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Après la victoire

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Message par Collectionneur Sam 2 Sep - 21:28

Un lettre oubliée et une définition demandée sur le cinéma italien Shocked

Cinecitta put renvoyer la balle aux Etats-Unis lors du retour du peplum, signant la fi ..... de la période des téléphones blancs Kesako ?
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 2 Sep - 21:48

Collectionneur a écrit:Un lettre oubliée et une définition demandée sur le cinéma italien  Shocked

Cinecitta put renvoyer la balle aux Etats-Unis lors du retour du peplum, signant la fi ..... de la période des téléphones blancs  Kesako ?

Une période du cinéma italien sous l'Italie fasciste, où l'on produisait surtout des comédies légères. Elle avait suivi l'échec de grosses productions comme Scipion l'africain : le public n'avait pas envie de voir des copies du Duce sur grand écran, ils avaient le même aux informations.
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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 3 Sep - 16:42

"Toujours une valeur sûre du cinéma américain, Charlie Chaplin continuait à remplir les salles. Dans un Hollywood considéré par beaucoup comme un repère de communistes (et surveillé pour cela de près par les service d’Edgar Hoover), des productions conservatrices se distinguaient, au premier rang desquelles les films de John Wayne. Cicéron, en 1957, était la réponse anticommuniste à Spartacus, mettant en scène un groupe de politiciens conservateurs au prise avec la violence démagogique."

Très intéressant Smile

Je dois avouer ma grande ignorance en histoire culturelle. Cela se ressent quand j'en parle dans LFC Guerre froide. Je dois incontestablement m'incliner dans ce domaine face à ta connaissance de ce domaine.
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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 3 Sep - 16:43

Sinon, pourquoi pas un Kirk Douglas incarnant Philippe Auguste dans "La bataille de Bouvines" ? On y "casse" plus de l'Allemand que de l'Anglais, qui est resté un allié du début à la fin ici.
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 5 Sep - 9:12

LFC/Emile Ollivier a écrit:"Toujours une valeur sûre du cinéma américain, Charlie Chaplin continuait à remplir les salles. Dans un Hollywood considéré par beaucoup comme un repère de communistes (et surveillé pour cela de près par les service d’Edgar Hoover), des productions conservatrices se distinguaient, au premier rang desquelles les films de John Wayne. Cicéron, en 1957, était la réponse anticommuniste à Spartacus, mettant en scène un groupe de politiciens conservateurs au prise avec la violence démagogique."

Très intéressant Smile

Je dois avouer ma grande ignorance en histoire culturelle. Cela se ressent quand j'en parle dans LFC Guerre froide. Je dois incontestablement m'incliner dans ce domaine face à ta connaissance de ce domaine.

Merci!

J'ai eu des cours sur les transformations culturelles de l'après-guerre dans mon cursus, ça m'a vraiment fasciné. D'où mon intérêt à imaginer comment ce seraient déroulés ces changements dans un monde sans Seconde guerre mondiale.
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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 7 Sep - 16:13

Chapitre 15 : Île

« Britain an Island » : le nouveau slogan de l’Union Movement d’Oswald Mosley résumait l’esprit du temps en Grande-Bretagne, après 1954. Si une part réduite des habitants de l’île adhéraient aux idées de l’ancien fasciste anglais, la transformation de son discours dans le sens d’un repli sur une identité anglo-saxonne et insulaire, tournant le dos à l’Empire, correspondait au souhait de la majorité. L’arrivée au pouvoir de Hugh Gaitskell au Royaume-Uni fut marquée par la mise en application du programme social du Labour, plébiscité par les Britanniques, mais aussi par la volonté de liquider l’héritage impérial avec des indépendances accélérées.

L’ère Gaitskell

Les élections générales anticipées de 1954 virent le Parti conservateur subir la pire défaite de son histoire, avec moins de députés qu’en 1906. Rendus responsables de la « décennie perdue », des guerres coloniales désastreuses et du retard pris sur le programme nucléaire, les Tories étaient désavoué par la population. Leur défaite donnait un nouveau souffle au vieux parti libéral, que l’on croyait voué à devenir une force d’appoint déclinante. Son ancrage local se développe au détriment des conservateurs, sous la direction du Gallois Clement Davies puis de l’Ecossais Jo Grimond, et attire de nouveau la bourgeoisie d’affaires ainsi qu’une partie des classes moyennes, inquiètes des réformes travaillistes.

Mais c’était surtout le Parti travailliste qui triomphait, sans avoir cette fois à récupérer le lourd fardeau de l’Inde, comme cela avait été le cas avec Clement Attlee. Disposant de la majorité absolue, les travaillistes purent mettre en œuvre leurs mesures phares : nationalisation du secteur minier et d’une partie des industries lourdes, création d’un service public de la santé, renforcement de la sécurité sociale. Les Britanniques semblaient enfin pouvoir s’engager dans un projet d’avenir enthousiasmant, après des années de morosité.

Après la victoire - Page 3 Hugh_Todd_Naylor_Gaitskell

Hugh Gaitskell

La fin de la décennie est marquée par un événement tragique inattendu : la reine Elisabeth II, particulièrement populaire, décède fin novembre 1959. Souveraine depuis 1952, elle avait passé une grande partie de la décennie à se déplacer dans l’ensemble de l’ancien empire et des pays du Commonwealth, afin de sauver ce qui pouvait l’être. Elle avait contracté en 1955 une forme grave de paludisme, information tenue secrète, qui l’avait gravement affaiblie, ce qui ne l’avait pas empêché de continuer à déployer une activité de représentation permanente. Elle n’avait pu cacher à la presse la détérioration subite de son état à la fin de l’année 1959, mais sa mort fut une surprise pour la population, qui lui rendit sincèrement hommage. Son fils Charles Philip Arthur George fut proclamé roi sous le nom de George VII ; le nouveau souverain n’ayant que 11 ans, son père le Prince Philip, duc d’Edinbourg, assura la régence.

