paul III provoque une suspension du concile de Mantoue, permettant au landgrave de Hesse d’organiser une rencontre entre Martin Luther et Ulrich Zwingli pour résoudre leurs différends et permettre l’unification des différentes branches réformées pour défendre leurs positions face aux défenseurs de l’Église catholique. La rencontre a lieu à Marbourg à l’automne 1529. Malgré les tentatives de conciliation, Martin Luther demeure inflexible dans ses positions. Finalement, les participants signent d’un commun quatorze articles qui contenaient l'exposition des dogmes controversés tandis que Zwingli et Luther s’engagent à se respecter et à ne pas se défier.
La mort du pape provoque un bouleversement dans les rapports de force au sein des cantons suisses : elle officialise la rupture définitive des relations que pouvait avoir Zwingli avec la papauté. A cela s’ajoute le fait que les cantons demeurés catholiques pouvaient avoir le soutien du pape du fait de ses liens avec la confédération et restreindre l’expansion des idées de Zwingli en amenant certains cantons à être plus modérés ou vigilants dans leurs décisions. La disparition de Paul III enlève les craintes et réticences de certaines des autorités et accélère le développement de la réforme zwinglienne sur le territoire de la Confédération. Les tensions préexistantes se renforcent alors que les cantons de chaque camp se rassemblent autour d’alliances afin de pouvoir défendre leurs positions. Les cantons suisses catholiques recherchent des soutiens extérieurs, notamment auprès du nouveau pape et surtout des Habsbourg.
La relance du concile de Mantoue contribue à renforcer les tensions au point qu’à l’été 1530, les hostilités sont ouvertes entre Zurich et ses alliés face aux cantons catholiques. Une tentative de conciliation se tient entre les deux camps à la diète fédérale de Suisse, mais le ressentiment prononcé entre les deux camps échoue, amenant au début du conflit à l’automne 1530. Zurich frappe la première en occupant la Thurgovie, mais l’Union Chrétienne, qui regroupe plusieurs des cantons catholiques, cherche à neutraliser Zurich au plus vite pour éviter de voir les cantons réformés se regrouper, ce qui placerait les cantons catholiques dans une situation défavorable. Une confrontation a lieu près de Kappel en novembre 1530. Une bataille terrible oppose les deux camps : les forces de Zurich parviennent à encaisser le choc mais les forces de l’Union chrétienne, supérieures en nombre et plus efficaces que leurs adversaires (1), obligent les Zurichois à se replier. Zwingli échappe de peu à la mort, mais est blessé alors que son fils Gérold est tué. Le repli de leurs adversaires permet à l’Union Chrétienne de reprendre l’Argovie et de progresser vers Zurich. Mais l’arrivée des Bernois et des autres alliés de Zurich quelques semaines après obligèrent l’Union Chrétienne à se replier pour éviter de se retrouver écrasée sous le nombre, amenant à la perte de l’Argovie en décembre 1530. Mais à la Saint-Nicolas 1530, les forces zurichoises et bernoises sont prises en embuscade par des mercenaires suisses près de Baar au nord de Zoug. L’embuscade stoppe la progression des alliés de Zurich et brise leur détermination à poursuivre les hostilités. Cette perte de détermination résulte aussi de la montée des tensions avec le duché de Savoie alors que ce dernier interfère à nouveau dans les affaires genevoises.
Le traité de paix qui est signé entre les deux camps en janvier 1531. L’Union Chrétienne obtient l’arrêt de la réforme du bailliage territorial des cantons et le maintien du culte catholique dans leurs cantons tout en reconnaissant l’application des cultes réformés dans les cantons qui l’ont choisi. L’Argovie et la Thurgovie sont maintenues dans la foi catholique. La fin du conflit voit l’expansion de la réforme zwinglienne s’interrompre dans de nombreux cantons. Les pertes de la guerre de Kappel ont pour conséquence de susciter un vif mécontentement dans le canton de Zurich, la population dénonçant le pouvoir trop grand du conseil et des ecclésiastiques, Ulrich Zwingli étant tout particulièrement blâmé pour le bellicisme qui a abouti au conflit. Le prédicateur demande au conseil de lui accorder sa retraite, ce que ce dernier lui accorde, obligé de faire des concessions pour ne pas subir la colère populaire. Zwingli quitte sa position de pasteur en avril 1531, remplacé par Heinrich Bullinger, prédicateur originaire du canton d’Argovie qui est favorable à ses idées. L’ancien prédicateur préfère mener sa vie de famille avec Anna Reinhart et leurs quatre enfants tout en appliquant les préceptes qu’il a défendu durant sa vie de prêche. L’homme continue cependant de jouer un rôle important dans son canton et ses adversaires, catholiques, anabaptistes et réformés radicaux, complotent pour se débarrasser de lui. Un équilibre précaire se met en place entre les cantons des deux confessions que l’Union Chrétienne consolide ses relations avec les Habsbourg.
Les troubles au sein de la Confédération suisse ont beaucoup affecté la relation des cantons suisses avec l’Alliance des Trois Ligues. Du fait des Articles d’Ilanz (2), l’Alliance se retrouve dans une relation compliquée avec les cantons catholiques, notamment du fait de leur structure républicaine qui permis à leurs différents cantons de décider sur l’adoption ou non de la foi réformée.
Dans le Valais, le prince-évêque de Sion, Philippe de Platea est confronté à l’émergence des idées zwinglienne et luthérienne et s’efforce de les combattre, encouragé par Paul III qui avait été l’évêque avant son élection en tant que pape. Dans ce contexte, le prince-évêque se rapproche des cantons catholiques, plaçant le Valais en tension avec Berne durant la courte guerre de Kappel.

Durant la fin des années 1520, Charles III de Savoie renforce ses liens avec le royaume de France à la fois pour garantir son territoire mais aussi pour pouvoir faire pression sur les cantons suisses sur le cas de Genève alors que ces derniers se divisent sur la question des réformes de Zwingli. La fin de la régence française en 1528 fait quelque peu évoluer la relation entre les deux états, même si Charles IX continue d’avoir l’approche diplomatique de sa mère, cherchant à développer une relation d’alliance avec le duc. A partir de 1529, tirant profit de la montée en puissance des tensions parmi les cantons suisses, Charles III de Savoie cherche à renforcer son influence et emprise sur Genève, amenant à une nouvelle montée de tensions entre les genevois et lui. En 1530, saisissant le prétexte de la guerre de Kappel entre les alliés de Zurich et l’Union Chrétienne, Charles III oblige les genevois à rompre les liens qu’ils avaient avec Berne et Fribourg. Il en profite aussi pour dénoncer le développement des idées de Luther et a l’appui de Pierre de Baume, l’évêque de Genève. Cette rupture de relations résulte en la montée de tensions entre les deux cantons suisses avec le duché de Savoie, même si les divergences religieuses entre les deux cantons les empêchent de s’entendre pour faire front face au duc de Savoie.

Durant les années 1527-1531, le duché de Milan s’émancipe de son alliance avec les cantons suisses alors qu’il fait face à l’émergence de figures favorables aux idées de Luther. Maximilien Sforza fait preuve d’une vive fermeté envers les prédicateurs réformés et tire profit des divisions grandissantes entre les cantons suisses pour renier peu à peu les conditions du traité de Bergame. Poussé par ses proches, le duc est aussi déterminé à renouveler la place du duché, notamment vis-à-vis de Gênes et par rapport aux territoires qui avaient dû être cédées aux cantons suisses et à l’Alliance des Trois Ligues. Le conflit opposant les cantons réformés aux cantons catholiques lui permet de s’émanciper davantage de l’alliance qui le liait aux cantons suisses, même s’il négocie avec les cantons de l’Union Chrétienne afin d’avoir un arrangement avec ces derniers alors qu’ils consolident leur alliance avec Ferdinand de Habsbourg. Les événements qui affectent Gênes amène le duc à soutenir davantage les Fregoso pour qu’ils puissent reprendre le pouvoir, mais surtout pour pouvoir réaffirmer l’influence de son duché sur la république maritime. En 1531, il parvient à faire asseoir cette influence et commence à s’ingérer de plus en plus dans les affaires génoises. Sur le plan diplomatique, le duc commence aussi à réaliser des alliances matrimoniales qui renforceraient la position de sa famille en tant que ducs de Milan et qui pourraient préserver le duché des ambitions extérieures.

La république de Gênes connaît d’importants troubles en 1527-1528. Antoniotto II Adorno est confronté à une violente fronde des communes génoises, résultant de leur contestation de son statut de doge et fomentée par ses adversaires. Le doge est forcé de se démettre de ses fonctions et de partir à l’exil. Durant l’année suivante, différents doges se succèdent sans parvenir à durer avant que Sinibaldo Fieschi s’impose au printemps 1529. Le nouveau doge cherche à réorganiser la république affaiblie par les deux années de troubles, s’appuyant notamment sur Andrea Doria avec lequel il est ami. Il se rapproche de la France de Charles IX, voulant avoir un allié puissant pour protéger Gênes des ingérences extérieures, notamment du duché de Milan. S’il permet à Gênes de retrouver une certaine stabilité, le doge est confronté aux autres Albergo et tout particulièrement aux Fregoso soutenus par Milan. Les complots de ses rivaux le font chasser du pouvoir à l’été 1530. Une nouvelle période d’instabilité s’installe à Gênes durant laquelle les Fregoso en profitent, soutenus par Maximilien Sforza. A l’automne 1531, Giano II di Campofregoso reprend la position de doge avec l’aide du duc de Milan.

