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Geronimo: Et si Oussama Ben Laden avait été tué avant le 11 Septembre?

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Message par Uranium Colonel Ven 20 Jan - 17:00

Bonjour à tous, cette chronologie est la traduction française du remarquable travail de Iwanh sur AH.com (https://www.alternatehistory.com/forum/threads/geronimo-what-if-osama-bin-laden-was-killed-prior-to-9-11.518053/), ce qui lui a valu d'être nominé au prix Turtledove l'année dernière.
Bien entendu je n'ai aucun droit sur le travail d'Iwanh, je souhaite juste partager une uchronie remarquable et bien écrite.

Chaque vendredi, je partagerais deux chapitres de cette TL, tout en continuant le travail de traduction que j'effectue sur Červený Poplach et En Traversant des Temps Difficiles.

Bonne lecture!
Uranium Colonel
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Message par Uranium Colonel Ven 20 Jan - 17:17

Geronimo

Geronimo: Et si Oussama Ben Laden avait été tué avant le 11 Septembre? 1652745545448-png


Première partie


Le 20 août 1998. Environ 15 h 30 GMT [1].

Suivant les ordres donnés par le président Bill Clinton, les États-Unis ont entrepris un acte controversé. Dans ce que la nation a justifié comme une frappe préventive contre le terrorisme. 70 missiles de croisière ont été tirés sur l'Afghanistan et le Soudan. Les cibles étaient censées être liées à l'organisation terroriste internationale Al-Qaida et ont été lancées en représailles aux attentats à la bombe perpétrés par Al-Qaida le 7 août contre des ambassades au Kenya et en Tanzanie. Au lendemain de ces attentats qui ont fait plus de 200 morts, M. Clinton entendait donner suite à sa déclaration selon laquelle il fallait "traduire les responsables en justice, quels que soient le temps et les moyens nécessaires".

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Les conséquences de l'attentat à la bombe de l'ambassade.Le président Clinton s'exprime après l'attentat à la bombe de l'ambassade.


Le président a ensuite donné une conférence de presse rapidement organisée depuis Martha's Vineyard pour annoncer et expliquer rapidement les frappes aux journalistes. Il a décrit les frappes comme nécessaires pour prévenir une menace imminente pour la sécurité de la nation. Il a souligné que la cible des frappes était la "terreur" et que la mission consistait à attaquer les organisations radicales alignées sur Oussama ben Laden et financées par lui, un nom que les Américains ne connaissaient que depuis peu. Il a expliqué en détail que les frappes visaient des camps d'entraînement que Ben Laden utilisait en Afghanistan et une usine chimique au Soudan qui produisait des substances pour des armes chimiques[2]. Il a déclaré qu'il était convaincu que des "membres clés" étaient présents dans le camp et que ces frappes étaient nécessaires en raison de la politique continue de l'Afghanistan et du Soudan qui hébergeait et protégeait les terroristes.

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Le Président Clinton s'exprime après les frappes depuis Martha's Vinyard.

Il a conclu son discours en déclarant que l'inaction de l'Amérique serait bien pire pour le monde que l'action, se préparant déjà à la réaction des forces anti-américaines, voire de ses rivaux politiques, à ses actions. C'était loin d'être le discours qu'il espérait prononcer et qui, en fin de compte, devrait attendre. Mais il avait reçu des détails non confirmés que les officiels s'efforçaient de traiter. Après tout, revenir sur une victoire serait pire qu'une défaite, du moins du point de vue politique. Bien que l'objectif de cette frappe fût été de disloquer le terrorisme, ils savaient tous qu'elle avait une cible principale et les informations sur le terrain étaient confuses, mais plus ils en entendaient, plus ils étaient enthousiastes. Que le fondateur et chef d'Al-Qaïda, Oussama bin Mohammed bin Awad bin Laden, était présent lors de la frappe et avait peut-être été tué.

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Oussama Ben Laden, émir général d'AL-Qaïda

Après sa conférence de presse, Bill Clinton est rentré de vacances à Washington. Il a discuté des frappes avec les législateurs américains, les membres du Congrès et les dirigeants du monde entier depuis Air Force one. Y compris le premier ministre britannique Tony Blair, le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif et le président égyptien Hosni Mubarak, alors que les renseignements commençaient à affluer.

Une fois de retour à la Maison Blanche, le président Clinton a préparé un discours dans le bureau ovale pour annoncer les attaques, mais a reporté toute confirmation de la mort de Ben Laden, un facteur clé de la confirmation étant la réponse d'Al-Qaida. Si Ben Laden avait survécu, il était probable que l'organisation se serait empressée d'annoncer sa survie, mais elle n'a encore fait aucun commentaire sur l'attaque. Le conseil de sécurité nationale était confiant, et cela a suffi pour que Clinton soulève la question dans son allocution télévisée et la confirme presque entièrement. Il a exposé le danger de l'organisation terroriste Al-Qaida et de son chef, ses plans pour attaquer les États-Unis, tuer le pape. Il a repris les points qu'il avait déjà abordés avec la presse et a déclaré que les frappes visaient principalement à perturber et à prévenir les attaques terroristes. En attaquant le réseau de Ben Laden. Il a confirmé ce qu'il pouvait, "une réunion terroriste clé devait avoir lieu là-bas (Zhawar Kilo Al-Badr) aujourd'hui et nous avons une grande certitude que ces frappes ont réussi à tuer des membres de haut niveau du réseau de Ben Laden."

Geronimo: Et si Oussama Ben Laden avait été tué avant le 11 Septembre? 1633272761810-pngLe président Clinton s'est adressé à la nation au sujet des frappes en Afghanistan et au Soudan.

La secrétaire d'Etat Madeleine Albright et le conseiller à la sécurité nationale Samuel Berger ont ensuite donné une conférence soulignant les propos du président. "Ben Laden et son réseau ont été avertis de cesser leurs activités, en réponse ils ont déclaré la guerre aux Etats-Unis" "Aujourd'hui les Etats-Unis ont répondu, il n'y a pas de sanctuaire ou de refuge pour les terroristes" . A la question "Sandy (Samuel Berger), avez-vous tué Ben Laden ? Ben Laden est-il mort ?" Berger et Albright ont reconnu le rôle de Ben Laden tout en soulignant le danger de ses réseaux. "Quant à Ben Laden, sa situation ne sera pas connue avant une date ultérieure".

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Sammy Berger et Madeleine Albright

La raison pour laquelle les officiels sont restés muets sur le sort potentiel de Ben Laden était peut-être d'ordre juridique : un décret de l'ère Carter (12036) interdisait à tout fonctionnaire de participer à un assassinat et si les frappes du 20 août se transformaient en une attaque contre un seul homme, on se trouverait dans une zone grise juridique[3].

Le Secrétaire à la défense Cohen était moins timide sur le rôle de la frappe que le Président, Albright ou Berger, déclarant spécifiquement que Ben Laden était bien la cible principale des frappes, soulignant son rôle dans les menaces contre l'Amérique. Avant que le général Henry Shelton, président des chefs d'état-major interarmées, n'expose les frappes dans leurs moindres détails. À la question "M. le Secrétaire, où se trouve Oussama Ben Laden à l'heure actuelle ? Croyez-vous l'avoir tué lors de ces frappes ?", le secrétaire à la défense a répondu ainsi : "Nous sommes convaincus que Ben Laden et d'autres responsables de haut niveau étaient présents lors des frappes, mais nous ne pouvons pas confirmer si Ben Laden a été tué". Il a également mentionné que Ben Laden était une cible militaire destinée à dissuader les accusations d'assassinat et à couvrir l'ordre exécutif 12036. En regardant la couverture médiatique tout au long de la journée, on pouvait voir le changement de message, la cible passant du réseau de Ben Laden à Ben Laden seul.

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Le secrétaire Cohen et le général Shelton

La secrétaire d'État Albright a eu le dernier mot sur les attaques lors d'une interview à Larry King Live le soir même.

MR. KING : Nous commençons l'émission avec Madeleine Albright, la secrétaire d'État des États-Unis. Nous vous remercions de vous joindre à nous. Pouvez-vous nous donner une mise à jour sur - si le mot est correct - le "succès" de ces attaques ?

SECRÉTAIRE ALBRIGHT : Eh bien, Larry, l'effet a été évident. Il y a clairement des images du bâtiment en feu au Soudan, et nos rapports en provenance d'Afghanistan sont de plus en plus positifs.


Larry King a de nouveau interrogé spécifiquement la secrétaire sur la situation actuelle de Ben Laden. Et Madame la Secrétaire est restée muette, lorsque King a parlé de son caractère et de son histoire, la Secrétaire l'a pratiquement ignoré et n'a fait référence à lui qu'au passé.

Il a fallu attendre le lendemain pour que le Pentagone confirme officiellement, sur la base de rapports préliminaires, de sources classifiées que Ben Laden avait probablement été tué par la frappe en Afghanistan parmi des dizaines d'autres terroristes. C'était trop tard pour une conférence de presse, mais à temps pour que les journaux du lendemain en reprennent la couverture.

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Note de l'auteur:
[1] Le timing des frappes est le POD ici. IOTL (dans notre chronologie, note du traducteur) Les attaques ont été repoussées de 2 heures pour ne pas avoir lieu pendant les prières du soir et risquer d'offenser davantage le monde islamique et réduire les dommages collatéraux. Ici, ce n'est pas le cas.
[2] L'usine d'Al-Shifa sera également affectée par le décalage des frappes.
[3] IOTL, Il semble clair que les États-Unis savaient que Ben Laden avait survécu tout de suite et la réponse de chacun le montre. Cependant, confirmer sa mort serait difficile à faire rapidement, et personne ne voudrait faire marche arrière si Al-Qaeda réagissait différemment.
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Message par Uranium Colonel Ven 20 Jan - 17:32

Partie II
Le jour suivant


La réaction aux frappes de la veille a été mitigée. Les législateurs américains ont largement soutenu l'attaque et applaudi la mort d'Oussama Ben Laden. Le président de la Chambre des représentants, M. Gingrich, a déclaré : "C'était la bonne chose à faire, Ben Laden était un meurtrier et il fallait qu'il disparaisse". Mais certains républicains se sont également interrogés sur les intentions du président, estimant que les frappes étaient peut-être destinées à détourner l'attention du public de l'affaire Monica Lewinsky, et de nombreuses comparaisons avec Wag the Dog ont été faites (un film dans lequel un président utilise une guerre étrangère pour détourner l'attention d'un scandale sexuel). Si tel était l'objectif, les résultats ont été mitigés. Les frappes et la nouvelle de la mort de Ben Laden qui les a accompagnées ont été largement couvertes par les médias. Lors d'un sondage, près de 90 % des Américains ont déclaré avoir suivi l'histoire de près et ont soutenu massivement les actions du président, à plus de 80 %. En effet, pour la plupart des Américains, c'était le premier et le dernier jour où ils entendaient parler d'Oussama Ben Laden. Cependant, plus de 40 % des Américains ont attribué les actions du président au scandale Monica Lewinsky, et les bonnes nouvelles de Clinton n'ont eu que peu d'effet sur ses sondages. Il a bénéficié d'une hausse de 5 points cette semaine-là, mais celle-ci s'est complètement estompée en septembre, avec la publication du rapport Ken Starr. [1]

Geronimo: Et si Oussama Ben Laden avait été tué avant le 11 Septembre? 1633463747656-png
Wag The Dog

L'administration a passé la journée à se réjouir de sa victoire. Les secrétaires Albright et Cohen ont donné une conférence de presse conjointe au cours de laquelle ils ont fait le point sur Ben Laden. Ils l'ont décrit comme "un terroriste qui avait l'intention de tuer des Américains et des innocents partout où il pouvait les trouver", a déclaré Mme Albright. Les journalistes ont demandé quel avait été le succès des frappes en Afghanistan, mais le tableau complet n'était pas encore disponible. Cohen a seulement pu confirmer que "beaucoup de dégâts ont été faits, l'étendue reste à déterminer, mais selon les informations, une réunion terroriste a été frappée et de nombreux dirigeants, dont Ben Laden, ont été tués".


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Les secrétaires Albright et Cohen s'exprimant sur la mort d'Oussama Ben Laden


Clinton lui-même s'est brièvement exprimé par le biais d'une allocution radiophonique, déclarant que "les efforts des États-Unis contre le terrorisme ne commenceront pas et ne se termineront pas avec un seul homme ou une seule frappe" et a qualifié sa mort de "justice pour la destruction qu'il a semée et la mort qu'il a apportée".


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Discours radiophonique du président Clinton

Sur le plan international, la réaction a été pire, alors que les alliés traditionnels des États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Australie, l'Allemagne et Israël, ont largement soutenu l'opération. D'autres, comme la France, se sont montrés sceptiques quant au raisonnement et à l'action unilatérale des États-Unis, tandis que d'autres encore s'y sont opposés, le plus indigné étant bien sûr le gouvernement taliban d'Afghanistan, le groupe accusé par les États-Unis d'héberger Ben Laden. Son chef, le mollah Omar (qui entretenait des relations étroites avec Ben Laden), a publié un communiqué dans lequel il dénonçait les États-Unis pour son "assassinat", saluait Ben Laden comme un martyr et affirmait que "la force du monde islamique ne sera pas affaiblie" malgré la profonde tristesse. Il pouvait s'agir de la première confirmation tierce de la mort de Ben Laden, Al-Qaida n'ayant pas encore commenté officiellement les frappes. Des réactions similaires ont été partagées par des organisations islamiques du monde entier, notamment le Hamas, les Frères musulmans d'Égypte et le Hezbollah, dont plusieurs ont même juré de venger sa mort.

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Le chef des talibans, le mollah Omar

Le président soudanais Omar El-Bashir a fait preuve d'une colère similaire à celle d'Omar, émettant de vagues menaces de "répondre à l'attaque américaine en utilisant toutes les mesures nécessaires". El-Bashir a nié toute accusation selon laquelle l'usine était utilisée pour produire des armes chimiques. La colère et la douleur étaient grandes au Soudan. L'usine d'Al-Shifa a été bombardée à environ 17h30, heure soudanaise, et a été totalement détruite, alors que la journée de travail venait à peine de se terminer ; 85 travailleurs étaient encore présents et ont été tués dans la frappe, tandis que des centaines d'autres ont été blessés. L'indignation a conduit le gouvernement soudanais à retirer ses diplomates de Washington et a lancé un ultimatum aux alliés des États-Unis pour qu'ils retirent leur soutien à l'attaque ou évacuent leurs diplomates, ce que la Grande-Bretagne et l'Australie ont fait. Les dirigeants arabes ont soutenu El-Béchir, notamment Mouammar Kadhafi, qui a pris la tête de l'un des nombreux rassemblements antiaméricains ce jour-là, le dirigeant suprême iranien Ali Khamenei, qui a nié toute implication dans l'usine chimique, et enfin les responsables pakistanais, qui avaient été informés littéralement à la dernière minute des frappes, ont attaqué verbalement les États-Unis pour avoir utilisé illégalement leur espace aérien affirmant ainsi qu'un missile avait touché un village pakistanais et tué une demi-douzaine de personnes.

