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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 9 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Flosgon78 Jeu 29 Déc - 23:29

excellent !
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Message par Yodarc Sam 31 Déc - 9:42

Bonjour !
En ce dernier jour de l'an de grâce 2022 du calendrier grégorien (mais nous serions au jour de grâce 17 décembre 2022 du calendrier julien), je vous présente la quarante-troisième partie de mon récit sur le seizième siècle alternatif du règne de Charles IX, fils de Louis XII et roy des François.
Dans cette partie, découvrez le contexte italien de la fin des années 1540 marqué par le grand conflit entre Charles IX et Charles Quint. Plusieurs états italiens impliqués dans le conflit et un rapport de force qui évolue peu à peu en faveur d'un camp et rétablit un statu quo. Découvrez la perspective italienne du conflit et ses répercussions sur les différents territoires de la péninsule (sans compter le royaume de Naples, associé aux Habsbourg) et sur les cantons suisses.
Deus vult ! Bonne lecture !

1545-1549 : Guerre en Italie
La fin des années 1540 est marquée par le conflit qui oppose Charles IX et Charles Quint et qui affecte la péninsule italienne.

En février 1545, Paul IV et la Ligue de Pérouse attaquent la république de Sienne et celle de Florence au prétexte de leur excommunication. Le souverain pontife et ses alliés envoient une armée de quinze mille hommes menés par Cosme de Médicis et Camille Colonna qui sont rejoints par une armée espagnole de dix mille hommes venant du royaume de Naples et commandée par Pierre Alvarez de Tolède alors que le Medeghino mène une troupe de trois mille mercenaires au nom des Sforza. Les deux armées attaquent d’abord la république de Sienne, assiégeant d’abord en mars 1545 la forteresse de Montalcino qui protège la route au sud de la cité. Malgré une forte résistance et un soutien des siennois, Montalcino finit par se rendre courant avril 1545. Pierre Alvarez de Tolède et ses alliés se tournent sur Sienne et l’assiègent à partir de mai 1545. Les siennois résistent avec détermination, recevant parfois de l’aide des Florentins, mais le priori finit par céder sous la pression des mercenaires chargés de défendre la cité, amenant à la reddition de la cité en juillet 1545. Après ce succès, Pierre Alvarez de Tolède et ses alliés remontent sur Florence et entreprennent de l’assiéger à partir de mi-août 1545. Les Florentins mènent une résistance acharnée, commandés par Francesco Ferrucci et Philippe Strozzi. La résistance opiniâtre des Florentins et l’arrivée de l’armée française d’Anne de Montmorency forcent les espagnols et leurs alliés à lever le siège en octobre et à se replier sur Sienne. Durant l’automne 1545, ils entreprennent de renforcer le contrôle du territoire de Sienne, s’emparant notamment de Volterra et de Piombino sur l’hiver 1545-1546.
Honorant son alliance signée l’année précédente avec Charles IX, la République de Venise attaque le duché de Vérone dans l’espoir d’un soutien français. Les vénitiens reçoivent une aide initiale des français, mais l’attaque de la ligue de Pérouse et des espagnols contre Sienne et Florence amènent Anne de Montmorency à descendre vers le sud, restreignant la capacité de la Sérénissime à agir sur le territoire véronais, notamment dans leur siège contre la cité entre juin et août 1545. Les vénitiens sont obligés de lever le siège après une violente escarmouche à Ronco all'Adige début août 1545 où une de leurs forces se sont étriller par des mercenaires suisses recrutés par le gouverneur de Vérone, Ferdinand Gonzague. Ce revers et la résistance véronaise oblige les vénitiens à se replier sur Vicence.
Début 1546, les armées espagnoles et pontificales ont consolidé leur contrôle du territoire de Sienne et continuent de menacer celui de Florence. Pierre Alvarez de Tolède et le Medeghino décident de s’emparer d’Arezzo et de remonter vers Bologne et Modène pour isoler Florence et Anne de Montmorency alors que Cosme de Médicis et Pier Luigi Farnèse protègent Sienne. Les espagnols et leurs alliés s’en prennent à Castello del Calcione en mars 1546 avant de capturer Arezzo début avril 1546. Remontant vers le nord, les espagnols s’emparent de Montevarchi en mai 1546, mais se replient après la chute de Bibbiena aux mains des français début juin 1546. Pierre Alvarez de Tolède retourne à Sienne et laisse une garnison protéger Arezzo. Cette garnison résiste aux attaques d’Anne de Montmorency à l’été 1546, recevant de l’aide des forces espagnoles et pontificales.
En parallèle de la campagne espagnole, Cosme de Médicis et Pier Luigi Farnèse défendent Sienne contre la tentative d’Anne de Montmorency et de Francesco Ferrucci de s’en emparer sur le siège de mars à avril 1546 avant que les français et leurs alliés ne lèvent le siège. Après le siège, ils réorganisent leurs forces et entreprennent de réorganiser la vie de la cité sous leur autorité, même si une rivalité forte existe entre les deux hommes, Pier Luigi cherchant à s’affirmer comme le nouveau dirigeant de Sienne alors que Cosme de Médicis révèle des qualités d’administrateur qui suscite la jalousie du fils de Paul IV (1).
Durant l’année 1546, Venise attaque de nouveau le duché de Vérone, recevant notamment l’aide de mercenaires grisons. A l’été 1546, les vénitiens partent de nouveau assiéger Vérone. Malgré leurs efforts, ils ne parviennent pas à s’emparer de la cité et sont obligés de lever le siège en septembre 1546. Les vénitiens doivent faire face à une incursion de mercenaires germaniques durant l’automne 1546 qui saccagent le territoire de Vicence.
Au début de l’année 1547, les armées espagnole et papale remontent de nouveau sur Florence pour tenter de s’en emparer. Le second siège de la cité débute en avril 1547 et est tout aussi difficile et âpre que le premier, la cité ayant été renforcée par les français durant l’année précédente et toujours défendue par Philippe Strozzi et Francesco Ferrucci. Ces derniers n’hésitent pas à mener des raids contre leurs adversaires, s’emparant notamment de Castelfiorentino en juillet 1547 et menaçant Volterra en août. Les deux condottieres et le Conseil des Dix doivent cependant ménager leurs mercenaires qui ont du mal à être soldés, notamment à cause de la présence des forces d’Anne de Montmorency durant l’année précédente. La chute de Gênes impacte le siège alors que Pise est attaqué et capturé courant août 1547 par Andrea Doria, isolant Florence de toute aide extérieure. Francesco Ferrucci cherche à capturer la cité et à assurer un lien avec les ports français de Méditerranée, mais doit affronter le Medeghino et Camille Colonna en septembre 1547 à Pontedara. Si le condottiere parvient à repousser ses adversaires, il est grièvement blessé dans l’affrontement, l’empêchant d’exploiter son succès et de tenter de s’en prendre à Pise. La chute de Pise et le décès de Francesco Ferrucci peu après la bataille de Pontedara précipite les événements à Florence lorsqu’une des mercenaires décident de trahir la cité et de la livrer aux espagnols et aux membres de la ligue de Pérouse début octobre 1547. Philippe Strozzi et son fils échappent de peu à la capture et rallient Anne de Montmorency dans le duché de Milan.
En juin 1547, Andrea Doria mène une flotte transportant une armée commandée par Alfonso de Ávalos et la débarque près de Gênes. Alors que les espagnols entreprennent le siège de la cité, Andrea Doria fait le blocus du port. La ville résiste aux attaques espagnoles grâce au commandement de Blaise de Monluc et de Sampero Corso. Elle manque cependant de tomber lors de la Fronde de Saint-Jean-Baptiste, lorsque les communes génoises se soulèvent de nouveau contre les français. L’échec de l’insurrection fragilise cependant la garnison qui doit se rendre début juillet 1547. Après ce succès, Andrea Doria envoie une partie de sa flotte faire le blocus de Pise alors que l’autre mène des raids sur les côtes française. Les navires de course sont cependant défaits à la bataille des Iles d’Hyères en août 1547. Sa flotte permet à ses alliés de s’emparer de Pise en août 1547, isolant davantage Florence.
La république de Venise subit au printemps 1547 une attaque de lansquenets germaniques arrivant par la principauté-évêché de Trente. La Sérénissime parvient à défendre Vicence et parvient à repousser l’assaut des mercenaires germaniques à l’été 1547, grâce notamment à l’intervention d’Anne de Montmorency qui s’empare de Brescia en mai 1547. A l’automne 1547, les vénitiens tentent une nouvelle attaque contre Vérone qui échoue malgré un renfort des français.
Début 1548, les différentes armées espagnole et papale remontent vers le nord pour attaquer le duché de Milan. Remontant le territoire du duché de Modène, Pierre Alvarez de Tolède, Alfonso de Ávalos et Camille Colonna reprennent Modène et Parme en mars et avril 1548. Ils doivent cependant assiéger Plaisance, la garnison française offrant une résistance forte à leurs forces au cours des mois de mai et de juin 1548. Début juillet 1548, ils affrontent Anne de Montmorency près de Codogno. Leurs forces épuisées par le siège de Plaisance, manquent de faiblir sous les coups de l’artillerie française, mais les assauts des mercenaires grisons permettent aux tercios espagnols et aux piquiers suisses de renverser la situation et à forcer les français à se replier sur Milan. Pourchassant Anne de Montmorency, ils le forcent à abandonner Milan fin juillet 1548. Ils sont stoppés sur le Tessin par des mercenaires grisons menés par Philippe Strozzi début août 1548, leur empêchant de neutraliser le reste des forces françaises. Cela ne les empêche pas de s’emparer du reste du duché de Milan à la fin de l’été 1548. Au début de l’automne 1548, Camille Colonna amène ses forces en direction de la république de Venise alors que cette dernière subit une nouvelle attaque des forces impériales qui s’emparent notamment de Trévise en juillet 1548. Le doge de Venise préfère négocier une trêve avec les impériaux et les représentants du pape, étant désormais isolé dans la péninsule et privé du soutien français.
A l’hiver 1548-1549, Paul IV et ses alliés entreprennent des négociations avec Charles IX, les négociations se tenant à Cambrai. Paul IV parvient à obtenir l’installation de son fils Pier Luigi à la tête du duché de Sienne et le rétablissement des Médicis à Florence, même si une régence est mise en place avec Cosme de Médicis et Victoria Farnèse. Il force Charles IX à choisir entre le duché de Milan et l’Artois, bien qu’il cherche à ne pas trop affaiblir le roi de France au profit de Charles Quint avec lequel il se retrouverait en vive concurrence, ce dernier ayant un allié en la personne d’Andrea Doria qui s’impose à la tête de la république de Gênes. Le choix de Charles IX de l’Artois permet à Paul IV d’affaiblir toute l’influence française construite au cours des années précédentes dans la péninsule et de renforcer la sienne, notamment avec les Sforza restaurés à Milan. A l’issue du traité, Venise renonce à toutes revendications sur Vérone en l’échange de la restitution de Vicence. Andrea Doria restaure enfin la république génoise, mais impose une règle de doges biennaux et forcent les Albergo à se réorganiser en 400 familles patriciennes, affaiblissant les plus importantes comme les Adorno ou les Fieschi. Il doit cependant renoncer au territoire de Sanremo encore contrôlé par les français.

Durant la fin des années 1540, les cantons suisses se retrouvent divisés sur la marche à suivre face au conflit entre Charles Quint et Charles IX. Si certains cantons de l’Union Chrétienne sont prêts à soutenir les Habsbourg et le pape en leur envoyant des mercenaires, d’autres préfèrent rester neutres alors qu’une partie des cantons réformés se rapprochent du royaume de France. Ces divisions suscitent d’importantes tensions, d’autant plus que ces désaccords se doublent des divisions confessionnelles qui s’étaient établies dans la décennie précédente. L’Alliance des Trois Ligues s’engage plus ouvertement dans le conflit en soutenant Charles IX à partir de 1546, mais se retrouvant ce faisant isolée par rapport à la Confédération suisse. La fin de la guerre renforce les divisions au sein de la confédération suisse entre ceux qui considèrent qu’il est préférable de demeurer en retrait des conflits de leurs voisins et ceux qui veulent continuer de pratiquer la politique de mercenariat.
Les divisions confessionnelles se consolident de nouveau au sein des différents cantons alors que les idées du concile de Mantoue se diffusent et s’imposent dans les cantons catholiques. Pour faire face à une Église catholique plus combattive, les cantons réformés développent des parades au travers des discours ou de décisions visant à contrer le renouveau catholique qui remettrait en question les acquis obtenus sur les deux dernières décennies, notamment au regard de la puissance des autorités laïques ou la distribution des biens de l’Église. Parmi les décisions développées figurent celle de renforcer l’éducation locale pour que chaque personne soit en mesure de lire et de comprendre la Bible. Zurich fait partie des cantons mettant en œuvre cette politique, s’inspirant notamment des décisions de Christian III de Danemark.
Dans cette période trouble, Jean Calvin continue de jouer un rôle crucial dans la république de Genève, affermissant ses idées dans la vie politique et religieuse de la cité. Face au renforcement d’une Église catholique plus active du fait des décisions du concile de Mantoue, le prédicateur français entreprend de renforcer la primauté de ses idées théologiques. Pour contrer le développement des idées issues du concile de Mantoue, Jean Calvin rédige en 1545 une ébauche de texte destiné à unifier les églises luthérienne, zwinglienne et calviniste et leurs doctrines de sacrements, aidé par Heinrich Bullinger. Le texte initial est envoyé aux différentes églises suisses, mais le synode de Berne s’y oppose. Aidé par Guillaume Farel et Heinrich Bullinger, Jean Calvin retravaille le texte qui prend sa forme définitive à l’été 1546, devenant le Consensus de Zurich. Le texte est publié à Zurich et Genève en 1548 : il tente de coaliser les idées calvinistes et les doctrines zwingliennes tout en s'opposant à la transsubstantiation de la vision catholique, et l'union sacramentelle de la vision luthérienne. Le texte est accepté par la majeure partie des églises suisses et est diffusé au-delà de la Confédération Suisse. L’activité politique et théologique de Jean Calvin nourrit une opposition sourde au sein de Genève, tout particulièrement parmi les notables qui se retrouvent soutenu par des représentants du clergé catholique, notamment l’ancien évêque, Pierre de la Baume puis son successeur, Louis de Rye, le neveu de Pierre de la Baume. Cette opposition se cristallise avec l’exécution de Jacques Gruet à l’été 1547 et éclate de façon violente lors d’une émeute en décembre 1547 où la population genevoise exprime sa vive opposition à Jean Calvin. Seul le soutien du conseil de la ville évite à Jean Calvin de fuir Genève, mais l’opposition et l’hostilité se renforcent et se développent.

A la fin des années 1540, Charles III de Savoie parvient à diriger son duché dans une relative stabilité. Le duc doit cependant gérer le conflit opposant Charles Quint et Charles IX de France, notamment du fait des liens qui existent entre le canton de Berne et la couronne française. Les difficultés françaises en Italie et la prise de Gênes à l’été 1547 l’amène à se tourner vers Charles Quint du fait de sa position de prince d’empire. Il entreprend de jouer un rôle d’intermédiaire entre son suzerain et Charles IX de France dans les négociations à Cambrai. La fin du conflit lui permet de se concentrer de nouveau sur le Vaud et la république de Genève. Ses relations avec Charles IX se sont amoindries alors que celles avec Charles Quint se sont renforcées. Charles III soutient de manière implicite l’opposition au conseil de Genève et à Jean Calvin, soutenant Louis de Rye pour gagner de nouveau de l’influence sur la petite république et contrer celle de Jean Calvin dont les écrits se diffusent dans les cantons suisses et au-delà. Le duc développe et renforce ses liens avec le Saint-Siège et construit des liens avec les cantons de l’Union Chrétienne pour isoler les cantons réformés et empêcher Genève d’être soutenue. Il joue un rôle important dans l’affirmation du catholicisme combattif issu du concile de Mantoue pour s’en servir comme arme pour combattre les idées de Calvin.

Durant la fin des années 1540, en plus de combattre Charles IX en Italie, Paul IV continue de mener le combat pour raffermir la primauté de l’Église catholique dans la Chrétienté, notamment face aux souverains nordiques qui se présentent désormais comme les protecteurs de la foi prétendue réformée. La guerre entrave la capacité du pape à diffuser ses décisions à l’ensemble de la Chrétienté et ce n’est qu’après le traité de Cambrai que plusieurs des décisions prises sur les années 1545-1548 peuvent s’épanouir dans les différents royaumes, notamment en France. Paul IV poursuit le développement pratique des décisions du concile de Mantoue, notamment dans le développement des séminaires. Pour faciliter l’épanouissement des séminaires, il charge les Frères Apôtres de Pierre Faber de la responsabilité des séminaires dans la Chrétienté et ailleurs. La même année, il autorise la création de l’Inquisition portugaise. Il cherche aussi à faire refléter le caractère ferme et combattif de l’Église issue du concile au travers des arts, amenant les artistes à commencer à développer un art imposant et étincelant. Face à l’évolution des courants prétendus réformés dans les discours et leur organisation, Paul IV fait interdire différents écrits au sein des territoires pontificaux et entreprend de négocier avec des représentants des fois protestantes, comme Melanchthon, même si ces négociations ne commencent qu’à partir de 1549. Le pape contribue à rendre Ancône prospère et dynamique, faisant de cette dernière un port majeur de l’Adriatique.
Sur le plan diplomatique, Paul IV parvient à renforcer l’influence papale au cœur de l’Italie grâce à l’installation de son fils Pieri Luigi à Sienne et au retour des Médicis à Florence, sa petite-fille jouant le rôle de régente pour son fils Alessandro II. En 1547, il songe à la faire remarier à Guidobaldo della Rovere, veuf de Giulia Varano en février 1547, mais renonce pour pouvoir asseoir l'influence de sa famille sur Florence en soutenant la position de régente de Victoria au nom de son petit-fils et contrer les vues du cardinal Ippolito de Médicis. Le pape rétablit des relations avec Charles IX alors que celles avec Charles Quint se détériorent quelque peu du fait qu’il ait poussé l’empereur à renoncer à l’Artois dans le traité de Cambrai. Malgré cette dégradation, le pape échange avec les Habsbourg concernant la question épineuse des princes luthériens du Saint-Empire qui continuent de sévir et se sont renforcés avec la paix de Passau de 1546. Il s’accorde avec l’empereur pour renforcer la diffusion des décisions mantouanes dans le Saint-Empire. Le pape renforce ses liens avec Jean III de Portugal, notamment face au renforcement des Saadiens au Maroc qui laisse prévoir une menace au sud de la Méditerranée. Dans le contexte du conflit contre Charles IX, il rejette la demande de Nicolas de Lorraine à être libéré de ses fonctions ecclésiastiques alors que ce dernier succède à son frère François I de Lorraine à cause de ses sympathies françaises.

Sienne tombe aux mains des alliés de Paul IV à l’automne 1545, mettant un terme au Priori qui la dirigeait. La ville est d’abord gérée par Cosme de Médicis et Pier Luigi Farnèse, même si une vive rivalité émerge entre les deux hommes, notamment du fait des revendications de Pier Luigi sur la cité et sa région. Ces querelles manquent de faire perdre Sienne à la Ligue de Pérouse lors de son siège par Anne de Montmorency au printemps 1546, mais les talents militaires de Cosme de Médicis évitent la catastrophe. La situation de dyarchie dure jusqu’au début de l’année 1547 où Cosme de Médicis quitte Sienne pour soutenir Camille Colonna et les espagnols dans le siège de Florence. Pier Luigi commence à imposer son autorité sur la cité, s’en prenant notamment à l’aristocratie républicaine et impose des taxes importantes à la ville, renforçant le ressentiment de ses habitants qui déplorent le départ de Cosme de Médicis. Le traité de Cambrai le conforte en tant que dirigeant de la cité et du duché de Sienne qui remplace la république. Pier Luigi entreprend de réformer son nouveau duché en réformant le système administratif et judiciaire, en réorganisant les finances de la cité et en soutenant l'ouverture de collèges universitaires. Le duc cherche aussi à se parer d'une nouvelle force armée pour garantir la sécurité et rénove la forteresse de Montalcino. Si plusieurs des changements menés par Pier Luigi Farnèse sont bien accueillis, la hausse des taxes et le caractère brutal du nouveau duc contribuent à la réorganisation de la faction républicaine qui entreprend de comploter contre ce dernier, tirant profit de l’hostilité d'une partie de la population.

En dépit d’une forte résistance héroïque contre la Ligue de Pérouse et les espagnols, Florence est prise à l’automne 1547, mettant un terme au Conseil des Dix et de leur régime théocratique. Cosme de Médicis est le premier Médicis à revenir dans la cité depuis 1540 avant que le traité de Cambrai ne confirme le rétablissement de la famille à la tête de la cité, permettant le retour d’Alessandro II. Le fils d’Alessandro le Maure étant un enfant, c’est à sa mère, Vittoria née Farnèse et à Cosme de Médicis de mener une régence et de réorganiser la vie de la cité et de sa région. Ce choix de régence est contesté par le cardinal Ippolito de Médicis, mais l’influence de Paul IV permet à Vittoria de s’imposer. Les deux régents doivent aussi gérer les intrigues de Lorenzino de Médicis, un proche et ami d’Alessandro I de Florence, ce dernier désirant aussi jouer un rôle prépondérant dans la vie politique du duché. Vittoria et Cosme déploient leurs talents et capacités pour réorganiser la vie de la cité et pour former Alessandro II à son futur rôle de duc de Florence. Ils soutiennent une alliance avec les Habsbourg. La régence conjointe rapproche Vittoria et Cosme, la première étant veuve et le second célibataire et un allié précieux pour assurer la pérennité des Médicis à Florence.

Si le duché de Milan a été épargné par les combats durant les années 1545-1547, il tombe aux mains des armées espagnole et papale lors des affrontements de 1548, permettant à Maximilien Sforza d’entrer à Milan en septembre 1548. Le traité de Cambrai assure la restauration des Sforza en tant que famille ducale dans la région. Maximilien Sforza et les siens passent le reste de l’année 1549 à réorganiser le duché tout en tirant profit de certaines des décisions prises par les français durant leur présence dans le duché. Maximilien Sforza doit cependant gérer le coût important du conflit et les ravages qu’ont pu subir certaines localités du duché. Il s’appuie sur la prospérité de Bari pour compenser en partie le coût, mais doit s’appuyer sur les Fugger pour résoudre le défi financier.
Sur le plan diplomatique, les Sforza consolident leurs relations avec Paul IV et les Médicis, développant des échanges en direction des États pontificaux et la république de Gênes. Leurs relations avec cette dernière sont plus ambiguës, mais Maximilien Sforza entreprend de développer des liens plus cordiaux avec Andrea Doria. Ils renouvellent les relations commerciales avec la république de Venise pour permettre au duché de retrouver tôt ou tard sa prospérité. Par le biais du duché de Bari, ils renforcent leurs relations avec le royaume de Naples. Ils entretiennent d’importants liens avec les Habsbourg, mais aussi le duché de Savoie. Leurs relations avec l’Alliance des Trois Ligue sont en revanche plus difficiles du fait des tensions autour de la Valteline. Ils entretiennent enfin des relations complexes avec les cantons suisses, peu désireux de devenir de nouveau dépendants de ces derniers mais conscients du rôle important qu’ils aient joué dans le conflit.

Après la capture de Gênes à l’été 1547 et le traité de Cambrai de mars 1549, Andrea Doria est le maître incontesté de la république génoise. L’amiral génois met en place un système de doges biennaux pour éviter les rivalités politiciennes entre les familles patriciennes et réorganise les Albergo de façon à affaiblir leur influence sur la cité. Mais l’amiral demeure le véritable maître de la cité, même s’il refuse de prendre la seigneurie de Gênes ou de devenir doge, acceptant la position de « censeur perpétuel ». Pour protéger la république restaurée de futures attaques étrangères, Andrea Doria parraine la construction d’un nouveau mur d’enceinte. Il entreprend aussi de relancer les échanges commerciaux, principalement avec les territoires italiens et espagnols.
Sur le plan diplomatique, Andrea Doria fait alliance avec Charles Quint et développe d’importantes relations avec Paul IV. Il soutient Charles Quint et les espagnols lors de l’expédition de 1549 contre les Saadiens au Maroc, même si des soupçons de double jeu pèsent sur l’amiral. Ses relations avec le royaume de France sont neutres et difficiles, même si les échanges commerciaux reprennent entre la république maritime et le royaume de la fleur de Lys.

Après le conflit difficile contre Charles Quint et la ligue de Pérouse, la république de Venise se concentre de nouveau sur les échanges commerciaux, notamment avec l’Empire Ottoman. Elle renoue avec difficulté avec ses voisins, même si ses relations demeurent tumultueuses avec le marquisat de Mantoue ou le duché de Ferrare et Modène. Ses relations avec Charles IX sont cordiales mais distantes. Quant aux Habsbourg, leurs relations sont neutres et incertaines à cause du contentieux sur le territoire de Vérone, même si la Sérénissime reconnaît la suzeraineté de la Maison d’Autriche sur la région et renoue avec les échanges commerciaux avec Vérone.

Bien qu’il fasse partie de la Ligue de Pérouse et que le duché de Modène ait été affecté par les combats, le duc Hercule II d’Este demeure en retrait du conflit. Après la fin de la guerre, il passe les années suivantes à réorganiser ses territoires, notamment ceux du duché de Modène qui ont été affectés par la guerre, ce qui suscite une importante contrainte financière pour le duc. Cette situation est quelque peu difficile pour le duc qui cherche à rééquilibrer les caisses de l’État. Le conflit amène le duc à prendre une approche plus neutre, développant ses relations avec ses différents voisins, notamment Venise. Le duc cherche à prendre ses distances avec Paul IV et les Habsbourg, ce qui l’amène à développer des relations avec Charles IX de France.

Le duché de Mantoue (2) demeure neutre dans le conflit opposant Charles IX aux alliés de Charles Quint et du pape : les régents de François III (3), sa mère Marguerite de Montferrat et son oncle, l'évêque de Mantoue Hercule de Gonzague, préfèrent préserver le duché et le marquisat de Montferrat face au risque d'attaque des français et à la menace que peut représenter Charles III de Savoie. Le second oncle de François III, Ferdinand de Gonzague, participe en revanche en tant que condottiere au conflit aux côtés de la Ligue de Pérouse. Durant les dernières années de la régence mantouane, Hercule de Gonzague achève de stabiliser les finances du duché par la création de manufactures citadines.

(1) Pier Luigi Farnèse est une personne très ambitieuse qui avait la réputation d'être cruel, impitoyable et décadent. La présence d'une personne compétente et efficace comme Cosme de Médicis ne pouvait que susciter la jalousie et le conflit de la part du fils du pape qui ne voulait pas voir son dû lui échapper.
(2) Le titre de duc a été accordé par Charles Quint en 1531 du fait du rôle de Mantoue dans la tenue du concile œcuménique pour réformer l’Église catholique et contrer l'expansion des idées luthériennes et zwingliennes. Les efforts d'Isabelle d'Este, la mère de Frédéric II, et le soutien du pape Pie IV ont permis d'aboutir à cette décision.
(3) François III est le fils de Frédéric II de Mantoue et de Marguerite de Montferrat, né en 1534.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 9 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Collectionneur Sam 31 Déc - 10:15

D'après ce que j'ai compris. Il n'y a pas trop de changement territoriaux dans les nombreux États de la la botte italienne. C'est leurs alignements politiques qui changent :

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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 9 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 31 Déc - 10:56

Collectionneur a écrit:D'après ce que j'ai compris. Il n'y a pas trop de changement territoriaux dans les nombreux États de la la botte italienne. C'est leurs alignements politiques qui changent :

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C'est en effet l'alignement politique qui change par rapport à la réalité politique, notamment du fait des alliances matrimoniales qui ne correspondent pas à celles historiques (notamment Catherine de Médicis/Francesco Sforza fils de Maximilien).