Liquider l’Empire

Voulant se concentrer sur sa politique intérieure, Gaitskell devait néanmoins veiller à poursuivre la décolonisation sans nouvelles effusions de sang. Dès 1955, le Royaume-Uni reconnut l’indépendance de la Fédération des Indes Occidentales (qui devait se dissoudre l’année suivante après la sécession de la Jamaïque de de Trinité-et-Tobago) et de Terre-Neuve ; ce dernier territoire avait refusé en 1948 par référendum de rejoindre le Canada, et son indépendance n’allait pas être pour rien dans le réveil national du Québec voisin.

En 1957, le Ghana de Kwame Nkhruma était le premier pays colonisé d’Afrique subsaharienne à obtenir sa pleine indépendance ; la visite de la Reine et les efforts diplomatiques de Londres allaient convaincre le leader indépendantiste de maintenir son pays dans le Commonwealth. En Rhodésie, la crainte d’une politique britannique qui reviendrait sur l’autonomie du pays et profiterait à la majorité noire inquiétait la classe politique blanche, ce qui fit échouer le projet de fédération des deux Rhodésie et du Nyassaland en entraina une opposition sourde entre Londres et sa colonie qui devait mener à l’indépendance unilatérale de celle-ci. En 1958, le Nigéria ainsi que les pays d’Afrique de l’est obtiennent leur indépendance. En 1960, c’est le tour de la Rhodésie du Nord (devenue la Zambie quelques années), du Nyssaland (bientôt rebaptisé Malawi) et du Bechuanaland (Botswana). Critiquée pour s’être accrochée à l’Inde, le Royaume-Uni le sera aussi pour les indépendances africaines jugées « bâclées », qui ont ouvert la voie à l’arrivée de régimes à parti unique et à des violences contre les populations indiennes et arabes. A Zanzibar, le Sultan ne sauve son trône que par une répression particulièrement féroce. En Ouganda, dès les premiers mois de l’indépendance, un conflit éclate entre Milton Obote, premier ministre issu des populations nilotiques du nord, et le roi du Buganda qui assume la présidence de la République ; l’indépendance du Buganda, comprenant les populations bantoues du sud, oblige Obote à rebaptiser son pays République du Haut Nil.

Mais la fin de l’héritage impérial se ressent également en métropole, avec la volonté ferme de nombreux britanniques de tourner la page, rendue difficile par la présence de plus en plus d’immigrés issus de l’ancien Empire. En effet, si les premiers réfugiés indiens, généralement issus de l’aristocratie ou de la haute bourgeoisie commerçante, s’étaient parfaitement intégrés à la haute société britannique, la décennie vit arriver de plus en plus d’Indiens fuyant le régime de Chandra Bose et installés dans un premier temps dans des camps de transit en Afrique ou en Asie du sud est, avant que les revendications des gouvernements locaux n’obligent Londres à accepter leur départ pour les Îles britanniques. S’ajoutait également la présence de plus en plus importantes, notamment à Liverpool et dans les villes du nord, d’importantes communautés issues des Antilles anglophones. L’hostilité aux nouveaux arrivant s’exprimait dans de fréquents affrontements (menés notamment par les Teddyboys et les Rockers), ainsi que dans la montée de l’Union Movement d’Oswald Mosley.

Après la victoire - Page 3 2880px-Flag_of_the_British_Union_of_Fascists.svg

Drapeau de l'Union Movement

Après l’interdiction de sa British Union of Fascists et son emprisonnement pendant la guerre, Mosley avait fondé une nouvelle formation, l‘Union Movement, sans référence directe au fascisme et dont le nouveau crédo était le rapprochement des nations européennes (son premier slogan était Europe a Nation) et la lutte contre l’immigration. Mais, dans la nouvelle configuration politique, le mouvement adopta des positions isolationnistes et approuva la liquidation de l’héritage impérial, pourvu qu’on le liquide également en métropole pour affirmer une identité anglo-saxonne. Malgré le passé encombrant de Mosley, son manque de charisme et sa vie mondaine qui l’empêche de se rendre crédible auprès de l’électorat populaire, son parti connaît un développement important au cours de la décennie, sortant de son bastion londonien pour se développer dans le nord industriel de l’Angleterre, où il doit son succès au charisme de leaders locaux plutôt qu’à l’impulsion du siège national.



La « grande clarté » : un détour par le Québec

L’effondrement rapide de l’Empire britannique avait par ricoché rendue moins assurée la prééminence des Anglophones au Canada et donné un nouveau souffle à l’affirmation de la minorité francophone. Dès 1954, le Premier ministre québécois Maurice Duplessis est contraint à la démission, mettant fin à la période de la « grande noirceur ». Jalousement attaché aux prérogatives provinciales, Duplessis avait néanmoins, par son conservatisme économique et social, favorisé le statu quo, brisé par ses successeurs libéraux dès leur arrivée au pouvoir, avec la nationalisation de l’hydroélectricité, jusqu’ici chasse-gardée de l’élite anglophone montréalaise.

L’indépendance de Terre-Neuve, voisine directe, fait progresser l’idée d’une autonomie accrue sinon d’une indépendance, avec l’apparition ou le développement de partis clairement indépendantistes : Jeune-Québec de Raoul Roy, à l’extrême-gauche, et l’Alliance Laurentienne de Ramond Barbeau, catholique et conservatrice. En 1956, c’est aussi au Québec que le président français Georges Mandel effectue sa dernière visite officielle, première venue d’un chef d’Etat français depuis l’annexion anglaise. Si le discours de Mandel ne comporte aucune allusion à l’indépendance, il appelle toutefois à « défendre et cultiver la spécificité du Québec, et sa langue qui est le plus puissant de liens tendus entre les deux rives de l'Atlantique."
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Message par Collectionneur Jeu 7 Sep - 18:17

''Vive le Québec libre'' Laughing

Le Royaume Uni a gagné la guerre mondiale mais perd la paix encore plus durement qu'OTL.

Le cas de paludisme de la reine Elizabeth 2 est réel ?