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Manifestation anti-américaine au Soudan

En effet, le 22, il semblait que la seule réaction dont personne n'avait encore entendu était celle d'Al-Qaeda, la cible supposée. La raison en était la paralysie. Les services de renseignement américains avaient partiellement raison en ce qui concernait l'attaque en Afghanistan : il y avait bien eu une réunion d'Al-Qaida le jour de l'attaque, mais elle n'était pas aussi importante ou de haut niveau que le pensaient les services de renseignement américains. L'attaque n'a pas non plus coïncidé avec la réunion, mais elle a eu lieu pendant les prières du soir et l'un des premiers bâtiments à être détruit dans le complexe était la mosquée à laquelle Ben Laden et quelques associés sélectionnés se rendaient au moment de l'attaque. Les États-Unis ont estimé qu'une centaine de militants avaient été tués dans l'attaque, mais à part Ben Laden, la confirmation des autres victimes d'Al-Qaida a été beaucoup plus lente. Les États-Unis pensaient avoir confirmé la mort de Said Al-Adl (Mohammed Ibrahim Makkawi), un chef militaire d'Al-Qaida. Saeed al-Masri, chef financier d'Al-Qaida. Abu Jandal (Nasser al-Bahri), l'un des gardes du corps/lieutenants de Ben Laden. Et quelques autres membres notables dont Abd al-Rahim al-Nashiri, un parent d'un poseur de bombe dans une ambassade, et Abu Basir, un secrétaire yéménite de Ben Laden. [2]


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Les autres morts (de gauche à droite) Said Al-Adl Saeed al-Masri, Abu Jandal, Abd al-Rahim al Nashiri

Il serait impossible de dresser une liste complète des victimes et plusieurs de celles qui étaient présumées avoir été tuées lors de l'attaque ont refait surface des années plus tard, notamment Ayman al-Zawahiri, l'adjoint d'Oussama, que la CIA croyait mort depuis deux ans et qui s'est avéré être à Kaboul au moment de l'attaque. Et Abu Zubaydah, qui dirigeait un camp d'entraînement, a été probablement blessé mais pas mortellement lors de l'attaque.

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Al Zawahiri (à gauche) L'un des principaux lieutenants de Ben Laden et son héritier présomptif.

Les examens ultérieurs du succès de l'attaque ont révélé des résultats mitigés : 20 % des missiles n'ont eu que peu ou pas d'impact, certains n'ont pas explosé du tout. Le complexe n'a pas non plus été totalement détruit, contrairement à l'usine soudanaise. Loin de la décapitation annoncée par Clinton, la plupart des personnes présentes dans le camp n'étaient pas des dirigeants d'Al-Qaida et la plupart des personnes présentes n'avaient pas été tuées.

Les pertes étaient relativement peu nombreuses, mais le coût était élevé. Le fondateur de l'organisation était mort, et sans lui, comme le prévoyait la CIA, l'organisation était censée être condamnée. Alec Station (le bureau de Ben Laden) a effectivement fermé ses portes après la mort de Ben Laden, et aucune suite n'était prévue aux frappes. Tous étaient convaincus que l'organisation s'effondrerait comme un "château de cartes", selon le chef de la CIA George Tenet. Le président Clinton, qui a ordonné les frappes à contrecœur, ne croyait pas lui-même qu'Al-Qaida représentait une grande menace. L'ancien chef de la station Alec Michael Scheuer a écrit plus tard que. "Après Ben Laden, les œillères sont revenues, nous (Alec Station) voulions aller de l'avant et achever ce qui restait d'Al-Qaida, mais au lieu de cela, ils nous ont fait taire"[3].

[1] Sur le plan national, la mort de Ben Laden a peu d'effet, du moins pour l'instant. Oussama Ben Laden était à peine présent sur le "radar" du grand public qui percevrait certainement cette affaire comme un diversion de l'affaire Lewinsky.
[2] Il est impossible de savoir quels membres d'Al-Qaeda étaient où et quand. La CIA ne pourrait pas le déterminer. Voici donc un mélange d'associés proches d'OBL et de quelques personnes au mauvais endroit au mauvais moment.
[3] Je considère que la CIA et les États-Unis, en général, ont été incroyablement naïfs à l'égard d'Al-Qaida, depuis le 11 septembre, l'administration américaine a tenté de se faire passer pour des génies qui avaient tout vu venir. Tenet ici en est la principale victime.

J'essaierai de faire des mises à jour quand je le pourrai, tous les deux jours si possible. J'aime écrire ces articles à la volée, sans planification, la théorie du chaos en action. A la prochaine fois.
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Message par Thomas Ven 20 Jan - 21:57

Avec un OBL martyrisé, le pire est à craindre pour la suite.

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Message par Yodarc Sam 21 Jan - 11:38

Amusant que tu publies une version traduite de ce récit. J'avais commencé à le lire récemment sur Alternatehistory.

Je le trouve très intéressant, notamment du fait de la complexité que la situation présente.
Elle illustre aussi le caractère à double tranchant de ce type d'opérations quand elles aboutissent : elles peuvent désorganiser la nation/l'organisation adverse, mais peut aussi faire des cibles des martyrs qui servent de référence aux anciens fidèles.

La lecture des premières parties m'a rappelé une réflexion que je m'étais faite sur les notions de force, en l'occurrence sur les coups de force (i.e assassinat, coup d'état, opération spéciale...) destinée à neutraliser un adversaire ou à s'emparer du pouvoir. Pour qu'un coup de force réussisse, il faut que la cible ne soit pas en position "favorable" (dans le sens où sa légitimité/son aura est fragilisé au point de ne plus susciter l'adhésion), que les conjurés aient une idée de ce qu'ils comptent faire après (un aspect qui explique par exemple les retombées désastreuses de l'assassinat de César lors des Ides de Mars) et que la population (ou du moins ses éléments les plus influents) semble(nt) disposée à accepter le coup de force comme nécessaire (ce que Walkyrie en 1944 ou l'assassinat de Caius Caligula en 41 de l'ère chrétienne n'ont pas pris en compte). Enfin, il est nécessaire de neutraliser plus que le chef/la tête pensante car le pouvoir a tendance à prendre la forme d'une hydre dans ce genre de situation (encore une fois, l'assassinat de Jules César me vient à l'esprit du fait que les conjurés n'ont pas songé à arrêter/neutraliser Marcus Antonius et Octavius, permettant à ces derniers de combler le vide provoqué par la mort de César et de rallier la population romaine à leur cause).

Pour avoir lu un peu plus de ce récit, je ne tirais pas davantage, mais j'ai trouvé que le POD et ses conséquences sont une bonne illustration (sur le plan narratif) de ces réflexions.
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Message par Uranium Colonel Ven 10 Fév - 4:31

Chapitre III: Succession.


Après la mort de son chef, Al-Qaida n'a pas disparu comme l'espéraient certains analystes de la CIA. Mais cette organisation a dû faire face à d'importantes difficultés pour aller de l'avant. Ben Laden était son visage, sa richesse et son histoire avaient attiré des milliers de personnes à sa cause et les analystes avaient raison de considérer son leadership comme un pilier essentiel du succès d'Al-Qaida. Cependant, rien de tout cela n'empêchera les adjoints survivants du mouvement d'utiliser sa mort à leur avantage.

Il a fallu 6 jours à Al-Qaida pour confirmer la mort de son chef. Dans une déclaration communiquée par téléphone à des journalistes arabes, ils ont déclaré que "le sang du cheikh Oussama pèse lourd sur nous, mais la force qu'il nous remplit et celle qu'il apporte à chaque musulman seront utilisées pour poursuivre la voie du jihad". Comme le craignaient certains membres des services de renseignements américains, "OBL" serait transformé en un martyr immortel qui ferait exploser le recrutement d'Al-Qaida et poursuivrait sa guerre contre les États-Unis. Telles étaient les prédictions de l'ancien agent du FBI John P O'Neil, et elles semblaient se vérifier.

Geronimo: Et si Oussama Ben Laden avait été tué avant le 11 Septembre? 1633804727907-png

Agent spécial John P O'Neil


En 1998 et 1999, les Afghans et les Pakistanais ont rejoint les rangs en masse, dans l'espoir de venger le cheik. Sur le plan international, les frappes ont annoncé où aller pour rejoindre le combat, ce qui semblait être l'aboutissement de la vision de Ben Laden, selon laquelle Al-Qaida passerait de la simple organisation à l'idéologie, et pourrait fonctionner essentiellement sans chef. Mais ce n'était pas encore le cas. Les recrues avaient besoin de leadership et, à la suite des frappes, Al-Qaida a eu besoin d'un remplaçant.

Pour l'instant, Al-Qaida était contrôlée par un conseil composé de près de deux douzaines de membres dirigeants. Mais Ben Laden a laissé deux adjoints clairs : Ayman al-Zawahiri et Mohammed Atef, deux hommes ayant deux visions opposées de l'avenir.

Geronimo: Et si Oussama Ben Laden avait été tué avant le 11 Septembre? 1633804743594-png

Ben Laden (au centre) aux côtés de ses adjoints Zawahiri (à gauche) et Atef (à droite).

Zawahiri représentait la lutte à domicile tandis qu'Atef représentait la lutte contre l'ennemi lointain. Les objectifs étaient les mêmes, attaquer les États-Unis et leurs alliés, mais les méthodes étaient différentes. Zawahiri était le chef d'Al-Jihad, l'organisation militante qui espérait renverser le gouvernement égyptien et le remplacer par un État islamique. Zawahiri était considéré comme le chef de l'organisation d'Al-Qaeda depuis des années et avait supervisé la fusion d'Al-Jihad et d'Al-Qaeda en février. Sa vision de la guerre intérieure consistait à attaquer l'Occident en se concentrant sur les campagnes islamiques au Moyen-Orient et en transformant Al-Qaeda en un mouvement organique régionalisé qui se concentrait principalement sur le monde arabe et surtout sur l'Égypte, il considérait que l'attention portée par Ben Laden aux États-Unis, bien qu'utile pour le recrutement, était un danger pour le mouvement dans son ensemble.

Atef, quant à lui, était le chef des forces militaires d'Al-Qaïda et l'un des deux, un fidèle de Ben Laden, qui a gagné sa position grâce à une loyauté totale envers le cheikh, préférait le modèle de contrôle centralisé, le plan étant l'accomplissement de la fatwa de Ben Laden de frapper les États-Unis de plein fouet. Il avait participé à l'entraînement des Somaliens qui a conduit au fiasco de Black Hawk down, et a joué un rôle de premier plan dans l'attentat à la bombe contre l'ambassade et espérait poursuivre ces actions par d'autres attaques visant directement les États-Unis. Pour l'aider, il avait des relations à l'extérieur du Moyen-Orient ainsi que des financiers clés tels que Khalid Sheikh Mohammed.

La question du successeur approprié a été compliquée par la personnalité des deux hommes. Ni l'un ni l'autre n'étaient réputés pour leurs qualités de meneur, tous deux étaient des personnages calmes, non charismatiques, qui se concentraient sur la logistique plutôt que sur la politique du groupe. Tous deux se considéraient avec une méfiance réciproque et craignaient pour le sort de la mission s'ils devaient passer le relais. Mais aucun des deux ne souhaitait condamner le destin de l'organisation par des luttes intestines et un accord a donc été conclu. Atef sera nommé émir général d'Al-Qaeda, mais Zawahiri conservera le contrôle et l'indépendance d'Al-Jihad. Les deux organisations essaieront de coopérer, et bien que Zawahiri soit officiellement subordonné à Atef, Al-Qaeda a subi un grave schisme[1].

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2e général émir d'Al-Qaeda Mohammed Atef, et émir d'Al-Jihad Ayman al-Zarahiwi

Si la mort de Ben Laden a ébranlé la direction d'Al-Qaida, elle pourrait bien avoir sauvé entièrement l'organisation. Selon les services de renseignement pakistanais et saoudiens, après l'attentat à la bombe contre l'ambassade, les relations entre les talibans et Al-Qaida s'effilochaient, et les talibans considéraient les actions de Ben Laden comme un danger pour la poursuite de leur domination en se mettant à dos l'Occident. Muhammed Omar aurait été sur le point d'expulser le groupe ou même de permettre aux Saoudiens de le juger pour trahison. Mais lorsque les frappes de missiles sont arrivées, la politique des talibans a changé à 180 degrés. Omar a saisi l'occasion de présenter les talibans comme l'alternative, d'embrasser le martyre de Ben Laden et de vanter les vertus du jihad. Omar a vu les avantages évidents d'attirer des combattants engagés à sa cause pour achever l'opposition à l'intérieur de l'Afghanistan et solidifier son soutien parmi les djihadistes purs et durs. La position d'Omar a été couronnée de succès, le schisme d'Al-Qaïda a permis à de nombreux membres de s'allier plus ouvertement aux Talibans, comme le financier d'Al-Qaïda Abu al-Sudani qui a commencé à collecter des fonds pour les Talibans, et une grande partie de l'armée talibane a entretenu une relation totalement ouverte avec Al-Qaïda, incorporant pleinement ses forces dans ses rangs, le commandant taliban, particulièrement brutal Dadullah s'est entraîné et a combattu aux côtés d'Al-Qaïda après les frappes. [2]

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Le commandant des Talibans/Al-Qaida Dadullah

L'autre nation qui s'est réengagée dans les valeurs islamistes est le Soudan. À la suite de la destruction de l'usine d'Al-Shifa, de plus en plus d'enquêtes sur les actions de la CIA ont suscité des critiques. Il n'y avait pas de preuves solides du lien entre Ben Laden et l'usine, ni de preuves de la production d'armes chimiques (l'usine était en fait responsable de la production de la moitié des médicaments du Soudan). La couverture médiatique a été très majoritairement négative, avec des séquences montrant l'usine détruite, les travailleurs en deuil et les manifestants soudanais. L'auteur controversé Christopher Hitchens a décrit la frappe comme un crime de guerre cyniquement orchestré pour détourner l'attention de l'affaire Lewinsky et il n'était pas le seul.