Il y a cependant quelques différences notables avec la réalité historique et cette carte de l'Italie en 1600 est utile pour commenter sur certaines de ces différences géographiques et politiques :
_ la papauté demeure une force politique notable dans la région. Historiquement, la mise à sac de Rome en 1527-1528 (mai 1527 à février 1528) a été un coup dur pour la papauté, Clément VII cédant notamment la couronne de fer d'Italie à Charles Quint lors de son couronnement à Bologne en 1530, permettant aux Habsbourg de développer leur présence en Italie. Ici, l'absence des guerres d'Italie entre 1515 et 1544 (ce qui correspondrait aux cinquième, sixième, septième, huitième et neuvième guerres d'Italie) et des événements qui s'y attachent permettent à la papauté de garder le poids politique qu'elle avait au début du XVIe siècle grâce notamment aux actions des Borgia ;
_ la République de Venise est amoindri au nord-ouest du fait de la présence d'un duché de Vérone inexistant historiquement. Dans la LTO, Vérone a été contrôlé par Maximilien de Habsbourg de 1509 à 1517 avant de la rendre aux vénitiens en 1517, sans doute du fait des succès de François I en 1515-1516 et de la nécessité de restaurer la paix en Italie (sans compter le fait que Maximilien I était vieillissant à cette époque). L'absence du conflit de 1515 permet aux Habsbourg de garder le contrôle de Vérone et de sa région (ce que j'ai imaginé en duché), assurant à la Maison d'Autriche une présence en Italie du nord (présence qu'historiquement est assurée non seulement par le royaume de Naples, mais aussi à partir de 1535 avec le duché de Milan (par la maison d'Espagne dans un premier temps, puis la Maison d'Autriche après la guerre de succession d'Espagne) ;
_ le duché de Milan est toujours contrôlé par les Sforza (sans compter l'occupation française de 1540-1547) dans cette réalité alors qu'historiquement, le duché a été sous le contrôle de Maximilien Sforza de 1513 à 1515, celui des français de 1515 (Marignan) à 1521 et de 1524 à 1525 (Pavie) et celui de Francesco II Sforza (frère de Maximilien) de 1521 à 1525 puis de 1525 à 1535 avant que Charles Quint ne récupère le duché et l'accorde à son fils après la disparition du dernier représentant des Sforza (acte qui sera une des causes du déclenchement de la huitième guerre d'Italie entre 1535 et 1538). Sur le plan territorial, Milan a de nouveau perdu la Valteline contrôlée par l'Alliance des Trois Ligues (qui semble sous le contrôle du duché espagnol de Milan sur cette carte de 1600) ;
_ le duché de Savoie connaît une meilleure situation qu'historiquement : si elle subit les mêmes déboires sur Genève qu'historiquement (notamment concernant le Vaud et le Valais), il n'est pas occupé par les Français durant la guerre de 1535-1538, ce qui avait valu à Charles III de Savoie de fuir son duché pour rejoindre son beau-frère Charles Quint. Il faudra attendre la paix de Cateau-Cambrésis pour voir le duché retourné à la maison de Savoie et au fils de Charles III, Emmanuel-Philibert I. Il est à noter que la succession savoyarde ne sera pas la même qu'historiquement : au moment du début de la guerre de 1535-1538, l'héritier de Charles III était Louis, mais ce dernier décède à Madrid en 1536, amenant son jeune frère Emmanuel-Philibert à devenir le nouvel héritier. L'absence d'invasion de la Savoie par les français dans cette période permet la préservation de la succession "initiale" de Charles III et bouleverse la future destinée d'Emmanuel-Philibert : avant la mort de son frère, il était destiné à la voie ecclésiastique (j'ai même imaginé un petit récit bio sur sa vie alternative qui pourrait rejoindre une des appendices de ce récit) ;
_ le duché de Parme n'existera pas (du moins pas sur le court et moyen terme) : il avait été créé par Paul III pour permettre à son fils Pier Luigi Farnèse d'avoir un territoire à la hauteur de ses ambitions au détriment du duché de Modène et Ferrare qui en était plus ou moins le détenteur (la papauté ayant des liens importants avec Parme et Plaisance à cette période). Dans cette réalité alternative, c'est Sienne qui sert les ambitions de Pier Luigi (historiquement, Sienne a été une des cibles potentielles de Pier Luigi Farnèse comme territoire à gouverner avec Milan et Plaisance qui fera historiquement partie du duché de Parme) ;
_ Gênes est quelque peu amoindri avec la présence française à Sanremo, mais demeure proche sur le plan territorial de la puissance présentée sur la carte de 1600. Une différence politique notable est cependant à noter : la république mise en place par Andrea Doria est installée deux décennies après sa date historique. Dans la LTO, Andrea Doria met en place le système décrit dans le récit à partir de 1528-1529 après avoir rallié Charles Quint dans le contexte de la septième guerre d'Italie. Ici, le système des doges à vie s'est maintenu jusqu'à 1532 (occupation milanaise) et Andrea Doria met en place son système visant à affaiblir les Albergo qu'en 1548-1549.

Je conclus en précisant que dans les appendices du récit, il y aura des cartes qui permettront de voir les récurrences et différences sur le plan territorial pour les différents royaumes et duchés de l'époque, mais aussi les conflits et leur évolution.
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Message par Yodarc Mer 4 Jan - 21:50

N.B : j'ai ajouté une mention à la fille d’Éléonore dans la partie "1532-1535 : les défis des Habsbourg".
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 9 Empty L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 7 Jan - 10:58

Bonjour à tous !
Aujourd'hui, petit tour chez les Habsbourg pour voir leur perspective du conflit contre Charles IX de France et les différents à-côtés du conflit, mais aussi les autres tendances et événements qui caractérisent la période dans les domaines qu'ils gèrent. Des échos à des événements et phénomènes ayant eu lieu historiquement mais dans un autre contexte et souvent plus tard que dans la chronologie en cours.
J'espère que cette partie saura vous plaire.
Bonne lecture !


1545-1549 : Défis habsbourgeois
Les années 1545-1549 sont marquées par les conflits et leurs défis pour Charles Quint et sa famille.

Charles Quint est confronté durant la fin des années 1540 à un important conflit avec Charles IX de France. S’il a le soutien de Paul IV et de la Ligue de Pérouse, l’empereur est confronté à de nombreux défis, ne pouvant envoyer facilement des renforts aux Pays-Bas du fait de la menace des navires français et de la neutralité du royaume d’Angleterre. A ces difficultés s’ajoutent le fait que les Pays-Bas subissent un blocus à la fois des français et de Christian III de Danemark, fragilisant son économie et son commerce. Les côtes du royaume d’Espagne sont attaquées par des navires français alors que les galions revenant du Nouveau-Monde subissent des attaques de corsaires français à partir de l’été 1545. Il y a enfin la résurgence de troubles dans le Saint-Empire romain alors différents localités luthériennes et princes décident de contester l’Intérim d’Augsbourg, certains s’alliant même avec Guillaume V de Clèves ou Christian III de Danemark comme Magdebourg et Brême. Le décès de François I de Lorraine et l’arrivée au pouvoir du duc Nicolas II contribue à compliquer davantage la situation du fait de la proximité du duc de Lorraine avec la couronne française.
Pour faire face à ces différents, il charge Pierre Alvarez de Tolède de commander une armée pour attaquer les positions françaises en Italie et leurs alliés au début de l’année 1545 alors qu’Alfonso de Ávalos est chargé d’attaquer le royaume de Navarre et la Guyenne. Il échange avec son frère Ferdinand de Habsbourg pour qu’il s’occupe de la résurgence des rébellions protestantes dans le Saint-Empire romain. Les attaques espagnoles contre le sud du royaume de France échouent, notamment à Bayonne lors de l’été 1545 lorsqu’Odet de Foix force les espagnols à lever le siège de la cité alors que les français empêchent les espagnols à pénétrer les terres de Basse-Navarre. Pierre Alvarez de Tolède aide l’armée pontificale à s’emparer de Sienne. Charles Quint charge aussi sa flotte à combattre les navires français qui harcèlent les côtes du royaume d’Espagne et cherche à soutenir sa sœur Éléonore aux Pays-Bas en envoyant de petites flottilles pour lui donner des renforts.
Charles Quint cherche à s’appuyer sur tous les alliés possibles et à en trouver de nouveaux. S’il peut s’appuyer sur la ligue de Pérouse et Paul IV, il doit compter sur son frère Ferdinand pour contrer la menace de l’alliance de Torgau. L’empereur est contraint d’accepter les conditions demandées par les membres de l’alliance de Torgau lors du traité de Passau, conscient d’avoir besoin du soutien des princes d’empire pour avoir les subsides pour pouvoir combattre Charles IX et rassembler des mercenaires pour aider les Pays-Bas et combattre en Italie. Il en a d’autant plus besoin du fait de la difficulté à envoyer des flottilles par la Manche. Avec le traité de Passau, l’empereur entreprend de charger son frère à recruter des mercenaires pour aider Eléonore à contrer les français dans les Pays-Bas et faire pression sur Nicolas II de Lorraine pour qu’il renonce à soutenir Charles IX. L’empereur charge Alfonso de Ávalos d’attaquer de nouveau la basse-Navarre pour menacer les français au sud. Charles Quint est aussi attentif aux événements se déroulant en Italie, y voyant une opportunité pour affaiblir les français dans la péninsule et remettre les Sforza à la tête du duché de Milan. Il apprend la progression de Pierre Alvarez de Tolède avec la capture d’Arezzo et de Montevarchi. Les difficultés des alliés du pape à s’emparer de Florence et le risque de voir les français parvenir à briser leurs attaques malgré le retrait d’Anne de Montmorency vers le duché de Milan amènent Charles Quint à accepter le plan d’Andrea Doria de tenter une prise de Gênes par la mer. L’empereur prépare une importante flotte durant l’hiver 1546-1547 et charge Andrea Doria et Alfonso de Ávalos du commandement des forces de la flotte.
La chute de Gênes, l’isolement des français en Italie et le renoncement de Guillaume V de Clèves au duché de Gueldre au traité de Venlo de septembre 1547 permettent à Charles Quint de renforcer sa position face à Charles IX. Sa position se renforce d’autant plus qu’il signe aussi la paix avec Christian III de Danemark lors de la diète de Ratisbonne de juin 1547. Dans le traité, Charles V reconnaît Christian III comme le roi légitime du Danemark, et promet de ne pas fournir de soutien militaire à Jean II et ses héritiers. En échange de cela, la politique danoise devient pro-habsbourgeoise afin de prévenir les menaces directes de l'Empire et Christian III confirme la reconnaissance de Jean II comme roi de Norvège. Une clause supplémentaire déclarait également que le roi du Danemark respecterait les droits de l'Ordre Teutonique en échange du respect de Charles Quint pour Albert I de Prusse. Ce traité permet à Charles Quint de restaurer en partie ses échanges commerciaux et d’isoler davantage le roi de France.
En 1548, les succès de ses armées en Italie permettent à l’empereur d’entreprendre des négociations avec Charles IX, conscient qu’il doit aussi gérer l’impact financier du conflit, notamment dans la perte des échanges commerciaux avec la Ligue hanséatique dans le nord ou les ravages de la guerre de course menée par le roi de France contre ses navires. Les négociations de l’hiver 1548-1549 sont difficiles, notamment concernant le sort du duché de Milan et de l’Artois. Charles Quint souhaiterait rétablir les Sforza sur le duché de Milan, mais la perte de l’Artois renforcerait les français au nord et pourrait menacer le fragile équilibre au sein des Pays-Bas, même avec l’acquisition du duché de Gueldre et de Zeuthen. Ses conseillers sont divisés : certains considèrent les Pays-Bas trop coûteux à entretenir et la perte de l’Artois ne serait pas lourd à supporter alors que d’autres refusent de voir une partie des terres héréditaires des Habsbourg être cédées. Son épouse Isabelle défend les intérêts ibériques et défend des positions proches des conseillers castillans qui estiment que la conservation de l’ensemble des Pays-Bas est plus importante que de redonner le duché de Milan à la maison des Sforza. A ces arguments s’ajoute le fait que Charles IX est désormais chassé d’Italie et devra tôt ou tard renoncer au territoire. La pression du pape et des Sforza pousse l’empereur à renoncer à reprendre une partie de l’Artois lors du traité de Cambrai au profit de la restauration des Sforza à Milan.
La fin de la guerre et le retour de la paix permet à Charles Quint de rétablir les échanges commerciaux pour ses différents domaines et de les réorganiser. Son héritier Philippe l’accompagne à l’automne 1549 dans les Pays-Bas et les terres d’empire. Charles Quint commence à songer à faire de son fils aîné son héritier pour ses différentes couronnes, mais son épouse Isabelle exprime son désaccord sur le sujet, défendant les intérêts ibériques et considérant que leur fils est davantage héritier des couronnes de Castille et d’Aragon que de la couronne impériale. Charles Quint profite de sa visite dans les terres d’empire pour chercher à instituer l’Intérim d’Augsbourg dans son application originelle tout en cherchant à s’appuyer sur les princes luthériens favorables au compromis pour empêcher l’émergence de nouvelles coalitions.
Sur le plan diplomatique, Charles Quint entretient après le traité de Cambrai des relations incertaines et tendues avec Charles IX, notamment à cause de la question de l’Artois. L’empereur Habsbourg cherche à développer ses relations avec le royaume d’Angleterre dans l’espoir de la détacher de son lien avec le royaume de France. Il renforce ses relations avec le royaume de Norvège et entretient des relations neutres avec Christian III de Danemark. Ses relations avec Paul IV demeurent fortes même si des désaccords et des dissensions affectent leur bonne entente. Il développe une relation d’alliance avec Andrea Doria, ce qui lui permet de renforcer l’influence du royaume d’Espagne sur la Méditerranée occidentale. Charles Quint consolide ses relations avec son frère Ferdinand en faisant marier sa fille Marie avec son neveu Maximilien. L’empereur maintient sa relation avec Jean III de Portugal, même si son fils Philippe est veuf dès 1545, son épouse Marie-Manuelle décédant peu après la naissance de leur unique enfant, Charles. Les deux souverains s’inquiètent du renforcement des Saadiens au Maroc alors que la position d’Abû al-`Abbâs Ahmad ben Muhammad en tant que sultan du Maroc est plus que jamais fragilisée. L’empereur et son épouse apprennent aussi les tensions qui secouent le califat hafside avec notamment l’opposition entre le nouveau calife, Ahmed III, et le gouverneur de la Goulette. Ayant eu vent du blocus de la forteresse et des avances diplomatiques du calife en direction de Soliman avec notamment la venue d’une flottille turque à Tunis à l’été 1548, Charles Quint rassemble une flotte à l’été 1549 pour intimider le calife et le forcer à respecter le traité de 1541. La même année, le royaume de Naples connaît une violente émeute en réaction à la mise en place de l’inquisition par le vice-roi, forçant Charles Quint à révoquer l’édit mettant en place l’inquisition.

Durant les années 1545-1549, Ferdinand de Habsbourg se retrouve chargé par son frère de gérer les affaires impériales alors que la guerre fait rage entre ce dernier et Charles IX. L’archiduc d’Autriche fait face à une nouvelle révolte de certains des princes protestants dans le nord de l’empire. Il cherche le soutien d’autres princes de l’empire, notamment Louis II de Hongrie ou Guillaume IV de Bavière. S’il obtient le soutien de ces princes, l’archiduc d’Autriche voit le nord du Saint-Empire tomber sous l’influence de l’alliance de Torgau et descendre vers le sud. En parallèle de s’appuyer sur d’autres princes pour contrer l’alliance de Torgau, Ferdinand de Habsbourg cherche à négocier avec les membres de l’alliance pour mettre un terme au conflit et les détacher de l’alliance avec les français et les danois.
Au début de l’année 1545, les membres de l’alliance de Torgau déploient leurs forces et prennent le contrôle du nord des terres de l’empire, forçant les autres princes et cités à la neutralité ou étant ralliés par d’autres cités, comme Hildesheim qui se rallie au luthéranisme au début de l’année. Le seul affrontement majeur intervient lors de la révolte de Goslar en avril 1545, ville impériale ayant rallié le protestantisme de manière officieuse après l’Intérim d’Augsbourg et révélant ses allégeances avec le déclenchement de la guerre entre Charles Quint et Charles IX. Henri II de Brunswick-Wolfenbüttel cherche à réprimer la révolte, mais se retrouve défait par une armée menée par son cousin Ernest de Brunswick-Lunebourg et forcé de s’enfuir vers la Bavière. En juin 1545, l’alliance de Torgau envoie son armée vers le sud et les terres héréditaires des Habsbourg pour faire pression sur ces derniers, notamment Ferdinand de Habsbourg, ce dernier étant en charge des questions impériales en l’absence de son frère. Face à eux font face Guillaume IV de Bavière, Louis II de Hongrie et Bohême et quelques autres princes soutenant Ferdinand de Habsbourg. Ce dernier cherche cependant à négocier pour éviter de voir le conflit se renforcer au détriment de son frère alors qu’il est en guerre contre Charles IX. Les membres de l’alliance de Torgau échangent avec l’archiduc d’Autriche en dépit des demandes de Christian III de ne point échanger avec le frère de l’empereur. Ces échanges n’empêchent pas des affrontements de se réaliser, notamment à Bayreuth fin juillet 1545 où Maurice de Saxe défait une armée composée de soldats de Louis II de Hongrie, de Guillaume IV et de mercenaires engagés par Ferdinand de Habsbourg. Ce succès lui permet d’avoir accès au royaume de Bohême, au cœur de la Franconie ou aux terres héréditaires des Habsbourg. Maurice de Saxe pénètre en Bohême à l’automne 1545, provoquant le ralliement d’une poignée de hussites à l’alliance de Torgau, mais échoue à s’emparer de Prague en octobre 1545. Après cet échec, il descend sur le Tyrol, forçant Ferdinand de Habsbourg à négocier avec lui et ses alliés.
Les négociations sont difficiles, notamment du fait des pressions de Christian III de Danemark et Charles IX sur l’alliance de Torgau, et se compliquent avec le décès d’Ernest de Brunswick-Lunebourg en janvier 1546, fragilisant l’alliance de Torgau et ses positions face à Ferdinand de Habsbourg et manquant de provoquer la fin des négociations. Un traité de paix est finalement signé à Passau fin mars 1546. Dans ce traité, Ferdinand maintient l’Intérim d’Augsbourg, mais en atténue le contenu et l’ampleur de son application pour permettre la liberté de pratique pour les luthériens. Le traité provoque la colère de Paul IV et la résignation de Charles Quint. Ce traité permet cependant à l’archiduc d’Autriche et roi des romains d’obtenir le soutien de la majeure partie des princes allemands pour soutenir Charles Quint contre Charles IX.
Suite au traité de paix de Passau, Ferdinand de Habsbourg parvient à obtenir à l’été 1546 des subsides des princes d’empire lors de la diète de Ratisbonne, ce qui lui permet de recruter des mercenaires à l’hiver 1546-1547 pour le compte de son frère. Il charge ces mercenaires de soutenir sa sœur Éléonore de Habsbourg contre les attaques françaises contre les Pays-Bas alors qu’une partie rejoint les mercenaires suisses qui combattent en Italie. Il envoie aussi une force faire pression sur le duc Nicolas II de Lorraine pour l’amener à renoncer à soutenir Charles IX. Cette force armée pénètre le duché au printemps 1547 et affronte l’armée du duc et de Claude de Guise près de Lünstadt en mai 1547. Si le duc et son parent défont les mercenaires, le duché a été ravagé par ces derniers, amenant Nicolas II à traiter avec Ferdinand de Habsbourg pour préserver son duché et sa nouvelle position malgré l’opposition de Claude de Guise et de Charles IX. Un traité est signé en octobre 1547 qui voit le duc de Nicolas II forcé de devenir neutre dans le conflit en échange de la reconnaissance de sa position de duc de Lorraine. Lors de la nouvelle diète de Ratisbonne de l'été 1547, Ferdinand signe au nom de son frère la paix avec Christian III de Danemark.
Le traité de Cambrai permet le retour de la paix et à l’archiduc de se concentrer davantage sur ses domaines après avoir passé une partie du conflit à représenter son frère auprès des princes allemands. La visite de son frère en compagnie de son neveu suscite cependant chez Ferdinand une certaine inquiétude à l’idée de voir Charles désigner son fils comme son héritier à la couronne impériale alors qu’il l’avait désigné comme roi des romains en 1530. Il cherche à préserver la paix de Passau en développant les relations avec les princes luthériens, notamment les plus modérés. Il renforce aussi ses liens avec plusieurs princes catholiques, notamment son beau-frère Louis II de Hongrie et de Bohême avec le mariage entre sa fille Marie et l’héritier du trône hongrois, Louis. Il renforce aussi ses liens avec Guillaume IV de Bavière au travers du mariage de sa fille Anne avec son héritier Albert en 1547. Au printemps 1549, Ferdinand fait enfin marier son héritier Maximilien à sa nièce, Marie d’Autriche et accepte de faire marier son fils Ferdinand à Cunégonde Jagellon, la sœur du nouveau roi de Pologne, Sigismond II. Sur ses terres, l’archiduc parvient à affaiblir l’influence et la diffusion des idées luthériennes grâce à la mise en application des décisions du concile de Mantoue, notamment par la mise en place de séminaires, le premier à Innsbruck en 1548.
La fin de la guerre permet aux princes d’empire de retrouver la prospérité et de renouer avec les échanges. La paix de Passau n’empêche cependant pas les tensions entre luthériens et catholiques alors que des penseurs et théologiens des deux confessions diffusent des messages et discours visant à défendre la légitimité de leur message et à dénigrer celui de l’autre. Les princes luthériens entreprennent d’affermir leur position et à empêcher le retour de représentants du clergé catholiques sur leurs terres alors que les princes catholiques entendent contrer la moindre diffusion des idées luthériennes et calvinistes et raffermir la foi catholique, notamment par l’établissement de séminaires permettant la formation des membres du clergé. Ainsi, Guillaume IV de Bavière fait de l’université d’Ingolstadt un haut-lieu pour les clercs catholiques allemands et y autorise la création d’un séminaire en 1549. Certains princes des deux confessions cherchent cependant à tisser des relations apaisées. Si la plupart des princes soutiennent plus ou moins Charles Quint, certains s’en détachent par les liens qu’ils possèdent avec des royaumes voisins, comme Albert I de Prusse ou Nicolas II de Lorraine dont les liens importants avec la couronne française sont sources de tensions entre le duc et Charles Quint. Le second est dans une posture inconfortable du fait du refus du pape Paul IV de le libérer de ses fonctions ecclésiastiques.

Éléonore de Habsbourg doit gérer de nouvelles attaques françaises et gueldroises en 1545. Au sud, Charles IX fait campagne dans l’Artois, assiégeant Arras durant l’été 1545. La gouvernante des Pays-Bas envoie une force commandée par Philibert de Chalon pour tenter de forcer les français de lever le siège en juillet 1545, mais échoue à dégager la capitale de l’Artois qui finit par se rendre en septembre 1545 avant que Lens ne soit prise peu après. Au nord, Marteen van Rossum défait Philippe de Lallaing à Curange (1) fin mai 1545 avant de mener une nouvelle campagne en direction d’Anvers. Le mercenaire gueldrois ravage le Brabant, s’empare d’Herentals avant d’atteindre Anvers début juillet 1545. Le siège fait rage durant le mois de juillet, Marteen van Rossum et ses hommes ravageant les environs d’Anvers, mais échouant à s’emparer de la cité. Les gueldrois lèvent le siège à la fin du mois et remontent vers le duché de Gueldre, s’emparant notamment de Tilbourg courant août 1545, échappant à la traque de Philibert de Chalon. Près de Bois-le-duc à l’assomption 1545, son armée fait face à celle de Philibert de Chalon. L’affrontement est brutal, les mercenaires de Marteen van Rossum tirant profit de l’Aa pour neutraliser la force du comte d’Orange, ce dernier se faisant blesser au cours de l’affrontement, provoquant la débandade de ses forces. Malgré ce succès, Marteen van Rossum remonte vers le duché de Gueldre, le rejoignant par Nimègue en septembre 1545.
Grâce à l’aide de Philibert de Chalon et de Philippe de Lallaing, la gouvernante des Pays-Bas reprend le contrôle de Louvain en mars 1545 après un siège difficile au début de l’année. Elle charge Philippe de Lallaing de reprendre Hasselt et Maastricht afin de pouvoir frapper les duchés de Clèves et de Juliers pour forcer la sortie de Guillaume V de Clèves du conflit. Philippe de Lallaing mène une armée en mai 1545 pour attaquer Hasselt, mais doit affronter près de Curange Marteen van Rossum. L’armée habsbourgeoise est battue et forcé de se replier sur Louvain. Éléonore doit rappeler Philibert de Chalon du sud pour qu’il défende Anvers. Il atteint Anvers en juillet, mais manque de peu l’armée de Marteen van Rossum. Il pourchasse ce dernier et finit par le rejoindre à Bois-le-Duc à l’assomption 1545. Durant l’affrontement, Philibert de Chalon est blessé et ses forces obligées de se replier. Le comte d’Orange décède de ses blessures en septembre 1545.
Au début de l’année 1546, Éléonore de Habsbourg doit faire face à plusieurs défis. En avril 1546, la cité de Gand se révolte, excédée par les dividendes à payer pour soutenir l’effort de guerre des Habsbourg. Cette révolte donne l’opportunité à Charles IX de France de tenter une nouvelle campagne pour aider la cité rebelle et tenter de s’enfoncer dans le comté de Flandres. La gouvernante des Pays-Bas charge Philippe de Lallaing de réprimer la révolte. Ce dernier assiège Gand en mai 1546 et finit par s’emparer de la cité courant juin 1546 alors que la menace française se précise au sud. Seule la résistance de la garnison de Lille permet à Philippe de Lallaing de reprendre le contrôle de Gand au nom des Habsbourg. Suite à la reprise de la ville, les meneurs sont exécutés. Philippe de Lallaing envoie des renforts à Lille pour protéger la cité et forcer les français à lever le siège. A l’été 1546, alors que les français descendent au sud après avoir levé le siège de Lille, Philippe de Lallaing sécurise la région et renforce les défenses de Lille. A l’automne 1546, il est chargé de reprendre Maastricht et de neutraliser Guillaume V de Clèves. Accompagné de René de Chalon, le fils de Philibert, Philippe de Lallaing reprend Hasselt en octobre 1546 et attaque Maastricht en novembre 1546. Il est soutenu par Antoine I d’Oldenbourg qui envoie des mercenaires pour attaquer le duché de Gueldre, forçant Guillaume V de Clèves et Marteen van Rossum de contrer ces derniers. Philippe de Lallaing reprend Maastricht début février 1547, lui ouvrant les portes du duché de Juliers qu’il attaque sans hésitation. Il est aidé dans cette attaque par l’arrivée d’une force de lansquenets envoyés par Ferdinand de Habsbourg pour aider Eléonore de Habsbourg contre les français et les gueldrois. Les lansquenets attaquent le duché de Clèves et s’empare de la ville en mars 1547 alors que Philippe de Lallaing s’empare de Juliers à la même période. La perte de ses deux principaux domaines force Guillaume V à négocier la paix. Lors du traité de Venlo de septembre 1547, le duc renonce au duché de Gueldre et à Zeuthen qui reviennent à Charles Quint.
Durant l’été 1547, Philippe de Lallaing attaque Tournai et l’assiège à partir de juillet 1547. L’approche de l’armée de Charles IX le force à lever le siège et à se replier sur Bruxelles. Éléonore de Habsbourg et le comte de Hoogstraten entreprennent de soutenir Ypres alors que cette dernière est attaquée par les français, forçant ces derniers à lever le siège à l’automne 1547.
En 1548, Éléonore de Habsbourg voit ses forces renforcées par l’arrivée de mercenaires germaniques. Elle charge Philippe de Lallaing d’attaquer l’Artois et de la reprendre. Ce dernier reprend ainsi Denain et Douai au printemps 1548 et menace Arras. A l’approche de l’armée de Claude d’Annebault et de Charles IX, son armée remonte vers le nord et rejoint Lille et résiste à la nouvelle tentative des français à s’emparer de la cité.
Avec le traité de Cambrai de mars 1549, Éléonore de Habsbourg reprend le contrôle du territoire de Dunkerque et de Naumur, mais perd l’Artois, ce qui nourrit des relations difficiles et tendues avec le royaume de France. Le retour de la paix lui permet cependant de travailler à la restauration de ses domaines, notamment dans le commerce. Elle rétablit le commerce avec le royaume de France, renforce celui avec les royaumes britanniques et scandinaves et s’efforce de rétablir les relations avec les terres ibériques. Sur les ordres de son frère, elle châtie aussi Gand pour sa révolte en 1546 en décrétant une nouvelle constitution, la Concessio Carolina. Cette dernière, développée par Charles Quint, dépouille la ville de ses anciens droits et libertés, et même de ses armoiries, fusionne la guilde des tisserands et 53 autres guildes en 21 corporations, révoque les privilèges des guildes, hormis ceux des boucheurs et des expéditeurs, et détermine le choix des échevins par des magistrats nommés par des représentants de l’empereur.

(1) Localité près d'Hasselt.


Dernière édition par Yodarc le Mar 6 Juin - 20:08, édité 1 fois
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Message par Yodarc Sam 14 Jan - 10:30

Bonjour à tous !
Aujourd'hui, détour par les royaumes nordiques pour voir comment ces derniers évoluent à la fin des années 1540, notamment le royaume de Norvège et son nouveau souverain Jean II. Des tendances similaires à la réalité historique s'y dessinent, mais aussi des relations bien plus complexes du fait de l'indépendance de la Norvège.
J'espère que ce passage saura vous plaire.
Bonne lecture !

1545-1549 : Scandinavie à la croisée des chemins
Les années 1545-1549 sont pour les royaumes scandinaves une importante période d’évolutions alors qu’ils mettent en place des évolutions et des décisions importantes dans un contexte troublé.