Durant les années 1527-1529, la république de Venise s’efforce de protéger ses territoires et Durrës contre les Ottomans. Les vénitiens ont le soutien financier du pape mais dépensent d’importantes ressources pour défendre le port contre les assauts ottomans durant la période. Ils doivent aussi déployer leur flotte pour tenter de protéger leurs possessions en Méditerranée orientale alors que le bey de Bosnie continue de mener des raids en Dalmatie. La rupture des accords commerciaux avec les Turcs et du traité de 1502 place la Sérénissime dans une posture difficile. Seule la chute de l’Égypte durant l’expédition de Charles Quint leur donne une opportunité pour un débouché commercial sur les biens venant d’Orient. Cela amène la république maritime à négocier avec les émirs mamelouks en 1528 pour obtenir un accord commercial et une alliance contre la menace ottomane. Un traité est signé en juin 1528 qui permet à Venise d’avoir un comptoir commercial à Alexandrie. Mais en dépit de ces avancées, le doge et une partie des patriciens sont de plus en plus enclins à chercher à négocier avec les Ottomans pour préserver leurs territoires.
En 1529, la mort de Paul III provoque la disparition officielle de la Sainte-Ligue mais les heurts entre les Vénitiens et les Ottomans continuent, notamment sur Corfou et au niveau des Cyclades. Dürres est reprise par les Ottomans en septembre 1530. Épuisée, la Sérénissime se résigne à signer un armistice avec Soliman au printemps 1531 qui revient à un statu quo tendu sur la situation pré-1523 alors que la république maritime est obligée de payer un lourd tribut à la Sublime Porte sans cependant pouvoir reprendre leurs échanges commerciaux.
Sur le plan diplomatique, Venise continue d’entretenir de bonnes relations avec le royaume de France, renouvelant leur alliance avec l’entrée en majorité de Charles IX. Mais dans le cadre du conflit contre les Ottomans, ils sont obligés de s’appuyer sur les forces de Charles Quint, notamment pour préserver Durrës. Mais la toute-puissance de l’empereur Habsbourg et leur rivalité autour du territoire de Vérone amène les Vénitiens à se rapprocher au début des années 1530 du nouveau pape, Pie IV, dont la position est moins favorable à l’empereur comparé à son prédécesseur.

Durant les années 1527-1531, Florence connaît une évolution dans sa gouvernance. Si Giulio de Médicis a gouverné la ville en régent et Gran Maestro depuis 1519 et permis à la cité de prospérer à nouveau, l’arrivée à l’âge adulte de ses deux neveux en 1528-1529 modifie la situation : le cardinal est obligé de céder la gouvernance à ses deux neveux même s’il continue de jouer un rôle important pour les conseiller. Ces derniers sont confrontés à une forte disette qui frappe la Toscane en 1528. Les deux cousins, rivaux du fait du partage du gouvernement de la cité, ne sont pas d’accord sur la manière de gérer la situation : Alessandro considère important de pouvoir aider les paysans alors qu’Ippolito souligne les problèmes d’approvisionnement qui pourraient advenir si jamais ils laissaient entrer les paysans dans Florence. Ce n’est que par l’arbitrage de leur oncle qu’une solution est trouvée : le cardinal décide d’acheter des stocks de grains pour essayer de les revendre à bas coût pour permettre aux paysans de survivre.
Candidat favori à la succession de Paul III lors du conclave du printemps 1529, le cardinal finit par soutenir Giovanni Piccolomini jugé neutre dans la controverse autour de l’annulation du mariage d’Henri VIII avec Catherine d’Aragon et dans la rivalité naissante entre les Tudors et les Habsbourg. Le cardinal continue de jouer un rôle important dans la vie de la curie, mais se trouve en désaccord avec certaines des décisions du nouveau pape, notamment sur la question de l’annulation du mariage d’Henri VIII.
A Florence, le cardinal doit ménager ses deux neveux, Alessandro et Ippolito : les deux cousins sont en charge de la gouvernance de la cité mais ne s’apprécient pas et se jalousent. Cette rivalité se répercute dans les choix politiques : ce que l’un entreprend est contrecarré par le second. Là où Alessandro défend une politique d’allure princière, Ippolito prend le parti des communes et défend les institutions républicaines de la ville. Alessandro gagne cependant peu à peu le soutien des Florentins du fait de son sens de la justice et du sens commun qu’il possède, amenant Ippolito à être peu à peu relégué au second plan. Giulio de Médicis cherche à apaiser les tensions entre les deux cousins, mais cela devient de plus en difficile. Les compétences d’Alessandro amènent en outre le cardinal à le favoriser peu à peu, renforçant la jalousie d’Ippolito. A cette rivalité s’ajoute le fait qu’Ippolito est amoureux de Catherine, la demi-sœur d’Alessandro, alors que Giulio songe à des projets matrimoniaux pour elle qui pourraient permettre de renforcer la position et le prestige de leur famille.
Durant ces années, les Médicis renforcent leurs relations avec le Saint-Siège et surtout Charles Quint. Ils décident aussi de s’ingérer dans les affaires de Sienne qui se retrouve dans une certaine instabilité depuis la chute des Petrucci du pouvoir en 1525. Si les Florentins soutiennent Giulio puis Alessandro, la faction républicaine leur demeure cependant plutôt hostile et tire profit de la rivalité d’Ippolito avec son cousin pour comploter contre sa famille.

(1) En 1529, sous l'impulsion de Zwingli et du conseil de la ville, Zurich met moins l'accent sur ses ressources militaires, affaiblissant ses capacités militaires et la qualité de ses soldats.
(2) Les articles d'Ilanz étendaient les droits des communes, notamment en renforçant la prépondérance des institutions étatiques sur l’Église et en réduisant les droits seigneuriaux.
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Message par Flosgon78 Dim 22 Mai - 9:49

les jalons sont préparés pour de plus grosses divergences, toujours excellent !
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Message par Yodarc Lun 23 Mai - 10:12

Flosgon78 a écrit:les jalons sont préparés pour de plus grosses divergences, toujours excellent !

Merci.
Je m'efforce de toujours développer (du moins dans les grandes lignes) comment le contexte évolue et de quelle manière les rapports de force se font et défont au grès des décisions, des actions et des tendances ou des contingences historiques de type épidémie, famine...
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Message par Flosgon78 Lun 23 Mai - 21:04

Yodarc a écrit:
Flosgon78 a écrit:les jalons sont préparés pour de plus grosses divergences, toujours excellent !

Merci.
Je m'efforce de toujours développer (du moins dans les grandes lignes) comment le contexte évolue et de quelle manière les rapports de force se font et défont au grès des décisions, des actions et des tendances ou des contingences historiques de type épidémie, famine...
C'est ça que j'adore dans ce que tu écris, c'est plus réaliste !
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Message par Collectionneur Jeu 26 Mai - 12:41

Le ''souci'' est qu'il faut pour moi faire encore des recherches a chaque paragraphe pour savoir la différence entre IRL et la fiction 😅 Les discussions théologiques et hérésies hors les Cathares ne sont vraiment pas mon domaine 😁
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 4 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Jeu 26 Mai - 13:23

Collectionneur a écrit:Le ''souci'' est qu'il faut pour moi faire encore des recherches a chaque paragraphe pour savoir la différence entre IRL et la fiction 😅 Les discussions théologiques et hérésies hors les Cathares ne sont vraiment pas mon domaine 😁

Je reconnais que ce n'est pas une tâche évidente et d'une certaine manière je suis content que ce ne soit pas évident. Very Happy

C'est difficile de développer un récit "plausible" (à la manière de la FTL par exemple), encore plus sur une longue période et dans un contexte historique plus lointain où les informations à trouver sont difficiles à trouver (surtout si le temps consacré à leur recherche est restreint pour diverses raisons). Jongler entre les informations préexistantes et les conséquences potentielles des choix réalisés pour développer cette réalité alternative est une vraie gymnastique et tout l'art pour moi consiste à déterminer ce qui parmi les éléments historiques, lesquels pourraient avoir lieu dans un cadre différent.
Le meilleur exemple sont le conflit suisse et le concile de Mantoue : historiquement, il y a eu deux conflits entre les cantons catholiques et "protestants" (je cherche à éviter d'utiliser pour le moment cette formule car elle est d'abord associée à la Ligue de Smalkade parce que les princes luthériens "protestaient" contre les décisions de Charles Quint) en 1529 et 1531. Mais vu que j'ai placé un cardinal suisse (Matthieu Schiner) en tant que pape et qu'il avait eu des contacts avec Ulrich Zwingli, je dois prendre en compte ces informations pour remodeler les rapports de force entre les deux factions. Il y a aussi le fait que l'absence des guerres d'Italie à partir de 1515 change la physionomie des cantons suisses, ces derniers n'ayant pas connu de divisions diplomatiques avec les efforts de François I à s'assurer leur neutralité ou leur soutien durant les campagnes de 1515 et de 1521-1525, ce qui implique des liens plus importants avec les États Pontificaux avec les conséquences que cela implique (notamment dans le développement plus progressif de la réforme dans ces cantons, même si j'ai préservé la chronologie historique, étant donné que l'isolement des cantons suisses contrebalance en partie ces nouvelles données).
Quant au concile de Mantoue, il se place dans un contexte très différent de celui de Trente (1545-1563) ou de la tentative historique menée en 1537 à Mantoue (d'où mon choix d'avoir choisi Mantoue pour ce concile alternatif). Là où le concile de Trente se tenait presque trop tard pour espérer une réconciliation entre les différentes tendances chrétiennes (plus de deux décennies ont fait leur œuvre), ce dernier se situe certes dans un contexte plus favorable pour trouver des solutions (ne serait-ce du fait de la présence conséquente de cardinaux et d'évêques favorables à une réforme interne de l’Église), mais entre les problèmes historiques communs avec le concile de Trente (à savoir les désaccords théologiques) et le fait que Martin Luther et Ulrich Zwingli sont vivants (alors qu'au moment du concile de Trente, Zwingli a été tué en 1531 et Luther décède en janvier 1546) ne facilite pas les choses, notamment du fait de leur rapport compliqué voire conflictuel avec la papauté. Autant de données à prendre en compte pour chercher à créer un compromis satisfaisant en termes de concile œcuménique. C'est d'autant plus compliqué qu'il faut effectivement prendre en compte les éléments théologiques en jeu et les intégrer de façon satisfaisante et cohérente au regard du contexte présenté. Étant croyant et passionné par de multiples aspects de l'Histoire, j'ai quelques notions, mais le cadre et le contexte ne me sont pas familiers, ce qui rend le développement de ce type d'événements peu évident à entreprendre (mais bien plus que les conflits où le déplacement des armées et le caractère aléatoire des conflits m'est plus difficile à décrire par souci de cohérence et de pertinence).
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Message par Yodarc Sam 28 Mai - 10:03