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Les conséquences de l'usine d'Al-Shifa

L'indignation dans le pays ne s'est pas dissipée et elle s'est répercutée jusque dans les allées du pouvoir. Les hommes les plus puissants du Soudan, le président Al-Bashir et le président de l'assemblée nationale Al-Turabi (un islamiste convaincu qui qualifiait les États-Unis d'"incarnation du diable"), tous deux de plus en plus en désaccord sur l'orientation du Soudan, ont pu raviver leur alliance au milieu de la marée montante de la colère anti-américaine et ont poussé le pays à s'isoler davantage sur le plan diplomatique.[3] Ils ont exigé que les alliés des États-Unis retirent leurs diplomates du pays et des foules en colère ont commencé à occuper les ambassades vides. Cette situation a dégénéré en violence contre les ambassades en activité, notamment les ambassades française et italienne, ce qui a entraîné l'abandon de ces ambassades. Les mosquées du Soudan ont fait écho aux messages des djihadistes selon lesquels "l'Amérique doit récolter ce qu'elle a semé". Les tentatives ultérieures de l'administration Clinton pour améliorer les relations ont échoué. Tout engagement pris par les Soudanais envers les États-Unis pour réprimer Al-Qaïda et d'autres groupes djihadistes a disparu. Cela a profité à Al-Jihad et à Al-Qaida qui ont cherché à utiliser à nouveau le Soudan comme base, et des centaines d'agents sont retournés au Soudan sous la direction de Zawahiri et d'Atef. Les autorités soudanaises ont libéré les suspects et le Soudan a servi de refuge aux groupes djihadistes. Bashir et Turabi pensaient, tout comme Omar, que sans Ben Laden, ils pouvaient contrôler les militants et les utiliser à leurs fins, notamment pour vaincre les groupes rebelles dans le sud du Soudan et affaiblir le régime de Moubarak en Égypte.

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Le président Turabi (à gauche) et le président Bashir (à droite)

La mort d'Oussama Ben Laden avait commencé à façonner le mouvement djihadiste pour l'avenir. Comme le craignait l'agent O'Neil, il était devenu un martyr et une source d'inspiration pour les radicaux du monde entier. La mort du terroriste le plus célèbre a également permis à ses successeurs d'opérer plus discrètement et de mieux échapper aux médias, aux forces de l'ordre et aux services de renseignement. Cependant, elle a divisé son mouvement et l'a laissé entre des mains potentiellement moins compétentes. Mais personne ne pouvait douter de leur volonté de faire perdurer son héritage.

[1] Ma propre analyse du rôle de Ben Laden dans Al-Qaida. Je pense que, bien qu'il ait joué un rôle clé dans la création et le "marketing" d'Al-Qaïda, il était moins important dans sa gestion quotidienne et que, sans lui, l'organisation ne se serait pas simplement effondrée. Mais comme dans toute organisation, il y avait des visions concurrentes.
[2] Les Talibans avaient/ont une relation étrange avec Al-Qaeda. Si l'on ajoute à cela le mystère d'Omar, il est difficile de savoir comment ils réagiraient ; il s'agit donc d'un schisme à trois voies.
[3] Bashir est un pragmatique qui OTL espérait se mettre du bon côté des États-Unis, mais à la suite des frappes, il a perdu toute confiance dans l'établissement d'une bonne relation avec les États-Unis et craint les conséquences intérieures d'une telle tentative.
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Message par Uranium Colonel Ven 10 Fév - 4:46

Chapitre IV: En allant de l'avant.

Le monde occidental a tourné la page de la terreur après la mort de Ben Laden. Aux États-Unis, le cycle des nouvelles est passé rapidement et tous les yeux sont revenus sur l'affaire Lewinsky. Cependant, l'opération Infinite Reach ne serait pas la dernière campagne de frappes aériennes de la présidence Clinton[1].

Les membres de la CIA et ce qui restait du bureau chargé Ben Laden ont insisté pour que d'autres frappes aient lieu, citant la mort de Ben Laden comme preuve de leur efficacité (tout en se préparant à une certaine forme de représailles). Le chef de poste Scheuer voulait frapper toutes les bases d'entraînement connues d'Al-Qaida et ses actifs économiques. Cependant, Clinton était convaincu qu'Al-Qaida n'était plus une menace significative et tenait à ne pas commettre une autre erreur du niveau d'Al-Shifa ou à ne pas éroder davantage les relations américano-arabes. Au lieu de cela, les États-Unis se sont concentrés sur leurs ennemis plus traditionnels, au premier rang desquels l'Irak de Saddam Hussein.

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Le Président et Premier ministre de l'Irak Saddam Hussein

1998 a également été une année clé pour les relations entre les États-Unis et l'Irak. En octobre, les États-Unis ont adopté la loi sur la libération de l'Irak qui définissait la politique américaine en Irak comme "le soutien aux efforts visant à chasser du pouvoir le régime dirigé par Saddam Hussein". Les États-Unis et la Grande-Bretagne lancèrent l'opération "Desert Fox", une campagne de bombardement de trois jours destinée à "dégrader" la capacité de l'Irak à produire des armes de destruction massive. Les États-Unis déclarent que les frappes ont été menées en raison de la non-coopération de Saddam Hussein avec les inspecteurs en désarmement de l'ONU. Cependant, la plupart des analystes considèrent que cette explication était au mieux incomplète et attribuaient l'action à la politique de libération dans le but d'isoler et de déstabiliser le régime, en combinaison avec l'établissement de zones d'exclusion aérienne imposées par les États-Unis et la Grande-Bretagne. Après que 600 missiles aient frappé l'Irak, les deux parties ont déclaré la victoire, Saddam est apparu en tenue militaire pour dire que "Dieu a récompensé (le peuple irakien) et a ravi vos cœurs avec la couronne de la victoire", tandis que le premier ministre Blair a déclaré que les États-Unis et la Grande-Bretagne étaient "prêts à frapper à nouveau".

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Saddam Hussein (à gauche) Tony Blair (au centre) Bill Clinton (à droite), ont tous déclaré la victoire après la fin des frappes.

Pour en revenir à la terreur, le tournant du millénaire a été un moment clé pour les émirs, qui se sont disputé la prééminence dans le monde djihadiste. Atef et Zawahiri cherchaient à surpasser l'autre et à attirer davantage de fidèles à leur cause. L'Al-Jihad de Zawahiri était visiblement le premier à agir, son idéologie était militante et il cherchait à développer le mouvement en soutenant la révolution islamique. Il espérait mener la guerre et émerger comme le véritable successeur en ramenant Al-Qaeda à ses origines dans les mujahidin, afin de préparer les combattants aux soulèvements à venir et l'occasion parfaite s'est présentée à l'aube du millénaire dans la République tchétchène d'Ichkeria.

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République tchétchène d'Ichkérie (Vert)

Après la victoire dans la première guerre de Tchétchénie, la république tchétchène a obtenu une indépendance effective. Cependant, elle n'a été reconnue que par l'Afghanistan, gouverné par les Talibans. Le pays était terriblement instable et la violence politique/de gang était particulièrement courante. Les désaccords entre islamistes radicaux et nationalistes la paralysaient. Trois ans après son indépendance, Ibn al-Khattab, un leader d'origine saoudienne des moudjahidines tchétchènes, et Shamil Basayev, un général tchétchène populaire, ont dirigé l'invasion du Daghestan russe voisin. Cette invasion a été combinée avec des attaques terroristes contre des immeubles d'habitation à Moscou, qui ont fait plus de 300 morts, actions supposées avoir été menées par Khattab[2]. Le président Eltsine et le nouveau premier ministre Vladimir Poutine ont alors entamé la deuxième guerre de Tchétchénie en août 1999.

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Photo de gauche : Le Premier ministre Poutine (à gauche) et le Président Eltsine (à droite).
Photo de droite : Le chef des moudjahidines al-Khattab (à gauche) et le général tchétchène Basayev (à droite).


Khattab (et, dans une moindre mesure, Bassaïev) avait des liens avec Al-Qaida, ayant combattu pendant la guerre soviéto-afghane et contribué à faire entrer et sortir des centaines de combattants d'Afghanistan pour les entraîner. Il entretenait également des relations personnelles avec les dirigeants d'Al-Jihad, ce qui a permis à al-Zawahiri de voir l'occasion parfaite de se présenter comme le nouveau Ben Laden en aidant une autre lutte contre les Russes depuis les montagnes situées de l'autre côté de la mer Caspienne[3]. Contrairement à Ben Laden, Zawahiri opérait dans le plus grand secret et travaillait entièrement par l'intermédiaire d'adjoints, dont son frère, par lesquels il émettait des directives encourageant les combattants à se rendre en Tchétchénie, directives reprises par les médias djihadistes que lui et non Atef contrôlait.

Ses directives ont entraîné un afflux de volontaires de tout le monde musulman, par exemple, Abu Zaid, un acteur koweïtien, Melfi Al Harbi, un pilote de combat jordanien, et Mohammed Atta, un étudiant égyptien étudiant en Allemagne[4].

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Mujahidin volontaires en Tchétchénie, Harbi et Atta

En 1999, la guerre en Tchétchénie a été particulièrement brutale, les forces russes ayant utilisé une puissance aérienne écrasante pour matraquer le pseudo-État pendant un mois avant que la phase terrestre ne commence en octobre. Les médias occidentaux se sont montrés sympathiques envers les défenseurs, alors que les civils tchétchènes étaient bombardés en masse, y compris par des attaques de missiles sur la capitale Grozny. Le président Clinton a averti que la Russie risquait d'être isolée et qu'elle "paierait un lourd tribut" pour ses tactiques, assimilant les tactiques des forces russes à celles de la Yougoslavie de Milosevic. Cependant, il n'y a pas eu de menace de bombardement des forces russes car Eltsine a clairement indiqué que la Russie était toujours une puissance nucléaire. En décembre, les forces russes assiégeaient Grozny avec une telle intensité qu'elle a été surnommée plus tard "la ville la plus détruite du monde".

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Grozny pendant le siège

Il a fallu du temps pour que les combattants moudjahidin arrivent, mais en décembre, ils ont rejoint la bataille par centaines et ont commencé à contribuer à la guerre. En raison de l'importante censure russe, il est difficile de déterminer le nombre exact de victimes, mais les combattants islamistes ont commencé à recourir à des tactiques de guérilla et d'insurrection de plus en plus vicieuses et le nombre de morts russes a grimpé en flèche à mesure que le siège de Grozny se poursuivait. Pour Zawahiri, la manœuvre a été couronnée de succès : Al-Jihad a bénéficié d'un soutien et d'un financement accrus et a été jugé moins menaçant par les pays sur lesquels il comptait pour trouver un refuge en Afghanistan, au Yémen, au Soudan, en Somalie et au Pakistan.

Le groupe Al-Qaida d'Atef a toutefois choisi de suivre la voie traditionnelle que craignaient certaines forces de l'ordre américaines. Il avait l'intention de donner suite aux engagements pris après la mort de Ben Laden et de riposter aux États-Unis. Atef a passé en revue les cibles potentielles, plus d'ambassades américaines ou de bases militaires. Une cible fortement envisagée était la cinquième flotte américaine basée en mer d'Arabie (favorisée par Atef en raison de son utilisation dans Infinite Reach), un plan consistait à créer des dizaines de navires kamikazes et à attaquer simultanément les navires américains, mais Al-Qaida disposait de peu de renseignements maritimes[5]. Atef a insisté pour voir les choses en grand, ce qui lui a attiré le soutien des ennemis résolus des États-Unis, le plus important étant Khalid Sheik Mohammed, l'un des soi-disant "terroristes indépendants" [6] qui avait une idée qui intéressait beaucoup Atef, qu'il a appelée l'opération "avions".

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Khalid Sheik Mohammed

Le dernier jour de terreur du 20ème siècle a été déclenché avec un peu de contribution d'Al-Qaeda ou d'Al-Jihad. Le 31 décembre 1999, trois bombes ont explosé dans le Royaume de Jordanie...

[1] Les bombardements en Yougoslavie et au Kosovo ont toujours lieu, mais je ne les ai pas mentionnés pour des raisons de brièveté.
[2] Je me demande pourquoi ceci est ici.
[3] Zawahiri lui-même s'est rendu en Tchétchénie pour être arrêté et relâché. Litvinenko a prétendu qu'il avait été un agent russe à un certain degré.
[4] OTL Atta et la "Cellule Hamberg" avaient l'intention d'aller en Tchétchénie, mais sont allés en Afghanistan au dernier moment.
[5] Le cerveau de l'attentat contre l'USS Cole, Al-Nashiri, est mort.
[6] KSM peut ou non avoir officiellement rejoint Al-Qaeda, mais il ne voit certainement pas de meilleures opportunités en restant indépendant.
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Message par Thomas Ven 10 Fév - 8:25

Je vois bien la menace jihadiste rapprocher Moscou et Washington dans cette TL.

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Message par Uranium Colonel Mer 15 Mar - 18:18

Chapitre 5: le nouveau millénaire.

Les extrémistes islamiques considèrent le Royaume hachémite de Jordanie avec un mépris particulier. Ils le voient comme une marionnette des forces judéo-américaines. Il avait trahi les musulmans en concluant la paix avec Israël et en expulsant le Hamas, ce qui lui avait valu la haine des militants palestiniens et islamiques.

Tout au long de l'année 1999, les services de renseignement du monde entier se sont préparés à des attaques terroristes comparables à celles de l'ambassade américaine, en représailles à la mort de Ben Laden, et ont continué à surveiller Al-Qaida et ses affiliés. Cependant, il semblait qu'en dépit des rapports faisant état d'un plus grand nombre de volontaires, le mouvement djihadiste s'était considérablement effiloché et nécessiterait beaucoup plus d'efforts et d'heures de travail pour enquêter sur eux ; du temps et de l'argent que les agences et les nations n'étaient pas disposées à consacrer à cette tâche. Cela a permis aux affiliés d'Al-Qaida de passer sous le filet, ce fut la situation dans laquelle se sont trouvées les forces de sécurité jordaniennes en 1999[1].

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Enfants déguisés en anges en Jordanie la veille du Nouvel An 1999


Vers 23h51, alors que les foules se rassemblaient pour célébrer le nouveau millénaire, un camion transportant des milliers de livres d'explosifs a explosé juste à l'extérieur de l'hôtel Radisson SAS d'Amman, en Jordanie, qui affichait complet[2]. Quelques minutes plus tard, un kamikaze s'est fait exploser au cours d'un service chrétien célébré au Mont Nebo, le site supposé de l'enterrement de Moïse, suivi rapidement par les tirs de deux assaillants. À peu près au même moment, un deuxième kamikaze s'est fait exploser parmi des touristes à Al-Maghtas, le site supposé du baptême de Jésus sur la rive orientale du Jourdain qui sépare la Jordanie d'Israël, suivi par les tirs de deux autres assaillants. Enfin, 10 minutes plus tard, alors que le nouveau millénaire commençait, une fusillade a éclaté sur le "pont du roi Hussein", un poste frontière entre la Jordanie et Israël. Les tirs visaient les autocars de tourisme qui faisaient la queue après les premiers rapports sur les attaques.

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De gauche à droite. Raddison SAS, Mt Nebo, Ak-Naghtas et le pont du roi Hussein.