Terre Neuve indépendant... J'ai lu qu'il avait été envisagé que l'île rejoigne les États-Unis. Pas sûr qu'elle puisse être autonome,  a part les forêts et pêche, elle n'a pas trop d'atouts.
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Message par LFC/Emile Ollivier Jeu 7 Sep - 18:28

Cette idée de Terre-Neuve rattachée aux USA me fait rappeler que je n'ai jamais mentionné que les États-Unis achètent le Groenland au Danemark en 1945.
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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 7 Sep - 18:54

Collectionneur a écrit:''Vive le Québec libre'' Laughing

Le Royaume Uni a gagné la guerre mondiale mais perd la paix encore plus durement qu'OTL.

Le cas de paludisme de la reine Elizabeth 2 est réel ?

Terre Neuve indépendant... J'ai lu qu'il avait été envisagé que l'île rejoigne les États-Unis. Pas sûr qu'elle puisse être autonome,  a part les forêts et pêche, elle n'a pas trop d'atouts.

Non, pour le cas de paludisme, c'est inventé. Je me suis dit que dans cette réalité où ça se passe mal pour le Royaume-Uni, elle serait sur tous les fronts, ce qui l'amènerait à s'épuiser et à prendre des risques. Et comme ça je peux faire un peu d'uchronie dynastique dans mon uchronie géopolitique.

Le référendum pour l'entrée de Terre-Neuve dans le Canada avait été très serré, dans un autre contexte politico-économique, je me suis dit que les habitants pourraient dire non. Terre-Neuve est historiquement bien plus proche de la métropole que des métropoles canadiennes, on peut imaginer qu'elle reste dans l'orbite de Londres, bien que formellement indépendante.
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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 7 Sep - 19:19

J'ai maintenant une idée précise des derniers chapitres de ce premier cycle :

- un chapitre sur l'Allemagne des années 50

- un chapitre sur le monde grec et balkanique

- un chapitre sur la politique française, pour clore.

Ensuite, je pourri réfléchir au second cycle qui commencera avec les années 1960, par l'effondrement de l'URSS et l'arrivée de Joe Kennedy Jr au pouvoir à Washington.
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Message par Thomas Jeu 7 Sep - 22:41

LFC/Emile Ollivier a écrit:Cette idée de Terre-Neuve rattachée aux USA me fait rappeler que je n'ai jamais mentionné que les États-Unis achètent le Groenland au Danemark en 1945.
Il y a un truc du genre prévu en DKTL ^^

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Message par vigilae Ven 8 Sep - 9:33

. N'oublions pas Saint-Pierre-et-Miquelon.
. En ce temps-là, ce "confetti" servait surtout, notamment grâce aux eaux territoriales induites, à servir de base aux chalutiers français pratiquant la pêche à la morue.
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 10 Sep - 13:46

Chapitre 16 : Reich

Le 18 octobre 1949, l’Allemagne avait tourné une page de son histoire : les forces spéciales de la Reichswehr avaient investi un cargo à l’allure ordinaire mouillant dans le port de Lübeck, en avaient éliminé les gardes armés et avaient trouvé, dans une cabine aménagée en bureau, Baldur von Schirach, la tête pensante du Werwolf. Celui-ci avait été éliminé d’une balle dans la tête avant d’avoir pu déclencher les explosifs stockés dans le navire, permettant ainsi aux autorités fédérales de s’emparer des innombrables dossiers que le chef du groupe terroriste transportait avec lui ; ces informations permirent d’arrêter la plupart des chefs régionaux et de détruire la structure de l’organisation. Il y eut encore, par la suite, des attentats revendiqués par le Werwolf, mais il s’agissait d’actes isolés, sans coordination. Une page se tournait.

Dans le même temps, le réseau Ragnarok s’était éteint par lui-même, du fait du désintérêt de son chef : Heinrich Himmler, qui avait quitté l’ambassade du Japon pour rejoindre l’archipel, avait ensuite gagné la Manchourie où il avait tenté, avec l’aide du médecin Joseph Mengele, de fonder une colonie aryenne modèle, et avait lancé des expéditions archéologiques à la recherche du berceau fantasmé de la race aryenne, en Asie centrale. Par la suite, les positions d’Heinrich Himmler allaient évoluer : critique vis-à-vis de son ancien Führer, il allait appeler ses partisans à s’éloigner du nationalisme allemand au profit d’une « Fraternité aryenne internationale » transcendant les nation. « Il ne faut pas se préoccuper du tracé des frontières, mais de la pureté de notre sang » dira-t-il, provoquant l’ire de nombreux anciens compagnons.

Le démantèlement du Werwolf signifiait pour la coalition SPD-Zentrum-DVP la possibilité de tourner enfin la page du nazisme et d’avancer vers l’avenir. Sous Julius Leber, de nombreuses mesures sociales semblables à ce qui se faisait dans les démocraties occidentales avaient déjà été prises. Dans le même temps, ce pays traumatisé par deux blocus économiques en temps de guerre et la perte de nouvelles terres agricoles cherchait par tout les moyens à se protéger contre la faim, ce qui le conduisit à devenir un pionnier du productivisme agricole, alors que ses voisins, désireux de ne pas s’aliéner les petits propriétaires paysans, en restaient à un simple protectionnisme. L’Allemagne connut néanmoins au début de la décennie 1950 une nouvelle crise inflationniste qui rappela à beaucoup de très mauvais souvenir et ancra dans la bourgeoisie allemande le dogme de la stabilité monétaire à n’importe quel prix. Mais la production industrielle avait retrouvé et dépassé les niveaux d’avant-guerre, et la misère reculait malgré les coûts de la guerre et de la reconstruction. Le paysage politique était dominé d’un côté par les partis républicains héritiers de Weimar et de l’autre par la nouvelle Union conservatrice, sensée rassembler les conservateurs de toutes confessions mais dans les faits plutôt orientée vers les populations protestantes de l’ancienne Prusse, dans un héritage wilhelmien néanmoins assagi.