Les premières années de règne de Jean II de Norvège sont dans la lancée des dernières années de celles de son père Christian II. Le jeune roi poursuit la majeure partie des politiques mises en place par son père, notamment sur le plan religieux où il s’appuie beaucoup sur le clergé norvégien et combat les idées luthériennes et autres prétendues réformées par tous les moyens. Déterminé à renforcer son royaume et son pouvoir, le jeune souverain entreprend aussi de développer des réformes destinées à améliorer la gestion de son royaume, mais aussi à renforcer sa légitimité. Il cherche notamment à renouveler la noblesse norvégienne anémiée depuis de nombreuses décennies et très touchée par les mariages au sein de la noblesse danoise. Pour gouverner, Jean II s’appuie à la fois sur la charte de 1524 et le Landelove rédigé par son père. En plus de mettre en place une nouvelle noblesse qui est dévouée à la couronne, le souverain norvégien s’appuie sur la classe marchande qui commence à s’épanouir du fait du développement du commerce du royaume avec ses différents voisins, cherchant à s’inspirer de la politique menée par Éléonore de Habsbourg tout en s’assurant le soutien du Riskråd et du clergé.
Poursuivant la politique économique de son père, Jean II renforce les relations économiques et commerciales avec les îles britanniques et les Pays-Bas, même si le contexte de la guerre des Charles entrave les échanges économiques avec les terres habsbourgeoises du fait des blocus et des guerres de course menées par les français pour perturber le commerce néerlandais. Le royaume exporte principalement du poisson et du bois avec ses voisins. Cela amène Jean II à développer la flotte norvégienne afin de pouvoir assurer le commerce, mais aussi le lien avec les îles Féroé et l’Islande. Renforçant ses contacts avec l’Islande à partir de 1547, Jean II échange avec les évêques de l’île, notamment Jón Arason, la figure religieuse la plus importante de l’île. Le renforcement des liens entre le royaume norvégien et les îles de l’Atlantique nord amène à un renforcement des expéditions de pêcheurs islandais vers l’ouest et le Groenland, alors considérée sous suzeraineté norvégienne malgré la perte de contact avec les habitants nordiques de l’île.
Sur le plan religieux, Jean II entreprend de renforcer la position de l’Église catholique et de contrer la diffusion des idées luthériennes et des autres doctrines prétendues réformées. Il s’inspire de la politique des Pays-Bas pour mettre en place une politique répressive conséquente, tirant profit du soutien du clergé catholique pour contrer les prédicateurs et les discours protestants. A la différence de son père qui avait eu des contacts avec Luther, Jean II ne fait aucun compromis avec les personnes défendant les idées luthériennes et prétendues réformées, d’autant moins alors que la menace danoise ou suédoise demeure forte à ses frontières et que le risque de voir sa couronne contestée par Christian III demeure possible. Cette politique répressive résulte notamment à l’exécution par bûcher de trois prédicateurs luthériens à l’été 1547. La politique religieuse de Jean II pousse les prédicateurs et penseurs protestants à entrer dans la clandestinité ou à rejoindre les royaumes du Danemark et de Suède.
Sur le plan diplomatique, Jean II reste neutre dans le conflit qui oppose Charles IX de France et Charles Quint, désireux de préserver l’indépendance de son royaume alors que la menace d’une coalition entre Gustave I de Suède et Christian III de Danemark demeure importante. Le jeune souverain entretient des relations compliquées et incertaines avec ses voisins, cherchant cependant à détacher Gustave I de Christian III en jouant sur le risque de tentative de résurrection de l’union de Kalmar. Le traité de Ratisbonne de juillet 1548 permet à Jean II d’avoir des relations plus apaisées avec Christian III de Danemark, ayant la confirmation de la reconnaissance de son titre de roi de Norvège en échange de la renonciation au titre de roi de Danemark. En parallèle de ces relations diplomatiques incertaines, le jeune souverain renforce ses liens avec les Habsbourg et le royaume d’Écosse, notamment sur le plan commercial et économique.

Sur la fin des années 1540, Christian III est impliqué dans le conflit opposant Charles Quint à Charles IX. Allié du roi de France, le roi du Danemark impose un blocus sévère au niveau de l’Øresund, empêchant les navires hollandais de rejoindre les cités de la mer baltique, souvent contrôlées par la Ligue Hanséatique. Ce blocus est l’occasion pour le souverain danois d’affaiblir la ligue hanséatique pour briser sa domination économique dans la région. Christian III soutient aussi l’alliance de Torgau, escomptant affaiblir Charles Quint et soutenir le mouvement protestant dans les terres d’empire, notamment en envoyant des mercenaires holsteinois. Christian III accueille les nouvelles des succès de Maurice de Saxe et de ses alliés avec joie, mais l’annonce des négociations entre les membres de l’alliance de Torgau et Ferdinand de Habsbourg et ses alliés poussent le roi danois à envoyer de nombreuses correspondances pour dissuader ses alliés de négocier avec leurs adversaires. Christian III et ses représentants ne peuvent cependant empêcher la signature du traité de paix de Passau qui voit l’Intérim d’Augsbourg amoindri et les princes de l’alliance de Torgau reconnaître de nouveau l’autorité de Charles Quint. Sur les années 1546-1547, le roi du Danemark continue de mener sa guerre économique contre Charles Quint et Éléonore de Habsbourg , tout en entamant des négociations avec les Habsbourg pour mettre un terme au conflit. Un traité est signé à Ratisbonne en juillet 1547 en présence de la diète d’empire. Dans ce traité, Charles Quint renonce à soutenir les revendications de Jean II de Norvège et de ses héritiers sur la couronne danoise et respecte la position d'Albert I de Prusse. En échange, Christian III confirme la reconnaissance de Jean II comme roi de Norvège et adopte une politique pro-habsbourgeoise et respecte les droits des chevaliers teutoniques auquel il vend les territoires estoniens qu’il contrôlait.
En parallèle de la guerre économique qu’il mène aux Habsbourg, Christian III continue de gouverner son royaume, continuant de renforcer la réforme religieuse de son royaume, en s’appuyant notamment sur les penseurs et prédicateurs réformés qui choisissent l’exil en provenance des îles britanniques, du royaume de Norvège ou de certains des territoires d’empire. Cet entourage contribue à l’épanouissement de l’université de Copenhague, mais aussi au développement de politiques éducatives destinées à renforcer l’influence du luthéranisme au sein du royaume et visant aussi à contrer la résurgence d’une pensée catholique militante s’appuyant sur les idées et réflexions issues du concile de Mantoue. La paix de Ratisbonne permet à Christian III de se concentrer davantage sur les affaires du royaume tout en tirant profit du commerce retrouvé avec les Pays-Bas. L’agriculture commence à se renforcer grâce au développement des relations commerciales, notamment avec les royaumes d’Europe centrale et ceux d’Europe du sud.
Sur le plan diplomatique, Christian III se détache de Charles IX et se rapproche de Charles Quint. S’il reconnaît Jean II sur le trône de Norvège, ses relations avec son parent demeurent compliquées. Le roi du Danemark conserve des relations cordiales avec Gustave I de Suède, même si sa nouvelle approche diplomatique amène à une relation plus neutre entre les deux souverains, encore unis dans le besoin de contrer l’influence économique de la Ligue hanséatique dans la mer Baltique et leur attachement commun à la foi luthérienne. Il maintient de bonnes relations avec Albert I de Prusse et fait marier en 1549 sa fille Anne avec Auguste de Saxe, le frère de l’électeur de Saxe, Maurice.
Durant la fin des années 1540, Gustave I bénéficie d’une période de relative prospérité, renforcée par ses différentes réformes administratives et économiques. Il renforce la colonisation des terres suédoises et finlandaises et développe l’exploitation des mines d’argent et de cuivre du royaume pour renforcer ses finances. Le renforcement des finances résulte aussi de la lutte contre l’influence économique de la Ligue Hanséatique et la transformation de l’administration royale qui renforce le pouvoir de ses agents pour la collecte des impôts, le maintien de la paix, la justice et la gestion des territoires locaux, permettant à la couronne d’augmenter de manière conséquent ses revenus. Avec le changement des lois de succession de la couronne suédoise, Gustave I réduit davantage l’importance du conseil d’État aristocratique, amoindrissant l’influence de la noblesse suédoise. Le roi de Suède développe aussi le commerce, même si la guerre entre Charles Quint et Charles IX contribue à affecter le développement des échanges commerciaux vers la mer du Nord du fait du blocus danois sur l’Øresund. Les suédois développent les échanges dans la mer Baltique, même si cela renforce la concurrence et rivalité avec les membres de la ligue Hanséatique.
Le roi de Suède renforce la diffusion du luthéranisme sur ses terres jusqu’en Finlande, principalement au travers de sa politique éducative. Il développe la politique éducative pour contrer la résurgence d’une influence catholique forte résultant des décisions du concile de Mantoue. En plus du développement de l’éducation, le roi renforce la diffusion de la Bible traduite en suédois et en finnois dans la fin de la décennie et soutient une littérature luthérienne dynamique pour contrer les textes des penseurs et théologiens catholiques. Le souverain se voit aussi entourer de représentants luthériens exilés des îles britanniques et de Norvège, lui permettant de consolider sa politique religieuse. Ses vues théologiques et politiques entrent cependant souvent en conflit avec différents penseurs, certains préférant quitter la cour suédoise pour rejoindre celle de Danemark, de Prusse ou des princes luthériens d’empire. La présence de penseurs étrangers à la cour de Suède permet aussi à Gustave I de développer une vie culturelle propre à son royaume.
Sur le plan diplomatique, le roi de Suède demeure en retrait du conflit opposant Charles IX et Charles Quint. Il maintient de bonnes relations avec Christian III, même si la Paix de Ratisbonne contribue à créer une distance entre les deux souverains. Ses relations avec Jean II de Norvège sont neutres et distantes du fait de la méfiance du roi de Suède envers l’héritier de Christian II, même si le royaume de Norvège est en position de faiblesse face à son voisin. Il développe des relations avec les princes luthériens d’empire. Il continue de mener une lutte d’influence contre la ligue hanséatique pour assurer l’indépendance économique de son royaume.


Dernière édition par Yodarc le Mar 20 Juin - 21:12, édité 2 fois
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Message par Collectionneur Sam 14 Jan - 23:52

La Norvège, Suède, Danemark avaient des populations d'un a deux millions d'habitants à l'époque. Face aux ''superpuissances'' françaises et germaniques, pouvaient elles avoir des relations équilibrés ?
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Message par Yodarc Dim 15 Jan - 7:39

Collectionneur a écrit:La Norvège, Suède, Danemark avaient des populations d'un a deux millions d'habitants à l'époque. Face aux ''superpuissances'' françaises et germaniques, pouvaient elles avoir des relations équilibrés ?

Sans doute pas autant qu'historiquement. Ce qui a pu protéger les royaumes scandinaves de rapports déséquilibrés avec leurs voisins était leur "éloignement" et leur position périphérique sur l'échiquier politique et dynastique européen, même si le Danemark a un pied dans le Saint Empire avec le duché du Holstein.
Pour le Danemark, la position de l'Oresund lui donnait un avantage économique et commercial similaire toute proportions gardées à la position des empires byzantin et ottoman avec les détroits du Bosphore. La guerre commerciale dans le récit s'inspire d'un élément historique ayant eu lieu en 1542-1544, dans le contexte de la neuvième guerre d'Italie.
Le royaume de Norvège peut jouer le rôle de cheval de Troie en Scandinavie du fait du maintien de l'Eglise catholique et des liens dynastiques avec les Habsbourg. C'est le royaume qui aura potentiellement le plus de contact avec les grandes puissances de l'ouest de la Chrétienté et qui risque d'être le plus influencé.

Pour conclure, les royaumes scandinaves au XVIe siècle ont une position assez similaire à l'Écosse du fait de l'éloignement géographique et de la faiblesse démographique, avec la différence notable de ne pas avoir de rivaux extérieurs (dans les faits, ils sont rivaux entre eux). Ils peuvent avoir le potentiel de jouer un rôle similaire à Venise (puissance commerciale) ou dans une moindre mesure à l'Angleterre (qui à l'époque ne "compte" que trois millions d'habitants), ce qui est arrivé historiquement à la Suède durant le dix-septième siècle.
Leurs rapports avec les grandes puissances chrétiennes dépendront in fine de l'intérêt de ces puissances pour la Scandinavie et des aléas politique et religieux qui frapperont ces régions.
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Message par Yodarc Sam 21 Jan - 11:21

Bonjour à tous !
Aujourd'hui, la quarante-septième partie de cette uchronie sur ce seizième siècle alternatif du temps du règne de Charles IX le Posthume, fils de Louis XII. Une partie qui va présenter la situation des royaumes musulmans à la fin des années 1540. Si certaines situations peuvent faire écho à des situations historiques, le paysage géopolitique de ces royaumes est cependant désormais bien distinct de la période correspondante à la fin du règne de François I, notamment en Afrique du Nord où la déliquescence de certains royaumes font le bonheur de nouveaux acteurs et que l'empire ottoman est restreint dans ses marges de manœuvre dans cette partie de la Méditerranée.
J'espère que cette partie saura vous plaire en attendant de passer aux années 1550.
Bonne lecture !

1545-1549 : Stabilité et changements dans les terres d’Islam
La fin des années 1540 est pleine de changements et de bouleversements pour les territoires d’Afrique du nord et les empires turc et perse.

Le royaume du Maroc voit un changement dynastique majeur s’établir dans la fin des années 1540. En 1545, le sultan Wattasside Abu al-Abbas Ahmad ben Muhammad est défait dans l’oued Derna et capturé par les Saadiens. Son fils Mohammed al-Qâsrî lui succède sur le trône et assure la gouvernance du royaume chérifien. Mohammed ech-Cheikh, le roi Saadien, force son prisonnier à céder Meknès en échange de sa liberté, ce qui est réalisé en 1547. Abu al-Abbas Ahmad ben Muhammad reprend sa position de sultan du Maroc alors que son fils décède la même année. Peu après la libération de son rival et l’acquisition de Meknès, Mohammed ech-Cheikh entreprend d’assiéger Fès, la capitale du royaume. Le siège fait rage pendant plus d’une année avant que Fès ne tombe aux mains des Saadiens en janvier 1549, précipitant la chute des Wattasides alors que Mohammed ech-Cheikh devient le nouveau souverain du Maroc. Abu al-Abbas Ahmad ben Muhammad décède la même année alors que les autres membres de sa dynastie s’exilent et cherche de l’aide auprès des espagnols et des portugais. Il décide aussi de s’appuyer sur Abu Zayyan, le sultan déchu de Tlemcen, pour préparer une campagne en direction du sultanat zianide.

Sur la fin des années 1540, Abu Abdallah VI cherche à raffermir son pouvoir au sein du sultanat de Tlemcen, en s’appuyant notamment sur les tribus du Bani Rashid menées par Ibn Ghani et sur son alliance avec le sultanat Koukou, même si la puissance grandissante de cette dernière le place dans une position de quasi-vassalité. Le sultan zianide doit aussi gérer l’influence espagnole très forte depuis 1543 alors que la population locale est hostile à la présence des puissances chrétiennes dans la région. En plus de la position de minorité dans laquelle il se retrouve, Abu Abdallah VI est confronté à la menace que représente son frère Abu Zayyan III alors qu’il a toujours le soutien des marabouts et de plusieurs cheikhs locaux et s’est réfugié à Souss, puis à Fès alors que la dynastie saadienne s’impose au Maroc. Cette situation se complique avec le décès d’Abu Abdallah VI en 1545, donnant à Abu Zayyan III l’opportunité de tenter de s’emparer du pouvoir à l’hiver 1545-1546. Si le sultan déchu parvient à reprendre le contrôle du sultanat zianide en février 1546 grâce au soutien de la population locale, il est chassé par une armée koukou à l’été 1546, forcé de nouveau de rejoindre le royaume du Maroc. Les koukous installent son frère Al Hassan ben Abu Muh, ce dernier devenant un client des espagnols et des koukous. Le nouveau sultan doit faire face à l’hostilité de la population locale qui voit d’un mauvais œil le renforcement de l’influence espagnole dans la région.

Le sultanat Koukou s’épanouit au cours des années 1545-1549. Son alliance avec le sultanat de Tlemcen permet à son sultan de renforcer son influence dans la région. Le sultanat observe cependant avec vigilance la déchéance de la dynastie Wattasside au Maroc et le triomphe des Saadiens au pouvoir, créant des tensions importantes avec la nouvelle dynastie alors que les Koukous n’hésitaient plus à s’ingérer dans certaines des régions officiellement sous l’autorité du royaume marocain, principalement dans la vice-royauté de Debdou, du fait de la déliquescence du pouvoir Wattasside. Le sultanat renforce son influence sur le sultanat de Tlemcen après la mort d’Abu Abdallah Muhammad VI, envoyant une armée à l’été 1546 pour chasser Abu Zayyan III du pouvoir et permettre au frère de ce dernier, Al Hassan ben Abu Muh, de devenir le nouveau sultan de Tlemcen, même si dans les faits, ce dernier est presque un vassal du sultan de Koukou. A l’ouest, le sultanat voit sa rivalité avec le royaume de Beni Abbès se renforcer alors que les contentieux sur le territoire entourant Béjaïa et la région de Constantine deviennent des territoires contestés par les deux royaumes. Le sultanat entretient des relations ambiguës avec les espagnols alors qu’il cherche à s’émanciper de l’influence ibérique très prégnante sur la côte méditerranéenne. Ces relations sont d’autant plus compliquées du fait des raids et ingérences koukous dans les régions frontalières du Maroc alors que les espagnols soutiennent plus ou moins tacitement les Wattassides.
Le royaume de Beni Abbés connaît une période cruciale à la fin des années 1540. Le royaume kabyle connaît une importante prospérité et se développe grâce notamment à la présence des morisques exilés de la péninsule ibérique et au travers notamment d’une armée qui s’est renforcée et modernisée avec la production de cannons et d’arquebuses. Le royaume se renforce aussi au travers de la prise de contrôle du territoire de Constantine sur les années 1546-1547. La fragilisation de la force des corsaires barbaresques après l’expédition de Charles Quint à Tunis en 1541 permet à Abbelaziz d’obtenir le ralliement des populations locales. La mort de Khayr Ad-Dîn en 1546 accélère la déliquescence des pirates barbaresques et permettent au sultan kabyle de s’assurer le contrôle de la région de Constantine. Abbelaziz noue des relations avec le califat hafside à partir de 1547. Les relations avec le sultanat Koukou sont plus compliquées du fait des rivalités autour de la région de Béjaïa et des terres à proximité de Constantine, mais les deux royaumes kabyles entretiennent une cohabitation tendue du fait du fonctionnement culturel de leurs sociétés. L’épanouissement du royaume de Beni Abbés voit les confréries religieuses s’épanouir. Le développement de ces mouvements contribue à l’évolution des relations du royaume kabyle avec les espagnols : Abbelaziz continue d’entretenir des relations avec ces derniers à Béjaïa, mais entreprend de prendre ses distances pour affaiblir leur influence dans la région.

Le territoire barbaresque de Khayr Ad-Dîn est dans une situation difficile à la fin des années 1540. Le corsaire barbaresque est affaibli dans son pouvoir et sur le plan physique, s’approchant des soixante-dix ans. Il est isolé, ne pouvant aisément s’appuyer sur le soutien de la Sublime Porte alors que son territoire subit de nombreuses attaques. Il doit notamment faire face aux incursions d’Abbelaziz à l’ouest, le souverain de Beni Abbés grignotant le territoire de Constantine. Le corsaire barbaresque peut cependant tirer profit des troubles qui frappent le califat hafside pour aider les cités rebelles et bénéficie du conflit opposant Charles IX et Charles Quint pour mener ses raids contre les côtes siciliennes, calabraises et sardes sur les années 1545-1546. A l’été 1546, Khayr Ad-Dîn s’éteint, provoquant un vide parmi les corsaires barbaresques. Son fils, Hasan, et son ancien lieutenant, Dragut, s’exilent vers la Sublime Porte, offrant leurs services à Soliman. Le territoire de Constantine tombe sous le contrôle d’Abbelaziz qui renforce la puissance de son royaume.
Dragut revient cependant en Ifriqiya en 1548 à la tête d’une flottille, chargé par Soliman pour tisser des relations avec le calife hafside, Ahmed III pour contrer les espagnols et espérer rétablir l’influence ottomane dans la région. Il rencontre Ahmed III al-Hafsi en juillet 1548. Durant le reste de l’année 1548, l’amiral ottoman mène des raids contre Djerba, Malte et Bizerte. Il affronte brièvement la flotte espagnole chargée d’intimider Ahmed III al-Hafsi en octobre 1549 avant de se replier sur l’Egypte.

La fin des années 1540 est trouble pour le califat Hafside. Bien que revenu au pouvoir grâce à Charles Quint, Abû `Abd Allâh Muhammad V al-Hasan est dans une position fragile, notamment du fait de sa dépendance à l’influence espagnole. Son pouvoir est d’autant plus incertain que le calife est affaibli par le développement d'une cécité. Les populations maures à l’intérieur des terres refusent de reconnaître de nouveau l’autorité du calife, n’appréciant guère le renforcement de l’influence espagnole dans la région. En 1545, plusieurs villes dont Sousse et Kairouan se rebellent. Abû `Abd Allâh Muhammad V al-Hasan fait appel à Charles Quint, mais ce dernier est impliqué dans la guerre contre Charles IX. Le calife traverse la Méditerranée en 1546 pour recruter des mercenaires à Naples. Durant son absence, son fils Ahmed, en profite pour se rebeller contre lui, l’accusant de vouloir se convertir au christianisme et de livrer le califat aux espagnols. Il est rallié par les villes rebelles et capture son père alors que ce dernier revenait précipitamment pour tenter de sauver son pouvoir. Ahmed lui donne le choix entre la mort et devenir aveugle. Moulay Hasan choisit de devenir aveugle, mais Ahmed le laisse repartir, conscient de l'état avancé de la cécité de son père. Le calife déchu rejoint le royaume de Naples à l’automne 1546. Vivant en exil, Moulay Hasan est las et fatigué, bien que déterminé à retrouver sa position. Il s’éteint à Naples à l’automne 1547. Son fils, devenu calife sous le nom d’Abû al-`Abbâs Ahmed III al-Hafsi, doit faire face aux ingérences espagnoles : le gouverneur de la Goulette préfère soutenir Muhammad, le neveu du calife déchu âgé de seize ans. Au printemps 1547, profitant d’une absence d’Ahmed III parti pour rétablir l’ordre et son autorité auprès des anciennes villes rebelles et des tribus maures, le gouverneur de la Goulette s’appuie sur une faction favorable à l’alliance espagnole pour imposer Muhammad sur le trône, ce dernier devenant Abû `Abd Allâh Muhammad VI al-Malik. Il paie le tribut dû aux espagnols, ainsi que plus de six mille ducats pour l’entretien de la garnison espagnole de La Goulette. Mais le jeune calife se retrouve en très grande difficulté face aux troubles qui émergent à Tunis alors que la population se montre hostile contre l’ingérence espagnole et exige soit le retour d’Ahmed III ou la nomination de son frère, Muhammad. Ayant eu vent des événements à Tunis, Ahmed III rassemble une armée de partisans grâce au soutien des tribus maures et des villes de l’intérieur du califat, notamment Kairouan. Le calife revient en force à Tunis et rétablit son autorité, alors que son cousin se réfugie à La Goulette avant d’être envoyé en Espagne, échappant de peu à l’ire de la populace. Après avoir réussi à neutraliser la tentative espagnole, Ahmed III s’efforce d’entrer en contact avec les Ottomans pour avoir un allié puissant pour contrer la présence espagnole et préserver son royaume, envoyant une ambassade à Constantinople à l’hiver 1547. De vives tensions persistent avec les espagnols, le calife hafside imposant le blocus à La Goulette. Ahmed III cherche aussi à restaurer l’autorité de sa dynastie à l’intérieur des terres, les villes et les tribus maures n’accordant plus qu’une confiance de façade aux Hafsides malgré sa détermination à se démarquer de la tutelle espagnole. Des incidents affectent les deux partis et s’aggravent avec l’arrivée d’une petite flotte ottomane à Tunis à l’été 1548 qui renforce les inquiétudes espagnoles de voir les Ottomans jouer de nouveau un rôle conséquent dans la région alors qu’ils ont de nouveau le contrôle de l’Égypte. La fin de la guerre dans la Chrétienté et l’apparition d’une flotte espagnole à l’automne 1549 amène à des violents heurts entre les espagnols et les forces d’Ahmed III, mais ce dernier est forcé à négocier en novembre 1549 un traité de paix et d’amitié avec les Espagnols qui est censé durer six ans. Ce traité permet aux deux partis de renouer leurs relations, mais contribue aussi à relancer les interrogations de la population locale sur la capacité des Hafsides à assurer leur défense et à affirmer une position d’indépendance face aux espagnols.

L’empire ottoman entreprend différentes campagnes dans la fin des années 1540 pour raffermir son pouvoir et tenter de neutraliser certains de ses adversaires. D’une part, les troubles dans les principautés vassales de Valachie et de Moldavie obligent les turcs à y intervenir à deux reprises. Leur première campagne intervient à l’automne 1545 après que Soliman ait eu vent de l’alliance signée entre Pierre IV et Louis II de Hongrie. Déterminé à mettre au pas un vassal tumultueux et mutin, Soliman envoie une armée envahir la principauté de Moldavie, ayant le soutien de Mircea V de Valachie. La campagne militaire commence en septembre 1545 et est rapide et victorieuse, les ottomans occupant la principauté et chassant du pouvoir Pierre IV. Soliman en profite pour prendre le contrôle du Boudjak et d’une partie de la Bessarabie. Les ottomans placent Alexandru Muşatini à la tête de la principauté moldave. Le résultat politique de la campagne militaire semble s’annuler à l’été 1547 avec le renversement et la mort d’Alexandru par Pierre IV, même si ce dernier ne peut reprendre la province du Boudjak. Les troubles ayant lieu en Valachie au début de l’année 1548 amène le gouverneur de Roumélie, Ali Pacha, à apport son soutien à Mircea V, l’aidant à reprendre le pouvoir à l’automne 1548.
Le principal effort des ottomans intervient cependant dans le Caucase et contre la Perse Séfévide. En 1545, les ottomans font face à une attaque de Louarsab I de Kartli et de son beau-père le roi Bagrat III d'Iméréthie. Les turcs défont les princes géorgiens lors de la bataille de Sokhoistas. En 1547, Alqas Mirza, l’oncle du shah Tahmasp I, fuit en Crimée au début de l’année 1547 avant de rejoindre Constantinople à l’été pour demander l’aide de Soliman en échange de son retour en Perse en tant que dirigeant d’un état client du sultan. Cette rencontre donne à Soliman l’opportunité de tenter de nouveau à mettre à genou son puissant rival. Le sultan se voit promettre le soutien des Kizilbash s’il aide Alqas à s’emparer du pouvoir et de la conversion de ce dernier à la foi sunnite. Soliman rassemble et prépare une armée pour attaquer la Perse à l’hiver 1547-1548. Au printemps 1548, son armée attaque la province du Van et l’Arménie, s’emparant de Tabriz au début de l’été 1548. La campagne s’éternise cependant, le soutien des Kizilbash s’avérant faux et Tahmasp entreprenant de ravager l’Arménie et la province du Van pour affaiblir les turcs tout en évitant les affrontements. Les ottomans se concentrent sur le pillage des régions qu’ils traversent, se faisant arrêter à Ispahan. Au début de l’année 1549, Alqas Mirza est capturé et Soliman finit par retirer son armée durant l’été et l’automne 1549, conservant Tabriz, l’Arménie, la province du Van et quelques places fortes de Géorgie conquises auparavant par les perses.
En parallèle des campagnes militaires pour soumettre ses vassaux versatiles et neutraliser la Perse, l’empire ottoman achève de stabiliser l’Égypte grâce aux efforts de son gouverneur, Davud Pacha, qui avait succédé en 1543 à son ami Hadim Soliman Pacha. Le gouverneur charge notamment Piri Reïs de réorganiser la flotte égyptienne de la Mer Rouge pour contrer les portugais, notamment en assurant la protection du territoire de la Mecque et de Djeddah contre toute tentative d’incursion portugaise, mais aussi pour contrer la domination portugaise dans la région. Une nouvelle incursion portugaise en 1546 en Mer Rouge accélère la volonté des ottomans de contrer et d’expulser la puissance lusophone de la région. Le contrôle par les portugais du golfe d’Aden renforce la détermination ottomane car les portugais contrôlent l’accès de la voie commerciale maritime vers les Indes. Piri Reïs est ainsi chargé en 1548 de mener une expédition pour assurer la protection du Chérifat de Médine et de la Mecque, l’amiral ottoman allant jusqu’aux côtes yéménites pour recevoir le soutien de chefs de tribus locales. Il tente de s’en prendre à la forteresse portugaise bâti sur l’île de Kamaran durant cette expédition, mais doit y renoncer et revenir à Suez. Les Ottomans cherchent aussi à transformer Bassora en port conséquent pour contrer les Portugais dans le golfe persique.
Les Ottomans perdent leur allié barbaresque durant les années 1546-1547, les privant d’un accès vers la Méditerranée occidentale. Soliman reçoit une demande d’aide d’Ahmed III de Tunis début 1548 et l’amène à envoyer une petite flottille pour tisser des liens avec le calife Hafside. Sa campagne militaire contre les Séfévides l’empêchent cependant de consacrer le temps nécessaire pour avoir un nouvel allié en Ifriqiya et sa tentative s’effondre à la suite du court conflit de l’automne 1549 entre les espagnols et Ahmed III qui amène ce dernier à renoncer à son projet d’alliance avec les Ottomans.