La police et les forces armées jordaniennes ont réagi. L'armée était déjà présente au bord du Jourdain et a neutralisé les deux tireurs en quelques minutes. Cependant, la police des frontières au pont du Roi Hussein a été plus lente, insistant pour attendre l'arrivée de l'infanterie régulière (la police a déclaré qu'elle ne pouvait pas quitter son poste de peur qu'il s'agisse d'une diversion) lorsque une unité militaire mécanisée est arrivée 15 minutes plus tard, les tireurs ont été abattus rapidement alors qu'ils se tenaient au milieu de la route.

L'attaque du Mont Nebo a été plus difficile à gérer, les forces jordaniennes n'ayant pas été en mesure de coordonner une réponse à temps, en raison du terrain et de la confusion générale, ce qui a permis aux deux assaillants de fuir les lieux en voiture. Ils ont tenté de se diriger vers le nord-ouest (potentiellement pour rejoindre la fusillade en cours sur le pont Abdulla) mais ont été arrêtés par les forces de sécurité qui les ont tués lorsqu'ils ont essayé de se précipiter sur un cordon de police.

Le 1er janvier 2000, à minuit et demi, les attentats étaient terminés et l'on commençait à mesurer l'ampleur de la tragédie. L'attentat du Radisson a porté le coup le plus dur : le camion a explosé dans le parking, sur le côté nord de l'hôtel de 14 étages qui affichait complet (près de 1000 personnes, clients et employés confondus, se trouvaient à l'intérieur à ce moment-là). L'explosion a partiellement effondré le côté nord, détruisant en quelques secondes le bar et le restaurant très fréquentés (où se sont produits la plupart des décès) et brisant les vitres et les voitures endommagées à proximité, ce qui a entraîné la mort de 273 personnes et en a blessé plus de 1 400 autres (bien qu'il ait fallu des jours de fouilles pour le savoir). L'examen de l'attentat a révélé que l'hôtel se serait probablement effondré si la bombe avait explosé ne serait-ce qu'à quelques mètres plus près, entraînant la mort de centaines de personnes supplémentaires[4].

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Conséquences de l'attentat de Raddison

Les attentats à la bombe et les fusillades au Mont Nebo et sur le Jourdain ont fait 14 et 6 morts supplémentaires et 3 ont été tués sur le pont Abdullah. Ce qui porte le total des victimes à 296 morts, y compris les auteurs des attentats (3 au Mont Nebo, 2 à Al-Maghtas et 2 à la frontière). 303 personnes ont trouvé la mort dans les attentats du Millénaire. 166 des morts (non attaquants) étaient jordaniens, les 130 autres étaient des touristes étrangers, dont 34 Palestiniens, 28 Américains, 22 Irakiens, 15 Israéliens et 5 Allemands. Les autres morts étaient des touristes britanniques, italiens, égyptiens, espagnols, syriens, saoudiens et indiens.

Ce fut la journée la plus sanglante en Jordanie depuis la guerre civile de 1970 et le ciblage des touristes a rassemblé le monde dans une condamnation et un deuil mutuels. Le roi Abdallah II, qui n'est monté sur le trône qu'en février, a prononcé un discours dans lequel il a condamné les attentats et promis de "poursuivre ces terroristes et tous ceux qui les aident ; nous les atteindrons où qu'ils soient, nous les tirerons de leurs repaires et nous les soumettrons à la justice". De nombreux pays ont adressé des messages similaires, notamment le nouveau président russe Vladimir Poutine, qui a condamné ces "actes criminels".

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Le roi Abdallah II

Les attentats ont affecté les célébrations du millénaire dans le monde entier, alors que l'Europe occidentale et les Amériques n'avaient pas encore vécu la nouvelle année. En Grande-Bretagne, les célébrations ont été brusquement annulées à la suite d'une menace d'attentat contre le dôme du millénaire spécialement construit (plus tard considéré comme un canular)[6], mais cela n'a pas empêché des milliers de personnes de se rendre dans les rues pour fêter l'événement et assister aux feux d'artifice.

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Feu d'artifice du millénaire à Londres

Aux États-Unis, le président Clinton a interrompu le dîner du millénaire à la Maison Blanche pour condamner les attentats, les qualifiant de "lâches attaques contre les personnes de toutes confessions qui étaient réunies pour célébrer la nouvelle année", et s'est engagé à travailler avec le roi et le peuple jordanien "dans la bataille en cours contre le terrorisme". Avec les maires des pays concernés, il a lancé de vastes opérations de police dans les grandes villes, notamment à Washington DC et à New York, à la recherche d'éventuels complots, et une importante présence policière a été déployée. L'agent O'Neil a pris le commandement personnel de la surveillance de Times Square à New York, mais aucun complot n'a été découvert aux États-Unis[7] (d'autres attentats considérés comme coïncidant simplement avec la date ont été des affrontements entre des militants libanais et l'armée libanaise, ainsi qu'une prise d'otages en Inde, qui s'est terminée pacifiquement).

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Bill Clinton s'exprimant à la suite des attentats en Jordanie

Les pays ont immédiatement enquêté sur tous les auteurs, mais la Jordanie pensait savoir exactement qui était derrière l'attaque, le radical jordanien Abu-Musab Al-Zarqawi. Zarqawi avait été libéré de prison dans le cadre d'une amnistie générale quelques mois auparavant et avait rapidement recommencé à fomenter la terreur. Une chasse à l'homme a immédiatement été lancée et Zarqawi est rapidement devenu le terroriste le plus recherché au monde, mais il était introuvable et les autorités jordaniennes ont déclaré qu'il était parti pour le Pakistan quelques jours avant les attentats.

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Impression d'artiste d'Al-Zarqawi


Dans les jours qui ont suivi, les autorités jordaniennes et américaines ont enquêté et procédé à des arrestations. Elles ont découvert que les assaillants étaient pour la plupart jordaniens et palestiniens et qu'en dehors de Zarqawi, ils n'avaient que des liens tertiaires avec Al-Qaida. Les autorités jordaniennes ont arrêté des dizaines de personnes, dont un Américain, Raed Hijazi, accusé d'avoir préparé et fait exploser le camion piégé à l'extérieur du Radisson. Ces arrestations rapides ont été attribuées aux services de renseignement jordaniens qui surveillaient déjà les membres du groupe [8], supposés préparer d'autres attentats visant les aéroports jordaniens. Richard Clarke, chef de la lutte contre le terrorisme au sein du Conseil national de sécurité, a décrit l'attentat comme la prochaine étape du terrorisme : "c'est la nouvelle ère du terrorisme islamique, nous devons en tirer les leçons". La nature de l'attaque a paralysé la Maison Blanche, qui n'a guère pu réagir comme elle l'avait fait lors de l'attaque de l'ambassade. Elle ne disposait d'aucune information sur Zarqawi et ne savait même pas combien de jambes il avait[9]. Tout ce qu'elle a pu faire, c'est se rendre par avion au chevet des victimes et commémorer les morts.

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Une rare journée à double titre pour le New York Times, 1er janvier 2000

[1] Le complot jordanien a été déjoué dans notre chronologie à cause de la participation d'Al-Qaida, la Jordanie ayant surveillé les appels téléphoniques d'Abu-Zubaydah. Les dirigeants d'Al-Qaida n'ont joué aucun rôle dans ce complot.
Les détails du véritable complot sont flous, mais les camions piégés étaient certainement une tactique courante des groupes terroristes à cette époque[3].
[3] Toutes les cibles appartiennent au projet (avorté dans notre chrono)
[4] J'ai basé les détails de cette attaque sur l'attentat d'Oklahoma City.
[5] Photo de l'attentat des tours de Khobar
[6] Comme si le Dôme du Millénaire n'avait pas pu être un pire fiasco.
[7] Il y a eu un complot pour attaquer l'aéroport de Los Angeles, qui fût là encore avorté du fait de la mort de Ben Laden.
[8] C'est probablement ce qui a du se passer dans notre chronologie, mais les autorités jordaniennes ici ne sont pas en mesure de déterminer le moment de l'attentat et la dangerosité du groupe.
(La CIA a toujours eu des informations contradictoires sur Zarqawi)
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Message par Uranium Colonel Mer 15 Mar - 18:34

Chapitre 6: 2000

Alors que le monde était sous le choc des attentats du millénaire en Jordanie, l'administration Clinton s'est efforcée de réagir. Plus d'Américains avaient été tués que lors des attaques de l'ambassade, mais la Maison Blanche disposait de beaucoup moins d'options. Zarqawi était dans la nature, sans localisation connue ni complices, le mieux que l'on pouvait faire était de dire qu'il était parti pour le Pakistan. Le gouvernement pakistanais était incroyablement réticent à fournir une quelconque aide aux États-Unis, mais il était probable qu'il était déjà parti pour l'Afghanistan. Cela signifiait qu'il était impossible, pour l'instant, de le frapper directement. L'arrestation de l'Américain Hijazi (soupçonné d'être l'artificier et le principal co-conspirateur) a fourni une certaine couverture à la Maison Blanche, mais de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer une action plus poussée. Les liens ténus de Zarqawi avec Al-Qaida, du temps où il participait à la guerre soviéto-afghane, ont poussé les responsables de la CIA à obtenir de Clinton qu'il soutienne une nouvelle série de frappes visant Al-Qaida, mais Clinton voulait d'abord obtenir la confirmation de leur implication, ce que ni la CIA ni le FBI n'ont été en mesure de trouver[1].

Les attentats de Jordanie ont marqué le début d'une nouvelle ère du djihad après la mort de Ben Laden. Zarqawi était désormais le nouveau visage de la terreur islamique et il a utilisé sa nouvelle notoriété pour développer sa propre organisation, Jama'at al-Tawhid wal-Jihad ou simplement Jama'at, qui visait à renverser la monarchie jordanienne avant l'attentat, mais dont la portée s'est considérablement élargie et qui, contrairement à Atef ou Zawahiri, a accepté sa position et sa notoriété et a présenté une vision plus brutale du Jihad islamique. Les membres de la Jama'at et Zarqawi étaient des sunnites radicaux qui considéraient toutes les autres sectes de l'islam comme des hérésies, ce qui en faisait des cibles légitimes. Ils considéraient la voie vers un nouveau Moyen-Orient comme une conquête et considéraient les talibans, Al-Qaida et Al-Jihad comme des modérés. Sa vision ultra-radicale et la dévastation des attentats de Jordanie ont créé une machine de propagande efficace pour la Jama'at à l'avenir.

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Le président Clinton et le roi Abdallah II évoquant les efforts américano-jordaniens de lutte contre le terrorisme.

La deuxième guerre de Tchétchénie a considérablement évolué au cours de l'année 2000, les forces russes ayant progressivement délogé les combattants tchétchènes de la campagne, ne laissant que le sud montagneux et la capitale Grozny. Les séparatistes/combattants libres ont changé de tactique, délaissant les combats ouverts au profit de la guérilla, avec pour seul objectif clair d'augmenter les pertes russes. Les pertes ont en effet augmenté : au mois de janvier, le taux de pertes russes a doublé, les convois et les patrouilles ayant été attaqués et les hélicoptères abattus. En février, les forces russes se sont emparées de Grozny, mais dans la foulée, les moudjahidines ont montré leur savoir-faire en recourant aux attentats suicides pour augmenter le nombre de morts russes, bien que le gouvernement et les médias russes aient sévèrement limité la connaissance publique de l'augmentation des pertes[2]. Les Russes ont capitalisé sur la prise de Grozny en nommant un transfuge tchétchène, Akhmad Kadyrov, à la tête du gouvernement de transition en Tchétchénie.

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Attentat suicide au camion piégé en Tchétchénie

Al-Jihad et Zawahiri espéraient utiliser la guerre pour former des combattants et redorer son image dans le monde islamique, une tactique qui a connu un demi-succès. Le conflit, en particulier dans ses premières phases conventionnelles, n'a pas été tendre avec les volontaires, des centaines d'entre eux ont été capturés ou tués lors de la chute de Grozny, mais le succès est venu de la modification de l'image du Djihad. Les attentats en Jordanie ont détourné les yeux et l'attention de l'Occident de Zawahiri, et la perception publique du conflit tchétchène a eu tendance à dépeindre le groupe comme des combattants radicaux de la liberté luttant contre l'oppression et la brutalité des Russes. Zawahiri a pu tirer parti de cette perception pour nouer des relations avec d'autres groupes islamiques (moins radicaux) et obtenir des financements et de nouveaux membres (tant que Zawahiri restait hors de vue). L'exemple le plus frappant du changement de fortune d'Al-Jihad a été ses percées inhabituelles dans l'Irak baasiste supposé laïc.

Après la guerre du Golfe et les soulèvements kurdes, Saddam Hussein a mené une campagne de foi qui l'a amené à courtiser les islamistes afin d'attirer des combattants radicaux à sa cause et de renforcer le soutien dont il bénéficiait au niveau national. Cette campagne a consisté à modifier le drapeau pour qu'il affiche "Dieu est grand", à créer un Coran écrit avec son propre sang et à ajuster les politiques nationales dans un sens plus conservateur et théocratique. Saddam s'était montré particulièrement indigne de confiance à l'égard de Ben Laden et d'autres agents d'Al-Qaida, mais il pensait (tout comme les dirigeants du Soudan, de l'Afghanistan et du Yémen) qu'après la mort de Ben Laden, il pourrait contrôler les radicaux d'Al-Jihad et que, si cela s'avérait nécessaire, il suffirait de les extirper. Saddam (au mépris de ses conseillers) est entré dans la mêlée islamiste, espérant utiliser le mouvement à son profit. Zawahiri et Saddam (qui s'étaient rencontrés une fois en 1993) sont censés avoir conclu un accord informel qui a commencé à faire de l'Irak un pseudo-refuge (bien que le régime n'ait fourni ni formation ni financement) en échange de la non-ingérence et de l'aide apportée à l'image religieuse du régime ; en contrepartie, lorsque les objectifs des deux groupes se recoupaient, l'un apportait son soutien à l'autre. Des rapports publiés par la CIA décrivent leur relation comme celle de patrons de la mafia rivaux : ils coopéraient lorsque cela était nécessaire, tout en restant des adversaires[3]. [3]

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La propagande irakienne dépeint Saddam comme un musulman convaincu, dans le cadre de la campagne de défense de la foi.

Les attentats en Jordanie, malgré les 28 morts américains, ont eu peu d'effet sur la politique du pays. Interrogés, les électeurs n'ont accordé la priorité aux questions de défense et de terrorisme qu'à 5 % d'entre eux, loin derrière les questions économiques ou sociales[4]. Aucun candidat ne s'est senti à l'aise pour politiser la question de la terreur. Le vice-président Al Gore a écrasé son seul autre adversaire lors des primaires, le sénateur Bill Bradley, en remportant tous les États. Alors que les Républicains avaient le potentiel pour une bataille, celle-ci s'est réduite lorsque le gouverneur du Texas, George W. Bush (fils de l'ancien président George H. W. Bush) a réussi à rallier les chefs de parti, ce qui lui a permis de dominer les sondages et les collectes de fonds. Son principal concurrent, le sénateur de l'Arizona John McCain, a mené une course solide, capable de séduire les modérés et les indépendantistes, et a remporté le New Hampshire. Mais l'équipe de Bush s'est battue avec acharnement en Caroline du Sud pour freiner l'élan de McCain, la course est devenue sale, des accusations selon lesquelles McCain aurait eu un enfant hors mariage, serait homosexuel ou même un "candidat Mandchou" (allusion à la période où McCain a été prisonnier de guerre au Nord-Vietnam) ont été lancées pour aider la campagne de Bush. Cela a fonctionné, Bush a remporté l'État et s'est emparé de l'investiture républicaine sans autre forme de procès.