En 1953, l’optimisme relatif fut mis à mal par une grave crise politique : la proposition de remplacer le terme Reich par celui de Republik dans la constitution allemande provoqua une levée de boucliers de la part aussi bien des conservateurs que des Völkisch, qui, à cette occasion, relevèrent la tête. La mobilisation en faveur d’une Allemagne restée un Reich révéla en effet la capacité des héritiers du nazisme à revenir sur le devant de la scène. Plusieurs partis d’extrême-droite se structurent à cette occasion, dont le plus important est le Sozialistische Reichspartei, Parti Socialiste du Reich (ou Parti impérial-socialiste) parrainé par le pilote décoré Hans-Ulrich Rudel, le Parti National-Révolutionnaire ou se fait déjà remarquer Helga Goebbels et qui se réclame du nazisme d’avant 1934, la Viking Jugend, ainsi que le Front Noir, refondé avec la bénédiction d’Otto Strasser depuis son exil canadien. Les dissidents de l’Union conservatrice, qui trouvent le parti trop mou, fondent à cette occasion le Deutsche Reichspartei, resté dans la droite ligne du militarisme wilhelmien. Si au cours de la crise du Reich, monarchistes et révolutionnaires nationalistes sont tous deux impliqués dans des actions violentes contre les forces de l’ordre ou les mouvements de gauche, ils ne se coordonnent pas, gardant l’en envers l’autre une féroce rancune.

Après la victoire - Page 3 2560px-Flag_of_Socialist_Reich_Party.svg

Drapeau du Sozialistische Reichspartei

Après un mois de violences et une trentaine de victimes, dont huit policiers, le Reichstag se dissout et des élections anticipées sont remportées par les conservateurs et par le Zentrum qui forment un gouvernement de coalition, qui enterre le changement de nom du pays. Mais la crise a révélé que la société allemande n’a pas surmonté les divisions de l’avant-guerre, et que celles-ci se sont même exacerbées dans certains milieux, notamment les déplacés des régions perdues, très sensibles à la propagande nationaliste.

En face, l’extrême-gauche allemande se restructure lentement. Le KPD, affaibli par une décennie de répression nazie, l’est tout autant par le comportement du « vautour Staline » et sa rupture du Pacte germano-soviétique. Il ne se maintient que dans quelques bastions historiques, comme la ville de Hambourg, et grâce aux subsides versées par Moscou. Encore ses dirigeants ignorent-ils que Moscou finance davantage les Impériaux-socialistes, jugés plus efficaces… Comme en France, les déçus du stalinisme qui ne sont pas résignés à rejoindre les sociaux démocrates s’étiquettent indépendants avant de tourner leurs regards vers la Chine de Mao, après sa rupture définitive avec l’URSS.


Dernière édition par DemetriosPoliorcète le Dim 10 Sep - 16:53, édité 1 fois
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Message par Collectionneur Dim 10 Sep - 14:57

Un lapsus dans les premières lignes :

Lübeck, ''ne'' avaient éliminé les gardes

On est reparti vers une guerre civile dans les années 70 ?
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 10 Sep - 16:52

Collectionneur a écrit:Un lapsus dans les premières lignes :

Lübeck, ''ne'' avaient éliminé les gardes

On est reparti vers une guerre civile dans les années 70 ?

Réponse dans le deuxième cycle, normalement Après la victoire - Page 3 1f609
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 12 Sep - 10:37

Chapitre 17 : Balkans

En dépit des menées de l’Italie fasciste, l’après-guerre voit la « poudrière de l’Europe » connaître une baisse de tensions et une période de paix que la région n’avait pas connue depuis longtemps. Grèce, Yougoslavie et Albanie se démocratisent, certes à des rythmes différents.

Grèce

A la mort de Ioannis Metaxas en janvier 1941, le roi Georges II avait manqué l’occasion de se débarrasser de la dictature et d’engager son pays dans la voie du retour de la démocratie. En effet, en dépit de quelques signes d’ouverture, le roi ne s’était pas opposé à la succession du dictateur par l’amiral Alexandros Sakellariou, royaliste extrémiste et antivénizéliste déclaré. Le pays restait un régime particulièrement conservateur qui, s’il coopérait avec les Britanniques, n’en regardait pas moins vers l’Italie fasciste.

La société civile grecque étouffée sous la dictature, n’en marquait pas moins un réveil de plus en plus visibles, avec des manifestations régulièrement réprimées et l’action clandestine du parti libéral, des socialistes et des communistes. Dans la lignée des klephtes de l’époque ottomane, des bandes armées, dont la plus célèbre était dirigée par un certain Aris Velochiousis, menaient des actions contre les troupes royales, contribuant à mettre au jour la faiblesse du régime.

Au Noël orthodoxe 1949, une mobilisation populaire plus suivie que les précédentes ébranla le pays, conduisant à plusieurs mois de grève générale et à la mise en place de l’état d’urgence. En mars, l’île de Crète, patrie de Vénizélos, échappa au contrôle gouvernemental et vit s’établir un gouvernement provisoire dominé par les libéraux et présidé par le vieux général Plastiras, héros de guerre et fondateur de la première République héllénique. Paniqué, le roi accepte de démettre de ses fonctions Sakellariou et de nommer à sa place le civil Ioannis Rallis. Alors que le gouvernement libéral semble prêt à des négociations, la survie de la monarchie semble encore possible mais, à la mi-avril, une partie des troupes continentales placées sous la direction du général Tsokaloglou, républicain convaincu, mènent un coup d’Etat et font arrêter la famille royale et l’ensemble du gouvernement. Arrivé à Athènes sous les acclamations, Plastiras n’exige pas moins qu’un référendum soit proposé à la population pour abolir définitivement la monarchie. Celui-ci donne une majorité confortable aux républicains, qui proclament la Seconde république hellénique. Le premier chef de gouvernement n’est autre que Sophoklis Venizélos, fils de l’ancien leader libéral.

Après la victoire - Page 3 2560px-Flag_of_Greece_%281822-1978%29.svg

Drapeau de la Troisième République hellénique

Les libéraux n’en sont pas moins progressivement dépassés d’un côté par les sociaux-démocrates et autres forces de gauche, de l’autre par les conservateurs rassemblés dans la Nouvelle Démocratie de Konstantinos Karamanlis. Si le clientélisme et le poids écrasant de la fonction publique, malédictions de la Grèce depuis son indépendance, ne disparaissent pas, les efforts du nouveau gouvernement et la conjoncture plutôt favorable permettent un début de véritable développement économique.