La Perse Séfévide est impliquée dans différentes actions importantes durant la fin des années 1540. Son shah, Tahmasp I, assure ainsi le soutien à Humâyûn, l’empereur moghol déchu dans sa tentative de reconquérir le pouvoir face à son frère Kâmran. Son soutien permet à Humâyûn de reprendre sur les années 1545-1547 Kandahâr et Kaboul et de défaire son frère Kâmran en 1549, lui crevant les yeux et l’exilant à La Mecque. Tahmasp exige en 1545 Kandahâr pour son jeune fils, Mourad Mirza, ce que Humâyûn accepte. Après le décès de Mourad la même année, la question de la possession de la cité devient un contentieux entre Tahmasp et Humâyûn.
Tahmasp I s’implique durant la même période dans une nouvelle campagne contre les princes géorgiens au cours des années 1546-1547. Cette campagne résulte du refus du roi Louarsab I de Kartli à prêter allégeance au shah perse à la différence des autres souverains géorgiens. Les perses envoient une armée vers la Djavakhétie qu’ils ravagent complètement, ainsi que l'Arménie et le Samtskhe. Tahmasp doit cependant faire face à la rébellion d’Alqas Mirza, ce dernier n’hésitant pas à frapper ses propres pièces. Le shah perse ramène ses forces sur Derbent pour châtier son parent. Ce dernier prend la fuite vers la Crimée tandis que Tahmasp I reprend Derbent au début de l’année 1547 et nomme son fils Ismaïl en tant que gouverneur.
En 1548, Tahmasp I est de nouveau confronté à une attaque des ottomans qui veulent mettre à terre son royaume et le remplacer par Alqas Mirza. Le shah perse transfère sa capitale de Tabriz à Qazvin, située plus loin des tribus turcomanes et en territoire iranien. Evitant d’affronter Soliman, Tahmasp reprend la même tactique que durant la campagne militaire des ottomans dans les années 1530, saccageant le territoire que ces derniers traversent pour les affaiblir. Au début de l’année 1549, il capture Alqas Mirza et l’enferme dans une forteresse où ce dernier meurt peu de temps après. Les ottomans finissent par quitter son royaume, gardant le contrôle de Tabriz, de l’Arménie, de la province du Van et de quelques places fortes géorgiennes. Bien que les Kizilbach n’ont pas soutenu Alqas Mirza et les ottomans durant le conflit, Tahmasp entreprend de les remplacer progressivement dans les hautes fonctions de son royaume par des iraniens ou des caucasiens plus dévoués à la dynastie Séfévide.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 9 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Flosgon78 Sam 21 Jan - 15:24

Yodarc a écrit:
Bonjour à tous !
Aujourd'hui, la quarante-septième partie de cette uchronie sur ce seizième siècle alternatif du temps du règne de Charles IX le Posthume, fils de Louis XII. Une partie qui va présenter la situation des royaumes musulmans à la fin des années 1540. Si certaines situations peuvent faire écho à des situations historiques, le paysage géopolitique de ces royaumes est cependant désormais bien distinct de la période correspondante à la fin du règne de François I, notamment en Afrique du Nord où la déliquescence de certains royaumes font le bonheur de nouveaux acteurs et que l'empire ottoman est restreint dans ses marges de manœuvre dans cette partie de la Méditerranée.
J'espère que cette partie saura vous plaire en attendant de passer aux années 1550.
Bonne lecture !

1545-1549 : Stabilité et changements dans les terres d’Islam
La fin des années 1540 est pleine de changements et de bouleversements pour les territoires d’Afrique du nord et les empires turc et perse.

Le royaume du Maroc voit un changement dynastique majeur s’établir dans la fin des années 1540. En 1545, le sultan Wattasside Abu al-Abbas Ahmad ben Muhammad est défait dans l’oued Derna et capturé par les Saadiens. Son fils Mohammed al-Qâsrî lui succède sur le trône et assure la gouvernance du royaume chérifien. Mohammed ech-Cheikh, le roi Saadien, force son prisonnier à céder Meknès en échange de sa liberté, ce qui est réalisé en 1547. Abu al-Abbas Ahmad ben Muhammad reprend sa position de sultan du Maroc alors que son fils décède la même année. Peu après la libération de son rival et l’acquisition de Meknès, Mohammed ech-Cheikh entreprend d’assiéger Fès, la capitale du royaume. Le siège fait rage pendant plus d’une année avant que Fès ne tombe aux mains des Saadiens en janvier 1549, précipitant la chute des Wattasides alors que Mohammed ech-Cheikh devient le nouveau souverain du Maroc. Abu al-Abbas Ahmad ben Muhammad décède la même année alors que les autres membres de sa dynastie s’exilent et cherche de l’aide auprès des espagnols et des portugais. Il décide aussi de s’appuyer sur Abu Zayyan, le sultan déchu de Tlemcen, pour préparer une campagne en direction du sultanat zianide.

Sur la fin des années 1540, Abu Abdallah VI cherche à raffermir son pouvoir au sein du sultanat de Tlemcen, en s’appuyant notamment sur les tribus du Bani Rashid menées par Ibn Ghani et sur son alliance avec le sultanat Koukou, même si la puissance grandissante de cette dernière le place dans une position de quasi-vassalité. Le sultan zianide doit aussi gérer l’influence espagnole très forte depuis 1543 alors que la population locale est hostile à la présence des puissances chrétiennes dans la région. En plus de la position de minorité dans laquelle il se retrouve, Abu Abdallah VI est confronté à la menace que représente son frère Abu Zayyan III alors qu’il a toujours le soutien des marabouts et de plusieurs cheikhs locaux et s’est réfugié à Souss, puis à Fès alors que la dynastie saadienne s’impose au Maroc. Cette situation se complique avec le décès d’Abu Abdallah VI en 1545, donnant à Abu Zayyan III l’opportunité de tenter de s’emparer du pouvoir à l’hiver 1545-1546. Si le sultan déchu parvient à reprendre le contrôle du sultanat zianide en février 1546 grâce au soutien de la population locale, il est chassé par une armée koukou à l’été 1546, forcé de nouveau de rejoindre le royaume du Maroc. Les koukous installent son frère Al Hassan ben Abu Muh, ce dernier devenant un client des espagnols et des koukous. Le nouveau sultan doit faire face à l’hostilité de la population locale qui voit d’un mauvais œil le renforcement de l’influence espagnole dans la région.

Le sultanat Koukou s’épanouit au cours des années 1545-1549. Son alliance avec le sultanat de Tlemcen permet à son sultan de renforcer son influence dans la région. Le sultanat observe cependant avec vigilance la déchéance de la dynastie Wattasside au Maroc et le triomphe des Saadiens au pouvoir, créant des tensions importantes avec la nouvelle dynastie alors que les Koukous n’hésitaient plus à s’ingérer dans certaines des régions officiellement sous l’autorité du royaume marocain, principalement dans la vice-royauté de Debdou, du fait de la déliquescence du pouvoir Wattasside. Le sultanat renforce son influence sur le sultanat de Tlemcen après la mort d’Abu Abdallah Muhammad VI, envoyant une armée à l’été 1546 pour chasser Abu Zayyan III du pouvoir et permettre au frère de ce dernier, Al Hassan ben Abu Muh, de devenir le nouveau sultan de Tlemcen, même si dans les faits, ce dernier est presque un vassal du sultan de Koukou. A l’ouest, le sultanat voit sa rivalité avec le royaume de Beni Abbès se renforcer alors que les contentieux sur le territoire entourant Béjaïa et la région de Constantine deviennent des territoires contestés par les deux royaumes. Le sultanat entretient des relations ambiguës avec les espagnols alors qu’il cherche à s’émanciper de l’influence ibérique très prégnante sur la côte méditerranéenne. Ces relations sont d’autant plus compliquées du fait des raids et ingérences koukous dans les régions frontalières du Maroc alors que les espagnols soutiennent plus ou moins tacitement les Wattassides.
Le royaume de Beni Abbés connaît une période cruciale à la fin des années 1540. Le royaume kabyle connaît une importante prospérité et se développe grâce notamment à la présence des morisques exilés de la péninsule ibérique et au travers notamment d’une armée qui s’est renforcée et modernisée avec la production de cannons et d’arquebuses. Le royaume se renforce aussi au travers de la prise de contrôle du territoire de Constantine sur les années 1546-1547. La fragilisation de la force des corsaires barbaresques après l’expédition de Charles Quint à Tunis en 1541 permet à Abbelaziz d’obtenir le ralliement des populations locales. La mort de Khayr Ad-Dîn en 1546 accélère la déliquescence des pirates barbaresques et permettent au sultan kabyle de s’assurer le contrôle de la région de Constantine. Abbelaziz noue des relations avec le califat hafside à partir de 1547. Les relations avec le sultanat Koukou sont plus compliquées du fait des rivalités autour de la région de Béjaïa et des terres à proximité de Constantine, mais les deux royaumes kabyles entretiennent une cohabitation tendue du fait du fonctionnement culturel de leurs sociétés. L’épanouissement du royaume de Beni Abbés voit les confréries religieuses s’épanouir. Le développement de ces mouvements contribue à l’évolution des relations du royaume kabyle avec les espagnols : Abbelaziz continue d’entretenir des relations avec ces derniers à Béjaïa, mais entreprend de prendre ses distances pour affaiblir leur influence dans la région.

Le territoire barbaresque de Khayr Ad-Dîn est dans une situation difficile à la fin des années 1540. Le corsaire barbaresque est affaibli dans son pouvoir et sur le plan physique, s’approchant des soixante-dix ans. Il est isolé, ne pouvant aisément s’appuyer sur le soutien de la Sublime Porte alors que son territoire subit de nombreuses attaques. Il doit notamment faire face aux incursions d’Abbelaziz à l’ouest, le souverain de Beni Abbés grignotant le territoire de Constantine. Le corsaire barbaresque peut cependant tirer profit des troubles qui frappent le califat hafside pour aider les cités rebelles et bénéficie du conflit opposant Charles IX et Charles Quint pour mener ses raids contre les côtes siciliennes, calabraises et sardes sur les années 1545-1546. A l’été 1546, Khayr Ad-Dîn s’éteint, provoquant un vide parmi les corsaires barbaresques. Son fils, Hasan, et son ancien lieutenant, Dragut, s’exilent vers la Sublime Porte, offrant leurs services à Soliman. Le territoire de Constantine tombe sous le contrôle d’Abbelaziz qui renforce la puissance de son royaume.
Dragut revient cependant en Ifriqiya en 1548 à la tête d’une flottille, chargé par Soliman pour tisser des relations avec le calife hafside, Ahmed III pour contrer les espagnols et espérer rétablir l’influence ottomane dans la région. Il rencontre Ahmed III al-Hafsi en juillet 1548. Durant le reste de l’année 1548, l’amiral ottoman mène des raids contre Djerba, Malte et Bizerte. Il affronte brièvement la flotte espagnole chargée d’intimider Ahmed III al-Hafsi en octobre 1549 avant de se replier sur l’Egypte.

La fin des années 1540 est trouble pour le califat Hafside. Bien que revenu au pouvoir grâce à Charles Quint, Abû `Abd Allâh Muhammad V al-Hasan est dans une position fragile, notamment du fait de sa dépendance à l’influence espagnole. Son pouvoir est d’autant plus incertain que le calife est affaibli par le développement d'une cécité. Les populations maures à l’intérieur des terres refusent de reconnaître de nouveau l’autorité du calife, n’appréciant guère le renforcement de l’influence espagnole dans la région. En 1545, plusieurs villes dont Sousse et Kairouan se rebellent. Abû `Abd Allâh Muhammad V al-Hasan fait appel à Charles Quint, mais ce dernier est impliqué dans la guerre contre Charles IX. Le calife traverse la Méditerranée en 1546 pour recruter des mercenaires à Naples. Durant son absence, son fils Ahmed, en profite pour se rebeller contre lui, l’accusant de vouloir se convertir au christianisme et de livrer le califat aux espagnols. Il est rallié par les villes rebelles et capture son père alors que ce dernier revenait précipitamment pour tenter de sauver son pouvoir. Ahmed lui donne le choix entre la mort et devenir aveugle. Moulay Hasan choisit de devenir aveugle, mais Ahmed le laisse repartir, conscient de l'état avancé de la cécité de son père. Le calife déchu rejoint le royaume de Naples à l’automne 1546. Vivant en exil, Moulay Hasan est las et fatigué, bien que déterminé à retrouver sa position. Il s’éteint à Naples à l’automne 1547. Son fils, devenu calife sous le nom d’Abû al-`Abbâs Ahmed III al-Hafsi, doit faire face aux ingérences espagnoles : le gouverneur de la Goulette préfère soutenir Muhammad, le neveu du calife déchu âgé de seize ans. Au printemps 1547, profitant d’une absence d’Ahmed III parti pour rétablir l’ordre et son autorité auprès des anciennes villes rebelles et des tribus maures, le gouverneur de la Goulette s’appuie sur une faction favorable à l’alliance espagnole pour imposer Muhammad sur le trône, ce dernier devenant Abû `Abd Allâh Muhammad VI al-Malik. Il paie le tribut dû aux espagnols, ainsi que plus de six mille ducats pour l’entretien de la garnison espagnole de La Goulette. Mais le jeune calife se retrouve en très grande difficulté face aux troubles qui émergent à Tunis alors que la population se montre hostile contre l’ingérence espagnole et exige soit le retour d’Ahmed III ou la nomination de son frère, Muhammad. Ayant eu vent des événements à Tunis, Ahmed III rassemble une armée de partisans grâce au soutien des tribus maures et des villes de l’intérieur du califat, notamment Kairouan. Le calife revient en force à Tunis et rétablit son autorité, alors que son cousin se réfugie à La Goulette avant d’être envoyé en Espagne, échappant de peu à l’ire de la populace. Après avoir réussi à neutraliser la tentative espagnole, Ahmed III s’efforce d’entrer en contact avec les Ottomans pour avoir un allié puissant pour contrer la présence espagnole et préserver son royaume, envoyant une ambassade à Constantinople à l’hiver 1547. De vives tensions persistent avec les espagnols, le calife hafside imposant le blocus à La Goulette. Ahmed III cherche aussi à restaurer l’autorité de sa dynastie à l’intérieur des terres, les villes et les tribus maures n’accordant plus qu’une confiance de façade aux Hafsides malgré sa détermination à se démarquer de la tutelle espagnole. Des incidents affectent les deux partis et s’aggravent avec l’arrivée d’une petite flotte ottomane à Tunis à l’été 1548 qui renforce les inquiétudes espagnoles de voir les Ottomans jouer de nouveau un rôle conséquent dans la région alors qu’ils ont de nouveau le contrôle de l’Égypte. La fin de la guerre dans la Chrétienté et l’apparition d’une flotte espagnole à l’automne 1549 amène à des violents heurts entre les espagnols et les forces d’Ahmed III, mais ce dernier est forcé à négocier en novembre 1549 un traité de paix et d’amitié avec les Espagnols qui est censé durer six ans. Ce traité permet aux deux partis de renouer leurs relations, mais contribue aussi à relancer les interrogations de la population locale sur la capacité des Hafsides à assurer leur défense et à affirmer une position d’indépendance face aux espagnols.

L’empire ottoman entreprend différentes campagnes dans la fin des années 1540 pour raffermir son pouvoir et tenter de neutraliser certains de ses adversaires. D’une part, les troubles dans les principautés vassales de Valachie et de Moldavie obligent les turcs à y intervenir à deux reprises. Leur première campagne intervient à l’automne 1545 après que Soliman ait eu vent de l’alliance signée entre Pierre IV et Louis II de Hongrie. Déterminé à mettre au pas un vassal tumultueux et mutin, Soliman envoie une armée envahir la principauté de Moldavie, ayant le soutien de Mircea V de Valachie. La campagne militaire commence en septembre 1545 et est rapide et victorieuse, les ottomans occupant la principauté et chassant du pouvoir Pierre IV. Soliman en profite pour prendre le contrôle du Boudjak et d’une partie de la Bessarabie. Les ottomans placent Alexandru Muşatini à la tête de la principauté moldave. Le résultat politique de la campagne militaire semble s’annuler à l’été 1547 avec le renversement et la mort d’Alexandru par Pierre IV, même si ce dernier ne peut reprendre la province du Boudjak. Les troubles ayant lieu en Valachie au début de l’année 1548 amène le gouverneur de Roumélie, Ali Pacha, à apport son soutien à Mircea V, l’aidant à reprendre le pouvoir à l’automne 1548.
Le principal effort des ottomans intervient cependant dans le Caucase et contre la Perse Séfévide. En 1545, les ottomans font face à une attaque de Louarsab I de Kartli et de son beau-père le roi Bagrat III d'Iméréthie. Les turcs défont les princes géorgiens lors de la bataille de Sokhoistas. En 1547, Alqas Mirza, l’oncle du shah Tahmasp I, fuit en Crimée au début de l’année 1547 avant de rejoindre Constantinople à l’été pour demander l’aide de Soliman en échange de son retour en Perse en tant que dirigeant d’un état client du sultan. Cette rencontre donne à Soliman l’opportunité de tenter de nouveau à mettre à genou son puissant rival. Le sultan se voit promettre le soutien des Kizilbash s’il aide Alqas à s’emparer du pouvoir et de la conversion de ce dernier à la foi sunnite. Soliman rassemble et prépare une armée pour attaquer la Perse à l’hiver 1547-1548. Au printemps 1548, son armée attaque la province du Van et l’Arménie, s’emparant de Tabriz au début de l’été 1548. La campagne s’éternise cependant, le soutien des Kizilbash s’avérant faux et Tahmasp entreprenant de ravager l’Arménie et la province du Van pour affaiblir les turcs tout en évitant les affrontements. Les ottomans se concentrent sur le pillage des régions qu’ils traversent, se faisant arrêter à Ispahan. Au début de l’année 1549, Alqas Mirza est capturé et Soliman finit par retirer son armée durant l’été et l’automne 1549, conservant Tabriz, l’Arménie, la province du Van et quelques places fortes de Géorgie conquises auparavant par les perses.
En parallèle des campagnes militaires pour soumettre ses vassaux versatiles et neutraliser la Perse, l’empire ottoman achève de stabiliser l’Égypte grâce aux efforts de son gouverneur, Davud Pacha, qui avait succédé en 1543 à son ami Hadim Soliman Pacha. Le gouverneur charge notamment Piri Reïs de réorganiser la flotte égyptienne de la Mer Rouge pour contrer les portugais, notamment en assurant la protection du territoire de la Mecque et de Djeddah contre toute tentative d’incursion portugaise, mais aussi pour contrer la domination portugaise dans la région. Une nouvelle incursion portugaise en 1546 en Mer Rouge accélère la volonté des ottomans de contrer et d’expulser la puissance lusophone de la région. Le contrôle par les portugais du golfe d’Aden renforce la détermination ottomane car les portugais contrôlent l’accès de la voie commerciale maritime vers les Indes. Piri Reïs est ainsi chargé en 1548 de mener une expédition pour assurer la protection du Chérifat de Médine et de la Mecque, l’amiral ottoman allant jusqu’aux côtes yéménites pour recevoir le soutien de chefs de tribus locales. Il tente de s’en prendre à la forteresse portugaise bâti sur l’île de Kamaran durant cette expédition, mais doit y renoncer et revenir à Suez. Les Ottomans cherchent aussi à transformer Bassora en port conséquent pour contrer les Portugais dans le golfe persique.
Les Ottomans perdent leur allié barbaresque durant les années 1546-1547, les privant d’un accès vers la Méditerranée occidentale. Soliman reçoit une demande d’aide d’Ahmed III de Tunis début 1548 et l’amène à envoyer une petite flottille pour tisser des liens avec le calife Hafside. Sa campagne militaire contre les Séfévides l’empêchent cependant de consacrer le temps nécessaire pour avoir un nouvel allié en Ifriqiya et sa tentative s’effondre à la suite du court conflit de l’automne 1549 entre les espagnols et Ahmed III qui amène ce dernier à renoncer à son projet d’alliance avec les Ottomans.

La Perse Séfévide est impliquée dans différentes actions importantes durant la fin des années 1540. Son shah, Tahmasp I, assure ainsi le soutien à Humâyûn, l’empereur moghol déchu dans sa tentative de reconquérir le pouvoir face à son frère Kâmran. Son soutien permet à Humâyûn de reprendre sur les années 1545-1547 Kandahâr et Kaboul et de défaire son frère Kâmran en 1549, lui crevant les yeux et l’exilant à La Mecque. Tahmasp exige en 1545 Kandahâr pour son jeune fils, Mourad Mirza, ce que Humâyûn accepte. Après le décès de Mourad la même année, la question de la possession de la cité devient un contentieux entre Tahmasp et Humâyûn.
Tahmasp I s’implique durant la même période dans une nouvelle campagne contre les princes géorgiens au cours des années 1546-1547. Cette campagne résulte du refus du roi Louarsab I de Kartli à prêter allégeance au shah perse à la différence des autres souverains géorgiens. Les perses envoient une armée vers la Djavakhétie qu’ils ravagent complètement, ainsi que l'Arménie et le Samtskhe. Tahmasp doit cependant faire face à la rébellion d’Alqas Mirza, ce dernier n’hésitant pas à frapper ses propres pièces. Le shah perse ramène ses forces sur Derbent pour châtier son parent. Ce dernier prend la fuite vers la Crimée tandis que Tahmasp I reprend Derbent au début de l’année 1547 et nomme son fils Ismaïl en tant que gouverneur.
En 1548, Tahmasp I est de nouveau confronté à une attaque des ottomans qui veulent mettre à terre son royaume et le remplacer par Alqas Mirza. Le shah perse transfère sa capitale de Tabriz à Qazvin, située plus loin des tribus turcomanes et en territoire iranien. Evitant d’affronter Soliman, Tahmasp reprend la même tactique que durant la campagne militaire des ottomans dans les années 1530, saccageant le territoire que ces derniers traversent pour les affaiblir. Au début de l’année 1549, il capture Alqas Mirza et l’enferme dans une forteresse où ce dernier meurt peu de temps après. Les ottomans finissent par quitter son royaume, gardant le contrôle de Tabriz, de l’Arménie, de la province du Van et de quelques places fortes géorgiennes. Bien que les Kizilbach n’ont pas soutenu Alqas Mirza et les ottomans durant le conflit, Tahmasp entreprend de les remplacer progressivement dans les hautes fonctions de son royaume par des iraniens ou des caucasiens plus dévoués à la dynastie Séfévide.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 9 Empty L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 28 Jan - 10:07

Bonjour à tous !

Nous entrons à présent dans les années 1550. Et pour commencer, un tour par le royaume de France et Charles IX après la fin de la guerre contre Charles Quint. Un retour à la paix avec différents défis, notamment économiques. Une France qui possède quelques ressemblances avec son équivalent historique mais qui s'en démarque aussi, notamment du fait du décalage dans le temps de certaines décisions ou de la situation sociopolitique du royaume, notamment sur le plan religieux.
Cette partie va donner un premier aperçu de ce qui risque d'être considéré comme le brûlot de cette période (et de cette uchronie) et dont d'amples détails seront présentés dans la partie correspondante. Elle donne aussi des petits aperçus de la situation globale suivant la guerre de la Ligue de Pérouse qui seront davantage explorés dans les parties correspondantes.
J'espère que cette nouvelle partie saura vous plaire dans sa description et ses événements.
Bonne lecture à tous !


1550-1554 : Charles IX et le retour à la paix
Le début des années 1550 voit le royaume de France se rétablir du conflit contre Charles Quint, mais les événements extérieurs viennent l’affecter.

A l’aube des années 1550, Charles IX entreprend de mener différentes réformes pour renforcer le pouvoir et les institutions royales. Parmi les décisions les importantes figurent celle de l’ordonnance de Dreux de mai 1550 qui impose le français dans les textes administratifs et juridiques de l’ensemble du royaume. Il réorganise aussi l’organisation du gouvernement du royaume, en renforçant le caractère ministériel du conseil, créant notamment en 1552 un secrétaire de l’expédition des affaires financières et un secrétaire des affaires de Nouvelle-France. Avec l’ordonnance de Dreux, Charles IX entreprend d’unifier le système judiciaire. Avec la perte de Gênes et le rapprochement de la république maritime des Habsbourg, le roi de France entreprend aussi de développer des institutions financières pour ne pas être trop dépendant des banquiers italiens : il favorise le renouveau des banques lombardes et permet l’émergence d’une banque à Lyon en 1552, tirant profit de la prospérité que la cité avait gagné avec sa foire. Le coût financier de la guerre, le renforcement de l’inflation contribuent au renforcement de difficultés économiques qui poussent Charles IX à réfléchir sur la mise en place de nouveaux impôts et une meilleure gestion des finances du royaume. Il cherche aussi à redonner au commerce sa vitalité d’antan, notamment dans la péninsule italienne grâce à la foire de Lyon. Il renouvelle les échanges avec les îles britanniques et les Pays-Bas. La relance de la politique commerciale l’amène aussi à relancer les expéditions extérieures, mais aussi à renforcer les colonies de Nouvelle-France. Le roi de France entend aussi améliorer le recouvrement de l’impôt, notamment en consolidant l’unification des offices de trésorier de France et de général des finances avec la création des positions d’intendants et des généraux aux finances en 1553.
Sur le plan culturel, Charles IX fait évoluer ses goûts artistiques et architecturaux et décide de mettre de nouveau l’accent sur les arts et lettres pour renforcer son prestige, mais aussi certaines de ses décisions politiques. Il contribue à rendre sa cour davantage dynamique et vivante que par le passé. Cette détermination est renforcée par la rivalité qui se développe entre François IV de Bretagne et lui, la cour de Bretagne étant devenue sous les Valois-Angoulême un modèle que certains comparent aux anciennes cours de Bourgogne ou d’Aquitaine. Il soutient le développement du collège royal pour développer les lettres et mathématiques, notamment dans l’intention de faire de sa cour un haut-lieu des lettrés. Ce soutien aux lettres l’amène à adopter une posture plus tolérante dans la diffusion des idées, même si la lutte contre les idées luthériennes et calvinistes demeure une priorité du roi.
Dans les affaires religieuses, Charles IX continue de mener une politique de fermeté et répressive contre les tenants des idées luthériennes et calvinistes avec la possibilité d’amnistie pour les repentants. Il soutient ce faisant la position de la faculté de théologie de Paris et des parlements provinciaux, même s’il commence à prendre une position plus souple sur la question durant la période. S’il continue de défendre l’application des décisions du concile de Mantoue, l’implication de la papauté dans le conflit qui l’avait opposé à Charles Quint amène cependant le roi de France à prendre ses distances avec la papauté et à soutenir la position de la Faculté de Paris dans le renforcement de l’autonomie de l’Église de France en dépit du Concordat de Carpentras. Cela amène notamment le roi de France à refuser l’établissement de l’inquisition en son royaume. Le développement des colonies de Nouvelle-France donne à Charles IX d’autres possibilités de contrer la diffusion des idées protestantes en son royaume avec la possibilité de l’exil vers la Nouvelle-France. En 1554, Charles IX renoue avec la politique de tolérance religieuse de son père avec l’amnistie des vaudois ayant échappé à la répression des années 1546-1547 mais aussi en autorisant la venue des marranes (1) de la péninsule ibérique.
Au niveau de la cour, Charles IX s’appuie plus que jamais sur les Bourbons, même si la disparition de Charles de Bourbon-Montpensier au printemps 1553 affaiblit ces derniers. La disparition du gouverneur du Languedoc amène Charles IX à nommer Louis III de Bourbon à cette charge. Ses relations avec les Valois-Angoulême sont cordiales, même si le contexte de la succession d’Henri IX d’Angleterre suite au décès de ce dernier à l’été 1551 contribue à développer des tensions entre François IV de Bretagne et lui à cause de ses hésitations à soutenir ouvertement les droits dynastiques de sa cousine Marie alors qu’une controverse éclate sur l’été et l’automne 1551 sur la légitimité d’Élisabeth à monter sur le trône. Cette rivalité se déploie aussi dans la recherche à la magnificence de la cour royale, même si cette quête résulte aussi de l’intention de contrecarrer plus que jamais le prestige des Habsbourg. Le roi de France hésite à soutenir sa cousine dans ses revendications dynastiques, mais ne s’oppose pas au développement des liens entre cette dernière et des seigneurs anglais contestant l’irrégularité de l’accession au pouvoir d’Élisabeth I, considérant cela comme une opportunité qui pourrait permettre à son royaume de renforcer son influence outre-manche et éviter de voir son royaume cerné par des puissances hostiles. L’échec de la conjuration d’Henri Pole le rend prudent dans l’idée de soutenir sa cousine, mais lui donne aussi la possibilité de négocier avec son époux et elle concernant les conditions de son soutien. Les tractations entre Marie et lui se développent au cours de l’année 1554 et aboutissent à l’accord d’Amboise de novembre 1554 où Charles IX considère le soutien aux revendications de sa cousine à la condition que son héritier François n’hérite que du trône anglais alors que son frère cadet Henri aurait le duché de Bretagne.