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Le candidat démocrate Al Gore (à gauche) et le candidat républicain George Bush (à droite)

La campagne électorale s'est également concentrée sur les questions intérieures, bien que les Républicains aient parfois attaqué les affaires étrangères de l'administration Clinton en affirmant que les politiques concernant la Somalie, le Soudan et l'Afghanistan seraient différentes sous une administration Bush, ce qui n'a pas été promis de manière substantielle. C'est vers la fin de la campagne que le terrorisme a été le plus proche d'une question publique, lorsque le candidat de Bush à la vice-présidence, l'ancien secrétaire à la défense Dick Cheney, a déclaré que "ce type d'attaques n'aurait pas lieu si George W. Bush était président". Même lors des débats, le terrorisme n'a pas été évoqué une seule fois. Les sondages annonçaient une course serrée entre Bush et Gore, qui s'affrontaient souvent dans la marge d'erreur.

Contrairement aux deux élections précédentes, il n'y avait pas de candidat fort d'un tiers parti, le Reform Party de Ross Perot s'étant scindé et ce qui restait ayant été repris par la droite radicale. Le candidat tiers le plus fort était Ralph Nader, du parti vert progressiste, qui a obtenu un soutien décent, dépassant parfois les 5 % dans les sondages. Nader a déclaré que les deux candidats Gore et Bush étaient trop semblables, les appelant "Tweedledee" et "Tweedledum" lors d'un grand rassemblement au Maddison Square Garden où Nader a critiqué la politique étrangère des États-Unis en Irak et la grève d'Al-Shifa aux côtés d'un parterre de célébrités.

Lorsque les résultats de l'élection américaine de 2000 sont tombés le 7 novembre, l'élection a été plus serrée que quiconque aurait pu le prédire. En termes de vote populaire, Gore était en tête, mais c'est le collège électoral qui a eu le dernier mot. À la fin de la nuit, trois États n'avaient pas encore été désignés : le Wisconsin, l'Oregon et la Floride, mais indépendamment des autres, c'est la Floride qui allait décider de l'élection. Finalement, le 7 novembre en fin de soirée, les chaînes ont donné Gore gagnant. Trois heures plus tard seulement, elles se rétractent et qualifient à nouveau l'État d'indécis. 4 heures plus tard, les chaînes ont annoncé que Bush l'emporterait, ce qui a incité Gore à téléphoner en privé pour faire sa concession. Cependant, 2 heures seulement après cet appel, les journalistes se sont à nouveau rétractés et ont replacé l'État dans la colonne des indécis. Bush avait une avance d'un peu plus de 2000 voix, mais au fur et à mesure que les derniers bulletins de vote arrivaient, cette avance s'amenuisait de plus en plus. Gore est revenu sur sa concession et les Américains se sont réveillés sans savoir qui serait le prochain président et sont restés dans l'incertitude pendant un certain temps.

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Le Chicago Sun-Times a publié 4 titres distincts au lendemain de l'élection de 2000.

Bush détient la majorité par la plus petite des marges, seulement (823) voix, ce qui suffit à déclencher un recomptage. Le recomptage automatique réduit la marge de Bush à 302 voix. Les deux campagnes ont fait appel à une assistance juridique pour les aider dans leur combat. L'équipe de Gore a demandé des recomptages manuels dans certaines circonscriptions, tandis que Bush s'est opposé à tout recomptage, mais le temps était un facteur important. La loi de l'État ne leur donnait que quelques jours pour certifier les résultats recomptés, ce qui aurait été impossible à faire dans le cadre d'un recomptage manuel, et Gore a donc intenté un procès pour prolonger ce délai. L'équipe de Bush a quant à elle intenté un procès contre la procédure, estimant qu'elle violait le 14e amendement qui garantissait une protection égale devant la loi et qu'un recomptage partiel était illégal.

Le recomptage a été fortement contesté et a attiré l'attention des médias, car tout au long du mois de novembre, les bulletins de vote ont fait l'objet de litiges individuels. Des membres du personnel républicain ont organisé une véritable émeute dans un centre de recomptage de Floride lorsque des centaines de personnes portant des vêtements d'entreprise ont violemment tenté de forcer l'entrée du bâtiment et que quelques personnes ont été blessées. L'émeute de Brooks Brothers organisée par les républicains a permis d'interrompre le recomptage dans la circonscription, car le délai fixé ne permettait pas de l'achever.

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(A gauche) une inspection des bulletins de vote (A droite) l'émeute dite de Brooks Brothers

Une analyse approfondie a mis en évidence de nombreux problèmes lors des élections en Floride : bulletins de vote confus, bulletins de vote envoyé à l'étranger de manière incorrecte et toutes sortes de bulletins de vote incomplets ont été examinés de près. De nombreux démocrates ont considéré les actions des républicains de Floride comme une tentative délibérée de donner la présidence à Bush - le gouverneur était Jeb Bush, le frère du candidat, et la secrétaire d'État de Floride, Katherine Harris (chargée de présenter la certification des élections de l'État), était co-présidente de la campagne de Bush en Floride, qui, malgré les recomptages incomplets, a certifié les élections de Floride avec Bush en tête avec seulement 393 voix d'avance. Le 8 décembre, la Cour suprême de Floride (composée essentiellement de démocrates) a décidé de procéder à un recomptage complet de tous les bulletins de vote non mécanisés, ce qui représentait un processus de longue haleine. Mais le lendemain, la Cour suprême (composée en majorité de républicains) a interrompu tous les recomptages en invoquant un "préjudice irréparable" et la possibilité d'un " trouble inutile " à l'égard de M. Bush. Après les plaidoiries, la Cour a rendu sa décision, une majorité partisane de 5-4 en faveur de l'arrêt du recomptage, citant qu'il serait impossible de terminer le recomptage dans les délais impartis. Cela signifiait que la certification initiale serait maintenue et que Bush remporterait l'État et l'élection. Nombreux sont ceux qui se sont moqués de la décision de la Cour suprême, la qualifiant de partisane. Le Daily Show de l'animateur Jon Stewart s'est moqué de la décision dans son émission spéciale "Indécision 2000" : "C'est officiel, Bush a gagné la Floride par une majorité de 5 contre 4"[5].

Gore a concédé l'élection lors d'un discours public le 12 décembre : "Pour le bien de notre unité en tant que peuple et la force de notre démocratie, j'offre ma concession". Il devient ainsi le quatrième candidat à perdre une élection présidentielle alors qu'il a remporté le vote populaire, et le premier depuis 1888. Le président élu Bush a également pris la parole : "Le président des États-Unis est le président de tous les Américains, de toutes les races et de toutes les origines. Que vous ayez voté pour moi ou non, je ferai de mon mieux pour servir vos intérêts et je m'efforcerai de gagner votre respect. Je vous remercie et vous souhaite une bonne nuit. Que Dieu bénisse l'Amérique.

Geronimo: Et si Oussama Ben Laden avait été tué avant le 11 Septembre? 1635202743453-pngLe vice-président Al Gore concède l'élection de 2000

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WikiBox de l'élection de 2000

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George W. Bush, 43e président des États-Unis

[1] C'est essentiellement la réaction de Clinton à l'attentat contre l'USS Cole (évité ici) et là, les États-Unis avaient bien plus de raisons de rejeter la faute sur Al-Qaida. Je ne vois pas pourquoi Clinton aurait eu une réaction différente.
[2] L'augmentation du nombre de volontaires, qui passe de centaines à des milliers, augmente les pertes russes et la cohésion de la résistance, mais n'est pas suffisante pour faire reculer les Russes.
[3] Il s'agit d'un changement, les affirmations de l'administration Bush sur les liens entre Saddam et Al-Qaeda sont pour le moins exagérées et en grande partie fausses. Mais il est clair que Saddam était tout à fait disposé à abandonner la voie de la laïcité tant que cela lui permettait de rester aux commandes. Saddam développe ici une opportunité de soutenir son propre régime et son image tout en gardant l'option de tout arrêter.
[4] Une véritable statistique
[5] L'élection se déroule à peu près comme prévu, avec un décompte final des voix un peu plus serré. Comme je l'ai déjà mentionné, tout aurait pu modifier l'élection de 2000, mais étant donné le peu de temps que les Américains ont eu pour apprendre le nom de Ben Laden, sa mort n'a que peu d'importance pour eux et est éclipsée par les attentats plus meurtriers de Jordanie et par Monika Lewinsky, ce qui signifie que les Américains ressentent à peu près la même chose en termes de terrorisme et de défense. De plus, je pense que les actions des Etats-Unis finiraient par attirer plus de soutien à Nader qu'à Gore. Bref, je me suis dit qu'il fallait que j'explique mon raisonnement, à la prochaine fois.
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Message par Thomas Mer 15 Mar - 19:50

J'ai l'impression que Zarqawi va se retrouver à la tête d'un "DAESH" avant l'heure.

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Message par Uranium Colonel Ven 17 Mar - 20:07

Chapitre 7:Les premiers jours
La présidence de George W. Bush serait différente de celle de son prédécesseur ou même de celle de son père, il entendait se faire le champion d'une nouvelle vague de conservatisme bienveillant. Sur le plan intérieur, cela signifiait réduire les impôts, réformer l'éducation, l'assurance-maladie et la sécurité sociale, accroître l'indépendance énergétique de l'Amérique et faire preuve d'un fort penchant pour le conservatisme social. Sur le plan de la politique étrangère, le candidat Bush a mis l'accent sur un renversement de l'interventionnisme de Clinton, mais son administration était composée de "néoconservateurs" faucons, comme le vice-président Dick Cheney ou le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld, qui ont adopté une attitude plus audacieuse et unilatérale à l'égard de la puissance militaire américaine[1].

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Le président Bush et le vice-président Dick Cheney

L'administration s'est attelée à la mise en œuvre de son programme, en commençant par la pièce maîtresse de sa campagne, à savoir la réduction des impôts. Bush l'a décrite simplement avec le slogan "Qui paie des impôts bénéficie d'un allègement fiscal", la période de prospérité des années 90 avait produit des excédents budgétaires que les républicains attribuaient à des impôts élevés. Toutefois, au moment où il a accédé à la présidence, les prévisions économiques avaient changé. À la suite de la bulle Internet, en mars 2001, les États-Unis étaient entrés en récession. Le président a redoublé d'efforts, affirmant que les réductions d'impôts stimuleraient l'économie et redresseraient la situation. En mai, le Congrès a été saisi de l'Economic Growth and Tax Relief Reconciliation Act ou EGTRRA (loi de réconciliation sur la croissance économique et les allégements fiscaux). Le président a tenté d'obtenir un consensus bipartisan, mais les législateurs et le public l'ont défié. La plupart des Américains étaient favorables à des réductions d'impôts, mais ils étaient divisés sur la question de savoir qui devait en bénéficier. Bush a soutenu une vaste réduction d'impôts de plus de mille milliards et demi de dollars pour tous les niveaux de revenus, ainsi qu'une réduction des plus-values et l'élimination de l'impôt sur les successions. Les démocrates ont estimé que les riches en bénéficieraient davantage et, aux côtés des républicains modérés, ils ont tenté d'ajouter des amendements qui annuleraient les réductions d'impôts si la récession se poursuivait ou s'aggravait. Bush n'a pas tenu compte de leurs préoccupations ; sa cote de popularité était suffisamment élevée (au milieu de 60pour cent) pour qu'il pense pouvoir forcer le Congrès à le soutenir. Cependant, ses majorités étaient minces, avec seulement 10 sièges de majorité à la Chambre et Cheney était l'homme de la situation au Sénat, ce qui a obligé le projet de loi à inclure des dispositions d'expiration au bout de 10 ans afin d'éviter l'obstruction des démocrates, la loi a été adoptée par des votes majoritairement républicains et envoyée sur le bureau du président.

Bush a qualifié ce moment d'"historique" et a déclaré qu'il était "grand temps". Le leader démocrate du Sénat, Tom Daschle, a quant à lui prévenu que "la réalité aller s'abattre sur nous tous et qu'il va falloir y faire face". L'effet immédiat de la loi a été l'effet sur le parti républicain : le sénateur du Vermont Jim Jeffords a abandonné les républicains et a commencé à se rallier aux démocrates, ce qui a coûté aux républicains leur majorité.

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Le président Bush promulguant la loi sur l'allègement fiscal

En dehors de la politique intérieure, l'administration Bush n'a pas eu d'objectifs spécifiques en matière de politique étrangère. Le principal problème auquel le président a dû faire face immédiatement était le Moyen-Orient. L'année précédente, le président Clinton avait tenté de mettre fin au conflit israélo-palestinien lors d'un sommet à Camp David, toutes les parties s'accordant à dire que ces efforts étaient les plus proches d'un accord de paix durable avant l'échec des négociations. Après l'échec de la paix, un vaste soulèvement palestinien (la deuxième Intifada) et les mesures de répression israéliennes qui s'ensuivirent ont commencé. L'approche de Bush a été le premier exemple de sa présidence coincée entre le centre et la droite de son administration. Bush espérait se tenir à l'écart de la question, considérant l'échec de Clinton comme une parfaite raison de ne pas impliquer les États-Unis dans de telles affaires, qui présentaient trop de risques. Mais l'escalade de la violence a contraint les Etats-Unis à au moins s'exprimer sur le sujet, ce qu'ils ont fait de manière plutôt neutre en appelant le leader palestinien Arafat à condamner et à mettre fin aux attaques terroristes, mais aussi en condamnant les actions "excessives et disproportionnées" des forces de défense israéliennes ; Bush a dépêché le secrétaire d'Etat Colin Powell mais aucun cessez-le-feu n'a pu être conclu[2].

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Des Palestiniens lancent des pierres sur les forces israéliennes pendant la seconde Intifada.

Alors que Powell se trouvait au Moyen-Orient, le président a pris sa première mesure militaire en ordonnant de nouvelles frappes sur l'Irak afin de faire respecter les zones d'exclusion aérienne dans le pays, les cibles étant notamment des systèmes radar et des armes antiaériennes. Le président a affirmé que les frappes étaient dues aux efforts continus de Saddam pour défier les avions américains et britanniques et pour envoyer un message dissuasif à sa prétendue recherche d'armes de destruction massive[3].