Bonjour. Voici la nouvelle partie de ce récit d'histoire alternative. Elle va présenter les grandes tendances du contexte des événements se passant dans les terres gouvernées par les Habsbourg. Des éléments communs à l'Histoire, mais aussi des "accélérations" de tendances du fait d'un contexte différent et quelques informations qui donneront une petite idée de certains autres événements qui seront présentés dans les parties suivantes.
J'espère que ce passage saura vous plaire comme les précédents.£
Bonne lecture ! Very Happy

1527-1531 : Les Terres Habsbourgeoises
Les années 1527-1531 sont pleines de défis pour les Habsbourg alors que moult événements affectent la Chrétienté et leurs terres.

Peu après son retour d’expédition, Charles Quint entreprend de se marier, conscient qu’il est plus nécessaire que jamais pour lui d’avoir un héritier. Il décide de renforcer l’alliance avec le Portugal en épousant Isabelle de Portugal, ce qui se concrétise à l’été 1527. Le mariage devient vite un mariage d’amour entre les deux personnes et sur les quatre premières années de mariage naissent Marie en 1528, Philippe en 1529 et Jeanne en 1530. Isabelle lui sera d’un secours en étant en charge des terres d’Espagne et des Amériques. La jeune femme se montre plus favorable à une approche ibéro-centrée du règne de son époux, notamment alors que le royaume de France développe une colonie dans le Nouveau Monde en complète infraction du Traité de Tordesillas.
Après son retour de la guerre de la Sainte-Ligue, Charles Quint est confronté à de nombreux défis. A l’instar d’autres régions de la Chrétienté, ses terres souffrent d’une crise agricole dans les années 1529-1531. Cette crise attise les tensions, notamment dans un contexte de division croissante au sein des Terres de l’Empire à cause de la position des princes allemands sur l’édit de Worms. Le refus des princes luthériens se disant réformés à appliquer l’édit amène Charles Quint à intervenir de manière plus ferme dans le problème. Faisant tenir la diète à Spire de novembre 1527 à mars 1528, il réaffirme les décisions de l’édit de Worms, revenant sur les concessions accordées par son frère lors de la première diète de Spire. Cela contribue à renforcer l’opposition des princes luthériens rassemblés dans la ligue de Torgau et poussés par Martin Luther à faire preuve de fermeté et d’opposition à l’empereur et à l’Église Catholique. La tenue du concile de Mantoue amène une attente de la part de l’empereur et des princes allemands qui espèrent résoudre le problème au travers du concile. Lorsque le concile de Mantoue est interrompu suite au décès de Paul III, Charles Quint fait tenir une seconde diète à Spire à l’été 1529 au cours de laquelle il réaffirme le respect des décisions de l’édit de Worms et exige la soumission des princes luthériens. Ces derniers s’unissent derrière Philippe de Hesse et Jean I de Saxe, publiant la Confession de Spire qui présente le luthérianisme et qui se retrouve débouté par Charles Quint. Si les princes allemands avaient eu de fortes attentes dans le concile de Mantoue, la fermeté de l’empereur sur l’édit de Worms et les divisions au sein du concile les rendent plus déterminés que jamais à défendre leurs intérêts. Leur résolution est renforcée par l’appel de Martin Luther à cesser de discuter avec l’Église Catholique et l’empereur et de prendre les armes pour défendre leurs droits. Les décision de la diète de Spire de maintenir l’édit de Worms et de l’obligation des princes à s’y soumettre avant avril 1530 amènent plusieurs membres de la ligue de Torgau à se rassembler à Marbourg dans la suite du colloque entre Martin Luther et Ulrich Zwingli et d’y former officiellement dans une alliance militaire au début de l’année 1530, la Ligue de Marbourg. Ses membres exigent l’obtention d’une paix religieuse et la liberté de culte lors de la diète de Ratisbonne de 1531. Le refus des Habsbourg d’accéder à leurs demandes contribue à renforcer les tensions au sein du Saint-Empire romain alors que la ligue s’efforce à se renforcer pour se préparer à l’éventualité d’un conflit avec Charles Quint.
A la différence des terres d’Empire, le royaume d’Espagne est dans une période de stabilité durant cette période et commence à tirer profit des ressources issues du Nouveau Monde. La guerre de la Sainte-Ligue contre l’Empire Ottoman a aussi permis au royaume de renforcer sa présence en Méditerranée, raffermissant sa présence dans les territoires sous son contrôle en Afrique du Nord et rajoutant la forteresse de la Goulette, l’île de Djerba et le port de Damiette sous son escarcelle. Ce contrôle plus étendu permet aux Espagnols d’affaiblir les Barbaresques, mais aussi d’établir un lien commercial avec l’Orient via Damiette et le soutien qu’ils apportent aux Mamelouks. Cela amène Isabelle à persuader son époux de renforcer davantage la présence espagnole en Méditerranée afin d’assurer la sécurité des côtes espagnoles et de contrer tout retour expansionniste de l’empire Ottoman. Durant la même période, la lutte contre les idées de Luther et celles qui paraissent menacer l’orthodoxie catholique se renforce avec la purge des disciples d’Érasme à partir de 1529.
En décembre 1530 meurt Marguerite d’Autriche, la tante de Charles Quint, laissant vacant la gouvernance des Pays-Bas. Charles Quint fait appel à Éléonore, sa sœur aînée, demeurée veuve depuis 1521. Au printemps 1531, Aliénor et sa fille Marie quittent Vienne où elles vivaient depuis la mort de son mari, Manuel Ier de Portugal. Rejoignant les Pays-Bas à l'été 1531, Éléonore est présentée aux services généraux à Bruxelles où elle entame sa régence au nom de son frère.
Sur le plan diplomatique, Charles Quint est confronté à une série de difficultés de diverses natures. L’intention d’Henri VIII à annuler son mariage avec Catherine d’Aragon amène à des relations tendues entre le souverain anglais et l’empereur, ce dernier défendant le mariage de sa tante et poussant Paul III à refuser d’accorder au roi d’Angleterre ce droit. Ce faisant, il se retrouve aussi dans une relation compliquée avec le royaume de France, Marie d’Angleterre puis Charles IX prenant le parti d’Henri VIII. La relation avec la monarchie française est d'autant plus tendue du fait du développement des expéditions françaises vers le Nouveau Monde. Charles Quint proteste contre cette politique, arguant que c’est à l’encontre du traité de Tordesillas et demandant même à Paul III de réaffirmer le traité. Cette opposition l’amène à renforcer son alliance avec le Portugal, l’autre bénéficiaire du traité de Tordesillas. Sa relation avec le Saint-Siège est excellente entre 1527 et 1529, Paul III faisant tenir un concile pour régler les problèmes au sein de l’Église et résoudre le problème suscité par les idées de Martin Luther et d’Ulrich Zwingli. La mort de Paul III et l’arrivée de Pie IV lui fait perdre un allié précieux, même si le nouveau pape veut continuer l’œuvre de son prédécesseur. Il renforce cependant ses liens avec Florence et garde de bonnes relations avec Milan. En revanche, avec son mariage avec Isabelle du Portugal, Charles Quint consolide son alliance avec le Portugal. Les relations avec le Portugal s’améliorent davantage avec la signature du Traité de Saragosse en avril 1529 qui permet de résoudre le conflit autour des îles Molusques (1) en Orient : un arbitrage est décidé pour distinguer les zones d’influence espagnole et portugaise, amenant les Espagnols à céder les îles Molusques à leurs voisins alors que ces derniers reconnaissent leur influence et autorité sur toutes les terres à l’est des îles.
Suite à la fin de son expédition dans le cadre de la Sainte-Ligue, Charles Quint s’emploie à renforcer l’alliance tissée avec les émirs mamelouks choisis pour gouverner l’Égypte, mais aussi avec les Séfévides auxquelles il avait envoyé une ambassade durant l’hiver 1525-1526 lorsqu’il était en Égypte dans l’espoir de relancer le projet d’alliance autrefois proposé par Ismaël I et qui était resté lettre morte après la mort du souverain perse en 1524. Il soutient aussi Venise dans leur conflit avec l’Empire Ottoman sur les années 1528-1531, permettant le soutien à Durrës, même si ce soutien s’étiole au fil des années, l’empereur ayant les yeux tournés vers le nord à partir de 1529.
Deux territoires contribuent à susciter quelques difficultés pour lui : le royaume de Hongrie et celui du Danemark. Louis II de Hongrie est confronté à d’importantes difficultés à la fin des années 1520 qui menacent la stabilité de son royaume alors que la menace ottomane reste forte au sud du royaume magyar. Dans le cas du Danemark, Charles Quint décide de soutenir son beau-frère Christian II pour récupérer son trône, déterminé à contrer l’expansion des idées de Martin Luther dans la Chrétienté et d’avoir des alliés pour consolider son influence alors que ses relations avec les royaumes de France et d’Angleterre deviennent compliquées. Alors que Christian II part en expédition pour reprendre la Norvège, Charles Quint emmène avec lui le fils de ce dernier, Jean, à la diète de Spire en 1529 afin de le former à son futur rôle de roi de Norvège et d’en faire un acteur important dans la politique habsbourgeoise. Il soutient son beau-frère dans le conflit contre son oncle Frédéric I, utilisant notamment ses relations avec les Függer pour financer Christian II tout en lui envoyant en 1530 quelques renforts en navires et hommes.