Durant le début des années 1550, François IV fait épanouir son duché et développe la flotte bretonne, à la fois pour renforcer la flotte française, renforcer les échanges avec le royaume d’Angleterre et renforcer les échanges avec les colonies du Nouveau Monde où pêcheurs et volontaires vont s’installer. Il contribue à l’épanouissement de Nantes, de Brest et de Saint-Malo par sa politique maritime. Il renforce la répression contre les éléments protestants présents au sein de son duché et entreprend de renforcer son influence au sein de la cour royale.
La mort d’Henri IX d’Angleterre et l’accession au trône d’Élisabeth contribuent à nourrir des tensions avec Charles IX et une certaine rivalité avec ce dernier à cause des revendications dynastiques sur la couronne anglaise du roi de France et de l’épouse de François IV, Marie. François fait valoir les droits de son épouse auprès du parlement anglais durant l’automne 1551, arguant notamment du fait que Marie est l’aînée dans l’ordre de succession. La démarche échoue, renforçant la détermination de François et de Marie à défendre sa revendication au trône, dénonçant une usurpation de la part d’Élisabeth. François IV reproche à Charles IX les hésitations dans son soutien aux revendications de sa cousine, ce qui nourrit une rivalité entre les deux hommes. Au début de l’année 1552, ils soutiennent cependant un projet de mariage entre l’héritier de François IV, François, et Élisabeth pour assurer de manière détournée les droits de Marie, mais le projet est rejeté par la reine d’Angleterre sur les conseils de son entourage. Ce nouvel échec amène François IV et Marie à tenter d’autres voies pour défendre ses droits à la couronne. Marie écrit en mars 1552 au pape Grégoire XIII pour lui demander de défendre ses droits à la couronne anglaise. La réponse favorable de ce dernier la conforte dans sa détermination à récupérer le trône, d’autant plus avec l’absence de réaction de la part d’Élisabeth I. Marie et François IV entreprennent aussi de tisser des liens avec le royaume d’Écosse alors que le projet matrimonial entre Jacques VI et Catherine de Bretagne est soutenu par Renée de France du côté écossais et approuvé par le duc de Bretagne. Le couple ducal développe aussi des liens avec différents représentants de la cour d’Angleterre qui désapprouvent l’irrégularité de l’accession au pouvoir d’Élisabeth, moins sur la question successorale que du fait du maintien et du renforcement de l’influence des Howard et d’Anne Boleyn à la cour anglaise. Ils entrent ainsi en contact avec des représentants de la famille Neville et de leurs alliés, établissant un début de projet destiné à placer Marie sur le trône et accueillent Thomas Butler qui revendique le comté d’Ormonde contre Georges Boleyn. Leurs efforts sont cependant entravés par les tergiversations de Charles IX et l’échec de la conjuration d’Henri Pole à l’été 1553.
L’échec de la conjuration les dissuadent de tenter une expédition prévue à l’été 1553, d’autant moins alors que Charles IX se montre peu enclin à soutenir l’entreprise. Si Marie reçoit d’autres seigneurs anglais prêts à la soutenir, l’échec de la conjuration et les réticences de son cousin l’obligent à patienter et à travailler son influence pour s’assurer le soutien de Charles IX et garantir ses chances de monter sur le trône d’Angleterre. Leurs efforts parviennent à des résultats avec les accords d’Amboise de novembre 1554 : Charles IX accepte de soutenir les revendications de Marie à la condition que les domaines français reviennent à Henri, le fils cadet de François IV et de Marie, afin qu’ils demeurent au sein du royaume de France. A ce succès s’ajoute le soutien du pape Clément VIII avec lequel Marie correspond au cours de l’année 1554 pour obtenir son soutien pour défendre ses droits. Les bonnes relations avec la papauté permettent aussi à François IV et Marie d’obtenir la dispense nécessaire pour permettre le mariage entre leur fille Catherine et le roi d’Écosse, Jacques VI.

Sur le plan diplomatique, le début des années 1550 voit d’importants bouleversements dans les relations de Charles IX avec certains de ses voisins.
L’événement majeur de la période est la disparition d’Henri IX d’Angleterre à l’été 1551 et l’arrivée imposée d’Élisabeth sur le trône anglais. Charles IX y porte une attention forte du fait de ses revendications dynastiques et de celles de sa cousine Marie, cette dernière se tournant vers lui pour les défendre et dénoncer l’usurpation réalisée par sa demi-sœur avec l’aide de sa mère et du duc de Norfolk. Charles IX se refuse cependant d’intervenir dans la controverse successorale de l’automne 1551, même s’il charge son ambassadeur de défendre les droits de sa cousine. S’il escompte renforcer les liens avec la couronne anglaise et développer l’influence de son royaume dans le royaume insulaire, le souverain français s’inquiète aussi du risque de voir le duché breton se détacher de nouveau du royaume si Marie devenait reine d’Angleterre. Les hésitations du roi et la confirmation d’Élisabeth sur le trône en novembre 1551 contribuent à nourrir des tensions entre Charles IX et sa cousine et à faire émerger une rivalité avec François IV de Bretagne. Au début de l’année 1552, Charles IX soutient le projet de mariage entre François de Bretagne et Élisabeth I, puis celui entre son héritier Charles et la nouvelle souveraine anglaise. L’échec de ces deux propositions contribue à refroidir les relations, mais Charles IX se montre peu enclin à soutenir tout projet qui permettrait à sa cousine de monter sur le trône anglais. L’échec de la conjuration d’Henri Pole à l’été 1553 le conforte dans cette position, même si François IV et Marie font pression sur lui pour obtenir son soutien. Ses positions nourrissent la rivalité entre le duc de Bretagne et lui. Du fait de ses réticences et de la volonté de maintenir les échanges avec l’Angleterre, les échanges commerciaux entre les deux royaumes continuent cependant, permettant notamment au nord du royaume de tirer profit de sa proximité avec le Calaisis.
Charles IX continue d’entretenir des relations cordiales avec Jacques VI d’Écosse, soutenant sa demi-sœur et le clan français au sein de la cour d’Écosse pour garder une influence importante sur le royaume d’Écosse et conserver l’alliance avec ce dernier, notamment face au royaume d’Angleterre alors que la succession anglaise complique les relations entre les deux royaumes. La succession aléatoire en Angleterre l’amène à soutenir un projet matrimonial avec le roi d’Écosse, concédant l’idée de marier Catherine de Bretagne avec ce dernier pour apaiser François IV et Marie.
La mort de Paul IV à l’automne 1550 donne à Charles IX l’opportunité de soutenir un candidat à la succession au trône de Saint Pierre. Si c’est le cardinal Giovanni Domenico De Cupis qui est finalement désigné, Charles IX tisse de bonnes relations avec le nouveau pape, ce qui permet d’atténuer les tensions et fractures issus de la guerre de la Ligue de Pérouse. Un désaccord existe cependant entre le roi et le nouveau souverain pontife concernant la politique royale de renforcement de l'autonomie de l’Église de France, ce qui suscite quelques tensions. Cela lui permet aussi de travailler à développer de nouveau son influence dans la péninsule italienne, principalement à Sienne où la disparition de Paul IV contribue à renforcer les tensions au sein du duché et précipite le retour du régime républicain avec le soutien de Pierre Strozzi que Charles IX soutient. Le roi de France intervient aussi en tant qu’arbitre dans la deuxième guerre genevoise qui se déroule sur les années 1552-1553 avant d’entreprendre de tisser des liens avec le nouveau duc de Savoie, Louis II. Ses relations avec la république de Venise demeurent cordiales, même si elles sont principalement de l’ordre des échanges commerciaux. Ses relations avec Gênes sont plus difficiles du fait de l’hostilité existant entre Andrea Doria et lui, même si les échanges commerciaux reprennent entre leurs territoires respectifs. La mort du pape en décembre 1553 amène à un nouveau conclave et l’élection de son successeur en janvier 1554, Clément VIII. Le roi de France s’assure d’avoir de bonnes relations avec le nouveau souverain pontife, notamment alors que la question de la succession dynastique anglaise devient un enjeu notable au cours de l’année 1554. L’arbitrage de Charles IX dans le conflit entre Genève et le duché de Savoie suscite cependant un contentieux avec le Saint-Siège du fait de l’implantation protestante dans la république genevoise alors que le contentieux sur la politique gallicane du roi persiste, même si celle-ci s'atténue quelque peu.
Les relations de Charles IX avec les Habsbourg sont compliquées entre échanges cordiaux et retour des échanges commerciaux et défiance du fait des contentieux sur l’Artois, considéré par le roi de France et Charles Quint comme part de leur domaine dynastique (2). L’accession au trône d’Angleterre d’Élisabeth I contribue à nourrir l’ambiguïté dans les relations, Charles IX cherchant à s’assurer la neutralité de son puissant voisin dans la querelle dynastique opposant Élisabeth I à sa demi-sœur. Ces efforts sont particulièrement importants au cours de l’année 1554 alors que le roi de France accorde davantage son soutien aux revendications de Marie.

Durant la période, Charles IX relance les expéditions vers le Nouveau Monde afin de consolider la présence française dans les terres de Nouvelle-France. Si les colonies ont toujours le but de mener des échanges commerciaux avec les autochtones, elles ont aussi pour mission de se développer et de tisser des réseaux d’alliances et d’influence dans leurs régions respectives. Saint-Jean est la colonie qui réussit le moins dans ce domaine durant la période. Si le port s’est épanoui du fait de la pêche de morue et de baleines, les occupants de Saint-Jean ne parviennent pas à établir de relations avec les Béothuks et sont même en relation conflictuelle avec ces derniers, notamment du fait du développement de Saint-Jean en tant que port de pêche et d’escale entre le royaume de France et les autres colonies. Le renforcement de Saint-Jean durant la période aboutit à la multiplication des incidents et des heurts entre les français et les autochtones. Un conflit éclate en 1554 entre les habitants de Saint-Jean et les Béothuks qui voient la mort d’une centaine de colons français et de plusieurs dizaines d’autochtones au travers d’escarmouches et d’embuscades, forçant notamment les pêcheurs bretons et français à prendre leurs quartiers à Fort Valois.
Le début des années 1550 voit Fort Valois se développer grâce aux échanges avec les Elnous. Son développement tire aussi profit des troubles subis par Saint-Jean lorsque le conflit éclate entre les occupants du port et les Béothuks. Si les occupants de Fort Valois ne peuvent aider leurs compatriotes de Saint-Jean, ils permettent aux pêcheurs bretons de prendre leurs quartiers et de continuer à pêcher sans être perturbés par les conflits sur Terre-Neuve. Les français profitent aussi du développement de Fort Valois pour contrôler le sud de Petite-Bretagne
Fort Sainte-Croix est la colonie qui réussit à renforcer son influence et son développement durant le début des années 1550, les français tirant profit de l’alliance qu’ils ont avec les iroquoiens d’Hochelaga et de Stadaconé. Ces derniers se sont rapprochés pour s’unir face aux incursions des Mohawks et des Hurons et pour tirer profit du commerce avec les français tout en cherchant à ne pas se laisser dominer par ces derniers. Les relations entre les français et les iroquoiens demeurent fortes, notamment face aux attaques des Hurons, des Mohawks ou des Montagnais en provenance de Saguenay. Les heurts avec ces derniers sont très nombreux durant la période du fait de la relance d’expéditions françaises dans la région pour tenter de trouver le fameux royaume décrit par Donnaconna. En parallèle de ces différentes actions, les français développent le contrôle du Saint-Laurent en direction du golfe, s’assurant de la possibilité de maintenir des échanges avec Saint-Jean et la métropole. Leurs explorations vers le Saguenay leur permet de développer aussi leur présence dans cette région.
Fort Charlesbourg se renforce durant la période en étendant notamment le contrôle sur les territoires délaissés par les tribus voisines du fait des ravages provoquées par les différentes épidémies. Les français renforcent leur présence dans la région, notamment dans la baie de Terre d’Orléans, mais renforcent aussi leurs relations préexistantes avec les tribus Delaware. Le renforcement de Fort Charlesbourg amène cependant à l’émergence de tensions avec les tribus locales et les incidents se multiplient durant la période.
Les années 1550-1554 voient de nouvelles expéditions être pensées et préparées, notamment vers le sud du Nouveau Monde et vers l’Asie. Une expédition explore ainsi la baie du Rio de Janeiro (3) sur les années 1553-1554.

(1) Communauté juive ibérique convertie au christianisme mais continuant de pratiquer en secret les rites hébraïques, résultant en leur persécution par les autorités locales et l'Inquisition.
(2) Charles Quint se considère d'abord bourguignon et flamand avant d'être Habsbourg et roi d'Espagne. C'est la raison pour laquelle dans la LTO, il avait exigé la cession du duché de Bourgogne lors du traité de Madrid afin de "restaurer" l'héritage bourguignon de sa grand-mère Marie de Bourgogne et de son ancêtre Charles le Téméraire (ou le Travaillant si on considère certains chroniqueurs de l'époque).
(3) Nom portugais initial donné à la baie de Guanabara lorsque les portugais découvrent la baie en janvier 1502 (d'où le nom de Rio de Janeiro, "la rivière de Janvier).
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Message par ezaski Sam 28 Jan - 10:43

J'arrive toujours pas à comprendre à quoi correspondent les territoires de la Nouvelle France IRL ...
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Message par Yodarc Sam 28 Jan - 11:07

ezaski a écrit:J'arrive toujours pas à comprendre à quoi correspondent les territoires de la Nouvelle France IRL ...

Grosso modo, les territoires de la Nouvelle-France IRL sont la baie de New-York et ses environs immédiats (ou Baie de Marie comme j'aime à l'appeler dans cette réalité alternative), le sud de la Nouvelle-Écosse (Petite-Bretagne dans cette LTA), la partie (côte) sud de Terre-Neuve et l'embouchure du Saint-Laurent et les environs de la rivière Saguenay. A ces territoires s'ajoutent les territoires explorés (mais non contrôlés) par les français depuis l'installation de Fort Charlesbourg.

Je ferai cependant une carte des possessions françaises du Nouveau Monde pour les appendices qui suivront la dernière partie de ce récit, histoire d'illustrer la situation.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 9 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Flosgon78 Sam 28 Jan - 18:11

Fantastique !!!
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Message par Yodarc Sam 4 Fév - 11:40

Bonjour à vous !
Aujourd'hui, la partie sans doute la plus "explosive" d'un point de vue dynastique et effet papillon exploité dans le cadre de cette uchronie. Un bouleversement majeur pour le royaume d'Angleterre au début des années 1550, s'appuyant sur un événement qui a eu lieu historiquement et sur une certaine tendance qui a marqué la maison Tudor à partir de son arrivée sur le trône d'Angleterre (et bien sûr de l'obsession dynastique d'Henri VIII pour avoir un héritier), et dont les répercussions vont au-delà de l'Angleterre. Du fait de la densité des événements, la partie se focalise sur ce qui se passe en Angleterre (et par extension sur l'Irlande) et non pas sur les îles britanniques en général comme pour les précédentes parties sur cette région.
J'espère que cette partie saura plaire malgré son audace et qu'elle demeure plausible au regard du contexte et de l'histoire anglaise en général.
Bonne lecture !

1550-1554 : Succession à l’anglaise
Les années 1550-1554 sont pour le royaume d’Angleterre une période incertaine alors qu’un événement inattendu le déstabilise et suscite une crise inédite depuis l’arrivée des Tudors au pouvoir.

Au cours des années 1550-1551, Henri IX continue de renforcer son règne, commençant notamment à se détacher de l’influence du duc de Norfolk. Le parti de la reine douairière et des rivaux des Norfolk et Boleyn intriguent pour obtenir la principale influence au sein de la cour. Le jeune roi cherche à développer son royaume, se retrouvant notamment confronté aux problèmes économiques qui affectent le territoire. Il cherche notamment à combattre l’expansion des enclosures qui déstabilisent le monde paysan, notamment dans le nord du royaume. Le roi d’Angleterre renforce les échanges commerciaux dans la mer du Nord et avec le royaume de France. Il cherche enfin à consolider son autorité en Irlande pour restaurer la stabilité au sein des seigneurs locaux. S’appuyant sur son chancelier Stephen Gardiner, Henri IX renouvelle les relations avec la papauté et soutient la lutte contre les idées protestantes avec fermeté. Henri IX cherche enfin à tisser d’importants liens avec le royaume d’Écosse pour maintenir la paix entre les deux royaumes, favorisant des négociations pour le mariage entre sa sœur Élisabeth et Jacques VI qui aboutissent au traité de Newcastle d’avril 1550.

La situation change de façon abrupte à l’été 1551 alors qu’une nouvelle épidémie de suette éclate dans le royaume. Alors que le jeune roi parcourt le royaume et se trouvait à Hampton Court, il est frappé par la maladie en juillet 1551. Gravement affecté, le jeune roi agonise et décède à la mi-juillet 1551. Son mariage n’ayant pas encore donné d’enfants, Henri IX n’a pas de successeur, hormis ses deux sœurs Marie et Élisabeth. Pour éviter de perdre leur influence à la cour et contrer les potentielles revendications des autres prétendants, Anne Boleyn et son oncle le duc de Norfolk s’entendent pour placer Élisabeth sur le trône. Ils obtiennent aussi le soutien de John Dudley pour mener à bien leurs projets. Fin juillet 1551, Thomas Howard proclame Élisabeth reine d’Angleterre. Alors que la jeune femme s’installe à la Tour de Londres dans l’attente de son couronnement, le duc de Norfolk et ses alliés travaillent à convaincre le reste des seigneurs anglais de soutenir les droits dynastiques d’Élisabeth, rassemblant le parlement au cours du mois d’août 1551. Face à eux, leurs adversaires, menés par les Neville et les Pole, dénoncent une usurpation au mépris des lois de succession qui stipulent que ce serait la demi-sœur aînée d’Élisabeth, Marie, qui devrait accéder au trône. Entre ces deux factions figurent des seigneurs cherchant à tirer des avantages et des faveurs de l’un ou de l’autre camp.

Le début de l’automne 1551 voit ainsi la cour anglaise marquée par la vive controverse autour de l’accession au pouvoir d’Élisabeth qui divise le parlement anglais rassemblé pour trancher la question et confirmer ou non la fille d’Anne Boleyn sur le trône. La reine douairière et ses alliés travaillent à assurer la légitimité d’Élisabeth à se trouver sur le trône, arguant du fait qu’Élisabeth est la fille d’Henri VIII et la sœur d’Henri IX, argument qui est contesté par leurs adversaires et les juristes qui rappellent que dans l’ordre de succession, Élisabeth est derrière Marie. Leur position est renforcée grâce à l’arrivée d’un message de Marie par l’ambassadeur français à la mi-septembre 1551. Pour contrer ce point, la reine douairière et ses alliés soulignent qu’Élisabeth est célibataire et pourra affermir sa légitimité par un mariage avec un des autres prétendants à la succession, cherchant ce faisant à s’assurer le soutien d’Henri Stafford ou d’Henri Courtenay. Ils présentent en opposition Marie, mariée à François IV de Bretagne, et soulèvent les incertitudes sur sa capacité à régner et à ne pas être au profit de son époux, sans compter le risque des ingérences de la couronne française. Le duc de Norfolk et la reine douairière présentent au contraire Élisabeth comme une personne idéale pour régner du fait de sa jeunesse et de son statut de princesse célibataire qui lui permettrait de consolider sa légitimité sur le trône en épousant un seigneur anglais, idéalement un ayant aussi des revendications sur le trône pour assurer la réconciliation des différents partis et apaiser les craintes et colères. La situation devient incertaine et compliquée fin septembre 1551 lorsque Marie se présente Ces différents arguments permettent à Anne Boleyn et à Thomas Howard de gagner le soutien d’une partie notable des barons anglais à l’avènement d’Élisabeth sur le trône, malgré la désapprobation des adversaires de la reine douairière et du duc de Norfolk et les protestations de représentants proches de Marie et de certains juristes. Suite au soutien du parlement et à la confirmation de sa position, Élisabeth est couronnée reine à la mi-octobre 1551.

Les premiers mois de règne voit la nouvelle souveraine reprend les politiques développées dans les années précédentes. Pour pouvoir affermir son autorité incertaine, elle reprend la majeure partie des membres du conseil privé, hormis Stephen Gardiner qui démissionne en protestation de ce qu’il considère comme une usurpation. A la place, Élisabeth reprend sur les conseils de sa mère Thomas Cranmer. La jeune reine entreprend aussi d’accorder des privilèges à différentes cités, notamment portuaires, pour s’assurer le soutien de la population et se présenter comme une souveraine généreuse. Pour s’assurer de nouveaux alliés, elle restaure le titre de comte à Henri Stafford (1) en janvier 1552.
Ces différentes actions n’empêchent cependant pas le développement d’une opposition et contestation de son autorité par certains représentants de la noblesse et de la gentry qui dénoncent l’usurpation dans l’ordre de succession et surtout perçoivent la jeune reine comme un pion au service des intérêts des Howard et l’illustration d’une volonté d’usurpation menée par Anne Boleyn destinée à effacer toute trace de Catherine d’Aragon et de sa fille du cœur des anglais. Ces oppositions se traduisent en rivalités virulentes au sein de la cour, principalement entre les alliés de la reine et leurs adversaires, mais aussi entre la reine douairière et son oncle alors que la première cherche à préserver sa position et son influence auprès de sa fille alors que le second cherche à jouer un rôle similaire auprès d’Élisabeth I. Ces oppositions internes sont renforcés par les positions sur la question religieuse : Anne Boleyn et Thomas Cranmer défendent une position intégrant des éléments issus des idées de Tyndale et de Luther alors que le duc de Norfolk défend les positions développés depuis Henri VIII, à savoir la défense de la foi catholique et le soutien aux politiques influencées par les idées du concile de Mantoue et la neutralisation des mouvements prétendus réformés. Ces controverses sont renforcées par les interrogations autour de la conviction religieuse d’Élisabeth I, cette dernière étant proche de sa mère. A ces différents éléments s’ajoute le trouble suscité par la réponse du pape Grégoire XIII de mai 1552 qui dénonce l’accession au pouvoir d’Élisabeth I illégale et affirme Marie légitime, ce qui contribue à créer un clivage entre la couronne et une partie du clergé. La réponse du pape nourrit la controverse, ce qui aboutit à l’automne 1552 à la publication de placards dénonçant la fourberie et la manigance des Boleyn et des Howard commencent à être diffusés et soulèvent la question du respect des lois de succession et de la légitimité royale. Anne Boleyn est particulièrement visée, étant dépeinte comme une intrigante manipulatrice et hérétique, ses sympathies supposées ou réelles pour les idées luthériennes et tyndaliennes étant dénoncées alors que son soutien à sa fille est présenté comme l’acte d’une mauvaise Rebecca (2) privant Marie de son droit au profit de sa fille. Face à ces critiques, Élisabeth I et son pouvoir appliquent une politique répressive à l’encontre de ceux qui ont imprimé et diffusé ces messages. Ainsi, un imprimeur de Londres, Thomas Berthelet est arrêté en septembre 1552 pour son implication dans la publication des placards.
L’opposition à Élisabeth I et ses alliés se renforce après l’échec du projet matrimonial entre la jeune reine et François de Bretagne en février 1552. Parmi les adversaires de la reine soutenant les revendications de Marie, Geoffroy Pole charge son fils Arthur de rencontrer cette dernière au printemps 1552 pour tisser des liens et développer le projet de défense des droits dynastiques de cette dernière. Les Pole se rapprochent des autres adversaires de la reine, notamment les Neville et les seigneurs du nord. Le clan marial cherche à développer un plan destiné à renverser Élisabeth I en s’appuyant sur la puissance de François IV de Bretagne, mais doivent composer avec les tergiversations de la cour française et à la méfiance de la couronne anglaise. L’opposition plus ou moins forte de ces représentants de la noblesse et de la gentry anglaise et la situation de Marie au sein du royaume de France suscitent en effet la vive inquiétude d’Élisabeth I et de son entourage qui appréhende le risque d’invasion par les français, soit par le duc de Bretagne, soit par Charles IX de France.
Sur le plan économique, la jeune souveraine et ses conseillers s’efforcent de résoudre les difficultés qui affectent le royaume, même si la question des enclosures continue de susciter la controverse. Ils poursuivent la promotion du commerce avec leurs voisins, même si les relations avec le royaume de France se compliquent à cause de la position importante qu’occupe Marie en tant qu’épouse du duc de Bretagne. Le changement de souverain et les troubles économiques contribuent à susciter de nouvelles tensions sociales, tout particulièrement dans les régions touchées par le phénomène des enclosures, mais aussi dans les territoires où la rivalité entre les seigneurs locaux et les monastères se sont renforcés au fil des années, les monastères ayant tiré profit du recensement sous la régence d’Henri IX et de la diffusion des idées mantouanes pour se réformer et préserver leur influence dans le royaume. Le maintien de l’influence du clergé régulier contribue aussi à nourrir les tensions politiques, le clergé étant en partie opposé à l’entorse aux règles successorales par Élisabeth I et ses alliés.

En plus des difficultés économiques et sociales et les controverses religieux, Élisabeth I et son conseil doivent aussi gérer le renouvellement des tensions en Irlande alors que les clans irlandais commencent à rejeter l’ingérence croissante de la couronne anglaise dans les affaires de l’île. En janvier 1552, elle renouvelle la position de lord-lieutenant à Thomas Radclyffe qui avait été placé en 1549 par son frère. Le comte de Sussex assure une certaine stabilité sur l’île d’Émeraude, n’hésitant pas à faire preuve de brutalité et de fermeté envers les seigneurs irlandais les plus turbulents, notamment les O’connor et les O’Neill. Il est soutenu dans cette politique par Georges Boleyn, comte d’Ormonde. Un conflit divise notamment la famille O’Neill durant la période : Conn O’Neill défend depuis de nombreuses années le choix de son fils aîné mais illégitime Feardorcha, ce que dénonce son fils cadet légitime, Shane. La mort d’Henri IX relance le conflit entre les O’Neill, Conn cherchant à obtenir de la nouvelle souveraine la confirmation de la succession, ce qui l’amène à la rencontrer en mars 1552. Bien qu’hésitant à renouveler le statut successoral confirmé par son défunt frère, la jeune souveraine finit par confirmer la position de Feardhorcha comme héritier du clan O’Neill. Cette décision contribue ce faisant à nourrir le conflit, amenant l’intervention du lord-lieutenant qui cherche à pacifier la situation, n’hésitant pas à pratiquer la politique de la terre brûlée. Les troubles dans le Tír Eoghain et les ingérences anglaises contribuent à nourrir l’antagonisme des clans irlandais. Certains seigneurs irlandais dénoncent l’hypocrisie anglaise en soulignant le fait que la nouvelle souveraine n’est que la cadette dans l’ordre de succession, faisant ainsi fi du droit canon dans les lois de succession. Une partie des seigneurs irlandais songent à apporter leur soutien à Marie dans l’espoir de pouvoir retrouver la situation de statu quo précédant la mort d’Henri VIII ou pour améliorer leur position. Parmi ces seigneurs figurent Thomas Butler, ce dernier étant déterminé à récupérer le titre de comte d’Ormonde détenu par Georges Boleyn, duc de Somerset. Thomas Butler rejoint ainsi Marie dans le duché de Bretagne à l’été 1552.
Le lord-lieutenant doit aussi gérer les agissements de Sorley Boy MacDonnell dans la région de l’Ulster, ce dernier menant campagne pour soumettre les MacQuillans. Les MacDonnell étant liés au clan écossais, la couronne anglaise appréhende après 1551 des risques d’ingérence écossaise, même si le projet matrimonial entre Élisabeth I et Jacques VI retient Thomas Radclyffe d’utiliser les mêmes méthodes contre Sorley, cherchant à traiter avec ce dernier et à s’en faire un allié dans la lutte contre Shane O’Neill. Le lord-lieutenant doit aussi gérer les tensions qui touchent le petit royaume de Thomond durant la période : Dermod O’Brien, roi de Thomond depuis la mort de son père Murchadh Carrach O’Brien en 1551, doit faire face à son cousin Donnell O’Brien qui lui conteste la position. Il se tourne vers le lord-lieutenant pour lui demander son arbitrage. Thomas Radclyffe condamne les cousins de Dermod comme rebelles et intervient dans le comté de Clare en 1554, permettant à Dermod de débouter Donnell de ses revendications.