Bush a également dû traiter avec la Chine et la Russie. Bush a critiqué Clinton et Gore pour leur trop grande amabilité envers la Chine, et au début de sa présidence, il a doublé la mise en affirmant son soutien à l'indépendance de Taïwan et en augmentant les ventes d'armes. Les tensions ont éclaté en avril lorsqu'un avion espion américain a accidentellement percuté un avion à réaction chinois, tuant le pilote chinois. Les autorités chinoises ont détenu le pilote américain jusqu'à ce que des excuses soient présentées, et les tensions ont encore augmenté lorsque des rapports ont été publiés concernant le réchauffement des relations entre la Chine et l'Irak. Beaucoup s'attendaient à ce que les relations avec la Russie soient aussi difficiles, mais ces craintes ont d'abord été dissipées à la suite d'une rencontre entre les deux présidents en Slovénie. M. Bush a déclaré qu'il avait "pu percevoir l'âme (de M. Poutine), un homme profondément attaché à son pays et aux intérêts de celui-ci", et qu'il s'attendait à ce que les deux pays deviennent des partenaires en matière de démocratie. La rencontre a eu lieu alors que les critiques se multipliaient sur le rôle de la Russie dans la guerre de Tchétchénie et que beaucoup étaient sceptiques quant aux affirmations de Bush sur Poutine. Toutefois, ces espoirs et craintes d'un resserrement des relations russo-américaines ont été interrompus par la nouvelle politique de défense de Bush, qui prévoyait la suppression d'anciens traités datant de la guerre froide, tels que le traité sur les missiles antibalistiques, que Poutine considérait comme une manœuvre visant à isoler la Russie.

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À gauche : le pilote chinois décédé Wang Wei et sa femme.
A droite : Rencontre entre les présidents Bush et Poutine en Slovénie


En ce qui concerne la politique de défense, lors de la campagne électorale, Bush avait décrié l'intervention et la "construction de nation" de Clinton et souligné l'importance de moderniser l'armée plutôt que de la gonfler, afin de dépasser les "reliques de la guerre froide et de refléter les besoins d'aujourd'hui". Cette cure d'amaigrissement a été soulignée par le secrétaire à la défense, M. Rumsfeld, qui voyait une bureaucratie omniprésente qui étendait inutilement les États-Unis là où ils n'avaient pas besoin d'être et qui gaspillait l'argent des contribuables. En bref, sa vision de la politique de défense était brutale : les États-Unis imposaient leurs règles et il était inutile de courtiser les alliés, tant que les États-Unis disposaient de la technologie, de la puissance aérienne et de la vitesse de déploiement supérieures, leurs ennemis n'avaient aucune chance.

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Le secrétaire à la défense, M. Rumsfeld, prête serment.

En ce qui concerne la question du terrorisme, l'administration Bush s'est montrée tout aussi sceptique que Clinton à l'égard des affirmations de la CIA et du FBI ; pour cette administration, la traque des terroristes individuels était une perte de temps, le président qualifiant ces tactiques de "chasse aux mouches". Les États-Unis ont collaboré avec la Jordanie pour retrouver Zarqawi et ont déterminé qu'il s'était réfugié en Afghanistan où il a créé sa propre organisation, Jama'at, mais ils n'ont autorisé aucune frappe sur les lieux supposés où il se trouvait. Les agences de renseignement se sont contentées d'observer et de faire des rapports pour enquêter, mais aucune mesure active n'a été prise pour attaquer les organisations[4].

Le président est passé à sa deuxième question intérieure, la réforme de l'éducation. Ce thème a été l'un des points forts des campagnes de Bush et de Gore. L'éducation était le sujet de prédilection des Américains, et lorsqu'on les interrogeait sur le programme de Bush, la réforme de l'éducation arrivait en tête des priorités. Elle lui avait valu un soutien précoce pour l'avoir défendue à l'époque où il était gouverneur, alors que la plupart des conservateurs étaient favorables à ce que le gouvernement se retire complètement de l'enseignement et abolisse le ministère de l'éducation. L'administration a baptisé ses propositions de réforme "No Child Left Behind Act" et s'est rapprochée du Lion du Sénat, le sénateur démocrate Ted Kennedy. Ce dernier, défenseur de longue date de la réforme de l'éducation, a accepté l'offre de la Maison Blanche. La coalition bipartisane a pu rapidement rassembler des soutiens pour les projets de loi de la Chambre et du Sénat, axés sur la création d'un système de responsabilité pour l'enseignement public qui serait contrôlé par des tests rigoureux, les projets de loi ont été adoptés à une large majorité. Les deux projets de loi devaient être réconciliés, ce qui semblait être une tâche facile au départ, mais il est devenu évident qu'en matière d'éducation, le diable était dans les détails, et qu'il faudrait de nombreuses conférences pour régler le problème, tandis que la récession en cours et les enquêtes continues sur sa victoire électorale entamaient la cote de popularité du président et que les démocrates se sentaient de plus en plus à l'aise pour le critiquer. En septembre, le président s'est senti frustré par les progrès à accomplir. Afin de redonner vie aux négociations et de recentrer l'attention des médias, il s'est rendu en Floride pour visiter des écoles élémentaires.

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Le président Bush part pour la Floride le 10 septembre 2001.


[1] Avant le 11 septembre, Bush avait des opinions peu claires en matière de politique étrangère, même si elles étaient moins interventionnistes, mais soyons honnêtes, il n'était pas un penseur profond et s'en remettait toujours à ses conseillers et aux membres de son cabinet, même si, en fin de compte, c'est lui qui était le "décideur"
[2] La politique israélo-palestinienne de Bush a été fortement influencée par le 11 septembre et la guerre contre le terrorisme.
[3] Bush et les néo-conservateurs détestaient Saddam Hussein, Bush pour des raisons particulièrement personnelles - la tentative d'assassinat de son père et sa conviction que le fait de ne pas avoir éliminé Saddam a joué un rôle dans sa défaite aux élections de 1996.
[4] En gros, ce qu'a dit la Maison Blanche à propos de Ben Laden dans notre réalité.
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Message par Uranium Colonel Ven 17 Mar - 20:22

Chapitre 8: 11 Septembre 2001

Il y a quelques mois à peine, John O'Neill était un membre dévoué et décoré du "Bureau", mais aujourd'hui, il se rendait à son bureau situé dans le World Trade Center. La mort de Ben Laden, l'homme que John avait passé des années à rechercher, avait été le point culminant de sa carrière de policier. Il n'a pas fallu longtemps pour que les politiciens à courte vue et le cercle vicieux de la CIA en accaparent le mérite. O'Neil ne se plaignait pas, mais il était clair que ses supérieurs en avaient assez de lui. Ses prédictions constantes sur l'état de la sécurité américaine ne leur convenaient pas, et le fait qu'il se soit opposé aux frappes afghanes, qu'il considérait comme un moyen inefficace de lutter contre Al-Qaida, n'a pas aidé. Ils l'ont mis à l'écart, ont lancé des enquêteurs déontologiques à ses trousses et l'ont espionné. Au lieu de se laisser abattre, il a opté pour une retraite anticipée afin d'en savoir plus sur la fameuse rémunération du secteur privé. Il monta au 34e étage de la tour sud et s'installa à son bureau[1].

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Vue de la ville de New York, avec les World Trade Centres 1 et 2, connus sous le nom de tours jumelles.

Le capitaine Ogonowski conduisait sa Chevrolet jusqu'à l'aéroport international de Logan. Il était pilote depuis bientôt 30 ans, d'abord pour l'armée, transportant du matériel de la Caroline du Sud à Saigon, puis pour American Airlines. Il avait rencontré sa femme Peggy, qui était hôtesse de l'air, et maintenant il ne volait plus qu'une semaine par mois, ce qui lui laissait beaucoup de temps pour s'occuper de la ferme familiale. Alors que l'aube se levait sur Boston et qu'il passait devant la maison de ses oncles, il klaxonna, comme le veut une petite tradition.

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Commandant de bord d'American Airlines, John Ogonowski

18 000 personnes travaillaient au Pentagone, même avec toutes les rénovations que le bâtiment subissait, il était toujours rempli de militaires en uniforme et de civils en costume qui s'efforçaient d'accomplir un travail difficile ici, dans le cœur battant de l'armée américaine. Cependant, pour Toni, c'était ce qu'elle faisait pour passer le temps entre deux parties de pêche, mais elle ne pouvait pas y penser maintenant, la journée n'avait pas encore commencé qu'elle s'était déjà déconcentrée. Au lieu d'analyser le budget de l'armée, elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer la croisière qu'elle ferait dans un mois.

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Analyste budgétaire, Antoinette "Toni" Sherman

Le vol 175 de United Airlines a quitté l'aéroport de Logan pour Los Angeles à l'heure prévue, comme Alona l'avait programmé. Bien qu'il s'agisse de vacances, elle travaillait aussi activement à faire du tourisme en Amérique qu'elle travaillait à gagner sa vie en Israël. Elle avait parcouru le monde, Paris, Amsterdam, l'Afrique, mais l'Amérique était différente, le temps, les paysages, les prix ! Mais par-dessus tout, c'était la paix, loin des combats qui se déroulaient chez elle. Le voyage d'Alona vient à peine de commencer et elle appréhendait de le voir se terminer.

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Ingénieur israélien, Alona Abraham

En retard, comment pourrais-je être en retard ? C'est ce que se dit Greg. Bien sûr, il savait pourquoi il était en retard, trop occupé à regarder les Giants perdre contre les Broncos. D'abord, il se faisait engueuler par sa femme pour être sorti un soir de semaine, puis par sa fille pour ne pas avoir regardé le match avec elle, et maintenant il se faisait engueuler par le gérant, puis par les clients, "honnêtement, rien n'énerve plus les gens que de rater le petit-déjeuner". Même la vue qu'offraient "les fenêtres sur le monde" ne pouvait effacer le défaut d'un service trop lent. En quittant Penn Station en trottinant, il s'est préparé à une journée riche en confrontations.

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Windows on the World, le restaurant le plus cher des États-Unis

C'était une période chargée pour les experts républicains : ils n'étaient plus des croisés fougueux, luttant contre les puissants libéraux hédonistes pour sauver le tissu moral de l'Amérique. Désormais, ce sont eux qui possédaient le pouvoir et les médias se montraient beaucoup moins conciliants. Barbara Olson prenait des notes pendant que l'avion traversait les Appalaches. Elle en aura besoin à Los Angeles où elle entendait défendre Bush et attaquer les Clinton, où elle sera inévitablement confrontée à une meute de libéraux et à l'animateur Bill Maher. Elle se moquerait d'elle-même si elle prétendait ne pas s'amuser, et son nouveau livre Final Days bénéficierait d'une bonne publicité grâce à cette apparition. Ce qui la chagrinait, c'était que tout avait été organisé à la dernière minute. Elle s'est dit que c'était soit l'anniversaire de Ted, soit le vol le plus tôt.

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Barbara Kay Olson, écrivain et commentatrice

Le 11 septembre, c'est le jour J. C'est ce que déclaraient les banderoles alors que des centaines de New-Yorkais faisaient la queue un par un pour voter lors des primaires de la ville de New York. Républicains et démocrates votaient pour désigner les candidats à la succession du maire Giuliani, très affaibli. Pour les républicains, l'ancien homme d'affaires milliardaire démocrate Michael Bloomberg était tout désigné. Les sondages annonçaient une course beaucoup plus serrée pour les démocrates, mais il semblait que Mark Green, l'avocat public de la ville, avait l'avantage. Les politiciens de toute la ville attendaient les résultats avec impatience.

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Candidats à la mairie : (à gauche) Michael Bloomberg (R) et (à droite) Mark Green (D)

Le président George W. Bush était assis à l'école primaire Emma E Booker, écoutant poliment les élèves de deuxième année faire un exercice de lecture. En rythme, les enfants ont récité The Pet Goat (La chèvre de compagnie) pour le président et la presse, puis, au bout de 15 minutes, ils ont terminé. Le président et l'enseignant ont applaudi la performance des élèves et le cours s'est terminé. Le président a pris un moment pour prendre à part son chef de cabinet, Andrew Card, et lui a chuchoté : "Tu avais raison Andy, la journée va être facile" [2].

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George Bush visite l'école primaire Emma E Booker

Howard Stern a plaisanté sur Pamela Anderson[3], Madonna a joué à guichets fermés au Staples Center, Alejandro Sanz a remporté le Latin Grammy du disque, de l'album et de la chanson de l'année[4], et les Yankees de New York ont battu les White Sox de Chicago. Michael Bloomberg et Mark Green[5] ont remporté leurs primaires respectives. Les passagers ont pris l'avion, les experts ont débattu, les marchés ont ouvert et fermé[6], des milliers de personnes ont fait la navette entre leur domicile et leur lieu de travail, et des millions d'autres ont poursuivi leur journée sans interruption. Jay Leno est arrivé ce soir-là à son heure habituelle et a prononcé le monologue d'ouverture du Tonight Show. "Le président était en Floride aujourd'hui, il a visité des écoles élémentaires et s'est même assis dans une classe de lecture de CE1. Cela fait plaisir à voir, n'est-ce pas ? Cela montre qu'il n'est jamais trop tard pour retourner à l'école", a déclaré Leno lors de l'émission, au cours de laquelle il a interviewé Charlie Sheen et invité la chanteuse Gillian Welsh[7].

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Le Tonight Show avec Jay Leno

United Airlines 93 atterrit à l'aéroport international de San Francisco. Par chance, le vol a été retardé au décollage et au débarquement. En ajustant sa montre, Todd se rappella qu'il avait encore du temps devant lui pour la réunion avec Sony, mais qu'il serait beaucoup plus près du but qu'il ne l'aurait voulu. Il travaillait trop, c'est ce que lui disait sa femme, c'était fou, c'était elle qui était enceinte, et pourtant c'était lui qui travaillait trop, elle avait probablement raison. Elle avait sans doute raison. 'Mon Dieu, l'Italie ne peut pas arriver assez vite', pensait-il.
"Tu ne crois pas que c'est la pire partie de l'avion ? Le type qui lui parlait se trouvait une rangée derrière lui et se tenait debout avec impatience, Todd le regarda et hocha la tête poliment depuis son siège. Le type continua : "C'est comme s'ils te donnaient de l'espoir quand ils atterrissent, et ensuite ils te font attendre ici alors que l'aéroport est juste là ! Vous prenez souvent l'avion ?
"Moi ? tout le temps", répondit Todd.
"Même chose, je déteste ça, mais c'est le travail, alors qu'est-ce que vous pouvez faire ? Vous avez des enfants ?" ...

Todd, toujours assis, et le type (il a dit qu'il s'appelait Jeremy[8]), toujours debout, ont parlé de leur travail, de leurs enfants et de sport pendant toute la durée du retard sur le tarmac, jusqu'à ce que les portes de l'aéroport s'ouvrent et que les gens commencent à sortir. Todd s'est finalement levé et a exprimé son soulagement
"Très bien, allons-y".