La francophilie de la gauche et du centre grecs poussent à de bons rapports entre Athènes et Paris, au grand dam de l’Italie qui voit alors s’effondrer son espoir d’un axe fascisant en Méditerranée orientale. En 1955, la Grèce célèbre l’accomplissement d’un objectif historique : la Grande-Bretagne de Gaitskell négocie la cession de Chypre, l’Enosis depuis longtemps espérée. Les îles du Dodécanèse, aux mains de l’Italie, restent néanmoins un territoire irrédent pour quelques années encore, malgré la présence de mouvements de guérilla, notamment communistes, depuis les années 1940. Grandi consent à ne pas pousser plus loin la politique d’italianisation, mais les exigences qu’il formule pour la cession de l’île sont jugées humiliantes par Athènes, laissant la situation bloquée.

Yougoslavie

Après avoir échappé à la guerre, la Yougoslavie ne subit pas moins le coup économique de la défaite allemande, alors que les accords de clearing entre les deux pays avaient fait du Reich le principal partenaire du jeune Etat. Belgrade cherche par la suite à se rapprocher du vieil allié français, jusqu’à devenir le partenaire le plus enthousiaste du Pacte de Varsovie, là où les Polonais et les Tchécoslovaques sont, non sans quelques raisons, plus méfiants. Les tensions avec l’Italie ne baissent qu’à la mort du Duce. L’autorisation par les deux souverains du mariage, en 1954, entre Maria-Pia de Savoie et Alexandre de Yougoslavie, est un symbole majeur de détente entre les deux pays.

Déclaré majeur en septembre 1941, le roi Pierre II laisse dans un premier temps le gouvernement à son ancien régent, Paul de Yougoslavie, qui poursuit les grandes lignes de sa politique. C’est en 1945 seulement qu’une nouvelle constitution met fin à la période autoritaire commencée avec la dictature royale en 1929, avec le retour d’une monarchie parlementaire. Le pouvoir du gouvernement est néanmoins renforcé par rapport aux années 1920, dans un souci de rationalisation et pour éviter de nouveaux blocages. Le roi retrouve sa place de monarque constitutionnel, bien que ses pouvoirs demeurent plus importants que ceux de la plupart des souverains européens.

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Pierre II de Yougoslavie

La constitution reconnaît aussi une autonomie à la Banovine de la Drave, devenue banovine de Slovénie, semblable à celle accordée en 1939 à la banovine de Croatie. Le pays prenait la voie du fédéralisme, prenant acte de l’échec du yougoslavisme intégral. Mais il faudrait encore six années de tensions et d’affrontements entre armée royale et komitadjis macédoniens pour que la banovine du Vardar se voit reconnaître les mêmes droits et puisse changer son nom en Macédoine du Vardar. La langue macédonienne reconnue dans la région par le pouvoir central fut par contre constituée à partir des dialectes locaux les plus proches du Serbe, pour couper les liens avec la Bulgarie. A cette même occasion, les banovines du Vrbas, de la Drina et du Danube étaient unifiées sous le nom de « Banovine de Serbie du Nord » et celles de la Zeta et de la Morava sous le nom de « Banovine de Serbie du sud ».

Il était par contre hors de question de reconnaître une quelconque existence à une entité kosovare, tant la région était considérée par les Serbes comme une partie de la Serbie. Dès la deuxième moitié des années 1940, l’Italie avait poussé au conflit en armant et en offrant des bases arrière aux guérillas albanaises préexistantes. Il s’agissait avant tout pour Rome de s’attacher les populations de l’Albanie occupée en flattant leur nationalisme irrédentiste. Cette situation faisait les affaires de Belgrade qui put placer certaines zones de guérilla sous administration spéciale et continuer à y truquer les élections longtemps après le rétablissement de la démocratie dans le reste du territoire. L’émigration albanaise, encouragée par les confiscations de terres et les violences aussi bien de l’armée royale que des milices de colons et de Slaves autochtones, s’accéléra dans la deuxième moitié des années 1940. En 1953, le projet nationaliste serbe était réalisé, avec l’inversion du rapport de force démographique en faveur des Slaves.

Politiquement, la Yougoslavie restait dominée par les partis d’avant-guerre. L’autorisation du Parti communiste en 1948, devant le déclin de cette idéologie dans le reste de l’Europe, entraina la surprise des formations royalistes, avec plus de 15% des suffrages. L’organisation, structurée par des décennies de clandestinité et dirigée d’une main de fer par Josip Broz avait su coaliser les mécontentements, notamment parmi les macédoniens. Après la mort de Staline, Broz, déçu par la politique de Beria, se posa en continuateur de la ligne dure stalinienne, puis en promoteur d’une nouvelle forme de socialisme centrée sur l’autogestion. Avec l’autonomie macédonienne puis l’industrialisation partielle du nord, le Parti déplaça son centre de gravité du sud rural aux régions ouvrières et aux universités des grandes villes. Le charisme de son leader et la solidité de son organisation interne expliquent le cas particulier de ce mouvement communiste, le seul en Europe dans lequel le maoïsme ne devint pas dominant.

Albanie

Théoriquement en union personnelle avec l’Italie fasciste, sur le modèle de laquelle toutes les institutions albanaises étaient calquées, l’Albanie était de fait sous contrôle direct de Rome, dirigée par un résident général. La résistance, aussi bien communiste que zogiste, demeure faible, tant le nationalisme albanais était récent. Celui-ci est d’ailleurs instrumentalisé avec succès par Rome, le Duce se présentant en champion de l’unité des Albanais face au royaume de Yougoslavie.

Le nombre de colons italiens n’augmente que lentement, la priorité étant donnée à l’Ethiopie. L’économie connait un développement tiré par les investissements publics, bien que la population souffre toujours de la ruine de l’artisanat qui avait suivie l’invasion.