Durant la fin des années 1520, Ferdinand de Habsbourg entreprend de réorganiser les terres héréditaires et de mener à bien les réformes que la Guerre de la Sainte-Ligue avait ralenties du fait du coût financier de la guerre. L’archiduc entreprend de renforcer son pouvoir au travers de services administratifs et de résorber le déficit cumulé sous son grand-père. S’appuyant sur ses conseillers et juristes allemands, il entreprend de s’inspirer du droit romain pour mettre en place une gestion collégiale des compétences ou la séparation des affaires financières des affaires politiques et judiciaires. Cela amène à l’émergence d’institutions centrales. Si des résistances persistent au sein des états, elles se font désormais moins fortes, notamment du fait du déclin des dépenses militaires et de la fermeté dont l’archiduc fait preuve envers ceux qui se montrent frondeurs à son autorité.
En parallèle de ses responsabilités d’archiduc, Ferdinand est impliqué dans les affaires de l’Empire, participant aux diètes de Spire et étant témoin de la montée en puissance de l’opposition des princes luthériens. Dans ce contexte de tension, Charles Quint le fait élire roi des romains en janvier 1530, faisant de lui son héritier présomptif pour la couronne impériale. La création de la ligue de Marbourg le place en opposition avec ses membres, l’archiduc refusant leurs exigences durant la diète de Ratisbonne.
En plus de gérer ses terres et d’être impliqué dans les affaires de l’Empire, Ferdinand travaille ses relations avec son beau-frère Louis II de Hongrie et entretient une importante correspondance avec sa sœur Marie. L’archiduc entreprend de renforcer l’influence de sa famille dans la cour royale hongroise, tirant profit du rôle important que prend sa sœur dans les affaires politiques de Hongrie et de Bohême et de l’influence qui s’est développée avec la guerre de la Sainte-Ligue. Ferdinand est cependant en désaccord sur certains choix politiques de sa sœur ou le fait qu’elle semble avoir des sympathies pour les idées de Martin Luther. Et à l’aube des années 1530, il est inquiet des troubles qui émergent au sein du royaume de Hongrie alors que la menace ottomane demeure importante au sud. Cela l’amène à soutenir son beau-frère dans le conflit contre les magnats rebelles qui ont tenté de museler son pouvoir lors de la Diète Sanglante. Il continue de soutenir le ban de Croatie contre les raids turcs en lui fournissant quelques ressources et mercenaires pour se défendre.
Durant cette période, son épouse lui donne quatre nouveaux enfants : son principal héritier Maximilien né en 1527, Anne née en 1528, Ferdinand en 1529 et Marie en 1531.

(1) Après l'expédition de Magellan, Charles Quint envoie une nouvelle expédition pour établir une position dans l'archipel des Molusques. Ce faisant, les Espagnols entrent en concurrence avec les Portugais qui avaient découvert l'archipel en 1511 et commencé à développer leur présence et influence. Un conflit latent opposait les deux royaumes ibériques autour de la question de la possession des îles par l'un ou l'autre. Cela soulevait aussi la question de la limite orientale de démarcation entre les zones d'influence portugaise et espagnole au regard du Traité de Tordesillas.


Dernière édition par Yodarc le Mer 26 Oct - 10:37, édité 2 fois
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Message par Flosgon78 Sam 28 Mai - 10:59

Yodarc a écrit:
Bonjour. Voici la nouvelle partie de ce récit d'histoire alternative. Elle va présenter les grandes tendances du contexte des événements se passant dans les terres gouvernées par les Habsbourg. Des éléments communs à l'Histoire, mais aussi des "accélérations" de tendances du fait d'un contexte différent et quelques informations qui donneront une petite idée de certains autres événements qui seront présentés dans les parties suivantes.
J'espère que ce passage saura vous plaire comme les précédents.£
Bonne lecture ! Very Happy

1527-1531 : Les Terres Habsbourgeoises
Les années 1527-1531 sont pleines de défis pour les Habsbourg alors que moult événements affectent la Chrétienté et leurs terres.