Sur le plan diplomatique, Élisabeth I cherche à maintenir des relations cordiales avec ses voisins, consciente de la situation compliquée dans laquelle elle se trouve et des circonstances particulières dans lesquelles elle est arrivée sur le trône. La jeune souveraine cherche à développer des relations avec Jacques VI, notamment avec la relance du projet matrimonial entre le souverain écossais et elle. L’échec de cette tentative et la perspective d’un mariage entre Jacques VI et Catherine de Bretagne suscitent cependant une importante inquiétude chez la souveraine et ses alliés et suscite quelques tensions dans les liens entre les deux royaumes britanniques. Le changement de régence écossaise contribue aussi à distendre les relations tissées sous Henri IX depuis le décès de Jacques V d’Écosse.
Les relations avec le royaume de France sont en revanche plus compliquées à cause du poids important de François IV de Bretagne à la cour de France, ce dernier défendant les droits dynastiques de son épouse et déterminé à dénoncer l’accession au pouvoir d’Élisabeth I comme une forfaiture et une usurpation. Si Charles IX paraît d’abord neutre et prêt à échanger avec la nouvelle souveraine, l’échec des discussions autour d’un projet matrimonial entre François de Bretagne et Élisabeth contribue à refroidir les relations. La menace potentielle que représentent sa demi-sœur et la perspective de voir le roi de France soutenir les revendications dynastiques de Marie amènent la couronne anglaise à travailler ses relations avec le roi de France et à jouer de la rivalité entre ce dernier et le duc de Bretagne.
En plus de chercher à maintenir de bonnes relations avec le roi de France, Élisabeth I cherche à tisser des relations avec ses autres voisins pour s’assurer des alliés contre la menace potentielle d’une attaque française. Elle cherche ainsi à développer des relations avec Charles Quint, tirant notamment profit des liens économiques entre les Pays-Bas espagnols et son royaume. La reine d’Angleterre tisse des relations avec Jean II de Norvège et établit des relations avec le Saint-Siège, même si les relations avec Grégoire sont tièdes du fait de la proximité favorable de ce dernier avec les français et de la question épineuse de la légitimité d’Élisabeth à régner alors que sa demi-sœur aînée est encore en vie.

Ces différentes tensions et incertitudes se cristallisent dès le début de l’année 1552 autour d’un enjeu crucial pour Élisabeth et ses alliés.
En janvier 1552, une proposition des représentants français ouvre la question matrimoniale et de la nécessité pour Élisabeth I à se marier pour affermir sa légitimité et pérenniser sa lignée. La reine et ses conseillers reçoivent la proposition de mariage avec François de Bretagne, le fils de François IV de Bretagne et de Marie. Si les représentants français, les adversaires de la reine et certains conseillers défendent ce projet en soulignant le fait que ce mariage permettrait d’apaiser les tensions liées à la succession, les proches de la reine s’y opposent pour différentes raisons. Le risque de perte d’autorité d’Élisabeth I au profit d’un prince français est souligné et le fait que ce mariage concernerait une tante et son neveu nécessiterait une dispense pontificale. Mais l’opposition la plus virulente vient du duc de Norfolk et de certains représentants de la cour proche de la reine et de ses alliés, arguant du fait que la reine a besoin d’épouser un seigneur anglais pour consolider sa position. Ces différents arguments amènent au refus d’Élisabeth I à accepter le projet début février 1552.
La question matrimoniale devient alors primordiale au cours de l’année 1552 et divise le conseil privé. Si une partie des conseillers et la reine douairière défend le mariage avec un seigneur anglais qui aurait idéalement des revendications dynastiques pour apaiser l’hostilité d’une partie de la population, d’autres reprennent l’idée de relancer le projet de mariage entre Élisabeth et Jacques VI d’Écosse, y voyant une opportunité d’unifier les deux royaumes. Parmi les soutiens du projet figure le duc de Norfolk qui a contribué au projet initial du temps d’Henri IX. Sur les conseils de sa mère et de son chancelier, Élisabeth I penche davantage pour un mariage anglais, d’autant plus alors que l’inquiétude d’un soutien français aux revendications de Marie et d’une rébellion contre la reine se développe. L’existence du traité de Newcastle et l’espoir de s’appuyer dessus pour influer sur la régence écossaise amène cependant la souveraine à autoriser cependant l’envoi d’un représentant à la cour de Jacques VI pour jauger la possibilité à l’été 1552. La couronne anglaise envoie ainsi William Paget pour s’enquérir de la position de la cour écossaise sur la possibilité d’un mariage entre Jacques VI et Élisabeth I. La visite de William Paget durant l’été et l’automne 1552 n’aboutit à aucun résultat, d’autant plus alors que la régence écossaise a changé de tête au cours de la période et que l’entourage de Jacques VI pousse ce dernier vers un mariage français, principalement vers Catherine de Bretagne, ce qui suscite de vives inquiétudes à la cour anglaise à l’idée de voir Marie trouver de nouveaux alliés pour défendre ses revendications.
L’échec de la reprise du projet de mariage écossais amène Élisabeth I à se tourner de nouveau vers le mariage anglais. Son conseil privé et sa mère lui conseillent de se tourner vers un des nobles anglais ayant des revendications sur la couronne anglaise : Arthur Pole, Edouard Courtenay, Henri Stafford (3) et Henri Hastings. Le premier prétendant est exclu du fait de l’hostilité des Pole envers la reine et ses alliés. Henri Stafford est considéré du fait de la restauration des titres de sa famille alors que Francis Hastings, baron de Huntington, cherche à nouer une union matrimoniale entre son fils Henri et la fille de John Dudley dont il est un proche allié. Le conseil privé privilégie cependant le comte de Devon en dépit de l’opposition de la mère de ce dernier (4). Le conseil privé pousse Élisabeth I à épouser ce dernier, d’autant plus que John Dudley intrigue pour permettre une union matrimoniale entre son fils Robert et la jeune reine, tirant profit de leur proximité en âge et du fait qu’ils se connaissent. Le duc de Norfolk s’oppose à ce projet avec le soutien du conseil privé, appréhendant de voir le comte de Warwick affermir sa position auprès de la reine au détriment de la sienne. Ces conflits d’intérêt au niveau des rivalités au sein de la cour, Robert Duddley étant peu à peu en rivalité avec Édouard Courtenay.
Élisabeth I finit par accepter la position du conseil privé concernant son mariage à l’hiver 1552, ce qui permet son mariage avec Édouard Courtenay en février 1553. Leur mariage soulève cependant la question de la position du comte de Courtenay en qu’époux de la reine : sera-t-il souverain jure uxoris ou simple époux ? Le conseil privé d’Élisabeth I lui conseille de lui accorder la position de souverain pour conforter sa propre position alors qu’Anne Boleyn est plus réservée par appréhension de voir sa fille se retrouver reléguée au profit de son époux. Si Élisabeth I tergiverse au tout début de l’année 1553, se contentant de créer le titre de duc de Devonshire à son époux, la nécessité de renforcer sa légitimité et la menace de voir Marie attaquer avec le soutien de son époux voire du roi de France l’amène à confirmer Édouard Courtenay roi en avril 1553, ce dernier devenant Édouard VI. Pour contrer la possibilité d’une restauration de Marie, le conseil privé mené par Thomas Howard pousse Élisabeth I à faire de la nouvelle position de son époux un titre qui survivra en cas de décès de la jeune souveraine.
Le mariage d’Élisabeth et la nouvelle position de son époux contribuent à affermir sa position sur le trône, mais précipite aussi l’éclatement d’une rébellion de la part des partisans de Marie. Les différents seigneurs anglais soutenant Marie préparent une rébellion destinée à permettre à la princesse de récupérer le trône, échangeant avec cette dernière pour pouvoir bénéficier d’une intervention de François IV en son nom. L’émergence des rumeurs concernant l’implication de différents membres de la noblesse et de la gentry suscitent l’intérêt et l’inquiétude d’Élisabeth et de ses alliés, d’autant plus alors qu’Élisabeth se découvre enceinte en mai 1553. Cette inquiétude se double de celle autour de l’imminence d’une expédition de la part de Marie ou de son époux dont Élisabeth et son entourage découvrent les intentions courant avril, amenant le couple royal à ordonner à leurs féaux une vigilance maximale et de charger leur ambassadeur de rencontrer Charles IX. Début juin 1553, la couronne intercepte un message d’Henri Pole vers les comtes de Westmorland et de Northumberland, Henri Neville et Thomas Percy, demandant à ces derniers de déclencher l’insurrection dans leurs provinces. Le couple royal charge les ducs de Norfolk et de Suffolk d’arrêter les deux comtes et de neutraliser toute tentative de révolte et ordonne aussi l’arrestation du comte de Salisbury.
Les événements se précipitent durant le mois de juin 1553. Henri Suffolk et Thomas Howard rejoignent les provinces du nord et apprennent que ces derniers ont levé leurs forces et rejoint York qui a rallié leur cause grâce aux actions de l’évêque, Reginald Pole. Les deux ducs et leurs forces affrontent celles des rebelles au nord du château de Pomfret (5) le 22 juin 1553. L’affrontement est brutal mais voit les deux ducs disperser les forces adverses, capturant Thomas Percy et Henri Neville peu après avant de reprendre début juillet York où l’évêque préfère s’enfuir vers le royaume d’Écosse. Au sud, Geoffroy Pole est un des premiers arrêtés en tant que frère du comte de Salisbury. Ce dernier, averti par des alliés, s’enfuit vers la Bretagne, échappant de peu à son arrestation. Henri Nevill cherche aussi à s’enfuir, mais se fait arrêter par le comte de Worcester, William Somerset. Les personnes arrêtées sont jugés pour trahison contre la couronne durant l’été 1553, Élisabeth I et Édouard VI faisant condamner à mort Thomas Percy et Henri Neville en septembre 1553. L’échec de la conjuration de Pole comme les contemporains l’appellent permettent à Élisabeth I et Édouard VI de renforcer leur position à la tête du royaume. La grossesse d’Élisabeth I suscite de nombreuses attentes et l’espoir pour les alliés de la souveraine de voir son autorité confirmée. En décembre 1553, Élisabeth I met au monde une fille que son époux et elle appellent Élisabeth.

L’année 1554 voit Élisabeth et son époux poursuivre les politiques mises en place avant le mariage de la souveraine et développer leurs relations avec leurs voisins, principalement les Habsbourg afin de pouvoir les avoir comme alliés potentiels face à Charles IX malgré l’ambiguïté de la position de Charles Quint sur la question à cause de ses liens familiaux avec Marie. La souveraine est de nouveau enceinte au cours de l’année 1554, suscitant de nouveau l’espoir de voir un héritier pérenniser sa lignée. Le couple royal doit cependant gérer les difficultés économiques et cherche à maintenir des relations cordiales avec le royaume de France pour préserver la pension que la couronne anglaise perçoit de la couronne française. Élisabeth I et Édouard VI travaillent à développer une politique de restriction des enclosures, cherchant à tirer profit de leur succès contre les seigneurs du nord impliqués dans la conjuration de Pole. Ils considèrent aussi les demandes du parlement à taxer les monastères du royaume pour tirer un bénéfice pouvant servir à entretenir le trésor royal. Ils considèrent d’autant plus la demande qu’ils reçoivent à l’été 1554 un message du pape Clément VIII leur exigeant de se retirer au profit de Marie. Ce message suscite la controverse au sein de la cour et contribue à pousser Élisabeth I et Édouard VI à chercher à prendre leurs distances avec la papauté, d’autant plus alors qu’une partie du clergé leur demeure opposé et que Reginald Pole continue de dénoncer leur présence sur le trône alors que ce dernier a rallié son frère et Marie en Bretagne. Durant la même période, Élisabeth I et Édouard VI perdent un allié précieux en la personne de Thomas Howard, ce dernier décédant en août 1554. Son fils Henri lui succède en tant que duc de Norfolk, mais doit faire face à la puissante influence des Dudley, John Dudley cherchant à tirer profit de la disparition de son principal rival dans l’entourage royal pour affermir sa position.

(1) Le père d'Henri Stafford, Edward, avait été exécuté pour trahison envers la couronne en 1521 et ses différents titres retirés à lui et à sa famille.
(2) Dans la Bible, Rebecca est l'épouse d'Isaac et la mère d'Essaü et de Jacob. Lorsqu'Isaac veut bénir son fils Essaü pour en faire son héritier, Rebecca utilise une ruse pour permettre à son fils préféré, Jacob, de se faire passer pour Essaü et usurper ce faisant l'héritage de son frère.
(3) Le petit-fils du duc de Buckingham et le fils d'Henri Stafford.
(4) Gertrude Courtenay était une amie et une servante de Catherine d'Aragon et n'a pas vu d'un bon œil l'annulation du mariage de cette dernière et n'a pas pardonné le fait d'avoir été forcée d'avoir été la marraine de la fille d'Anne Boleyn, Élisabeth.
(5) Ancien nom d château de Pontefract.
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Message par Collectionneur Dim 5 Fév - 18:54

Je ne connaissais pas trop cette maladie qui reste d'origine inconnue aujourd'hui :
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Suette

Le pape va finir par faire naître l'église anglicane s'il pousse Elisabeth a bout:affraid:
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Message par Yodarc Dim 5 Fév - 20:29

Collectionneur a écrit:Je ne connaissais pas trop cette maladie qui reste d'origine inconnue aujourd'hui :
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Suette

Le pape va finir par faire naître l'église anglicane s'il pousse Elisabeth a bout:affraid:  

Au regard des informations que j'ai trouvé (cet article Wiki et la version anglaise), c'est quasiment une maladie endémique aux îles britanniques (hormis dans le cas particulier de l'épidémie de 1528 qui a aussi touché les ports de la Mer du Nord, l'épidémie est montré dans un des derniers épisodes de la saison 1 des "Tudors") avec quatre épidémies majeures entre 1485 et 1551 (grosso modo, la période des rois Tudors). Certains historiens considèrent que la suette est la cause de décès d'Arthur Tudor (créant tout le futur pataquès de la Grande Affaire) ainsi que pour Henri FitzRoy. L'épidémie de 1551 est notamment responsable de la mort des deux fils de Charles Brandon de son deuxième mariage à quelques heures d'intervalle. Trois éléments que j'ai pris en compte quand j'ai décidé de faire trépasser Henri IX dans cette partie (sans compter le fait que sur tous les hommes Tudors des deux générations suivant celle d'Henri VII, seulement Henri VIII a vécu au-delà de vingt ans et plus, une statistique assez intéressante que j'ai décidé de respecter).

C'est un risque potentiel en effet, mais Élisabeth est aussi dans une position particulière du fait qu'elle ait usurpé la position de sa demi-sœur (je me suis inspiré de la tentative menée par John Dudley et les Grey pour placer Jane Grey sur le trône au détriment de Marie à la mort d’Édouard VI en 1553, même si ce dernier avait exprimé son intention de déshériter Marie et Élisabeth pour éviter de voir sa grande demi-sœur sur le trône). Et à la différence des prétendants au trône d'Angleterre qui ont tenté de le récupérer avant (et après dans notre Histoire), Marie peut bénéficier de son mariage avec François IV de Bretagne, tout en devant faire en sorte d'obtenir le soutien de Charles IX. Et si sa demi-sœur devait franchir le Rubicon, elle aurait un argument de plus en sa faveur et le soutien du pape de façon incontestable.
S'il est vrai que les idées luthériennes, calvinistes et tyndaliennes sont présentes en Angleterre jusqu'aux hautes strates avec Anne Boleyn et que la société anglaise a déjà des "prédispositions" à la Réforme (John Wycliff et les rapports compliqués avec la papauté et le caractère insulaire du royaume), Élisabeth doit réussir à préserver le soutien de ses principaux barons au risque de subir une situation similaire à plusieurs de ses prédécesseurs (une des raisons pour lesquelles j'ai adoré rédiger cette partie et la suivante, car je trouve l'Histoire anglaise très dense et "croustillante" comparée à la nôtre en termes de troubles politiques majeurs (et pas étonnant que GRRM s'en soit inspiré pour son univers)). En tous les cas, une situation plutôt tendue et incertaine pour nos deux demi-sœurs (ou pour parodier le titre d'un roman présentant cette période : "Deux demi-sœurs pour un trône").
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Message par Yodarc Sam 11 Fév - 10:08

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, détour par le royaume d’Écosse dans cette nouvelle partie. Un royaume dont le visage est très différent désormais de celui de la réalité historique (pour des raisons évidentes et d'autres un peu moins). Les événements qui s'y passent sont en partie marqués par ceux touchant le royaume d'Angleterre, ce qui influence les relations entre les deux royaumes.
J'espère que cette partie saura vous plaire.
Bonne lecture à tous !

1550-1554 : Fin de régence écossaise
Le royaume d’Écosse connaît une période de transition importante au début des années 1550 et voit certaines de ses relations avec les royaumes voisins évoluer du fait des circonstances.

Durant les années 1550-1553, la régence écossaise est marquée par des luttes d’influence entre le parti anglais et le parti français : James Hamilton et Archibald Douglas cherchent à affermir son influence sur la cour royale et le jeune Jacques VI pour renforcer les liens avec le royaume d’Angleterre et préparant le projet matrimonial entre le jeune roi et Élisabeth Tudor. Face à eux, Matthew Stewart et Renée de France cherchent à défendre l’influence française, l’alliance avec Charles IX de France et un mariage entre Jacques VI et une princesse française, Catherine de Bretagne ayant la préférence de la reine douairière. Renée de France doit cependant faire face au fait que ses convictions religieuses sont une entrave face à une partie de la noblesse écossaise et à ses propres alliés, notamment David Beaton, l’archevêque-cardinal de Saint Andrews. La régence de Jacques VI voit le développement de mouvements inspirés des idées luthériennes et calvinistes, la disparition de Jacques V ayant provoqué un affaiblissement de ses politiques répressives. Ces nouveaux mouvements sont cependant influencés par la nécessité de faire face à l’Église issue du concile de Mantoue, notamment en défendant une vision théologique précise de la foi chrétienne et dans le rejet de l’ingérence pontificale dans la gestion spirituelle de l’Église. En parallèle de ces deux principales factions se développe une faction norvégienne déterminée à renouveler et à renforcer les relations entre l’Écosse et la Norvège. Cette faction norvégienne permet aussi à certains de défendre les intérêts impériaux et habsbourgeoises, ce qui les amène à soutenir le régent et le parti anglais dans l’espoir d’affaiblir les relations avec le royaume de France.
Au cours des années 1550-1551, James Hamilton et ses alliés sont à l’apogée de leur autorité dans la régence, parvenant à négocier un projet matrimonial entre Jacques VI et Élisabeth Tudor avec la couronne anglaise, le projet étant concrétisé par le traité de Newcastle en avril 1550 avec la condition d’attendre la majorité du souverain pour valider le mariage. L’opposition de Renée de France et de Matthew Stewart ne peuvent empêcher la validation du traité par le parlement d’Écosse en juin 1550.

La mort d’Henri IX et l’accession au pouvoir d’Élisabeth I au trône à l’été 1551 créé un bouleversement important dans les rapports de force au sein de la cour écossaise et remet en question le traité de Newcastle. Une partie de la cour s’interroge sur la validité du traité du fait du changement de statut d’Élisabeth alors que James Hamilton et Archibald Douglas cherchent à soutenir le maintien du projet matrimonial, arguant notamment du fait que ce projet permettrait à l’Écosse de préserver ses us et coutumes tout en s’affirmant dans la Chrétienté. Face à eux, Renée de France et les représentants du parti français dénoncent le traité et soulèvent le problème de légitimité d’Élisabeth en tant que nouvelle souveraine d’Angleterre. Les appréhensions d’une partie de la cour écossaise de voir Jacques VI s’éloigner de l’Écosse et être influencé par les seigneurs anglais contribuent aussi à renforcer les interrogations et contestations du projet. Ces divisions donnent l’opportunité à Matthew Stewart et David Beaton d’unir leurs efforts avec Renée de France pour comploter le remplacement de James Hamilton à la tête de la régence. Leurs efforts aboutissent à la destitution de James Hamilton en mars 1552. Matthew Stewart devient le nouveau régent et entreprend d’affermir les relations avec le royaume de France tout en maintenant des relations cordiales avec le royaume d’Angleterre.

A l’été 1552, la cour écossaise reçoit William Paget envoyé par Élisabeth I pour sonder la cour écossaise sur le maintien du projet de mariage entre Jacques VI et la souveraine, s’appuyant notamment sur le traité de Newcastle. Durant la visite du représentant anglais, d’importantes tensions émergent à la cour alors que James Hamilton et Archibald Douglas cherchent à reprendre une position centrale à la cour et à faire concrétiser le projet. Matthew Stewart et Renée de France soulève la question de la position de Jacques VI en cas de mariage, notamment pour son lieu de vie et son statut de souverain jure uxoris d’Angleterre. Ces questions sont sans réponse claire de la part de la couronne anglaise, notamment concernant le statut de Jacques VI en tant que potentiel souverain confirmé d’Angleterre. La question de la situation d’Élisabeth I est aussi soulevée, amenant à des réponses vagues de William Paget. Ce dernier rappelle cependant au régent et à la reine douairière le fait que le traité confirmant le projet de mariage a été validé par les deux partis et de la nécessité à l’honorer. L’absence d’engagement de Matthew Stewart amène à une impasse qui aboutit à l’abandon du traité par les anglais au cours de l’automne 1552. Matthew Stewart tire profit de cet abandon pour reprocher à la couronne anglaise le reniement du traité de Newcastle et pour développer des négociations avec la couronne français pour un projet de mariage. Renée de France joue un rôle crucial dans le choix de la princesse qui épouserait son fils en suggérant Catherine de Bretagne, la fille de son neveu François IV et de Marie Tudor. Les négociations débutent au début de l’année 1553 alors que le mariage entre Élisabeth I d’Angleterre et Édouard Courtenay est confirmé. Elles aboutissent à l’été 1553 avec le traité de Dieppe qui voit confirmer le projet de mariage entre Jacques VI et Catherine de Bretagne. Durant la même période, la mort du cardinal David Beaton affaiblit le parti français et renforce les rivalités virulentes entre James Hamilton et Matthew Stewart alors que Renée de France renforce sa propre position à la cour en tant qu’alliée du régent. Le régent et le parti français permettent à l’évêque de York, Reginald Pole, de rejoindre la cour d’Écosse. Face au risque d’une réaction anglaise à la présence du religieux, Renée de France et Matthew Stewart permettent à ce dernier de rejoindre le royaume de France à l’automne 1554.

L’arrivée à la majorité de Jacques VI au printemps 1554 met un terme au conseil de régence, mais pas aux luttes d’influence au sein de la cour écossais : le clan anglais soutenu par James Hamilton et Archibald Douglas continuent de soutenir le maintien et l’amélioration des relations avec le royaume d’Angleterre. Face au parti anglais, Matthew Stewart et Renée de France défendent le renforcement des liens avec le royaume de France, notamment avec l’incertitude sur les relations avec le royaume d’Angleterre. Ils jouent aussi un rôle important pour amener Jacques VI à s’assurer la loyauté des principaux clans écossais et à reprendre la politique d’affermissement de la couronne écossaise.
En plus de commencer de s’inspirer des politiques menées par son père, Jacques VI travaille à renforcer ses relations avec le royaume de France, préparant la venue de sa future épouse à partir de l’automne 1554. Le jeune roi poursuit aussi la politique d’échanges commerciaux avec ses voisins. Cela lui permet de maintenir quelques bonnes relations avec le royaume d’Angleterre malgré le contentieux du traité de Newcastle et d’en développer avec le royaume de Norvège de Jean II. Avec les conseils de sa mère et d’une partie de ses conseillers, Jacques VI entreprend de faire négocier un projet de mariage entre sa sœur Anne et le prince héritier de Norvège, Charles.
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Message par Collectionneur Dim 12 Fév - 7:30

Pour rappel, l'Écosse était vraiment peu peuplé. Copier coller rapide :
''700 000 personnes vivaient au début du xvi e siècle''.
''Vers l'année 1500, la population d'Édimbourg tournait autour de 12 000 personnes, un chiffre qui a rapidement augmenté, atteignant 15 000''.
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Message par Yodarc Dim 12 Fév - 8:23

Collectionneur a écrit:Pour rappel, l'Écosse était vraiment peu peuplé. Copier coller rapide :
''700 000 personnes vivaient au début du xvi e siècle''.
''Vers l'année 1500, la population d'Édimbourg tournait autour de 12 000 personnes, un chiffre qui a rapidement augmenté, atteignant 15 000''.

Intéressante information. C'est à peu près le niveau de population des royaumes scandinaves de l'époque (dans un récent numéro d'Histoire, il était mentionné qu'au début du 17e siècle, les royaumes de Danemark et de Norvège avaient 1 300 000 habitants).
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Message par Yodarc Sam 18 Fév - 10:01


Bonjour à tous !
Aujourd'hui, détour dans la péninsule italienne et les territoires suisses pour voir comment la région évolue à l'aube des années 1550 après la guerre de la Ligue de Pérouse. Un cadre totalement différent de notre réalité historique s'y dégage, même si des tendances similaires y persistent ou émergent. Les troubles et intrigues politiques propres à la région persistent cependant avec les différents acteurs cherchant à affermir leur influence ou à se maintenir.
J'espère que cette partie saura vous plaire.
Bonne lecture à tous !


1550-1554 : Changements dans la péninsule italienne
Le début des années 1550 est pour les territoires de la péninsule italienne et les cantons suisses une période d’incertitude qui met à mal la paix retrouvée après 1548.

La papauté connaît un changement important à l’aube des années 1550 lorsque Paul IV décède en septembre 1550 d’une mauvaise fièvre. Le décès du pape provoque la tenue d’un conclave début octobre. Les cardinaux présents au conclave sont divisés en plusieurs factions : le parti français et la faction impériale. Plusieurs cardinaux sont favoris pour succéder à Paul IV, notamment Ippolito d’Este ou Nicolò Ridolfi. Le conclave dure une partie de l’automne 1550, aucune des factions n’étant prête à accepter un des cardinaux favoris pour la tiare pontificale : les français refusent de soutenir un candidat de la faction impériale, empêchant l’élection à plusieurs reprises de certains cardinaux. A la mi-novembre 1550, la décision est finalement prise de désigner le doyen du conclave, le cardinal Giovanni Domenico De Cupis, ce dernier paraissant suffisamment neutre pour les différents partis. Le nouveau pape élu décide choisir pour nom Grégoire, devenant Grégoire XIII.
Le nouveau pape se concentre sur la poursuite des réformes internes de l’Église, notamment au niveau de la curie romaine, ayant fait partie de la commission visant à réformer cette dernière sous ses prédécesseurs. Il poursuit les réformes menées par Paul III et Paul IV dans la chancellerie et la cour apostolique. Le nouveau pape se démarque aussi de ses prédécesseurs par la profonde piété qu’il fait preuve et qu’il préserve durant son pontificat. Grégoire XIII entend renforcer la réforme spirituelle de l’Église pour concrétiser les apports du concile de Mantoue et mettre un terme à la persistance des idées luthériennes et calvinistes. Le nouveau pape se soucie aussi de la menace turque à l’est et de l’émergence de la puissance saadienne au sud de la Méditerranée.
Sur le plan diplomatique, Grégoire XIII entreprend d’avoir une position plus neutre que son prédécesseur, prenant même ses distances avec les Médicis de Florence et Pieri Luigi Farnèse à Sienne. La mort brutale de Pieri Luigi en décembre 1552 et le déclenchement des hostilités entre Florence et Sienne à l’été 1553 l’obligent à intervenir pour tenter de résoudre le conflit entre les deux cités. Il condamne ainsi l'assassinat de Pieri Luigi, mais refuse de soutenir les Médicis et leurs alliés, peu désireux de renforcer l'influence de ces derniers et des Farnèse dans la curie romaine. Il maintient cependant de bonnes relations avec le duc Maximilien Sforza de Milan, puis avec son successeur Francesco II. Il entreprend aussi de rétablir de meilleures relations avec Charles IX tout en soutenant Charles Quint dans sa politique de contrer les princes protestants et contre les Saadiens du Maroc. Ses relations sont plus tumultueuses avec les royaumes scandinaves, Christian III et Gustave I faisant office de champions du luthéranisme dans la Chrétienté. Grégoire XIII soutient Louis II de Hongrie face aux Ottomans, songeant à créer une nouvelle alliance pour contrer Soliman. Le pape libère enfin Nicolas II de Lorraine de ses devoirs ecclésiastiques au printemps 1551.Il intervient dans la controverse successorale anglaise lorsque Marie Tudor lui écrit au printemps 1552. Grégoire XIII prend parti pour la princesse, rédigeant une réponse en mai 1553 où il demande aux seigneurs anglais de reconnaître Marie en tant que souveraine légitime. Les relations avec Élisabeth I se tendent et se détériorent alors que cette dernière se maintient sur le trône et se marie avec Édouard Courtenay au printemps 1553.
En décembre 1553, Grégoire XIII rend l’âme, amenant la tenue d’un conclave pour désigner son successeur à la fin du mois. Après une semaine de votes et de tractations, c’est le cardinal Rodolfo Pio qui est désigné par le conclave par acclamation à l’épiphanie 1554. Le nouveau pape choisit pour nom Clément, devenant Clément VIII. S’il poursuit sur la lignée de ses prédécesseurs sur l’application des réformes destinées à transformer l’Église, le nouveau pape s’avère être un grand mécène des arts et des érudits qui entreprend de faire de Rome le cœur artistique et lettré de la Chrétienté pour raffermir la foi catholique et refléter par les arts les idées du concile de Mantoue. Sur le plan diplomatique, il cherche à rassembler les différents souverains contre les turcs et contre les royaumes scandinaves désormais considérés comme grands foyers de l’hérésie luthérienne. Il améliore les relations du Saint-Siège avec Charles Quint et entreprend des relations assez cordiales avec le royaume de France, même si l’arbitrage de Charles IX dans le conflit entre le duché de Savoie et le canton suisse de Berne sont mal perçues par le souverain pontife du fait de la présence de confessions prétendues réformés à Berne et à Genève. Clément VIII s’implique aussi dans le conflit opposant Florence et Sienne, devant notamment gérer les pressions du clan Farnèse qui lui demande d’intervenir en leur faveur et de sanctionner Sienne. Le souverain pontife intervient en tant qu’arbitre, cherchant à rester neutre dans le conflit tout en visant à en mettre un terme, ce qui lui permettrait d'affermir son influence face aux Médicis. Devant l’absence d’accord entre les deux cités, il force les deux camps à signer la trêve de Montevarchi en juillet 1554. Le pape intervient à l’instar de son successeur dans la controverse successorale anglaise, soutenant aussi Marie et exigeant d’Élisabeth I de se retirer du trône pour permettre à sa demi-sœur d’y accéder. Il accorde aussi la dispense pontificale permettant à Jacques VI d’épouser sa parente Catherine de Bretagne.