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Directeur de clientèle, Todd Beamer

[1] O'Neil est un personnage, mais d'une manière ou d'une autre, il a semblé qu'il était sur le point de quitter le FBI.
[2] C'est ce qu'Andrew Card aurait dit au président.
[3] Pamela Anderson a été le sujet de l'émission juste avant le crash du premier avion.
[4] Les Latin Grammys 2001 n'ont jamais eu lieu
[5] D'après mes recherches, les primaires démocrates ont été beaucoup plus serrées après le 11 septembre, ici Green obtient la majorité nécessaire pour éviter un second tour.
[6] Les implications économiques du 11 septembre sont particulièrement intéressantes
[7] Le Tonight Show et le Daily Show sont tous deux devenus plus sombres à la suite des attentats.
[8] Jeremy Glick

Pour ceux qui s'attendent à autre chose, je comprends, mais ne vous inquiétez pas, tout sera expliqué.
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Message par Uranium Colonel Jeu 30 Mar - 18:41

Chapitre 9:Enduring Freedom

Bush espérait que son voyage en Floride donnerait un coup de fouet à son plan d'éducation et relancerait son programme national, mais l'année ne s'est malheureusement pas déroulée de la sorte. Malgré les prévisions optimistes de la Réserve fédérale concernant l'économie américaine, le pays est resté en récession jusqu'à la fin de l'année 2001, les négociations sur son projet de loi sur l'éducation ont continué à se dérouler à la vitesse d'un escargot et sa popularité a poursuivi son lent déclin, passant pour la première fois sous la barre des 50 % d'opinions favorables à la fin du mois de septembre.

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Le président Bush s'exprime sur l'économie

La période de lune de miel du président (si tant est qu'elle ait existé) était terminée à la fin de l'année. Bush était poursuivi par deux scandales nationaux. Le premier, la croyance omniprésente chez de nombreux Américains que c'est la Cour suprême, et non les électeurs, qui a élu Bush comme 43e président. Il s'agissait d'un sujet de prédilection pour les détracteurs du président, et l'absence d'un recomptage officiel complet a permis aux médias de spéculer et d'enquêter pour leur propre compte. Des dizaines de soi-disant "recomptages médiatiques" ont été effectués, chacun évaluant le vote en Floride. La plupart des médias ont révélé peu d'informations nouvelles et ont rarement fait des déclarations définitives sur le "véritable vainqueur" des élections. En mai, les journaux USA Today et Miami Herald ont donné des résultats insatisfaisants, énumérant tous les scénarios dans lesquels Bush ou Gore aurait pu remporter l'élection en fonction de l'interprétation plus ou moins stricte de la loi électorale de Floride, transformant l'élection en un jeu de hasard.

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Manifestation des partisans de Gore

Mais en novembre, la plus grande analyse financée par les 8 plus grands organes de presse du pays a publié son rapport. Les résultats ont montré (décrits différemment par chaque article) qu'avec tous les votes comptés, c'était Gore qui détenait l'avantage sur Bush. Les résultats étaient plus définitifs que les précédents, mais chaque article soulignait que, selon des règles différentes, Bush aurait pu l'emporter sur Gore. Le résultat a été une victoire pour les partisans de Gore et un coup dur pour les Républicains, car le rapport a fait la une des journaux. Les titres étaient variés : New York Times - Study of Florida Ballots disputes the Final Decision, Washington Post - Florida Recounts may have favored Gore et CNN.com -Florida Recount Study : Gore avait les votes. [Les articles critiquent la décision du juge ainsi que la confusion et les erreurs de manipulation en Floride qui ont faussé les résultats. Les défenseurs du président se sont empressés de souligner que le rapport mettait également en évidence les lacunes du dossier juridique de Gore, qui auraient pu conduire à une victoire de Bush indépendamment du décompte, mais ces arguments n'étaient pas aussi solides en dehors d'une salle d'audience. La Maison Blanche n'a fait aucun commentaire sur le rapport, fidèle à sa règle qui consiste à rejeter ce type de questions en les qualifiant d'attaques partisanes amères ou d'une presse désespérée. Le seul homme qui a fait un commentaire est l'ancien vice-président Al Gore, qui s'est exprimé publiquement pour la première fois depuis sa concession. Il a qualifié les résultats de l'analyse d'"intéressants" et a parlé de la nécessité d'une "réforme complète de notre processus de vote".

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L'ancien vice-président Gore s'exprime après sa concession

Le deuxième boulet autour du cou du président était le grand E, Enron. Entreprise du secteur de l'énergie, Enron était autrefois la septième plus grande entreprise d'Amérique. Cependant, le scepticisme grandissant à l'égard de ses pratiques commerciales et la forte suspicion que ses actions étaient surévaluées ont fait naître des spéculations sur la corruption, les pots-de-vin et la fraude. Les spéculations sur la corruption, les pots-de-vin et la cupidité se sont multipliées tout au long de l'année 2001, ce qui a entraîné une chute rapide des actions. En 2001, les actions d'Enron sont tombées à 1 dollar, alors qu'elles avaient atteint un sommet de 90 dollars l'année précédente. Il est devenu évident que l'entreprise était en train de sombrer, mais les rats se sont assurés de s'échapper avec des millions de dollars d'actions (vendues avant l'effondrement) et d'importantes primes. Ces malversations flagrantes ont eu lieu alors que des milliers d'employés, d'actionnaires et de retraités ont tout perdu. Au lendemain de la faillite de l'entreprise, la profondeur de ses fautes a été révélée, montrant un réseau de fraude systématisé.

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Logo d'Enron devant son bâtiment

Tout cela aurait pu rester un problème commercial si Enron n'avait pas entretenu des liens politiques étroits. Ces liens étaient particulièrement étroits avec la famille Bush et l'administration de George W. Le PDG et président d'Enron, Kenneth Lay, était un ami proche de la famille et avait même été pressenti pour le poste de secrétaire à l'énergie au sein du cabinet. Lay et Enron ont également fait des dons pour les campagnes législatives et présidentielles de Bush. En retour, Enron a bénéficié d'un accès inhabituel au président, y compris des réunions de haut niveau pour discuter de la politique énergétique et économique des États-Unis, et de nombreux anciens d'Enron ont trouvé un emploi au sein de l'administration. Les démocrates ont saisi l'occasion d'attaquer le président et ses alliés, ils ont réclamé des documents, exigé des auditions et fait pression pour que des enquêtes criminelles soient menées afin d'exposer les profondeurs de la duplicité d'Enron, avec l'avantage secondaire d'embarrasser publiquement l'entourage de Bush au cours du processus. Bush a tenté d'éluder la question en affirmant que toutes ses transactions avec Enron étaient correctes et qu'il n'avait aucun rôle à jouer dans les pratiques commerciales internes de l'entreprise ; malheureusement, le public s'est montré sceptique et a approuvé la décision du Congrès d'organiser des auditions pour révéler publiquement les méfaits d'Enron[2].

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PDG et président d'Enron avec George Bush

L'événement le plus grave de la première année de W. Bush s'est produit le 12 novembre 2001, lorsque le vol 587 d'American Airlines s'est écrasé peu après son départ de New York pour la République dominicaine, tuant tous les passagers et membres d'équipage (281 au total) ainsi que 5 personnes au sol [3]. Il s'agit de l'événement le plus meurtrier de l'histoire de l'aviation américaine. L'enquête sur la tragédie n'a révélé aucune preuve d'acte criminel (la sécurité nationale s'y est intéressée, craignant qu'un réseau terroriste ne prépare une forme de détournement, mais aucun lien n'a pu être établi). Le président a déclaré : "Les habitants de New York ont souffert ce soir, et la nation souffre avec eux". L'accident a durement touché les habitants de la ville de New York, en particulier le segment dominicain, où le service charter était un élément essentiel de la communauté. Sur invitation, le maire Giuliani et le maire élu Mark Green[4] se sont rendus en République dominicaine pour rencontrer les familles endeuillées.

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(A gauche) Site du crash du vol 587. (A droite) Mark Green, 108e maire de New York.

Alors que l'administration s'occupait de l'économie, des élections, d'Enron et de l'apaisement de la psyché nationale, son programme législatif continuait d'être à la traîne. Malgré le soutien de la direction démocrate, les détails de la loi "No Child Left Behind" ont continué à échapper au Congrès tout au long de l'année 2001 et un coup dur a été porté à l'ensemble du programme lorsque le sénateur Ted Kennedy et plusieurs démocrates sceptiques ont insisté pour obtenir des dispositions supplémentaires afin de garantir l'application correcte de la loi[5]. Les négociations ont été difficiles et lentes.

Combinant les tragédies, les scandales et les blocages, la première année de Bush a été une année difficile. La première année de Bush avait été lente, mais son administration espérait se remettre sur les rails en 2002. Les fonctionnaires se rappelaient mutuellement la première année peu glorieuse de Bill Clinton et étaient impatients d'aller de l'avant.

Alors que Bush se préparait à rajeunir son programme, à l'autre bout du monde, le mollah Omar, chef spirituel de l'Afghanistan contrôlé par les talibans, se préparait à détruire ses derniers adversaires en Afghanistan, la soi-disant "Alliance du Nord".

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2001, défilé militaire des talibans

La guerre civile, qui durait depuis cinq ans, était sur le point d'entrer dans une phase brutale. Omar, désireux d'anéantir ses ennemis, préparait une offensive majeure contre les 10 % restants du pays que l'Alliance du Nord contrôlait, avec l'aide des Pakistanais et des militants, grâce à sa politique de fermeté[6] et à sa rhétorique djihadiste, Omar pensait que les talibans étaient en mesure de prendre le contrôle total du pays[7]. En comparaison, l'Alliance du Nord s'est battue pour obtenir de l'aide, bien que son chef militaire Ahmad Shad Massoud ait été loué comme "l'espoir de liberté pour l'Afghanistan", l'Alliance a trouvé peu de soutiens prêts à injecter davantage d'argent et d'armes dans un conflit apparemment sans fin. Son principal soutien a été l'Inde (désireuse de contrer le Pakistan), qui a fourni des hélicoptères et de l'aide médicale aux combattants. Mais outre l'Inde, seuls les voisins directs de l'Afghanistan, le Tadjikistan et l'Iran, ont apporté une aide de principe continue à leur cause. Cette situation a changé au milieu de l'année 2000, lorsque la défense russe et américaine s'est modifiée. En réaction à l'adhésion des talibans à l'ancien réseau Ben Laden et au conflit tchétchène en cours, les deux pays ont commencé à considérer l'Afghanistan des talibans comme une menace existentielle et ont tendu la main à Massoud[8]. La relation n'ira pas très loin, mais c'est le début que Massoud espérait. Il pensait qu'avec un soutien étranger suffisant, les talibans épuiseraient leurs combattants et le reste de leur soutien public en essayant de le vaincre, ce qui conduirait à leur effondrement. Massoud ne l'admettrait jamais, mais il était la cheville ouvrière de l'alliance, ses connaissances et son histoire faisaient de lui le "lion du Panjshir" et le chef réputé de la résistance anti-talibans, qui se battait héroïquement et esquivait facilement les tentatives d'assassinat[9]. L'offensive a commencé au début du mois de décembre (une date qui serait apparue à Omar dans un rêve) et la bataille pour l'Afghanistan faisait rage.

Geronimo: Et si Oussama Ben Laden avait été tué avant le 11 Septembre? 1637180497602-png(A gauche) Ahmed Massoud, chef militaire de l'Alliance du Nord. (A droite) Guerre civile afghane en décembre 2001

[1] Le rapport est essentiellement le même que celui OTL, mais il s'inscrit dans le contexte d'une administration peu populaire, sans qu'une crise nationale ne se produise qui rendrait les médias mal à l'aise pour parler d'élections.
[2] Enron est en quelque sorte le scandale qui n'a pas eu lieu, tout ayant démarré juste au moment où l'attention du monde s'est brusquement détournée.
[3] Le nombre de victimes est plus élevé en raison de l'absence de peur après le 11 septembre.
[4] Sans l'après 11 septembre, l'appui de Giuliani, Bloomberg perd contre Green par un résultat inversé 55/45 Green Bloomberg
[5] Le 11 septembre n'a certainement pas conduit à la loi "No Child Left Behind", mais les législateurs seraient plus qu'heureux de continuer à s'affronter à ce sujet.
[6] Les bouddhas de Bamiyan continuent d'être détruits, c'est une véritable catastrophe.
[7] Les Talibans et Omar sont incroyablement imprévisibles, mais cela semble être une évidence, l'assassinat de Massoud OTL montre que cela reste leur priorité absolue.
[Les plaintes de Bush concernant l'élimination des "mauvaises herbes" montrent qu'il souhaitait un plan à plus grande échelle pour lutter contre le terrorisme. De plus, la CIA voulait depuis des années commencer à soutenir Massoud, mais Clinton l'a empêché de le faire.
[Le schisme d'Al-Qaïda signifie qu'ils n'ont pas les ressources ou l'indépendance nécessaires pour réaliser l'assassinat de l'OTL.
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Message par Uranium Colonel Ven 31 Mar - 14:28

Chapitre 10:Guerre et paix

L'année 2002 a débuté par une escalade sérieuse de deux conflits, l'un chaud, l'autre froid. Inde-Pakistan et Israël-Palestine

Après la guerre de Kargil en 1999, qui a vu le Pakistan et l'Inde s'affronter au sujet de la région contestée du Cachemire (dans le seul conflit chaud entre deux puissances nucléaires), les relations entre le Pakistan et l'Inde n'ont fait que se détériorer. L'Inde s'est empressée de moderniser et de financer son armée tout en renforçant ses relations positives avec les États-Unis. Le Pakistan a été rejeté et humilié par la communauté internationale à la suite de sa défaite et s'est retrouvé au bord de l'effondrement économique et diplomatique[1]. Les militaires et les politiciens pakistanais ont commencé à se rejeter la faute, ce qui s'est terminé lorsque le général Musharraf a orchestré un coup d'État sans effusion de sang contre le Premier ministre Sharif, qui a peu après élevé Musharraf à la présidence. Le coup d'État, bien que largement populaire au Pakistan, a été un autre signe de l'effondrement de la démocratie du pays pour le reste du monde.

Musharraf était un dirigeant controversé, un libéral laïc et un nationaliste convaincu. Musharraf s'est fait des ennemis parmi les démocraties occidentales et les militants djihadistes[2]. Il a tenté d'améliorer les relations avec l'Occident et de mettre fin aux embargos contre le Pakistan. Ces efforts comprenaient une tentative d'amélioration des relations indo-pakistanaises, mais ces deux ouvertures ont échoué en raison du soutien et de la protection continus du Pakistan aux talibans et à divers groupes militants, soutien auquel Musharraf a refusé de mettre un terme.