Peu après son retour d’expédition, Charles Quint entreprend de se marier, conscient qu’il est plus nécessaire que jamais pour lui d’avoir un héritier. Il décide de renforcer l’alliance avec le Portugal en épousant Isabelle de Portugal, ce qui se concrétise à l’été 1527. Le mariage devient vite un mariage d’amour entre les deux personnes et sur les quatre premières années de mariage naissent Marie en 1528, Philippe en 1529 et Jeanne en 1530. Isabelle lui sera d’un secours en étant en charge des terres d’Espagne et des Amériques. La jeune femme se montre plus favorable à une approche ibéro-centrée du règne de son époux, notamment alors que le royaume de France développe une colonie dans le Nouveau Monde en complète infraction du Traité de Tordesillas.
Après son retour de la guerre de la Sainte-Ligue, Charles Quint est confronté à de nombreux défis. A l’instar d’autres régions de la Chrétienté, ses terres souffrent d’une crise agricole dans les années 1529-1531. Cette crise attise les tensions, notamment dans un contexte de division croissante au sein des Terres de l’Empire à cause de la position des princes allemands sur l’édit de Worms. Le refus des princes luthériens se disant réformés à appliquer l’édit amène Charles Quint à intervenir de manière plus ferme dans le problème. Faisant tenir la diète à Spire de novembre 1527 à mars 1528, il réaffirme les décisions de l’édit de Worms, revenant sur les concessions accordées par son frère lors de la première diète de Spire. Cela contribue à renforcer l’opposition des princes luthériens rassemblés dans la ligue de Torgau et poussés par Martin Luther à faire preuve de fermeté et d’opposition à l’empereur et à l’Église Catholique. La tenue du concile de Mantoue amène une attente de la part de l’empereur et des princes allemands qui espèrent résoudre le problème au travers du concile. Lorsque le concile de Mantoue est interrompu suite au décès de Paul III, Charles Quint fait tenir une seconde diète à Spire à l’été 1529 au cours de laquelle il réaffirme le respect des décisions de l’édit de Worms et exige la soumission des princes luthériens. Ces derniers s’unissent derrière Philippe de Hesse et Jean I de Saxe, publiant la Confession de Spire qui présente le luthérianisme et qui se retrouve débouté par Charles Quint. Si les princes allemands avaient eu de fortes attentes dans le concile de Mantoue, la fermeté de l’empereur sur l’édit de Worms et les divisions au sein du concile les rendent plus déterminés que jamais à défendre leurs intérêts. Leur résolution est renforcée par l’appel de Martin Luther à cesser de discuter avec l’Église Catholique et l’empereur et de prendre les armes pour défendre leurs droits. Les décision de la diète de Spire de maintenir l’édit de Worms et de l’obligation des princes à s’y soumettre avant avril 1530 amènent plusieurs membres de la ligue de Torgau à se rassembler à Marbourg dans la suite du colloque entre Martin Luther et Ulrich Zwingli et d’y former officiellement dans une alliance militaire au début de l’année 1530, la Ligue de Marbourg. Ses membres exigent l’obtention d’une paix religieuse et la liberté de culte lors de la diète de Ratisbonne de 1531. Le refus des Habsbourg d’accéder à leurs demandes contribue à renforcer les tensions au sein du Saint-Empire romain alors que la ligue s’efforce à se renforcer pour se préparer à l’éventualité d’un conflit avec Charles Quint.
A la différence des terres d’Empire, le royaume d’Espagne est dans une période de stabilité durant cette période et commence à tirer profit des ressources issues du Nouveau Monde. La guerre de la Sainte-Ligue contre l’Empire Ottoman a aussi permis au royaume de renforcer sa présence en Méditerranée, raffermissant sa présence dans les territoires sous son contrôle en Afrique du Nord et rajoutant la forteresse de la Goulette, l’île de Djerba et le port de Damiette sous son escarcelle. Ce contrôle plus étendu permet aux Espagnols d’affaiblir les Barbaresques, mais aussi d’établir un lien commercial avec l’Orient via Damiette et le soutien qu’ils apportent aux Mamelouks. Cela amène Isabelle à persuader son époux de renforcer davantage la présence espagnole en Méditerranée afin d’assurer la sécurité des côtes espagnoles et de contrer tout retour expansionniste de l’empire Ottoman. Durant la même période, la lutte contre les idées de Luther et celles qui paraissent menacer l’orthodoxie catholique se renforce avec la purge des disciples d’Érasme à partir de 1529.
En décembre 1530 meurt Marguerite d’Autriche, la tante de Charles Quint, laissant vacant la gouvernance des Pays-Bas. Charles Quint fait appel à Éléonore, sa sœur aînée, demeurée veuve depuis 1521. Cette dernière quitte le royaume du Portugal au printemps 1531 avec un certain soulagement, s’étant retrouvée dans l’ombre de sa sœur Catherine qui avait épousé Manuel III en 1525 et pris la garde sa fille Marie. Éléonore rejoint les Pays-Bas à l’été 1531 et est présentée aux services généraux de Bruxelles où elle commence sa régence au nom de son frère.
Sur le plan diplomatique, Charles Quint est confronté à une série de difficultés de diverses natures. L’intention d’Henri VIII à annuler son mariage avec Catherine d’Aragon amène à des relations tendues entre le souverain anglais et l’empereur, ce dernier défendant le mariage de sa tante et poussant Paul III à refuser d’accorder au roi d’Angleterre ce droit. Ce faisant, il se retrouve aussi dans une relation compliquée avec le royaume de France, Marie d’Angleterre puis Charles IX prenant le parti d’Henri VIII. La relation avec la monarchie française est d'autant plus tendue du fait du développement des expéditions françaises vers le Nouveau Monde. Charles Quint proteste contre cette politique, arguant que c’est à l’encontre du traité de Tordesillas et demandant même à Paul III de réaffirmer le traité. Cette opposition l’amène à renforcer son alliance avec le Portugal, l’autre bénéficiaire du traité de Tordesillas. Sa relation avec le Saint-Siège est excellente entre 1527 et 1529, Paul III faisant tenir un concile pour régler les problèmes au sein de l’Église et résoudre le problème suscité par les idées de Martin Luther et d’Ulrich Zwingli. La mort de Paul III et l’arrivée de Pie IV lui fait perdre un allié précieux, même si le nouveau pape veut continuer l’œuvre de son prédécesseur. Il renforce cependant ses liens avec Florence et garde de bonnes relations avec Milan. En revanche, avec son mariage avec Isabelle du Portugal, Charles Quint consolide son alliance avec le Portugal. Les relations avec le Portugal s’améliorent davantage avec la signature du Traité de Saragosse en avril 1529 qui permet de résoudre le conflit autour des îles Molusques (1) en Orient : un arbitrage est décidé pour distinguer les zones d’influence espagnole et portugaise, amenant les Espagnols à céder les îles Molusques à leurs voisins alors que ces derniers reconnaissent leur influence et autorité sur toutes les terres à l’est des îles.
Suite à la fin de son expédition dans le cadre de la Sainte-Ligue, Charles Quint s’emploie à renforcer l’alliance tissée avec les émirs mamelouks choisis pour gouverner l’Égypte, mais aussi avec les Séfévides auxquelles il avait envoyé une ambassade durant l’hiver 1525-1526 lorsqu’il était en Égypte dans l’espoir de relancer le projet d’alliance autrefois proposé par Ismaël I et qui était resté lettre morte après la mort du souverain perse en 1524. Il soutient aussi Venise dans leur conflit avec l’Empire Ottoman sur les années 1528-1531, permettant le soutien à Durrës, même si ce soutien s’étiole au fil des années, l’empereur ayant les yeux tournés vers le nord à partir de 1529.
Deux territoires contribuent à susciter quelques difficultés pour lui : le royaume de Hongrie et celui du Danemark. Louis II de Hongrie est confronté à d’importantes difficultés à la fin des années 1520 qui menacent la stabilité de son royaume alors que la menace ottomane reste forte au sud du royaume magyar. Dans le cas du Danemark, Charles Quint décide de soutenir son beau-frère Christian II pour récupérer son trône, déterminé à contrer l’expansion des idées de Martin Luther dans la Chrétienté et d’avoir des alliés pour consolider son influence alors que ses relations avec les royaumes de France et d’Angleterre deviennent compliquées. Alors que Christian II part en expédition pour reprendre la Norvège, Charles Quint emmène avec lui le fils de ce dernier, Jean, à la diète de Spire en 1529 afin de le former à son futur rôle de roi de Norvège et d’en faire un acteur important dans la politique habsbourgeoise. Il soutient son beau-frère dans le conflit contre son oncle Frédéric I, utilisant notamment ses relations avec les Függer pour financer Christian II tout en lui envoyant en 1530 quelques renforts en navires et hommes.

Durant la fin des années 1520, Ferdinand de Habsbourg entreprend de réorganiser les terres héréditaires et de mener à bien les réformes que la Guerre de la Sainte-Ligue avait ralenties du fait du coût financier de la guerre. L’archiduc entreprend de renforcer son pouvoir au travers de services administratifs et de résorber le déficit cumulé sous son grand-père. S’appuyant sur ses conseillers et juristes allemands, il entreprend de s’inspirer du droit romain pour mettre en place une gestion collégiale des compétences ou la séparation des affaires financières des affaires politiques et judiciaires. Cela amène à l’émergence d’institutions centrales. Si des résistances persistent au sein des états, elles se font désormais moins fortes, notamment du fait du déclin des dépenses militaires et de la fermeté dont l’archiduc fait preuve envers ceux qui se montrent frondeurs à son autorité.
En parallèle de ses responsabilités d’archiduc, Ferdinand est impliqué dans les affaires de l’Empire, participant aux diètes de Spire et étant témoin de la montée en puissance de l’opposition des princes luthériens. Dans ce contexte de tension, Charles Quint le fait élire roi des romains en janvier 1530, faisant de lui son héritier présomptif pour la couronne impériale. La création de la ligue de Marbourg le place en opposition avec ses membres, l’archiduc refusant leurs exigences durant la diète de Ratisbonne.
En plus de gérer ses terres et d’être impliqué dans les affaires de l’Empire, Ferdinand travaille ses relations avec son beau-frère Louis II de Hongrie et entretient une importante correspondance avec sa sœur Marie. L’archiduc entreprend de renforcer l’influence de sa famille dans la cour royale hongroise, tirant profit du rôle important que prenne sa sœur dans les affaires politiques de Hongrie et de Bohême et de l’influence qui s’est développée avec la guerre de la Sainte-Ligue. Ferdinand est cependant en désaccord sur certains choix politiques de sa sœur ou le fait qu’elle semble avoir des sympathies pour les idées de Martin Luther. Et à l’aube des années 1530, il est inquiet des troubles qui émergent au sein du royaume de Hongrie alors que la menace ottomane demeure importante au sud. Cela l’amène à soutenir son beau-frère dans le conflit contre les magnats rebelles qui ont tenté de museler son pouvoir lors de la Diète Sanglante. Il continue de soutenir le ban de Croatie contre les raids turcs en lui fournissant quelques ressources et mercenaires pour se défendre.
Durant cette période, son épouse lui donne quatre nouveaux enfants : son principal héritier Maximilien né en 1527, Anne née en 1528, Ferdinand en 1529 et Marie en 1531.

(1) Après l'expédition de Magellan, Charles Quint envoie une nouvelle expédition pour établir une position dans l'archipel des Molusques. Ce faisant, les Espagnols entrent en concurrence avec les Portugais qui avaient découvert l'archipel en 1511 et commencé à développer leur présence et influence. Un conflit latent opposait les deux royaumes ibériques autour de la question de la possession des îles par l'un ou l'autre. Cela soulevait aussi la question de la limite orientale de démarcation entre les zones d'influence portugaise et espagnole au regard du Traité de Tordesillas.

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Message par Rayan du Griffoul Dim 29 Mai - 17:54

Je viens de ma taper toute l'histoire d'une traite.
Et c'est vraiment bien
Hate de voir comment ça va évoluer Smile
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 4 Empty L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 4 Juin - 10:28

Bonjour à tous !
Voici la vingtième partie de ce récit. Il décrit les tendances et événements qui touchent la Hongrie durant les années 1527-1531. Une Hongrie à la fois différente de celle historique du fait du contexte désormais différent, mais qui prolonge des tendances qui ont existé et les exacerbe. Un royaume qui continue mais qui connaît moult défis et difficultés.
J'espère que ce passage saura vous plaire et que cette description d'un royaume magyar survivant paraît juste.
Bonne lecture ! Smile

1527-1531 : Les troubles de la Hongrie
Les années 1527-1531 sont pleines de tension et de troubles pour le royaume de Hongrie alors que les menaces se font nombreuses à l’intérieur et à l’extérieur.