En 1956, la situation politique est modifiée par décret de Dino Grandi, qui souhaite un désengagement italien : les pouvoirs du résident sont considérablement réduits et l’autonomie du parti fasciste locale gagnant en réalité. L’Albanie peut par la suite ouvrir des représentations diplomatiques à l’étranger. Lors des premières élections libres, en 1959, le Parti fasciste italien remporte la majorité des sièges, ce qui laisse en suspend la question de l’union personnelle.
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Message par DemetriosPoliorcète Mer 13 Sep - 9:29

Chapitre 17 : Transition

Les dernières années de la décennie 1950 marquent, en France, la fin de la période ouverte par la victoire de 1941. La décolonisation s’accélère, aidée en cela par le déclin de l’idéologie impériale dans la population métropolitaine. Après une législature marquée à droite, les troubles en Algérie et la crise politique qui s’ensuit voient le retour au pouvoir de la gauche, avec le ministère Pierre Brossolette, ainsi qu’une réforme constitutionnelle jamais vue depuis les débuts de la IIIe République.

La fin de l’idée impériale

Après avoir connu son apogée dans la décennie précédente, l’idée impériale connaît dans les années 1950 un déclin régulier, du fait des discours anticolonialistes d’une partie de la gauche mais aussi de l’idée de plus en plus répandue, notamment par le journaliste Raymond Cartier, que les colonies sont un poids financier qui retarde le développement de la métropole. De plus, la présence de plus en plus visible de travailleurs maghrébins et africains n’est pas sans créer de tensions avec les métropolitains, ce qui fait progresser d’autant plus l’idée de possibles indépendances.

En Afrique subsaharienne, le Togo est le premier pays sous contrôle français à proclamer son indépendance, ce que Paris ne peut pas lui refuser vu son statut de mandat SDN. Dans le sillage de son voisin ghanéen, à la fois partenaire et rival quand il s’agit d’incarner l’anticolonialisme, le président Sylvanus Olympio ne tarde pas à prendre ses distances avec l’ancienne puissance coloniale et à multiplier les partenariats, avec les Etats-Unis mais aussi, et de plus en plus, avec l’Union soviétique et la Chine, adoptant un discours socialisant (quand bien même il était issu d’une riche famille marchande). La création d’un régime à parti unique avec police politique réduit pourtant l’aura d’Olympio et pousse plutôt les leaders indépendantistes à la modération. Le dirigeant du Sénégal, Léopold Sedar-Senghor, déclare ainsi en 1959 : « l’indépendance des Etats de l’Afrique française doit se faire par l’évolution progressive de la Fédération toute entière, et non par un ensemble désordonné d’aventures individuelles ».

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Sylvanus Olympio, président de la République togolaise

L’évolution du paysage politique français

Après le retour de l’instabilité qu’avait inauguré la XIXe législature, la France élit en 1954 une chambre marquée à droite, en raison notamment de la peur du communisme entraînée par les événements indochinois. L’Alliance entre l’Alliance démocratique, le PSF, la Fédération républicaine et les démocrates-chrétiens permet la formation d’un gouvernement sans participation du Parti radical. La presse de gauche ironisera en parlant de « Chambre bleu pâle », en référence à la « Chambre bleu horizon » de 1919. En dehors des quelques députés du PON, une force de droite refuse la participation : le Rassemblement pour la France (RPF) du Maréchal Charles de Gaulle, ancien député du PSF qui a quitté la formation, déçu par ses compromissions et l’absence de ligne précise. Partisan d’une défense inconditionnelle de l’indépendance nationale et d’une transformation des institutions permettant le renforcement de l’exécutif, le RPF se distingue également par une volonté de tourner clairement le dos à la colonisation et par son projet de régionalisation de certains services.

A gauche, les « communistes indépendants » de 1942 ont fondé leur propre formation, le Rassemblement Marxiste Unifié, comprenant plusieurs tendances mais où les partisans de la Chine de Mao ont gagné en poids à partir de l’instauration de la RPC, jusqu’à transformer le parti en « Rassemblement marxiste-léniniste », en 1956. Le vieux PCF, sommé de se positionner sur les réformes menées en URSS par Beria, est déchiré par les luttes internes et ne parvient pas à gagner de nouveaux militants. La gauche de gouvernement, SFIO et FRS, désormais dans l’opposition, entame un travail de réflexion.

La XXe législature, après un ultime gouvernement Reynaud, est dominée par le figure du député Georges Albertini, tour à tour éminence grise et président du conseil. Après avoir fait oublier son soutien à Munich, l’ancien partisan de Marcel Déat s’est dirigé vers la droite et a constitué un ensemble de fiches sur le personnel politique et la haute fonction publique qui le rendent pratiquement intouchable. A la présidence, Georges Mandel laisse la place à Paul Baudoin, homme de droite et fidèle de Reynaud.


La période est marquée par des lois moralisatrices règlementant notamment la bande dessinée et le cinéma, mais elle voit également se mettre en place des projets comme le premier plan autoroutier et ses axes transversaux Nantes-Orléans-Strasbourg et Bordeaux-Toulouse-Grenoble, toujours dans l’idée d’en finir avec le « désert français ». La gestion somme toute routinière et technocratique de la XXe législature est néanmoins bientôt mise à mal par la question algérienne.

Le retour de la question algérienne

Pour beaucoup, les réformes du second Front populaire devaient fixer une nouvelle situation pour longtemps, avec un nouvel équilibre entre Européens et Musulmans. Mais, à l’inverse, elles avaient fait progresser la demande d’égalité des populations arabe et kabyle, parmi lesquelles existait désormais une classe moyenne importante, et inquiété les Européens, se sachant condamnés à perdre leur prééminence politique. La naturalisation dans le statut des familles d’anciens combattants et la simplification des procédures pour les nouvelles naturalisation avait permis aux nombre de citoyens algériens musulmans de dépasser vers 1952 celui des pieds-noirs ; dans le même temps, il était logique pour les Algériens que tout les habitants du pays accèdent à la citoyenneté très rapidement. La frustration d’une réforme inachevée nourrissait l’autonomisme et l’indépendantisme.