La mort de Paul IV en septembre 1550 fragilise la position de Pieri Luigi Farnèse à la tête du duché de Sienne. Le duc Farnèse est détesté de la population siennoise pour son autoritarisme et ses taxes lourdes. Une faction républicaine se reconstitue au cours de la période et entend tirer profit de la disparition du principal soutien du duc pour mettre en place un complot contre ce dernier. Les conjurés développent des contacts avec les adversaires des Farnèse et les Strozzi. Au cours de l’été 1552, Philippe Strozzi et son fils Pierre reviennent en catimini à Sienne pour soutenir la conjuration républicaine qui s’est développée. A la Saint-Ansan 1552, s’inspirant de la conjuration des Pazzi, Pieri Luigi est attaqué et tué par un groupe de conjurés à la sortie de la cathédrale Santa Maria Assunta. Sa mort provoque une émeute qui chasse les éléments soutenant les Farnèse à Sienne et voit l’émergence d’un régime de capitano del popolo accordé à Philippe Strozzi au cours de décembre 1552. Un nouveau régime républicain se met en place à Sienne au début de l’année 1553 alors que la cité doit faire face à différents défis.
L’assassinat de Pieri Luigi Farnèse suscite l’outrage à Florence et chez les Farnèse et leurs alliés, notamment le cardinal Alessandro Farnèse qui cherche en vain à convaincre Grégoire XIII d’intervenir contre la faction républicaine siennoise, notamment par le biais de l’excommunication. Son frère Ottavio exige au printemps 1553 aux siennois de se soumettre à son autorité et de livrer les assassins de son père. Les siennois refusent la demande du prince Farnèse, amenant ce dernier passe à recruter une armée de mercenaires destinée à reprendre le duché en son nom et à se tourner vers les Médicis de Florence pour leur aide. L’assassinat de Pieri Luigi Farnèse et le renversement du duché de Sienne contribuent aussi à précipiter les hostilités avec Florence : Vittoria Farnèse et Cosme de Médicis décident de neutraliser la nouvelle république siennoise pour empêcher la résurgence d’une faction républicaine à Florence et neutraliser la cité rivale. Face à ces menaces, Sienne s’organise sous la direction des Strozzi qui mettent en place des milices et les forment au combat tout en cherchant à tisser des liens vers d’autres puissances, principalement le royaume de France.
A la fin de l’été 1553, Sienne est attaquée par une armée de plus de quinze mille hommes menée par Ottavio Farnèse et Cosme de Médicis. Ces derniers entreprennent d’assiéger la cité à partir de septembre 1553, mais cette dernière résiste avec énergie, ses défenses menées avec efficacité par Philippe Strozzi tandis que son fils Pierre est chargé d’organiser les défenses de la forteresse de Montalcino et de s’assurer du ravitaillement de la cité, notamment à partir de Talamoné que les siennois cherchent à fortifier et protéger. Philippe Strozzi mène des raids contre les florentins pour les affaiblir, le plus important intervenant en septembre près du lac Verrano. En janvier 1554, le château de Castelnuovo Berardenga est attaqué par Cosme de Médicis qui cherche à s’en emparer. La petite garnison résiste avec fermeté avant que les florentins ne se retirent à la fin du mois. La résistance siennoise et les attaques de Philippe Strozzi sur les lignes de ravitaillement florentines amènent à un statu quo et une guerre d’usure tournant à l’avantage de Sienne alors que les mercenaires recrutés par leurs adversaires commencent à devenir non fiables pour continuer de soutenir le siège. Face à l’absence de résultat pour l’un et l’autre camp, les siennois acceptent l’arbitrage du pape Clément VIII pour mettre un terme au conflit. Philippe Strozzi et les représentants siennois sont fermes face aux demandes des Médicis et des Farnèse. Philippe Strozzi consent à livrer les assassins de Pieri Luigi Farnèse, mais refuse d’accorder à Ottavio la position de duc de Sienne. Les négociations sont difficiles et âpres, aucun des deux camps ne voulant céder. Clément VIII finit par imposer une trêve aux deux camps à Montevarchi en juillet 1554. Les siennois profitent de cette trêve pour chercher à renforcer la nouvelle république et se doter de défenses supplémentaires pour contrer les Florentins et les Farnèse. Philippe Strozzi gère la gestion politique et militaire de la cité avec efficacité et entreprend de tisser des liens avec Charles IX de France afin de s’en faire un allié pour défendre Sienne de ses ennemis.

Au début des années 1550, Vittoria Farnèse et Cosme de Médicis sont parvenus à imposer leur autorité sur Florence et préparent Alessandro II à son futur règne. Ils entretiennent d’importantes relations avec les états pontificaux et le duché de Sienne grâce aux liens familiaux de la duchesse douairière de Florence avec le pape et le duc de Sienne. La mort de Paul IV leur fait perdre un allié précieux, le nouveau pape Grégoire XIII se montrant plus neutre dans ses relations avec Florence. La mort du grand-père de Vittoria leur donne aussi l’opportunité de se marier à l’été 1551, même si cela suscite la colère de Pieri Luigi Farnèse, le duc de Sienne et le père de Vittoria.
L’assassinat de Pieri Luigi Farnèse et le renversement du duché de Sienne par la faction républicaine précipitent les hostilités entre Florence et Sienne. Vittoria soupçonne et accuse les français d’avoir soutenu l’assassinat de son frère. La rivalité entre les deux cités est relancée alors que Cosme de Médicis et Vittoria sont approchés par Ottavio Farnèse, ce dernier demandant leur aide pour pouvoir récupérer le duché de son père. Les Médicis acceptent de l’aider dans l’intention de renforcer le duché de Florence et d’affaiblir Sienne. Cosme de Médicis lève une armée et rejoint celle recrutée par son beau-frère pour attaquer Sienne fin août 1553. Rejoignant Sienne courant septembre, ils y mettent le siège. La résistance des siennois complique le siège et amènent Cosme et Ottavio à chercher à isoler davantage la cité pour la faire tomber. Aux difficultés du siège s’ajoutent des attaques menées par les Siennois, notamment vers le lac Verrano en octobre 1553. A l’hiver 1553-1554, Cosme tente de contourner Sienne pour l’isoler totalement. Tentant de s’emparer de Castelnuovo Berardenga en janvier 1554, Cosme fait face à une opposition déterminée de milices siennoises chargée de protéger le château. Les florentins préfèrent lever le siège après quelques jours à la fin du mois pour ne pas s’épuiser et tenter de se concentrer sur la prise de Sienne. Le siège de Sienne finit par cesser au printemps 1554, Cosme de Médicis et Ottavio Farnèse n’ayant pas réussi à faire céder Sienne alors que leurs troupes commencent à se montrer réticentes, notamment du fait de l’absence de paiement pour leurs services. Les deux hommes sont obligés de se tourner vers l’arbitrage du pape Clément VIII pour négocier la fin du conflit avec les siennois. Les négociations sont difficiles et tendues, Cosme de Médicis et Ottavio Farnèse exigeant la soumission de Sienne aux Farnèse et la condamnation des assassins de Pieri Luigi. Si Philippe Strozzi est prêt à livrer les assassins du père d’Ottavio, il refuse fermement la soumission de la cité à l’autorité de ce dernier. Les deux camps sont prêts à rompre les négociations et seule l’autorité du pape les amène à reconnaître une trêve en juillet 1554 afin de pouvoir trouver une solution. Cosme de Médicis revient à Florence pour continuer de diriger la cité au nom de son beau-fils Alessandro II alors que Vittoria met au monde leur premier enfant en septembre 1554, une fille qu’ils nomment Marie. Cosme entreprend de mettre en place des institutions qui permettront à Alessandro II de gouverner tout en neutralisant la menace d’une résurgence des mouvements républicains au sein de la cité. Les Médicis cherchent aussi à tisser des relations et alliances pour leur permettre de préserver leur pouvoir et à affermir leur influence dans la région. Ils entretiennent et renforcent leurs liens avec les Sforza, mais aussi avec la république de Gênes et Andrea Doria. Ils développent enfin des relations avec Charles Quint afin d’avoir un allié puissant pour protéger leur autorité contre des ingérences extérieures. Les relations avec Sienne sont tendues en dépit de la trêve de Montevarchi. Leurs relations avec le Saint-Siège sont ambiguës, Vittoria et Cosme n’appréciant guère l’ingérence papale et la trêve qui leur a été imposée mais devant tenir compte de la forte position des états pontificaux dans la région.

Le début des années 1550 voit Charles III de Savoie chercher à tirer profit des tensions grandissantes au sein de la république de Genève pour pouvoir imposer son autorité et son influence après ses échecs en 1520 et 1533. Tirant profit de l’opposition d’une partie de la population aux politiques soutenues par Jean Calvin et le conseil de ville, le duc renforce le parti catholique au sein de la cité et a le soutien de la papauté pour combattre la diffusion des idées de Calvin. Charles III profite aussi de l’isolement de Genève pour accroître ses actions envers la cité. Il trouve son occasion en juillet 1553 lorsque les adversaires de Jean Calvin échouent à amener le conseil de la ville à accepter la démission de ce dernier. Le duc en profite pour fomenter une nouvelle émeute à l’automne 1553. Les troubles qui en résultent lui donnent le prétexte d’envoyer son armée à Genève. Son armée occupe la petite république à l’hiver 1553, forçant Jean Calvin à la fuite. La prise de Genève permet à Philibert de Rye d’être le premier évêque de Genève à y revenir depuis que la réforme a été imposée à Genève en 1533.
Son intervention contribue cependant à provoquer de nouvelles tensions avec le canton de Berne. Le duc escompte sur les divisions au sein de la confédération suisse pour prévenir un nouveau conflit avec Berne. Mais cet espoir est vite déçu lorsque Berne dénonce son ingérence dans la république de Genève et rassemble son armée pour défendre les genevois et le chasser de la région. Les Bernois attaquent en mars 1554 et forcent les savoyards à quitter Genève et réoccupent le Valais. Les suisses descendent cependant vers le sud, déterminés à neutraliser les ingérences de Charles III, descendant sur Annecy. Face au risque de voir les bernois menacer sa capitale, Chambéry, Charles III tente de les stopper. Le duc envoie son armée affronter les bernois à Cruseilles en avril 1554. Les savoyards cherchent à stopper leurs adversaires en s’appuyant sur les canons qu’ils possédaient et en tenant de contourner les bernois. Ces bernois combattent cependant avec férocité et finissent à faire céder les savoyards et à les faire replier. Les bernois rejoignent Annecy en mai 1554 et entreprennent de l’assiéger. Charles III soutient du mieux qu’il peut la cité et recrute dans la hâte des mercenaires et s’endette auprès d’une banque génoise pour avoir d’autres fonds. Annecy résiste aux bernois qui sont obligés de lever le siège en juillet 1554. S’ils replient sur Genève, les bernois entreprennent de prendre le contrôle de l’ensemble du Valais et du pays de Vaud.
L’échec de sa nouvelle tentative à s’emparer de Genève et l’invasion de ses terres contribuent à dégrader la santé de Charles III de Savoie, le duc étant d’un âge bien avancé. Début septembre 1554, le duc tombe malade et s’éteint le 14. Son fils Louis lui succède, devenant Louis II. Le nouveau duc entreprend de négocier avec Berne pour mettre un terme au conflit et espérer préserver son duché. Il reçoit l’aide de Charles IX, ce dernier prétextant de ses bonnes relations avec Berne pour permettre un traité honorable entre les deux partis. Un traité est finalement signé à Neydens en décembre 1554 où Louis II doit renoncer aux revendications savoyardes sur Genève et céder définitivement le Chablais, la rive sud du lac Léman et le pays de Vaud à Berne.

Le début des années 1550 est plein de tensions pour le territoire de Genève. Les politiques mises en place par le conseil et soutenu par Jean Calvin nourrissent l’hostilité d’une partie des notables et des bourgeois de la ville, ainsi que des personnes ayant conservé des sympathies catholiques ou ayant tissé des liens avec le duché de Savoie. Les libertins poursuivent leur opposition en attisant le mécontentement populaire, en insultant les pasteurs et en défiant l'autorité du Consistoire. Le Conseil encourage les deux camps en admonestant ou en défendant alternativement Calvin et les libertins. Ces tensions sont nourries et soutenues par Charles III de Savoie. En février 1552, Perrin est élu premier syndic, renforçant les adversaires de Calvin. En juillet 1553, Calvin demande au Conseil l'autorisation de démissionner. Sa requête est toutefois refusée, l'opposition réalisant qu'elle peut assurément affaiblir l'autorité de Calvin, mais qu'elle n'a pas assez de pouvoir pour le bannir. Dans ce contexte tendu, le théologien antitrinitaire Jean Servet arrive à Genève et est arrêté. En septembre 1553, une nouvelle émeute secoue la ville, perpétré par des alliés du duc Charles III de Savoie. En octobre 1553, les savoyards s’emparent de la cité, forçant Calvin à la fuite vers Berne. Jean Servet est capturé par les savoyards et est remis à l’hiver 1553-1554 aux autorités inquisitoriales espagnoles pour être condamné et exécuté en mai 1554. Charles III et Philibert de La Rye entreprennent de mettre à bas les réformes politiques et théologiques mises en place par Jean Calvin et le conseil de la ville à partir de décembre 1553.
L’occupation de Genève par les savoyards ne dure que quelques mois avant que l’intervention de Berne n’en chasse les savoyards au printemps 1554. A l’été 1554, le conseil de la ville est de nouveau institué, mais ses membres demande le retour de Jean Calvin pour permettre de réorganiser la vie de la cité alors que les bernois entreprennent de neutraliser toute opposition. Jean Calvin revient à Genève à la fin de l’automne 1554 et aide le conseil de la ville à rétablir les lois et règles qui avaient été établies durant la décennie précédente, les renforçant même en réaction à la violente opposition des notables et du parti libertin et de leurs liens avec le duché de Savoie. Le caractère anti-libertin et anticatholique des lois de la république théocratique qui se met en place à Genève à l’hiver 1554 est plus prononcé que jamais.

Au début des années 1550, la confédération suisse cherche à rétablir des relations stables et saines entre les différents cantons malgré les différends religieux et les alliances de l’Union Chrétienne. Le développement des idées issues du concile de Mantoue d’un côté et l’émergence d’une foi réformée plus militante, en partie affectée par les idées de Calvin, rend cependant la tâche difficile à mettre en place alors que les cantons réformés se méfient des cantons de l’Union chrétienne dont l’alliance avec Ferdinand de Habsbourg demeure un sujet de discorde. Les relations avec l’Alliance des Trois Ligues sont compliquées du fait des divisions internes de la confédération, les cantons réformés renforçant leurs liens avec ces derniers alors que les cantons de l’Union Chrétienne se montrent distants voire hostiles envers les grisons.
L’invasion de la république de Genève à l’automne 1553 contribue à susciter des crispations au sein de la confédération des XIII cantons : Berne est déterminée à intervenir de nouveau contre Charles III de Savoie, mais les cantons catholiques de l’Union Chrétienne sont assez réticents du fait de la question religieuse au cœur du conflit. Ces crispations ne font cependant pas aggraver les tensions, les cantons cherchant à respecter la manière de faire de leurs concitoyens au regard des règles et lois qui régissent la confédération (1). Berne peut s’appuyer sur le soutien du Valais pour contrer Charles III de Savoie, mais Fribourg fait preuve de neutralité dans le nouveau conflit à l’instar de la majeure partie des cantons. Au printemps 1554, Berne envoie son armée vers Genève. Les bernois forcent les savoyards à quitter Genève en mars 1554. Après avoir libéré la cité, les bernois descendent vers le sud, déterminés à forcer Charles III à cesser ses ingérences sur Genève. Fin avril 1554, alors qu’ils descendent vers Annecy, ils affrontent l’armée savoyarde près de Cruseilles. Si les savoyards manquent de remporter le combat en cherchant à les affaiblir par leurs cannons et en cherchant à les contourner, les soldats bernois combattent avec détermination et férocité, contribuant à désorganiser leurs adversaires. Après ce succès, les bernois rejoignent Annecy qu’ils entreprennent d’assiéger en mai 1554. Mais la résistance de la garnison et les pertes subies à Cruseilles empêchent les bernois de s’emparer de la cité. Ils finissent par lever le siège en juillet 1554 et à revenir sur Genève. Des négociations commencent entre le canton suisse et le duc de Savoie, mais le décès de Charles III en septembre 1554 les interrompt. Le nouveau duc, Louis II, les reprend en octobre avec l’arbitrage de Charles IX de France pour résoudre le conflit. En décembre 1554, un traité est signé à Neydens où les bernois obligent Louis II à renoncer aux revendications savoyardes sur Genève et aux territoires du Chablais, de la rive sud du lac Léman et au Pays de Vaud. Le conflit permet à Berne de consolider son influence dans la région, mais suscite des tensions et des inquiétudes pour les autres cantons, notamment ceux de l’Union Chrétienne qui voit un canton réformé se renforcer et permettre à un foyer réformé de se maintenir.

La république de Gênes connaît un second souffle au début des années 1550 grâce aux efforts d’Andrea Doria pour réorganiser la vie de la cité. La république maritime entreprend de restaurer son autorité sur les territoires qu’elle possède et de renforcer ses défenses et sa flotte afin de pouvoir se préserver des ingérences extérieures. La reprise des échanges commerciaux permettent à Gênes de restaurer peu à peu une nouvelle prospérité économique, notamment grâce à ses banquiers. Les banques génoises se développent au travers de contacts avec certains territoires italiens et le duché de Savoie alors que Charles III cherche à obtenir des fonds pour pouvoir contrer les bernois dans le conflit qui l’oppose au canton suisse autour de Genève.
Sur le plan diplomatique, Andrea Doria entretient d’importantes relations avec Charles Quint. Ses relations avec Charles IX de France sont plus incertaines et tendues, même si les relations commerciales entre leurs deux territoires reprennent durant la période. La république de Gênes entretient avec le duché de Savoie des relations économiques lors de la seconde guerre genevoise au cours des années 1553-1554. Gênes tisse enfin d’importantes relations avec les Médicis de Florence à partir de 1552. L’amiral génois soutient en 1554 Giulio I Cybo-Malaspina (2), duc de Ferentillo, dans la campagne de ce dernier pour récupérer le marquisat de Massa et la seigneurie de Carrara à son frère, Alberico II. Giulio I chasse son frère à l’été 1554 et renforce ses liens avec la république de Gênes, étant notamment marié à Peretta Doria, la sœur de Giannettino Doria depuis 1550.

Au début des années 1550, la république de Venise cherche à tourner la page du conflit entre Charles IX et Charles Quint, notamment en cherchant à restaurer les échanges commerciaux avec l’empire ottoman qui avaient été rendus difficiles du fait de la guerre. Les relations avec la Sublime Porte sont neutres mais permettent à Venise de retrouver peu à peu un nouvel élan commercial alors qu’elle a beaucoup souffert du conflit et de la période de sanction des ottomans durant la décennie précédente. La Sérénissime développe d’importants liens avec le duché de Milan toujours contrôlé par les français.
Sur le plan diplomatique, la Sérénissime privilégie au début des années 1550 une approche neutre dans ses relations avec ses différents voisins. Si elle maintient des relations cordiales avec Charles IX, elle ne renouvelle pas son alliance avec ce dernier. Venise cherche à améliorer ses relations avec la papauté, tirant profit du pontificat de Grégoire XIII. Ses relations avec les autres territoires italiens sont neutres et axées sur les échanges commerciaux. Ses relations avec la république de Gênes sont distantes et neutres. La Sérénissime renouvelle aussi ses relations avec le duché de Vérone et les Habsbourg. Ses relations avec l’Alliance des Trois Ligues demeurent cordiales malgré la fin du conflit. La république maritime continue de soutenir le royaume de Hongrie sur le plan financier, notamment dans le nouvel affrontement qui l’oppose à l’empire ottoman au cours de l’année 1552. Elle se montre en revanche réticente de s’impliquer de nouveau dans une alliance contre l’empire ottomane, peu désireuse de perdre de nouveau ses liens commerciaux privilégiés avec la Sublime Porte.

Le duché de Milan retrouve peu à peu stabilité et prospérité au cours des années 1550-1554 sous les efforts de Maximilien et de Bona Sforza. Ils doivent cependant dépendre des banques génoises et de Fugger pour compenser les difficultés à rétablir de bonnes finances après la guerre de la Ligue de Pérouse. Le duc de Milan développe ses relations avec les Habsbourg, la papauté, tout particulièrement avec Grégoire XIII. Maximilien Sforza décède en mai 1552, amenant son fils Francesco à devenir le nouveau duc de Milan alors que Bona Sforza se concentre sur le duché de Bari dont elle est la tenante du titre. Le nouveau duc de Milan poursuit les politiques de son père et développe d’importantes relations avec les Médicis de Florence. Il cherche aussi à améliorer ses relations avec la république de Gênes et Andrea Doria. Il cherche à s’entourer d’alliés importants pour le préserver des potentielles prétentions françaises. Francesco II entretient des relations tendues avec l’Alliance des Trois Ligues à cause de la Valteline et les différences religieuses contribuent à nourrir des tensions, d’autant plus que Francesco II lutte contre toute prédication luthérienne, zwinglienne, calviniste et autre foi prétendue réformée.

(1) La confédération des XIII cantons était régie par différentes règles qui assuraient la cohésion des différents cantons au niveau intérieur tout en leur permettant une autonomie et souplesse pour d'autres affaires, notamment dans les relations extérieures.
(2) Giulio I Cybo-Malaspina avait de fortes revendications sur les territoires de sa mère, la marquise Ricciarda Malaspina de Massa et tire profit de son décès en 1553 pour contester la succession de cette dernière.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 9 Empty L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 25 Fév - 9:56

Bonjour à tous !
Aujourd'hui, présentation de la situation des Habsbourg à l'aube des années 1550 et de leurs domaines. Un contexte bien distinct mettant bien en scène l'évolution du contexte après les deux guerres marbourgeoises tout en ayant des éléments ayant des similarités avec la réalité historique

1550-1554 : Transitions dans les domaines Habsbourg
Le début des années 1550 est une période assez calme pour la dynastie Habsbourg, même si des incertitudes et des interrogations persistent, notamment sur les terres d’empire.

Charles Quint cherche à raffermir son autorité et son pouvoir dans le Saint-Empire alors que la paix de Passau a fragilisé ses efforts pour mettre un terme à l’implantation des idées luthériennes dans les terres d’empire. L’empereur cherche désormais la conciliation, mais la fermeté des princes protestants le rendent plus déterminé à faire preuve d'autorité à l’encontre de ces derniers. Les diètes impériales de Ratisbonne de 1551-1552 tentent de trouver une nouvelle solution destinée à résoudre les tensions et les conflits sous-jacents opposant l’empereur et les princes catholiques à ceux des anciennes ligues de Marbourg et de Torgau. Mais la fermeté de certains des princes protestants, principalement Maurice de Saxe, rend compliqué la recherche de compromis. L’empereur s’appuie sur son frère Ferdinand pour tenter de trouver des solutions et de permettre de raffermir l’Église Catholique au sein des termes d’empire tout en tenant compte de la forte implantation des idées luthériennes au sein de certains des territoires. S’il consent aux démarches de son frère pour trouver des compromis, Charles Quint cherche cependant à raffermir l’Intérim d’Augsbourg et de circonscrire les idées luthériennes pour en limiter leur impact. Il entre aussi en conflit avec Ferdinand sur la question de la succession impériale : s’il avait désigné ce dernier pour être son héritier en 1530, Charles Quint songe à partir de 1550 à désigner son fils Philippe comme héritier à la couronne impériale et de l'ensemble de ses domaines. Il se retrouve confronté à l’opposition de Ferdinand de Habsbourg, mais aussi de son épouse Isabelle, cette dernière considérant que leur fils est d’abord un prince des couronnes de Castille et d’Aragon avant d’être un héritier de la couronne impériale.
Aux défis inhérents à la politique impériale s’ajoutent des défis extérieurs menaçant les intérêts espagnols et certains de ses alliés. Deux menaces importantes impliquent Charles Quint durant la période : la menace ottomane sur le royaume de Hongrie et l’expansion des Saadiens en Afrique du Nord. Déterminé à défendre le catholicisme contre toute menace et d’affermir le prestige de sa maison, Charles Quint décide d’aider Louis II à contrer l’expansion ottomane sur ses terres en envoyant une force espagnole pour soutenir ce dernier et Ferdinand de Habsbourg. L’empereur Habsbourg est cependant davantage concentré sur la menace qui se développe au sud de la Méditerranée avec l’expansion du Maroc Saadien sur les années 1550-1552 : Mohammed ech-Cheikh entreprend la conquête du sultanat de Tlemcen sur les années 1550-1551, défaisant notamment les Koukous et une force espagnole envoyée par le gouverneur d’Oran. Face à la chute du sultanat de Tlemcen et la menace que fait peser les Saadiens sur les enclaves espagnoles d’Oran et de Mostaganem, Charles Quint décide de préparer une expédition pour contrer les Saadiens, conscient qu’une expansion trop forte remettrait en cause l’influence espagnole au sud de la Méditerranée alors que son épouse et lui s’inquiète du risque d’une invasion similaire à celle des Almohades du 12-13ème siècle. Revenu de la diète de Ratisbonne du printemps 1552, Charles Quint prépare une expédition pour le Maroc afin de replacer les Wattaside à la tête du royaume chérifien. Il reçoit l’aide de Jean III du Portugal, ce dernier étant conscient de la menace que représentent les Saadiens du fait des affrontements passés avec ces derniers. L’empereur rassemble une flotte de plus de trois cent navires, recevant notamment l’aide de Jean III et d’Andrea Doria pour mettre au point son expédition, et mobilise une armée de trente mille hommes. En septembre 1552, Charles Quint embarque avec son armée et rejoint Oran au début d’octobre 1552. Son armée descend sur Tlemcen pour l’assiéger début novembre 1552. L’empereur parvient à s’emparer de la cité fin décembre 1552. Après ce succès, son armée mène campagne dans l’Oranais pour rétablir les zianides et contenir les marocains. Elle doit cependant gérer des attaques de tribus berbères qui voient d’un mauvais œil la présence des chrétiens dans la région. Ses forces affrontent notamment courant janvier 1553 une armée marocaine près d’Oujda. L’affrontement est difficile et les espagnols manquent de se faire déborder par leurs adversaires alors qu’Alfonso de Ávalos se fait tuer au cours de l’affrontement. Seule leur artillerie et la discipline des tercios leur évitent la défaite. La rudesse du combat les dissuade cependant à chercher à s’emparer d’Oujda et Charles Quint revient sur Oran au cours de février 1553. L’empereur revient en Espagne en avril 1553, auréolé de prestige. Ce succès lui permet de se présenter en position de force face aux princes protestants en 1554, ce qui suscite de vives tensions entre l’empereur et le parti protestant. L’expédition dans l’Oranais contribue cependant à aggraver les problèmes de santé de l’empereur, ce dernier souffrant notamment des hémorroïdes.
Sur le plan diplomatique, Charles Quint entreprend de renouveler son alliance avec Jean III de Portugal alors que la menace saadienne dans le nord de l’Afrique rapproche leurs royaumes respectifs. Ce renouvellement d’alliance se concrétise en 1552 avec le mariage du prince héritier Jean-Manuel avec Marguerite d’Autriche, la jeune fille de l’empereur. L’empereur tisse d’importantes relations avec Andrea Doria, se faisant un allié précieux de Gênes, notamment dans le cadre de son expédition sur Fès de l’automne 1552. Ses relations avec Charles IX sont difficiles et neutres, bien que la question de l’Artois demeure un contentieux entre les deux souverains. L’enjeu de la succession dynastique anglaise contribue à une ambiguïté, Charles Quint étant plutôt favorable aux revendications de sa cousine, Marie, mais étant soucieux de ne pas voir le royaume de France se renforcer peu après la fin de leur conflit avec lui. L’empereur tisse des relations avec Élisabeth I d’Angleterre, cherchant à s’assurer la sécurité de la Manche pour le passage des navires en direction des Pays-Bas et à améliorer les échanges commerciaux, même si les circonstances d’accession au trône de la jeune souveraine suscitent un contentieux à cause des droits dynastiques de la cousine de Charles Quint, Marie. L’empereur reçoit en 1553 un message de sa cousine lui demandant de soutenir ses revendications ou du moins de ne pas interférer dans ses projets. En parallèle de ces relations particulières, Charles Quint correspond beaucoup avec Jean II de Norvège, ce dernier demeurant un allié précieux en Europe du Nord. Ses relations avec le Saint-Siège sont neutres, Grégoire XIII pratiquant une diplomatie de neutralité tout en soutenant les efforts de Charles Quint à réhabiliter l’Intérim d’Augsbourg et soutient son expédition contre les Saadiens. Le successeur de Grégoire XIII, Clément VIII, soutient plus ouvertement Charles Quint dans ses démarches et se présente comme un allié précieux.