En 1527, Louis II est confronté à une situation difficile dans son royaume. L’expédition de la Sainte-Ligue n’a pas réussi à repousser les Turcs, seulement permis de reprendre Šabac et d’avoir une défense minimale dans le sud du pays. Le conflit a fragilisé les ressources financières dilapidées du royaume et accentué les divisions entre la noblesse et l’aristocratie hongroise. Ces dernières sont en forte rivalité, se querellant avec violence et cherchant à affirmer leur pouvoir et influence dans le royaume et se regroupant désormais dans des ligues défensives visant à défendre leurs intérêts. Leurs divisions sont renforcées par leur positionnement par rapport au roi et aux Habsbourg. D’un côté, l’aristocratie est hostile aux influences étrangères et veut défendre ses prérogatives face au renforcement du pouvoir royal, tout particulièrement après la diète de 1526 qui a vu la mise en place de lois renforçant le pouvoir de Louis II. De l’autre, une partie de la noblesse regroupée dans l’Union aventurière soutient le roi et dénonce les abus de leurs rivaux aristocrates. Si les divisions sont vives au sein de l’élite politique hongroise, cette dernière est cependant unie contre les idées de Martin Luther, les magnats hongrois voyant dans ces idées une autre incarnation de l'influence étrangère et ne pardonnant pas au moine allemand d’avoir jugée la menace turque peu importante et même comparé à un châtiment divin contre leurs péchés. Les mesures contre le développement des idées luthériennes se renforcent depuis leur mise en place en 1523 et deviennent de plus en plus répressives contre ceux qui expriment de la sympathie pour ces idées ou en discuter.

En plus des divisions internes dans son royaume, Louis II est toujours confronté à la menace ottomane. Le conflit avec son puissant voisin est toujours en cours et les territoires méridionaux de la Hongrie restent menacés par les Turcs même si la reprise de Šabac permet d’assurer une certaine protection. Seul l’attrition résultant des deux dernières années de conflit, le succès de l’expédition de Charles Quint en Afrique du Nord et le conflit opposant Venise aux Ottomans permet au royaume magyar de connaître un répit fragile, les gouverneurs ottomans locaux continuant de mener durant la fin des années 1520 quelques raids contre les territoires du sud du royaume, tout particulièrement en Croatie. Si la Sainte-Ligue s’est dissoute du fait des divisions au sein des puissances chrétiennes et des échecs dans les Balkans, Louis II peut encore s’appuyer sur Ferdinand de Habsbourg qui soutient militairement le ban de Croatie et sur le soutien financier du pape, même si les divisions et les fragilités de son royaume voient les subsides diminuer. A l’été 1527, le jeune souverain apprend que son parent, le roi Sigismond I de Pologne, semble disposé à le soutenir contre la menace turque, le souverain polonais étant peu désireux de voir les Ottomans devenir encore plus menaçants sur le flanc sud de son royaume.

En plus de ces difficultés inhérentes au royaume de Hongrie, Louis II doit composer avec le développement des idées de Martin Luther au sein de la Bohême dont il est en charge. Le territoire est caractérisé par l’existence des Frères Tchèques, l’église hussite qui avait réussi à imposer son existence au siècle dernier. Mais les similarités entre les doctrines hussites et luthériennes amène une partie des hussites à se rallier aux idées de Luther, principalement l’Union des Frères, alors qu’une partie de la noblesse est influencée par les princes allemands favorables aux idées de Luther. Le royaume connaît cependant un renforcement de l’autorité de Louis II grâce au rôle joué par son épouse dans la mise en place de structures similaires à ce que font ses frères dans leurs territoires respectifs.

Dans ce contexte trouble, le jeune souverain peut s’appuyer sur son épouse, Marie d’Autriche. La jeune femme s’est révélée une remarquable figure politique durant sa régence et est plus que jamais un soutien important pour Louis II alors que les difficultés et défis se font nombreux. La jeune femme est désormais la principale figure influente de la cour et travaille à renforcer l’autorité de son époux sur ses différents domaines mais aussi à consolider les relations de son royaume avec ses frères, l’archiduc Ferdinand et l’empereur Charles Quint, tout en s’efforçant de garder son autonomie vis-à-vis de leurs décisions. Sa vivacité et ses capacités dans la gouvernance et les affaires militaires sont saluées par les Hongrois, car elles compensent la faiblesse de caractère de son époux. Néanmoins, certains de ses choix ne sont cependant pas appréciés et l’empêchent d’acquérir le soutien nécessaire pour assurer la stabilité du royaume alors que les menaces se font nombreuses. La jeune reine continue notamment de s’entourer d’un certain nombre de conseillers germaniques, ce qui n’est pas du goût de plusieurs seigneurs hongrois. Afin de renforcer la position de son époux, elle s’inspire des politiques développées par son frère Ferdinand et cherche à les appliquer en Hongrie, contribuant à l’hostilité vive des magnats à son encontre. Sa relation difficile avec les seigneurs hongrois est aggravée par les soupçons de sympathie qu’elle aurait pour les idées de Martin Luther, une situation qui amène notamment Ferdinand à la mettre en garde si elle devait vraiment suivre ces idées. Ses efforts pour résoudre les problèmes financiers du royaume sont entravés par le fait que Louis II et elle mènent d’importantes dépenses au travers de diverses activités royales. Ses choix et propositions politiques sont cependant parfois entravés par les propres décisions de Louis II qui cherche à ne pas se mettre en porte-à-faux avec ses seigneurs. La jeune reine connaît moins de difficultés en Bohême, même si elle doit encore composer avec l’aristocratie locale. Mais la politique de renforcement du pouvoir de son époux permet à Louis II de pouvoir tirer des ressources de ses domaines de Bohême et de s’émanciper quelque peu de la tutelle des seigneurs, notamment ceux de Hongrie.

A l’été 1527, Marie donne naissance à une fille à qui elle donne le prénom Anne en l’honneur de la mère de Louis II. Cette naissance est accueillie avec soulagement par le jeune couple royal car cela faisait plus de cinq ans que leur mariage existait, et leur donne espoir d’avoir un héritier pour pérenniser le pouvoir de Louis II et qui pourra un jour être désigné pour succéder à son père. Mais durant la même période, Louis II est confronté à une violente fronde des aristocrates hongrois : ces derniers n’ont pas apprécié la tournure qu’a pris la diète de Rákos de l’année précédente et sont déterminés à dénoncer les nouvelles lois mises en place, arguant qu’elles ont été imposées de force. Désormais davantage unifiés face à un défi commun, les membres de la ligue défensive qui regroupe les aristocrates cherchent à imposer leurs vues. Mais Louis II refuse de céder et fait lever la diète alors que les membres de l’Union aventurière entreprend de neutraliser leurs adversaires pour aider le roi à s’imposer. Le jeune souverain, s’appuyant plus que jamais sur son épouse, entreprend de réformer le système fiscal du royaume afin de lutter contre la corruption, notamment en changeant le mode de désignation des percepteurs qui étaient élus au niveau des comtés. Se sentant plus que jamais menacés, les magnats hongrois et une partie de l’aristocratie s’unissent malgré leurs intérêts conflictuels dans une ligue « nationale » destinée à défendre leur influence et pouvoir contre le renforcement du pouvoir royal et l’influence des Habsbourg. Cette ligue cherche à persuader Jean Zápolya à être leur chef, le voïvode de Transylvanie étant réputé comme étant le champion de la cause nationale et un proche prétendant à la couronne hongroise. Mais ce dernier hésite et préfère être neutre, déterminé à défendre au mieux ses propres intérêts et plus occupé à soutenir le prince Radu V de Valachie à préserver sa position. Le voïvode se montre cependant neutre concernant son positionnement face aux conflits internes, donnant l’opportunité aux aristocrates coalisés de fomenter un complot contre Louis II pour le contraindre à revenir sur les lois mises en place à la diète de 1526. La naissance de la princesse Anne précipite leur complot car ils appréhendent le risque de voir Louis II avoir un héritier mâle qui renforcerait son pouvoir. Les conjurés prévoient de faire un coup de force pour la prochaine diète tenue par le souverain. Mais les intérêts parfois contradictoires des conjurés, la vigilance de la reine et la détermination de l’Union aventurière à soutenir le roi entravent ce projet et seul le soutien implicite du voïvode de Transylvanie permet à la ligue aristocrate de mener à bien celui-ci.

En juin 1528 alors qu’une nouvelle diète se tient pour discuter de la réorganisation des structures du royaume et de sa défense face aux Turcs, les membres de la ligue aristocrate tentent un coup de force en se présentant avec des hommes en armes dans l’intention de forcer le roi à céder devant leurs exigences. Cette irruption provoque l’ire des membres de l’Union aventurière et aboutit à un grave affrontement que les contemporains nommeront « la Diète Sanglante ». Louis II échappe aux affrontements mais est marqué par l’agression des aristocrates. Réagissant avec promptitude, il exige l’arrestation et l’exécution des meneurs, même si son chancelier et la reine Marie s’accordent pour le dissuader d’être aussi brutal. Si certains des responsables de la diète sanglante sont arrêtés et jugés pour trahison envers la couronne, d’autres s’échappent vers leurs domaines. Les hommes arrêtés sont condamnés, certains exécutés, d’autres dépossédés de leurs terres. Si l’échec du coup d’état et le châtiment de certains des meneurs contribue à fracturer la ligue aristocrate, elle n’arrête pas les hostilités : plusieurs des conjurés ayant échappé à la colère royale et leurs alliés préfèrent se réfugier sur leurs terres et se préparer à se défendre, arguant de la défense des droits traditionnels et dénonçant l’ingérence étrangère dans les affaires du royaume.