Mais ce furent les extrémistes pieds-noirs qui déclenchèrent les premiers les troubles : en 1956 lorsque des commandos d’extrémistes européens s’emparent des principaux bâtiments administratifs de la ville d’Oran et proclament l’ « Etat libre de l’Oranais » invitant les autres métropoles à faire de même. Délogés par la force armée, ils reçoivent néanmoins des marques de soutien d’une partie de la population ; les partisans de Ferhat Abbas comme ceux de Messali Hadj dénoncent quant à eux la trop grande mansuétude de l’administration à l’égard des complices du putsch. Abbas est tué par une bombe quelques mois lus tard, privant les algériens modérés de leur principal porte-parole. Dans le même temps, plusieurs factions indépendantistes choisissent également la lutte armée : le Parti Marxiste-Léniniste Algérien, maoïste, lance plusieurs attaques contre l’administration et les intérêts économiques des colons ; si ses dirigeants sont des doctrinaires, ses militants de terrain, comme le jeune Houari Boumediene, ne se rangent derrière le drapeau marxiste que pour mieux affirmer une identité arabe et musulmane. Début 1957, un autre mouvement, l’Organisation Spéciale, devenu par la suite Armée de Libération Nationale, s’implante en Kabylie sous la direction d’un certain Hocine Aït Ahmed ; les deux mouvements ne tarderont par à s’affronter l’un l’autre en plus d’affronter l’administration coloniale.

La mise en place de mesures d’exception réduisant le pouvoir des assemblées algériennes et la brutalité de la répression sur place, qui semblent montrer que le pouvoir central n’a rien appris de l’expérience indochinoise, choquent une majeure partie de la population. Frappé d’interdiction, le Mouvement National Algérien de Messali Hadj entre dans la clandestinité ; plus urbain que les autres mouvements, il organise grèves et protestations, n’entrant que tardivement dans la lutte armée. Alors que le gouvernement est contraint d’envoyer des renforts militaires, alors même que l’on vient de se désengager d’Indochine, la situation paraît totalement bloquée alors que les Français sont appelés à de nouvelles élections en 1958.

Le bloc PSF-FR-AD étant décrédibilisé par son incapacité à répondre durablement aux événements, la gauche revient en force dans l’hémicycle. Alors que PMLF et PCF se partagent une trentaine de députés, SFIO et FRS, avec des scores à peu près équivalents, s’approchent de la majorité absolue, facilement atteinte avec le soutien des radicaux. Le recul de la droite de gouvernement profite également au RPF de De Gaulle, qui obtient quarante députés, et au PON, malgré sa ligne incohérente (manière forte en Algérie mais interdiction de l’installation d’Algériens en France).

Si Pierre Brossolette est nommé, après de longues négociations, Président du conseil, sa position est précaire, et ses positions en faveur d’une réforme constitutionnelle font dire à beaucoup qu’il ne tiendra pas un mois. Mais un événement va souder la France derrière lui : le président Paul Baudouin est assassiné le 17 juin 1958 par un étudiant français déclarant agir au nom du Parti Marxiste-Léniniste Algérien (l’enquête montrera en effet qu’il avait conçu le projet avec une cellule locale de l’organisation). Dans le même temps, le « putsch d’Oran » semble se répéter à Alger, les colons les plus extrémistes saisissant l’occasion de la mort du président pour demander l’envoi du contingent, des mesures extraordinaires et la constitution d’un gouvernement autonome confié aux seuls Européens, « seuls à même de négocier avec la rébellion arabe ». La tentative finit écrasée, mais non sans avoir reçu entre temps des marques de sympathie voire un soutien actif de certaines unités de l’armée régulière. Devant ce qui semble une menace pour la République, Brossolette réunit derrière lui l’ensemble des forces politiques et se fait voter des pouvoirs exceptionnels (néanmoins sans droit de modifier la constitution).

Après la victoire - Page 3 Pierre_Brossolette

Pierre Brossolette

En signe de concorde nationale, Brossolette nomme le radical Jean Moulin comme gouverneur général d’Algérie. Celui-ci, déclarant dès son arriver espérer « être le dernier administrateur à porter ce titre, avant une réforme majeure des institutions de l’Algérie », se montre particulièrement énergique, parcourant les régions rurales accompagnés d’une escorte de soldats locaux. Dans le même temps, un autre radical, plusieurs fois ministre des Outre-mers, est élu président de la République par les deux chambres, Gaston Monnerville. La France se dote pour la première fois d’un chef d’Etat noir.

Quelques jours après le vote de ses pouvoirs exceptionnels, Brossolette proclame que « des élections se tiendront dans moins d’un an en Algérie et réuniront toutes les forces politiques favorables à la négociation et au dialogue pacifique », faisant ainsi un appel du pied aux groupes indépendantistes pour déposer les armes. Ces déclarations ainsi que l’action de Moulin pour limiter les mesures répressives et entamer un dialogue avec les autonomistes et les indépendantistes, entrainent une baisse de tensions. Le MNA est le premier mouvement à déposer les armes et, obtenant une amnistie totale, à rentrer dans le jeu politique algérien. En dépit des protestations de certains de ses lieutenants, Aït Ahmed se déclare prêt à entamer des négociations.

Les accords de Tizi Ozou de septembre 1959 aboutissent à une amnistie générale et à la naturalisation immédiate de deux millions d’Algériens musulmans supplémentaires. Surtout, le gouvernorat général est supprimé et l’Algérie obtient une autonomie accrue et une assemblée unique élue sur le principe une personne = une voix. Les premières élections sont remportées par le MNA qui arrive en tête, suivi de près par les partisans, plus modérés, du défunt Ferhat Abbas. Aït Ahmed en devient également député sous l’étiquette de son nouveau parti, le Front de Libération Nationale. Les accords de Tizi Ozou prévoient en outre une possible révision du statut dans les années à venir : secrètement convaincu de la nécessité de l’indépendance, Brossolette veut néanmoins procéder par étape et laisser une porte ouverte à des évolutions futures.

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Hocine Aït Ahmed

Le Parti marxiste-léniniste algérien refuse quant à lui tout compromis, mais sa brutalité ainsi que la peur du communisme le coupent définitivement de la population, et il voit ses forces décroitre. La société algérienne, comme la société métropolitaine, aspire au progrès économique et matériel et à la modernité, plus qu’à la révolution.