Les années 1550-1554 sont pleines d’incertitudes, de négociations et de tensions parmi les princes du Saint-Empire. Les princes protestants ont retrouvé une position de force à la suite du traité de paix de Passau et sont déterminés à obtenir le respect pour leurs droits et la liberté de pratiquer le culte chrétien selon l’approche luthérienne. Ils bénéficient de la disparition de certains de leurs adversaires clés, principalement Guillaume IV de Bavière au printemps 1550, même si son successeur Albert V leur est aussi opposé et proche de Ferdinand de Habsbourg. Les princes d’empire développent cependant des liens et contacts avec Ferdinand de Habsbourg, ce dernier cherchant à trouver des compromis pour assurer le retour de la paix dans le Saint-Empire. Certains des princes, qu’ils soient catholiques ou luthériens, sont disposés à faire des compromis avec Charles Quint et Ferdinand de Habsbourg du moment que leurs droits et la possibilité de pratiquer la politique religieuse comme ils l’entendent sont respectés. Ils défendent leurs revendications lors des diètes de 1551-1552, même si Charles Quint cherche encore à défendre ses positions sur l’Intérim d’Augsbourg. Les succès de l’empereur en Afrique du Nord renforcent l’opposition entre les deux camps, Charles Quint se sentant en position plus ferme face aux princes protestants alors que Maurice de Saxe demeure intransigeant sur ses positions.
Les princes protestants doivent cependant gérer à partir de 1550 la controverse osiandrienne : Andreas Osiander, un théologien allemand affirmait que ce n'est que par la justice du Christ à l'égard de la nature divine (excluant entièrement la justice du Christ à l'égard de la nature humaine) que l'humanité pouvait obtenir justification et que les hommes sont devenus participants de la justice divine de Christ par la foi. Plusieurs théologiens et prédicateurs luthériens dont Melanchthon s’opposent à ses thèses en s’appuyant notamment sur les articles de Marbourg, désormais considéré comme la pierre angulaire du luthéranisme. Cela n’empêche pas l’émergence d’une importante controverse émerge parmi les luthériens qui persiste au-delà du décès d’Osiander en 1552, contribuant à susciter des tensions parmi les princes d’empire alors qu’ils cherchent à affermir leur position sur la question religieuse face aux Habsbourg. Les controverses finissent par s’atténuer en partie grâce à la réaffirmation des articles de Marbourg qui définissent le cœur de la doctrine luthérienne. Ces articles permettent aux princes protestants de développer un luthéranisme militant et actif pour contrer l’épanouissement et le renforcement de l’Église catholique dans sa démarche mantouane.
Parmi les princes protestants, Albert I de Prusse est confronté à différents défis au sein de ses domaines. Les différentes guerres et la nécessité pour Albert I de préserver sa position ont contribué à la disparition des terres ecclésiastiques de ses domaines, l’empêchant de s’assurer le soutien ou la paix de ses vassaux alors que les taxes importantes levées pour contribuer à la prospérité de ses terres nourrissent l’opposition d’une partie des populations locales. Le duc est confronté à une opposition si forte qu’il doit renoncer à la création d’une université à Königsberg dont il avait eu le projet quelques années auparavant, mais le contexte des deux guerres marbourgeoises et du conflit contre Charles IX ont retardé la réalisation du projet. Albert I doit se contenter d’une école académique sur l’île Kneiphof (1). Son soutien à Osiander durant la période contribue aussi à nourrir la controverse et l’opposition de ses vassaux et de ses alliés. Le duc de Prusse parvient cependant à faire marier sa fille Anne-Sophie à Ulrich III de Mecklembourg-Guströw au printemps 1554 et aide ce dernier à résoudre une querelle avec son frère, Jean-Albert I.

Durant le début des années 1550, Ferdinand de Habsbourg joue un rôle crucial dans les échanges et les négociations avec les princes allemands du Saint-Empire alors que son frère l’empereur cherche à trouver une solution visant à rétablir l’Intérim d’Augsbourg. Ferdinand cherche à développer des relations avec les princes allemands et à faire des compromis avec ces derniers pour assurer la paix au sein du Saint-Empire. Il tisse ainsi des relations avec le duc de Lorraine, Nicolas II, à qui il accorde la main de sa fille Catherine au printemps 1552. Ses démarches sont cruciales lors des diètes de 1551-1552 où il cherche à concilier les intérêts contradictoires de son frère et ceux des différents princes d’empire, notamment concernant la liberté de pratique religieuse. Cela contribue à susciter des désaccords entre lui et Charles Quint qui sont renforcés par la volonté de ce dernier de faire de son fils Philippe le nouvel héritier à la couronne impériale durant les années 1551-1553. Il est soutenu par une partie des princes allemands qui appréhendent de voir l’héritier de Charles Quint poursuivre la même politique religieuse, voire de tenter d’appliquer les mêmes décisions que dans la péninsule ibérique. Les succès de Charles Quint en Afrique du Nord complique la situation, Charles Quint ayant affermi sa position face aux princes protestants et à son frère. Ferdinand peut cependant compter sur sa belle-sœur Isabelle dont les intérêts centrés sur la péninsule ibérique et ses possessions l’opposent au souhait de son époux de voir Philippe hériter de tous ses domaines.
Sur ses domaines, Ferdinand achève de renforcer son autorité et applique une politique répressive à l’encontre de la diffusion des idées luthériennes et calvinistes tout en continuant d’assurer le soutien à l’application aux idées issues des décisions du concile de Mantoue, le séminaire d’Innsbruck jouant un rôle important dans la politique religieuse de l’archiduc. Sa politique suscite des tensions, notamment en Haute-Autriche où l’implantation des idées de la Réforme demeure importante malgré le renforcement des différentes décisions visant à raffermir la primauté de l’Église catholique dans la région.
Ferdinand de Habsbourg joue un rôle important dans le soutien à Louis II face à l’empire ottoman, envoyant une force armée de lansquenets germaniques et de mercenaires suisses issus des cantons de l’Union Chrétienne pour soutenir Louis II alors que le royaume de ce dernier est de nouveau attaqué par Soliman à l’été 1552. Son soutien militaire permet à Louis II de faire face à l’attaque du sultan ottoman. L’archiduc soutient le roi de Hongrie durant sa campagne de 1553. Ferdinand offre son soutien à Louis III de Hongrie alors que ce dernier succède à son père au printemps 1554. Les deux hommes concrétisent leur alliance à l’automne 1554. Il renforce enfin ses relations avec Sigismond II de Pologne grâce au mariage de son fils Ferdinand avec Cunégonde en juin 1550.

(1) Ile au large de Königsberg (Kaliningrad).
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 9 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Flosgon78 Dim 26 Fév - 9:32

Vraiment je continue la lecture de ce texte vraiment toujours génial !
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Message par Yodarc Sam 4 Mar - 11:11

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, passage par les royaumes d'Europe orientale pour y découvrir les événements et tendances du début des années 1550. Des récurrences et des changements en perspective dans une région désormais bien différente de la réalité historique dans ses rapports de force, même si certains rapports de force similaires émergent et se renforcent alors que d'autres se développent.
J'espère que cette exploration de l'Europe centrale et orientale de ces années 1550-1554 alternatives sera satisfaire votre curiosité et votre envie de lire sur cet univers.
Bonne lecture à tous !

1550-1554 : Conflits en Europe centrale et orientale
Les royaumes d’Europe centrale et orientale connaissent des situations variées et parfois difficiles dans le début des années 1550.

Le royaume de Hongrie connaît moult changements et défis durant les années 1550-1554. Louis II cherche à mettre un terme aux oppositions croissantes provoquées par la noblesse hongroise alors qu’il intervient aussi dans les affaires d’empire pour contrer la réalisation des exigences des princes protestants et mettre en place une série de mesures pour contrer la présence des idées luthériennes en Bohême, malgré les conseils de son épouse et de son beau-frère. Le souverain doit gérer les tensions sociales résultant des conflits contre les ottomans et des séquelles de la famine de 1545-1546 alors que l’inflation met en danger la fragile stabilité économique qu’il avait réussi à trouver durant son règne. Il soutient aussi les actions des boyards moldaves et valaques contre leurs princes respectifs pour continuer d’affaiblir l’influence ottomane dans la région et espérer sécuriser un des flancs de son royaume. Il renforce ses liens avec Ferdinand de Habsbourg et Charles Quint alors que les heurts avec les ottomans continuent de faire rage en Slavonie. Le roi hongrois cherche à renforcer les défenses des forteresses et cités du sud de son royaume, notamment celles situées au nord de la Drave et d’Osijek, même si l’hostilité d’une partie de la noblesse hongroise, les contraintes financières et les difficultés économiques entravent ses efforts.
Louis II doit faire face à une nouvelle campagne de Soliman à l’été 1552. Le sultan ottoman pénètre dans le cœur du royaume hongrois fin juin 1552, mettant le siège devant Pécs en juillet 1552. Retenant les leçons de la campagne de 1543, Louis II cherche à éviter l’affrontement direct avec les ottomans tout en assurant le soutien des cités et forts assiégés par ces derniers. Sa décision est mal perçue d’une partie de l’aristocratie et de la noblesse hongroise. Si Pècs tombe courant août, la forteresse de Szigetvár résiste avec fermeté contre les ottomans, bien que Soliman envoie des éclaireurs et quelques forces ravager la région. Louis II rassemble son armée durant le mois d’août 1552 et se voit renforcer par une armée envoyée par Ferdinand de Habsbourg alors que des renforts déployés par Charles Quint permettent au ban de Croatie de mener en août 1552 une attaque contre Požega que les ottomans avaient capturé en 1546. Début septembre 1552, Louis II descend vers Pécs avec une armée de quarante mille hommes dont près de quinze mille mercenaires germaniques et suisses envoyés par son beau-frère. A la mi-septembre, ses forces anéantissent une avant-garde ottomane au sud de Bonyhád. Alors que Soliman redescend vers Constantinople, Louis II cherche à reprendre le contrôle de Pécs et de Szigetvár pour empêcher les ottomans d’avoir un point de contrôle au nord de la Drave qui leur permettrait d’attaquer au cœur de son royaume et de menacer Buda. Il reprend Pécs en octobre 1552 et assiège Szigetvár à la fin du mois. Le siège de la forteresse est difficile et abrupt, la petite garnison ottomane offrant une résistance féroce aux hongrois. L’arrivée de la saison froide affecte le siège et Louis II tombe malade durant novembre 1552. Il est obligé de lever le siège de la forteresse et de revenir sur Buda. Louis II semble se rétablir de retour dans sa capitale et entreprend de gouverner de nouveau son royaume tout en cherchant à préparer une nouvelle campagne militaire destinée à renforcer les défenses de son royaume et priver les ottomans d’une voie d’accès dans le cœur de son royaume. Il cherche à lever une nouvelle armée à partir du printemps 1553, mais doit gérer les réticences ou l’opposition des magnats et nobles hongrois, ce qui le force à faire tenir la diète en juin 1553 pour parvenir à obtenir leur accord et soutien. La diète est tumultueuse, les magnats et nobles reprochant à Louis II les ingérences royales dans leurs droits. La fronde nobiliaire est telle que Louis II doit faire des concessions malgré son hostilité pour tout ce qu’il considère désormais comme des restrictions à son autorité. Louis II parvient à obtenir des moyens pour mener campagne. Le roi rassemble une armée d’environ quinze mille hommes, subissant la réticence et la fronde d’une partie de l’aristocratie. Il descend sur la forteresse de Szigetvár à l’automne 1553 et l’assiège en octobre 1553. Le siège est difficile et brutal, la garnison turque résistant avec fermeté malgré l’état de la forteresse. Louis II doit aussi faire face à des attaques de forces ottomanes cherchant à faire lever le siège. L’attrition du siège et l’arrivée de la saison froide force Louis II à lever le siège. Cet échec et l’hostilité au sein de la diète contribuent à dégrader sa santé à l’hiver 1553-1554. Tombant malade en janvier 1554, il finit par rendre l’âme à la fin du mois. Son fils est confirmé en tant que nouveau roi par les membres de l’aristocratie et de la noblesse hongroise courant février 1554, devenant Louis III de Hongrie, avant d’être confirmé en tant que roi de Bohême en août 1554.
Le nouveau roi de Hongrie doit faire face aux tensions traversant son royaume et aux menaces qui pèsent sur ce dernier, notamment celle de l’empire ottoman. Cherchant à affermir son autorité, il s’appuie sur les conseillers de son père et sur sa mère Marie. Durant l’été 1554, il cherche à apaiser les magnats et nobles hongrois dont les rivalités et l’aigreur résultant du renforcement du pouvoir royal les rendent exigeantes et dangereuses. A ces défis s’ajoutent les difficultés économiques et sociales du royaume qui se cumulent et nourrissent les tensions. A ces tensions s’ajoutent des incertitudes sur le plan religieux, avec la question de la persistance des idées protestantes dans le royaume de Bohême et l’incertitude sur la diffusion de ces idées au sein du royaume hongrois, notamment celles de Calvin qui ont un certain succès dans certaines strates de la population.
A ces défis et difficultés s’ajoutent des enjeux et défis familiaux et dynastiques. Son mariage avec Marie d’Autriche est compliqué, le couple n’ayant pas d’enfants pendant leurs premières années de mariage, ce qui a contribué à nourrir les tensions au sein de la cour hongroise et la fronde nobiliaire envers le pouvoir royal. L’absence d’héritier renforce les appréhensions du couple royal face aux affaires du royaume alors que Louis III succède à son père en février 1554. L’annonce d’une grossesse de Marie d’Autriche au printemps 1554 permet d’apaiser les craintes sur la capacité du couple à avoir des enfants.
Louis III entreprend de consolider ses relations avec les Habsbourg afin d’avoir des alliés précieux pour faire face aux ottomans. En tant que prince électeur d’empire, il entreprend aussi de tisser des liens avec les princes d’empire. Il tisse aussi des liens avec la république de Venise et la papauté afin d’avoir d’autres alliés pour contrer les Ottomans ou pour permettre à son royaume de se relever de ses difficultés et défis. Il tisse enfin des relations avec son cousin Sigismond II de Pologne, cherchant à assurer de bonnes relations avec le royaume de Pologne. Le souverain hongrois cherche cependant à traiter avec Soliman pour tenter de signer la paix avec ce dernier et de mettre un terme au long conflit qui oppose les deux royaumes. Il rencontre l’opposition d’une partie de ses conseillers à cause du risque de voir le royaume devenir tributaire de la Sublime Porte, même s’il veut tirer profit du conflit qui oppose le sultan à la Perse Séfévide.

La principauté de Valachie se trouve au cœur des conflits entre le royaume de Hongrie et l’empire ottoman au début des années 1550. Durant l'année 1550, Mircea V renforce son autorité, mais doit faire face aux ingérences des voïvodes de Transylvanie et au ralliement des boyards exilés autour de la figure de Vlad IX qui demeure une figure de ralliement à l’encontre de son pouvoir. Les événements dans la principauté de Moldavie l’amène à vouloir de nouveau intervenir dans les affaires moldaves pour prévenir ses adversaires de s’appuyer sur un potentiel allié. Mais sa décision précipite sa chute alors que Vlad IX attaque de nouveau à l’automne 1550. Isolé, Mircea V cherche à fuir, mais est assassiné dans sa fuite par des boyards hostiles à lui en octobre 1550.
De nouveau au pouvoir, Vlad IX cherche à raffermir son autorité incertaine et renforce ses liens avec les voïvodes de Transylvanie et le roi Louis II de Hongrie. Ses relations avec le duché de Moldavie sont cordiales même s’il est le beau-frère d’Étienne Rareş qui revendique le titre de prince. Le prince valaque travaille à tisser des liens importants avec les boyards pour renforcer son autorité, tirant profit de l’impopularité de son prédécesseur. Pour y parvenir, il déploie une importante politique de conciliation des boyards. Ses rapports avec les Craiovescu sont cependant compliqués à cause de son demi-frère Radu. Il doit aussi faire face à la menace que représente l’empire ottoman, Soliman n’acceptant pas la tentative de la principauté à chercher à briser sa vassalité au profit du royaume de Hongrie. Si le début de l’année 1551 est sans défis contraignants ou déstabilisateurs, Vlad IX doit faire face à partir d’août 1551 à une attaque des ottomans. Face à l’attaque des turcs, Vlad IX doit s’enfuir en septembre 1551 et rejoint la Transylvanie alors que les ottomans placent à la tête de la principauté Pătraşcu, le fils illégitime de Radu VII.
Le nouveau prince valaque cherche à obtenir le soutien des boyards alors qu’il est confronté à la menace d’un retour de Vlad IX au pouvoir et que ce dernier demeure apprécié d’une partie des boyards. Pătraşcu reprend une partie des politiques de son père pour consolider son pouvoir, notamment en consolidant ses richesses pour renforcer son influence auprès des boyards. Le prince valaque s’appuie aussi beaucoup sur ses relations avec la Sublime Porte pour renforcer son autorité. Au début de l’année 1552, il soutient la campagne de Soliman contre le royaume de Hongrie et soutient l’attaque ottomane contre la principauté de Moldavie à partir de juin 1552, contribuant à chasser du pouvoir Alexandru III. Après ce succès, Pătraşcu renforce son autorité et consolide ses liens avec la Sublime Porte tout en s’assurant du soutien des boyards. La mort de Louis II de Hongrie à l’automne 1553 permet au prince valaque d’avoir une marge de manœuvre plus facile pour affermir son pouvoir, son rival étant moins soutenu par le nouveau roi de Hongrie et les voïvodes de Transylvanie.

La principauté de Moldavie connaît une période de troubles au début des années 1550. Le règne du prince Ilie II dans son faste et son rapprochement vers les ottomans nourrit une vive opposition des boyards envers le prince. Cette opposition est soutenue et aidée par les voïvodes de Transylvanie et le roi Louis II de Hongrie. Tirant profit des divisions suscitées par le prince, ces derniers soutiennent un complot des boyards contre ce dernier. En juin 1550, alors qu’il commence à amasser un important trésor dans l’intention de le présenter comme tribut à Soliman en échange de son abdication, Ilie II est assassiné par plusieurs boyards. Ces derniers placent Alexandru Bogdan-Mușat, le fils d’Alexandru Cornea (1), sur le trône, ce dernier devenant Alexandru III de Moldavie. Ce dernier permet à l’archevêque Macarie de Roman d’être rétabli dans sa position à l’automne 1550. Le nouveau prince cherche à tisser des relations avec le royaume de Hongrie tout en contentant les ottomans. Il doit aussi faire face à l’opposition d’Étienne Rareş, ce dernier revendiquant le trône de feu son frère. Pour assurer son autorité, Alexandru III cherche à s’assurer de bonnes relations avec le royaume de Hongrie et Vlad IX de Valachie.
Sur les années 1550-1552, Alexandru III renforce son autorité et consolide ses relations avec les voïvodes de Transylvanie et le roi de Hongrie. Ses relations avec Vlad IX sont cordiales malgré le fait que ce dernier soit lié à Étienne Rareş par son mariage. Ses relations avec l’empire ottoman sont en revanche mauvaises, ces derniers n’appréciant pas ses démarches pour se rapprocher du royaume de Hongrie et s’émanciper de leur suzeraineté. La chute de Vlad IX de Valachie et son remplacement par Pătraşcu en septembre 1551 place Alexandru III dans une position difficile à cause du risque d’attaque ottomane contre lui. Alexandru cherche à renforcer ses liens avec le royaume de Hongrie pour se prémunir de la menace ottomane. A l’été 1552, alors que Soliman mène une campagne contre le royaume de Hongrie, Alexandru III fait face à une attaque ottomane soutenue par Pătraşcu. Le prince moldave est forcé de s’enfuir en août 1552 et rejoint la Transylvanie.
Les ottomans installent à la tête de la principauté Étienne Rareş, le fils de Pierre IV. Ce dernier devient Étienne VI. Le nouveau prince est forcé de payer un important tribut à la Sublime Porte pour s’assurer du soutien de Soliman. Il entreprend de réorganiser la principauté pour pouvoir obtenir le soutien des boyards malgré l’existence d’Alexandru en exil en Transylvanie. Le prince de Moldavie tire profit du décès de Louis II de Hongrie pour pouvoir consolider son autorité, une partie des menaces extérieures s’affaiblissant avec la disparition du souverain magyar. Il doit cependant gérer les tensions persistantes au sein des boyards et s’efforce de gouverner à l’instar de son père tout en faisant preuve de neutralité dans les conflits de la région.

Sigismond II de Pologne entreprend de renforcer la gestion de son royaume et son autorité au début des années 1550, s’assurant du soutien de la noblesse polonaise. Il peut s’appuyer sur son épouse Anne, cette dernière étant à la fois capable de tenir ses devoirs de reine et faisant preuve de grandes qualités politiques. Le roi poursuit sa politique de lutte contre les idées protestantes, s’appuyant notamment sur l’adoption par le synode de Piotrkow de la profession de foi du cardinal Stanislas Hosius à l’été 1551. L’émergence des idées calvinistes mettent cependant à mal l’application des politiques religieuses mises en place par son père à cause du caractère combattif et actif des idées calvinistes face aux décisions du concile de Mantoue. Sigismond II tolère la foi luthérienne d’Albert de Prusse et entretient des relations complexes avec les seigneurs lituaniens sur la question confessionnelle. Il peut cependant compter sur les principaux représentants du clergé polonais qui soutiennent la lutte contre les idées luthériennes et calvinistes et soutiennent les réformes internes menées depuis le concile de Mantoue.
Sur le plan dynastique, Sigismond II doit faire face à quelques difficultés et défis durant le début des années 1550. Son couple avec Anne est malmené du fait de leur difficulté à avoir des enfants et ses relations extraconjugales, notamment avec Barbara Radziwiłł dont la rivalité avec la reine devient légendaire au sein de la cour polonaise. L’absence d’héritier contribue aussi à placer son frère Casimir dans la position d’héritier présomptif, ce dernier jouant un rôle important au sein du Sejm. Cela amène Sigismond II à être très attentif au choix matrimonial pour son frère, le souverain voulant créer de nouvelles alliances. Cela l’amène à avoir des désaccords importants avec Casimir, notamment sur le plan confessionnel, ce dernier étant encore plus impliqué dans la lutte contre les idées luthériennes et calvinistes et peu enclin à accepter des mariages avec des princesses ayant la confession protestante. Cela amène ainsi Casimir à rejeter la possibilité d’épouser Anne-Sophie de Prusse suggérée par Sigismond II pour ancrer davantage le duché de Prusse au royaume de Pologne. La naissance du prince héritier Sigismond en août 1554 permet d’estomper les incertitudes sur la succession royale. La même année, la question du mariage du prince Casimir est assurée avec le mariage de ce dernier avec Sophia Odrowąż, la fille unique d’Anne de Mazovie afin d’assurer à son frère une nouvelle légitimité en tant que duc de Mazovie et s’assurer du soutien de la dernière représentante des Piast (2).
Sur le plan diplomatique, Sigismond II renforce ses relations avec Louis II, puis Louis III, même s’il demeure en dehors des conflits opposant son parent à Soliman. Il observe cependant avec attention les conflits et troubles qui affectent le royaume de Hongrie et les principautés de Moldavie et de Valachie. Il suit aussi avec attention les événements au sein du Saint-Empire romain pour déterminer la manière de gérer les idées luthériennes, même s’il maintient les politiques religieuses de son père. Il consolide ses relations avec Ferdinand de Habsbourg avec la consécration du mariage entre sa sœur Cunégonde et Ferdinand de Tyrol en juin 1550. Sigismond II doit aussi gérer les tensions persistantes entre le duché de Prusse et la Livonie, les chevaliers livoniens n’appréciant guère les tentatives d’Albert I à tenter de diffuser les idées luthériennes sur leurs terres. Le roi de Pologne entretient des relations cordiales avec Charles IX de France. Le roi de Pologne a des relations neutres avec les royaumes scandinaves. Il se méfie du renforcement de la Russie, ancienne grande-principauté de Moscou, dont il craint l’expansion en Livonie. Pour contrer cette menace potentielle, le souverain polonais cherche à renforcer son influence sur la Livonie et à en faire un vassal de son royaume. Dans cette optique, il soutient son cousin, l'archevêque de Riga Guillaume de Brandebourg-Ansbach, contre Johann Wilhelm von Fürstenberg, grand maître de l'ordre de Livonie.


Le début des années 1550 est une période de développement et de renforcement du pouvoir d’Ivan IV de Russie. En 1550, le tsar rassemble les représentants de son royaume dans un oukase qui organise ses services. Des domaines autour de Moscou sont attribués à mille fils de boyards qui formeront la noblesse de la capitale, au service du souverain. Sur les années 1550-1551, Ivan IV établit un code de lois, réorganise le clergé en le soumettant à l'État, et crée le corps des streltsy, un corps d'infanterie constituant la garde personnelle du tsar. Il introduit enfin l'autonomie locale dans les régions rurales, principalement dans le nord-est de la Russie, peuplées par la paysannerie d'État. En 1553, il introduit l’imprimerie sur ses terres.
Sur le plan dynastique, Ivan IV a plusieurs enfants entre 1550 et 1554, mais deux d’entre eux, Maria et Dimitri, décèdent en bas âge. En 1553, le tsar souffre d’une maladie presque mortelle et manque de trépasser. Alors qu'il était sur son lit de mort présumé, Ivan a demandé aux boyards de prêter un serment d'allégeance à son fils aîné, qui était alors un nourrisson. De nombreux boyards refusent, estimant que l'état de santé du tsar est trop désespéré pour qu'il survive. Cela met Ivan en colère et renforce sa méfiance à l'égard des boyards. S'ensuivent des représailles brutales et des assassinats, dont ceux du métropolite Philippe et du prince Alexandre Gorbatyi-Shuisky.
Sur le plan diplomatique, Ivan IV tourne son attention sur le khanat de Kazan dont les raids demeurent une menace pour ses terres. Il décide d’y mettre un terme et de soumettre le territoire. En 1551, le tsar envoie son émissaire auprès de la Horde Nogai, qui promet de rester neutre pendant la guerre imminente. Les Ar begs et les Udmurts se soumettent également à l'autorité russe. En 1552, Ivan conduit une forte armée russe vers Kazan. Le dernier siège de la capitale tatare commence le 30 août. Sous la supervision du prince Alexandre Gorbaty-Shuisky, les Russes utilisent des béliers et une tour de siège, des sapements et 150 canons. Les Russes avaient également l'avantage de disposer d'ingénieurs militaires efficaces. L'approvisionnement en eau de la ville est bloqué et les murs sont percés. Kazan est finalement tombée le 2 octobre, ses fortifications ont été rasées et une grande partie célèbre sa victoire sur Kazan en faisant construire plusieurs églises à caractère oriental. A partir de 1554, Ivan IV mène des campagnes contre les tatars d’Astrakhan.
En parallèle des campagnes contre les tatars à l’est, Ivan IV entretient des relations assez particulières avec ses voisins occidentaux. Ses relations avec Sigismond II sont neutres, le statu quo établi depuis la trêve de 1537 étant maintenu et renouvelé. Ses relations avec le royaume de Suède sont plus difficiles à cause d’incidents frontaliers et de l’ambition de Gustave I de s’étendre vers la Livonie pour renforcer son accès au commerce de la mer Baltique et détenir des ports libres de glace toute l’année. Des incidents frontaliers durant l’année 1554 précipitent les hostilités.

(1) Alexandru Cornea était un prétendant à la position de prince de Moldavie du fait de liens incertains mais affirmés, soit à Pierre Aron (prince dans les années 1450) en tant que petit-fils, soit en tant que fils de Bogdan III l'Aveugle (prince de 1504 à 1517). Durant la période trouble du milieu des années 1540, Alexandru Cornea est pressenti pour renverser Etienne V placé par les ottomans en décembre 1545, mais le retour en force de Pierre IV avec le soutien des voïvodes de Transylvanie et Vlad IX de Valachie empêche la concrétisation de ce projet. Alexandru décède en 1548, laissant derrière lui deux fils, Alexandru et Étienne.
(2) Anne de Mazovie est au début des années 1550 la dernière représente vivante de la lignée des Piast depuis la mort de sa soeur Sophie en 1543 et celle de leur frère, le duc Janusz III de Mazovie. Ses relations avec la lignée des Jagellon est compliquée à cause de l'intégration du duché dans le royaume polonais par Sigismond I alors que les habitants de Mazovie ont cherché à la placer à la tête du duché (malgré le fait que sa sœur aînée Sophie était encore en vie à cette période) à la mort de son frère, mais aussi du fait du différend qui l'opposa en 1536 et 1537 à ce dernier après son mariage avec Stanislas Odrowąż, étant obligée en 1537 à renoncer aux droits héréditaires de Mazovie et au domaine au profit de la couronne par le Sejm.
Yodarc
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