Durant l’hiver 1528-1529 et le printemps 1529, le royaume de Hongrie connaît une période de calme apparent malgré les vives tensions entre les différentes factions. Louis II et son entourage entreprennent cependant de mener à bien des actions destinés à renforcer le pouvoir royal suite aux événements de la Diète Sanglante alors que les aristocrates et nobles hostiles à tout renforcement du pouvoir royal se préparent au pire. L’élément déclencheur est la diète royale de mai 1529 : Louis II réaffirme et renforce les réformes institutionnelles mises en place sur les années précédentes. Ses décisions sont reçues avec une vive hostilité de la part de l’aristocratie et de certains éléments de la noblesse hongroise, mais ces derniers ne peuvent faire fléchir le souverain qui laisse sous-entendre le même sort qu’aux conjurés condamnés pour la Diète Sanglante. Il est soutenu par la noblesse moyenne du royaume qui n’a pas pardonné aux conjurés et aux alliés la tentative de coup d’état de l’année précédente.
La diète de mai 1529 précipite les hostilités : au cours de l’été 1529, les membres de la ligue aristocrate décident de se rebeller pour se défendre et protéger leur pouvoir et influence face à un pouvoir royal jugé de plus en plus menaçant et manipulé par les Habsbourg. Le temps médiocre qui frappe la région durant l’été et l’automne 1529 préviennent toute campagne militaire durant la période et durant l’hiver 1529-1530, ni les rebelles ni Louis II n’entreprenne d’actions, chacun des deux camps se concentrant pour rassembler leurs forces et chercher à obtenir l’aide des autres seigneurs hongrois ou d’alliés extérieurs. Dans ce conflit, ni le voïvode de Transylvanie ni le ban de Croatie ne s’engage pour l’un ou l’autre camp : Jean Zápolya est davantage préoccupé par les troubles touchant la Valachie voisine et le ban de Croatie se retrouve confronté au risque de nouvelles attaques ottomanes. Les rebelles cherchent en vain l’aide de Jean Zápolya puis du nouveau prince de Moldavie, Pierre IV Rareş. De son côté, Louis II peut compter sur son épouse Marie qui révèle un grand intérêt pour le domaine militaire, même si cela la met en porte-à-faux avec certains nobles hongrois qui soutiennent le roi. Ce dernier demande de l’aide de son beau-frère et de son oncle. Si Sigismond I demeure en retrait, Ferdinand de Habsbourg consent à lui fournir quelques hommes.
En mai 1530, lors de la diète royale, Louis II obtient le soutien de la noblesse hongroise dans le conflit contre les rebelles. Il charge le palatin du royaume, Étienne VII Báthory de la répression des rebelles. Ce dernier quitte Buda avec l’armée royale en juin 1530. Durant l’été, de nombreuses escarmouches font rage entre les alliés du roi et ceux des rebelles, ces derniers cherchant à consolider leur position tout en évitant de faire face à l’armée royale. Mais en septembre 1530, l’armée royale rencontre celle des rebelles près de Debrecen. Après un combat violent, les rebelles sont défaits et dispersés alors que plusieurs des chefs sont tués dans l’affrontement. Cette défaite décapite la ligue aristocrate et fragilise le pouvoir des magnats. Lorsqu’il apprend le succès de son palatin début octobre 1530, Louis II hésite entre clémence et sévérité, le manque de caractère du jeune roi étant confronté au traumatisme de la Diète Sanglante. Sur les conseils de son épouse et de son chancelier, il finit par faire preuve de clémence envers les chefs rebelles rescapés, mais prive de leurs terres et richesses les principaux responsables de la Ligue. En dépit de son succès contre les rebelles et du renforcement apparent de son pouvoir, Louis II est plus que jamais confronté à un royaume fragmenté alors qu’il doit désormais composer avec la noblesse moyenne qui a su tirer profit des actions malheureuses des magnats qui ont comploté contre le souverain. D’autres figures importantes du royaume ont su renforcer leur position comme le voïvode de Transylvanie même si sa neutralité est reprochée par certains et qu’il paraît avoir fragilisé sa position de champion des intérêts hongrois. Étienne VII Báthory voit sa position renforcée mais s’attire la jalousie des autres membres de l’élite hongroise ou d’Étienne Báthory de la branche Somlyó qui travaille au service de Jean Zápolya en tant que second du voïvode de Transylvanie.

En juin 1531, Louis II confirme la clémence envers les seigneurs rebelles lors de la diète royale. Durant l’année 1531, le jeune souverain s’efforce de renforcer son royaume et peut tirer profit de l’affaiblissement de l’opposition des aristocrates pour consolider son pouvoir, s’appuyant plus que jamais sur son épouse et son chancelier, l’énergie et les compétences de Marie compensant ses faiblesses. S’il peut s’appuyer sur une partie de la noblesse moyenne du royaume grâce à l’Union aventurière, le jeune souverain voit cependant grandir une opposition venant du reste de la noblesse auxquels se rallient les magnats qui n’avaient pas soutenu les rebelles : la fragilisation de la faction aristocrate bénéficie à la noblesse qui se trouve désormais en acteur principal dans le royaume face au roi. Déterminée à défendre sa nouvelle position de force, la noblesse cherche à s’appuyer sur la diète pour se rendre incontournable dans la gestion du royaume et empêcher un développement trop conséquent du roi. Seul le voïvode de Transylvanie peut contribuer à jouer un rôle conséquent du fait de sa position et ce dernier commence à tirer profit de la nouvelle situation au sein du royaume. La menace turque est au cœur des préoccupations de la cour alors que les troubles des années précédentes ont affecté la capacité militaire et économique du royaume à pouvoir soutenir de nouvelles attaques de l’Empire Ottoman.
En avril 1531, Marie donne naissance à un héritier qu’elle nomme Louis en honneur de son père. Cette naissance est accueillie avec soulagement et joie par le couple royal, car cela éloigne le risque de crise de succession si jamais Louis II devait être tué. Cette naissance renforce aussi le pouvoir royal et contribue à consolider quelque peu la nouvelle opposition qui se forme autour de membres éminents de la noblesse tandis que Jean Zápolya est attentiste, plus occupé à gérer les troubles de la Valachie voisine. Le voïvode de Transylvanie continue cependant de renforcer son influence parmi les nobles hongrois et se présente peu à peu comme un contrepoids au renforcement du pouvoir royal.


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Message par Collectionneur Sam 4 Juin - 22:24

Juste une suggestion pour éviter un doublon dans le chapitre sur les troubles de la Hongrie :
Mais les intérêts parfois contradictoires des conjurés, la vigilance de la reine et la détermination de l’Union aventurière à soutenir le roi entravent ce projet et seul le soutien implicite du voïvode de Transylvanie permet à la ligue aristocrate de mener à bien ''son projet'' - celui-ci -.
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Message par Yodarc Dim 5 Juin - 10:18

Collectionneur a écrit:Juste une suggestion pour éviter un doublon dans le chapitre sur les troubles de la Hongrie :
Mais les intérêts parfois contradictoires des conjurés, la vigilance de la reine et la détermination de l’Union aventurière à soutenir le roi entravent ce projet et seul le soutien implicite du voïvode de Transylvanie permet à la ligue aristocrate de mener à bien ''son projet'' - celui-ci -.

En effet. Merci pour cette suggestion. Je vais rectifier ce passage.
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Message par Yodarc Sam 11 Juin - 9:36

Bonjour !
La nouvelle partie de ce récit va aborder ce qui se passe dans certaines régions d'Europe de l'Est durant les années 1527-1531. Plusieurs territoires y seront présentés avec des événements qui seront assez proches de ceux qui se sont déroulés historiquement, mais avec quelques petites nuances du fait du contexte différent de celui OTL.
J'espère que ce petit aperçu de cette partie d'Europe qui n'a pas été encore abordé saura vous plaire.
Bonne lecture ! Smile

1527-1531 : Aperçu d’Europe de l’est
Les années 1527-1531 voient les équilibres spécifiques de l’Europe de l’est évoluer dans un contexte désormais à part entière.

Au cours des années 1527-1528, le prince Radu V de Valachie s’efforce de conserver sa position et à préserver ses liens avec Jean Zápolya sans susciter la méfiance de l’empire Ottoman. Ce faisant, il envoie en 1528 son fils aîné issu d’un premier mariage, Vlad, à la cour du voïvode de Transylvanie afin de pouvoir renouer avec ce dernier dont l’appui demeure crucial malgré son alliance matrimoniale avec les Craiovescu. Cette alliance suscite cependant le ressentiment du Vornic Neagu et du Postelnic Dragan, partisans traditionnels de la famille des Drăculea dont il est un membre, ces derniers l’accusant d’être un traître. Les deux hommes organisent avec des boyards un complot à la fin de l’année 1528 qui se réalise en janvier 1529 lorsqu’ils poursuivent et rattrapent Radu V à Râmnicu Vâlcea. Le prince cherche à s'enfuir vers la Transylvanie avant de prendre refuge au monastère de Cetățuia, dans la chapelle de Saint-Gheorghe. Mais cela n'empêche pas les conjurés de le capturer et et de le décapiter par les conjurés avant d'envoyer sa tête à Constantinople.
La mort de Radu V provoque une nouvelle série de troubles : les assassins de Radu V choisissent Basarab VI, mais l’écartent rapidement alors que la Sublime Porte désigne en février 1529 Moïse de la lignée des Dănesţi. Basarab est tué en mars tandis que Moïse cherche à s’imposer en attirant la paysannerie à ses côtés, notamment les Craiovescu qu'il élève à la fonction et leur offre de nombreux cadeaux. Sur le plan extérieur, il cherche à maintenir l'autonomie du pays en concluant des alliances avec ses voisins. S’il est soutenu par la Sublime Porte, il cherche à se rapprocher du voïvode de Transylvanie. Mais ce dernier soutient Vlad, le fils de Radu V qui a hérité des terres de Transylvanie de son père. Faute de pouvoir avoir le soutien de Jean Zápolya face à ses rivaux, il entretient une correspondance secrète avec les maires de Brasov et de Sibiu. Le prince de Valachie cherche à tisser des liens avec le nouveau prince de Moldavie, Pierre IV Rareș, les deux hommes ayant en commun le souci de préserver l’autonomie de leurs territoires face aux Ottomans. Son soutien aux Craiovescu, renforcé par le mariage de sa sœur au grand ban Barbu II Craiovescu en février 1530, suscite une forte hostilité des boyards rivaux qui complotent pour se débarrasser de lui. A l’été 1530, Moïse est confronté à une révolte des boyards et s’appuie sur les Craiovescu pour vaincre ses rivaux. En juillet 1530, il affronte ses adversaires à Viișoara dans le comté d’Olt mais est vaincu et tué par le fils de Vlad V, Vlad. Ce dernier devient Vlad VI et entreprend de restreindre le pouvoir des Craiovescu et de se faire reconnaître par la Sublime Porte pour pouvoir conserver sa nouvelle position. Cette dernière lui donne un soutien de principe, toute concentrée à régler les problèmes résultant des expéditions de la Sainte-Ligue. Cela permet cependant à Vlad VI de consolider quelque peu sa position. Afin de pouvoir préserver son pouvoir et cherchant des alliés solides, il épouse la fille de Pierre IV de Moldavie, Anna. Ses relations avec le voïvode de Transylvanie sont plus posées que pour son prédécesseur, s'assurant de ne pas être menacé par une potentielle attaque du fils de Radu V.