La réforme constitutionnelle

Le règlement de la crise algérienne avait donné à Brossolette une stature d’homme d’Etat inattaquable et une popularité qui dépassait son camp politique. Il s’attela dès la signature des accords de Tizi Ozou à son autre grand chantier : la réforme constitutionnelle, appelée de leurs vœux par de nombreux français depuis longtemps, et que le caractère exceptionnel de la période semblait rendre possible.

Après des débats interminables, et malgré le désaccord de la majeure partie de ses alliés socialistes et radicaux, Brossolette parvint à faire modifier l’article II de la constitution. C’était pour beaucoup un crève-cœur, car cet article, issu de l’amendement Vallon, était un symbole de la victoire des républicains au cours des années 1870. Mais sa nouvelle tournure mettait fin au parlementarisme intégral, en modifiant le mode de désignation du président de la République : « Le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et par la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale, les maires, les conseillers généraux et les membres du Conseil d’Etat », et non plus seulement par les deux chambres. Ce nouveau mode de désignation permettait de réaffirmer l’ensemble des pouvoirs théoriquement donnés au chef de l’Etat mais tombés en désuétude, et de lui rendre son rôle d’arbitre du monde politique.

D’autres lois suivirent la même année, rationnalisant le parlementarisme français et l’autonomie du Conseil des ministres et de son président, et accordant par ailleurs au président de la République le droit de proposer au peuple français de trancher une question politique par référendum, une proposition émanant du Maréchal De Gaulle. Fin d’un certain esprit républicain pour les uns, ces changements étaient pour les autres gages d’une stabilité nouvelle et d’un nouveau souffle dans des institutions durement éprouvées par la longue durée. Si le RPF aurait voulu aller beaucoup plus loin et transformer totalement le fonctionnement de l’Etat, Charles de Gaulle déclara que les lois de 1959 étaient une belle victoire et allaient dans le bon sens. Il ne se représenta d’ailleurs pas à la législature suivante et préféra rester une éminence grise de la politique française, régulièrement visité par les chefs de partis.

La politique fédérale et internationale du gouvernement Brossolette

Convaincu de l’obsolescence des institutions héritées du colonialisme, Pierre Brossolette n’en affirma pas moins qu’ « il n’y aurait pas, dans les rapports entre la France et ses anciennes colonies, de transformation bâclée », faisant implicitement référence à l’échec de la décolonisation britannique. La Fédération devait évoluer, en un bloc, vers une redéfinition progressive des rapports entre ses membres. La loi fédérale fondamentale de 1960 transforma la structure en dotant ses membres d’une autonomie accrue et du statut d’Etats, remplaçant celui de territoires.

A cette occasion, le Sénégalais Lamine Gueye chercha à convaincre les différents territoires de l’AOF de se réunir en un seul et même Etat, qu’il proposait de nommer Union du Mali. Il se heurta à l’opposition de Félix Houphouët-Boigny, porte parole des planteurs de Côte d’Ivoire qui craignaient les transferts de richesse vers l’intérieur des terres. Le Mali réunit finalement la Guinée, le Sénégal, le Soudan occidental, la Haute-Volta et le Dahomey. Les Etats de l’Afrique équatoriale ne parviennent pas à trouver un accord semblable et demeurent individuellement membre de la Fédération.

En dehors de l’Afrique, la politique de Brossolette se distingue par l’apaisement des relations avec l’Inde et la Chine. Le cas de Pondichéry, dernier établissement français de l’Inde et refuge pour de nombreux indiens opposants au gouvernement de Chandra Bose, est réglé par un traité franco-indien en février 1960, qui stipule que le territoire demeure une ville libre sous protection française mas qu’un référendum devrait être organisé « dans les vingt ans », ce qui demeure assez flou pour satisfaire tout le monde. Le cas de Kouang-Tchéou Wang, en Chine, est plus compliqué : les négociations sur une possible cession du territoire à la Chine avaient été engagées avec le gouvernement nationaliste, mais demeuraient gelées depuis le triomphe des communistes. La population de l’enclave s’était largement accrue avec l’arrivée de dizaines de milliers de nationalistes fuyant le régime de Pékin, et Mao craignait que la France n’encourage, sur le modèle du gouvernement de Gaitskell à Hong-Kong, son autonomie et l’installation d’une démocratie libérale hostile à la réunification. L’accord franco-chinois de 1961 permet la reconnaissance par la France de la RPC ainsi que la garantie que l’enclave demeurerait un territoire cédé dans le cadre d’un bail et devant être rétrocédé au plus tard en 1998 « si aucune autre solution n’a été trouvée d’ici là ».
Epilogue

En prenant définitivement acte de la fin programmée de l’impérialisme, en reconnaissant le poids des puissances non-occidentales et en réformant les vieilles institutions de la IIIe République, le ministère Brossolette préparait la transition vers une nouvelle ère, tirant un trait sur la période de l’après-guerre.

Pierre Brossolette incarnait cette transition mais n’incarnerait pas la période suivante, battu en 1962 par le droite unifiée par François Mitterrand. La France entrait progressivement dans la société de la consommation et des loisirs, et le jeune président de droite incarnait cette période nouvelle.

Le monde était entre temps entré, dans son ensemble, dans une nouvelle ère historique, que symbolisaient d’un côté l’effondrement de l’Union soviétique, de l’autre l’élection de Joseph Patrick Kennedy à la Maison blanche.

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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 14 Sep - 14:58

Le premier cycle de ce récit est donc terminé.

Je ne sais pas encore quand je commencerai le deuxième (qui couvrira les années 60-70-début 80). Les grandes lignes sont là pour la France, les Etats-Unis, l'Allemagne, mais des incertitudes demeurent quant au devenir du Royaume-Uni et plus encore du Canada.

N'hésitez pas si vous avez des commentaire ou des conseils bien entendu.
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Message par LFC/Emile Ollivier Jeu 14 Sep - 15:05

Je n'y manquerai pas
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