Alors que la principauté de Valachie connaît des troubles, sa voisine, la principauté de Moldavie, est beaucoup stable. Suite à la mort abrupte d’Etienne IV, c’est Pierre Rareș qui lui succède sous le nom de Pierre IV. Le nouveau prince de Moldavie s’efforce de développer de bonnes relations avec ses voisins, notamment la principauté de Valachie où une de ses filles épouse un des princes, Vlad VI. Ses relations avec le royaume de Pologne sont plus compliquées, la principauté de Moldavie étant en conflit larvé avec les rois de Pologne sur la province du Pocutie depuis les années 1490. Cela l’amène à entrer en conflit avec le royaume polonais en 1530 lorsqu’il envahit la province contestée. S’il connaît quelques succès initiaux, le prince moldave ne peut empêcher les polono-lituaniens de triompher de ses forces à l’été 1531 à la bataille d’Obertyn et de menacer ses terres.

Durant les années 1527-1531, Sigismond I de Pologne consolide sa position. Il intègre ainsi le duché de Mazovie au royaume après la mort de son représentant en 1527. Afin de pérenniser sa lignée, il fait élire son fils Sigismond roi de Pologne en 1529.
Sur le plan diplomatique, le souverain développe ses relations avec le royaume de France afin de faire concrétiser le projet d’alliance avec ce dernier au travers du mariage de sa fille aînée avec le roi Charles IX afin de contrer Charles Quint. Sigismond s’inquiète des relations qui se tissent entre le souverain Habsbourg et la grande-principauté de Moscovie qui demeure une importante menace pour le duché de Lituanie dont il est aussi le dirigeant. A cela s’ajoute les griefs de Charles Quint à son encontre du fait du serment de vassalité d’Albert I de Prusse ou du fait qu’il ait accepté un dirigeant ayant adhéré aux idées luthériennes. Il développe des relations importantes avec son neveu Louis II de Hongrie quand ce dernier lui demande son soutien pour pouvoir protéger son royaume de la menace ottomane. Durant cette période, Sigismond I est aussi confronté à l’attaque du prince Pierre IV de Moldavie sur la province du Pocutie dans les années 1530-1531 que ses armées défont à l’été 1531.

Durant les années 1527-1531, Albert I de Prusse est confronté à de nombreux défis. S’il est devenu le vassal de Sigismond I de Pologne et protégé de ce dernier, il demeure confronté au risque de mise au ban de l’empire pour son refus de venir se présenter devant la cour impériale de justice. Devenu luthérien, il est un des acteurs actifs de la ligue de Torgau visant à défendre les droits des princes luthériens face à Charles Quint. Pour les mêmes raisons, il rejoint la Ligue de Marbourg en 1530. Du fait de son mariage avec Dorothée du Danemark, le duc soutient Frédéric I contre son neveu Christian II lorsque ce dernier mène une expédition pour tenter de reprendre le trône, envoyant quelques hommes comme mercenaires soutenir son beau-père.
En parallèle de ces actions diplomatiques, le duc entreprend de maintenir de bonnes relations avec les nobles qui lui sont vassaux, s’appuyant sur les richesses de ses terres ou obtenus par la nationalisation des biens de l’Église du fait de son adhésion aux idées luthériennes.

Durant la fin des années 1520, Vassili III continue de renforcer son pouvoir en s’appuyant sur le clergé orthodoxe au détriment des boyards, n’hésitant à faire arrêter ou exécuter ceux qui s’opposent à lui, comme Vassian Patrikeyev qui désapprouve son divorce avec sa première épouse Solomonia Sabourova parce qu’elle ne pouvait lui donner d’héritier après plus de vingt ans de mariage. Mais les premières années de son mariage avec Elena Glinskaya ne sont pas fructueuses, amenant certains dans la grande-principauté à y voir un châtiment divin. La situation change cependant en août 1530 lorsqu’Elena donne naissance à Ivan.
Sur le plan diplomatique, le prince maintient une paix compliquée avec Sigismond I de Pologne. Il développe aussi des liens avec l’empereur Charles Quint, notamment dans le cadre de contrer la menace ottomane au sud, mais aussi pour avoir un potentiel allié contre le souverain polonais. Dans cette optique, il permet à Søren Norby, un amiral danois, de rejoindre Christian II dans les Pays-Bas, voulant l’utiliser comme représentant auprès de Charles Quint et de Christian II, le dernier étant un beau-frère de l'empereur.
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Message par Collectionneur Sam 11 Juin - 10:27

Vu le différentiel de puissance entre le royaume de Pologne et la principauté de Moldavie - même soutenu par l'Empire ottoman qui soutient son intégrité territoriale -, je trouve que cette tentative d'invasion en 1530/1531 extrêmement aléatoire.
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Message par Yodarc Sam 11 Juin - 10:52

Collectionneur a écrit:Vu le différentiel de puissance entre le royaume de Pologne et la  principauté de Moldavie - même soutenu par l'Empire ottoman qui soutient son intégrité territoriale -, je trouve que cette tentative d'invasion en 1530/1531 extrêmement aléatoire.

Je suis d'accord et je peux concevoir que l'événement soit surprenant voire "illogique".
C'est pourtant ce qui s'est apparemment passé historiquement. Petru IV a décidé de reprendre les revendications de son territoire sur la Pocutie malgré la différence de rapport de force. Évidemment, cela s'est mal passé pour les Moldaves qui se sont fait battre à Obertyn (j'ai gardé cette bataille parce que l'écart entre la réalité historique et celle alternative me paraît d'une certaine manière encore faible dans cette région du monde pour faire une différence concrète).
Vu le nombre d'exemples de territoires ou de figures historiques s'en prenant à plus gros qu'eux avec des succès variables (Alexandre Le Grand vs Empire Perse, Japon vs Etats-Unis/Chine/Royaume-Unis, France révolutionnaire vs Europe monarchique...), le cas de Pierre IV de Moldavie en est un parmi d'autres, même si dans son cas, il y a une revendication "dynastique" qui fait sens dans le contexte de l'époque et qui a été à l'origine d'un premier conflit entre Pologne et Moldavie à la fin du XVe siècle/début XVIe siècle (si je devais faire une comparaison hasardeuse, ce serait comme la Navarre et la Castille/Espagne à la même période).
La vérité est que j'ai pesé le pour et le contre dans la démarche moldave. Historiquement, elle a eu lieu alors que l'empire Ottoman a su bénéficier de la défaite hongroise de Mohacs et de la division du royaume entre les Habsbourg et les Zapolya. Dans la réalité alternative décrite dans mon récit, si l'empire ottoman reste aux positions correspondantes à celles du début des années 1520, le royaume de Hongrie n'est pas en meilleure forme (surtout avec les troubles dépeints dans la précédente partie). J'ai considéré que le rapport de force n'était pas assez bouleversé pour amené Pierre IV à changer de mentalité (sachant qu'historiquement, ses premières années semblent avoir été marquées par de nombreuses expéditions militaires. Peut-être qu'il avait été aveuglé par ses premiers succès et qu'à l'instar de la grenouille qui voulait être aussi grosse que le bœuf, il a pensé faire jeu égal à Sigismond I de Pologne (avis personnel soi-dit en passant pour cette phrase)).
Le soutien de l'empire ottoman est ce qui a sans doute amené Pierre IV à agir historiquement de la sorte : il savait que les Polonais ne l'envahiraient pas sans risquer l'ire ottomane. Même si je n'ai pas mentionné ce fait dans le texte, c'est un facteur qui demeure plausible dans cette réalité alternative (même si l'empire ottoman a d'une certaine manière d'autres chats à fouetter sur la période, aspect qui sera exploré dans une partie ultérieure).
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Message par Collectionneur Sam 11 Juin - 11:03

Le wiki indique un rapport de force - pour les effectifs - de un à trois en faveur des Moldaves dans la bataille finale. J'ai peut-être écrit un peu trop vite, les polonais n'ayant pas alors déployer énormément de moyens, Petru IV avait des chances de l'emporter :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Obertyn
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