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Général Musharraf, président du Pakistan

En 2002, les efforts de réconciliation du Pakistan avec l'Inde ont été gelés par une vague d'attentats perpétrés par des groupes terroristes censés être parrainés par le Pakistan, le Lashkar-e-Taiba (LeT) et le Jaish-e-Mohammed (JeM). Les militants ont attaqué des bases militaires en 2000 et des aéroports en 2001. En octobre 2001, ils ont fait exploser une voiture piégée dans le parlement du Cachemire, contrôlé par l'Inde, tuant 38 personnes. L'Inde a publié une déclaration visant clairement le Pakistan : "L'Inde ne permettra pas que de tels exercices de haine et de terreur franchissent ses frontières ... notre tolérance est à bout de souffle". La tolérance de l'Inde sera à nouveau mise à l'épreuve le 21 décembre, lorsque 7 militants attaquent l'assemblée législative du Gujarat avec des armes à feu et des explosifs. Le groupe est parvenu à pénétrer dans le bâtiment et a tué des dizaines de personnes ; il a subi un siège d'une journée avant que les forces de sécurité ne prennent d'assaut le bâtiment et ne tuent les assaillants, faisant 41 morts (y compris les assaillants) et des dizaines de blessés[3]. L'Inde a accusé les groupes militants et "un pays voisin" de les aider en exigeant l'arrestation de leurs dirigeants et la fin de l'entraînement, de l'armement et, dans certains cas, du commandement direct de l'insurrection au Cachemire qui leur étaient reprochés. Le Pakistan n'a pas pris de mesures en ce sens et Musharraf n'a pas condamné publiquement les attentats, ce qui a ouvert la voie à une confrontation majeure entre les deux États nucléaires.

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La police du Gujurat après l'attentat contre le parlement du Gujurat.

L'Occident a largement sympathisé avec l'Inde et a qualifié, l'une après l'autre, les organisations JeM et LeT d'organisations terroristes, mais le Pakistan est resté ferme dans son inaction. Ses porte-parole militaires ont imputé la montée du terrorisme à l'Inde et ont laissé entendre que l'attentat du Gujarat était un false flag destiné à faire monter délibérément les tensions. L'opinion publique indienne a manifesté sa colère, des violences antimusulmanes de grande ampleur ont éclaté au Gujarat en janvier, faisant des milliers de victimes, les émeutiers ont été aidés par la police et les autorités locales, le gouvernement indien a repoussé les efforts de médiation étrangère et, en février, le premier ministre Narayana a demandé des plans pour une solution militaire afin d'éliminer l'infrastructure terroriste au Cachemire. Une étude économique réalisée par le Trésor indien a révélé que "l'économie indienne est cent fois plus forte que celle du Pakistan pour supporter les hostilités [...] l'économie était prête pour la guerre"[4].

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2002 Émeutes du Gujurat

Deuxième problème mondial insoluble, le conflit israélo-palestinien s'est poursuivi, les Palestiniens protestant et multipliant les attentats terroristes contre les forces israéliennes. Les premiers efforts de négociation pour mettre fin aux combats sont restés vains, mais à mesure que la violence se poursuivait en 2002, les deux parties ont reconnu qu'elles devraient soit prendre des mesures drastiques au risque d'aggraver la situation, soit parvenir d'une manière ou d'une autre à un cessez-le-feu.

Les Palestiniens sont devenus de plus en plus extrémistes et ont soutenu des groupes plus militants en dehors de l'OLP de Yasser Arafat, en particulier le Hamas. Fin 2001, une série d'attentats-suicides meurtriers faisant des dizaines de morts a ébranlé Israël. Les partisans de la ligne dure israéliens ont exigé une réponse rapide et ouverte pour éliminer les militants. Le gouvernement d'Ariel Sharron, entré en fonction en tant que faucon de la ligne dure, a envisagé une invasion de la Cisjordanie[5], mais la crainte d'une désapprobation étrangère (y compris des États-Unis) a contraint les dirigeants israéliens à opter pour des mesures moins "manifestes", en choisissant de multiplier les assassinats ciblés (assassinats souvent accompagnés d'un grand nombre de victimes civiles), les échanges de tirs transfrontaliers et la construction controversée d'un mur frontalier entre les colonies israéliennes et le territoire palestinien. Il a tenté d'obtenir le soutien du gouvernement américain pour mettre Arafat sur la touche, le décrivant comme l'instrument de la terreur et le principal obstacle à la paix, mais l'administration Bush a refusé de soutenir de telles mesures, citant le soutien d'Arafat parmi les Palestiniens, et s'est montrée hostile aux actions de Sharron, les jugeant "inutiles et nuisibles au processus de paix"[6].

Geronimo: Et si Oussama Ben Laden avait été tué avant le 11 Septembre? 1638058370019-pngYasser Arafat, chef de l'OLP, et Ariel Sharron, Premier ministre israélien.

L'escalade de la violence a convaincu l'administration Bush de tenter à nouveau de relancer les efforts de paix, en coopération avec les Nations unies, l'Union européenne et la Russie, ce que l'on a appelé le quartet pour le Moyen-Orient. En mars 2002, l'ONU et l'administration Bush ont approuvé une solution à deux États et, pour la première fois, ont soutenu un État palestinien ; l'administration Bush a pris soin d'attaquer et de dénoncer les actions des groupes militants palestiniens et des forces de défense israéliennes ; elle a déclaré que le Quartet élaborerait une feuille de route pour la paix basée sur des objectifs partagés et le respect mutuel[7].

Le président Bush a prononcé un discours dans lequel il a exposé les grandes lignes du plan de son administration et du Quartet pour relancer et, espérons-le, dynamiser le processus de paix. Arafat et l'OLP ont accueilli le plan plus chaleureusement que Sharron, qui a refusé de franchir le pas tant que les attaques palestiniennes n'avaient pas cessé et qui a continué à s'interroger sur le rôle d'Arafat dans les négociations, tout en approuvant les différentes étapes de la feuille de route.

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Quartet sur le Moyen-Orient (États-Unis, Russie, UE et Nations unies)

L'initiative de la feuille de route a représenté une perte pour les néoconservateurs qui n'aimaient pas l'idée que les États-Unis doivent coopérer avec n'importe quelle puissance pour résoudre des conflits étrangers, et elle a irrité ceux qui considéraient la Palestine comme une couverture pour les ennemis des États-Unis tels que l'Irak, la Libye et l'Iran. Ils considéraient surtout Yasser Arafat comme un voyou corrompu, utilisant la cause palestinienne comme un écran de fumée pour s'opposer aux États-Unis, ils avaient l'intention de pousser l'administration plus à droite en matière de politique étrangère et d'entraîner la nation avec elle. Il a fallu les événements d'avril 2002 pour que les faucons gagnent en influence à la Maison Blanche[8].

Au lendemain des attentats du Millénaire en Jordanie, les services de renseignement américains ont commencé à évaluer en profondeur la menace que représentait le terrorisme djihadiste afin de prévenir d'éventuelles attaques futures. Ce qui a été révélé était un véritable fouillis, pas moins d'une douzaine d'organisations se chevauchant sans hiérarchie ni plan clairs. Certaines étaient liées à des nations étrangères ou à des conflits en cours, d'autres étaient des "terroristes indépendants" qui ne semblaient pas avoir de loyauté ou de liens étroits avec un groupe en particulier. Les agences étaient toutes d'accord pour dire que les "tambours battaient", ce qui signifiait que plusieurs réseaux et acteurs coopéraient à la planification d'attaques "extraordinaires". Ces menaces ont parfois été évoquées lors des briefings quotidiens des présidents. On y apprenait que les restes du réseau de feu Ben Laden, Al-Qaida, en coopération avec d'autres groupes terroristes, préparaient une attaque majeure contre les États-Unis.

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Dossier présidentiel quotidien

Les agences étaient convaincues que le principal dirigeant d'Al-Qaida, Mohammed Atef, était déterminé à poursuivre la guerre de Ben Laden contre les États-Unis et qu'il était déterminé à surpasser ses rivaux djihadistes en termes d'ampleur et de dévastation. L'administration s'est montrée sceptique à l'égard de ces rapports, estimant qu'il ne s'agissait que d'un nouveau coup de trompette de la CIA. Elle a imaginé qu'Al-Qaida était une organisation morte et a demandé aux agences de se concentrer sur la recherche de Zarqawi. Mais la Maison Blanche n'a pas bloqué les agences et a permis la poursuite des enquêtes.

Les agences ont surveillé les communications, les réunions, les discours et les activités. Au milieu de l'année 2001, elles en sont venues à penser qu'une attaque sur le sol américain était imminente. La CIA et le FBI ont poursuivi leurs enquêtes sur d'éventuels "agents dormants" terroristes opérant sur le territoire américain et ont même identifié deux membres présumés d'Al-Qaida qui étaient entrés aux États-Unis et ont entamé des recherches pour les retrouver. En août, un torrent de pistes a inondé les câbles. Des messages du Mi6, du Mossad et de l'Alliance du Nord afghane annonçaient une attaque[9], mais les agences travaillant l'une contre l'autre n'ont pas réussi à démêler ce qu'elles cherchaient malgré les "sirènes qui hurlaient au rouge".

Tout au long de l'année 2001, le FBI et la CIA ont mené des enquêtes distinctes et sont parvenus à arrêter deux hommes en août (Zacarias Moussaoui) et en novembre (Abderraouf Jdey)[10] pour des raisons d'immigration ; leurs arrestations et leurs interrogatoires ont révélé des liens avec Al-Qaida et des documents relatifs à des détournements d'avions. Des révélations plus importantes ont été faites en décembre, lorsque les forces de l'ordre de Singapour ont arrêté 17 personnes, supposées être en train de préparer un attentat contre l'aéroport Changi de Singapour et d'autres bâtiments gouvernementaux. L'attaque de l'aéroport impliquait le détournement d'avions et deux membres du complot de Singapour avaient suivi une formation au pilotage comme l'un des suspects actuellement en état d'arrestation.

Geronimo: Et si Oussama Ben Laden avait été tué avant le 11 Septembre? 1638058638947-pngZacarias Moussaoui et Abderraouf Jdey, soupçonnés d'être des agents d'Al-Qaïda.

Le secrétaire à la défense, M. Rumsfeld, et la conseillère à la sécurité nationale, Mme Condoleezza Rice, ont incité la CIA et le FBI à coopérer pour neutraliser la menace intérieure immédiate[11]. Une avancée majeure a eu lieu en janvier : l'identité des hommes qui étaient entrés aux États-Unis, Nawaf al-Hazmi et Khalid al-Midhar, deux agents de longue date d'Al-Qaida qui avaient reçu une formation au pilotage, a été révélée et une véritable chasse à l'homme s'est engagée.

En janvier 2002, la police des frontières américaine a arrêté Ahmed Ressam[12], qui faisait passer en contrebande des centaines de kilos de matériel explosif du Canada vers les États-Unis. Le FBI a pris l'affaire en main et a fait des révélations massives, révélant que les agents précédemment arrêtés étaient là pour perpétrer un attentat extraordinaire contre les États-Unis, consistant à détourner et à faire exploser des avions avec des explosifs qu'il était censé fournir, et a identifié Hazmi et Midhar comme étant les meneurs.

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Ahmed Ressam, soupçonné d'être l'auteur de la bombe

Les recherches se sont étendues aux comptes bancaires, aux immatriculations de voitures et à toute activité suspecte pour trouver les deux hommes. Finalement, le 7 février, Midhar a été trouvé et arrêté alors qu'il tentait d'acheter un vol pour le Yémen (qui avait été ajouté à la liste des pays interdits de transport par le gouvernement fédéral). Sur ses traces, le FBI et la CIA ont réussi à procéder à une demi-douzaine d'arrestations dans le New Jersey de visiteurs récents aux États-Unis en relation avec Midhar, notamment Hani Hanjour, un pilote commercial, Salem Hazmi (le frère cadet de Nawaz), Majed Moqed, Ahmed al-Nami, Wail Mohammed al-Sherhi et Saeed al Ghamdi, tous des Saoudiens qui avaient partagé plusieurs logements.

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Membres de la tentative d'attentat de 2002 (Khalid Midhar, Nawaz et Salem Hazmi et Hani Hanjour)

L'incapacité à localiser l'aîné des Hazmi a placé les enquêtes en état d'alerte, mais peu d'informations ont pu être obtenues sur le lieu où il se trouvait et les réponses des personnes arrêtées aux interrogatoires allaient du silence complet à l'effondrement émotionnel total, en passant par des crachats de rage. Les interrogatoires et les éléments de preuve ont permis d'établir les grandes lignes de la tentative d'attentat : les membres recevaient un entraînement au vol et au combat, achetaient des billets pour des voyages intérieurs et assemblaient des explosifs qui seraient utilisés pour détourner des avions (le nombre total d'avions variait de 1 à 12) une fois détournés, l'objectif final du complot différait selon les personnes arrêtées, la CIA est parvenue à la conclusion initiale que les avions seraient retenus en otage dans l'attente de demandes inconnues, tandis que l'analyse du FBI indiquait que les avions seraient délibérément écrasés ou explosés au-dessus de zones peuplées, à l'instar du vol 587 aucune date précise n'a pu être déterminée pour les attentats, et la crainte de voir apparaître d'autres cellules a conduit le président à ordonner une vaste opération de ratissage dans le pays.

L'enquête sur Hazmi et Midhar a révélé l'existence d'un vaste réseau international qui les reliait aux autres comploteurs, à Al-Qaida et à d'autres financiers du terrorisme, dont le terroriste indépendant Khalid Sheikh Mohammed, identifié comme le principal architecte du complot.

Malgré le niveau d'alerte élevé des États-Unis à la suite des arrestations du 7 février, le choc fut total lorsque, le 16 avril 2002, Richard Reid embarqua sur le vol 470 de la United Airlines, en provenance d'Orlando et à destination de San Francisco.

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Passeport de Richard Reid

2 heures après le début du vol, Reid a tenté de faire exploser un engin caché dans l'une de ses chaussures, malgré ses tentatives répétées de mettre le feu à l'engin et plusieurs avertissements de la part des hôtesses de l'air qui pensaient qu'il était en train de fumer. Reid est devenu erratique et violent, révélant un couteau qu'il a utilisé pour taillader la main d'une hôtesse de l'air, avant de s'enfermer dans les toilettes de l'avion.

Craignant pour la sécurité des passagers et de l'équipage face au passager violent, l'avion a été détourné vers l'Oklahoma. Au cours de ce déroutement, Reid réussit à déclencher l'engin explosif[13]. Par miracle, l'explosion ne provoqua que la mort de Reid et ne réussit pas à percer le fuselage de l'avion ni à déclencher un grand incendie, ce qui permit à l'avion d'atterrir en toute sécurité et de ne pas faire d'autres victimes[14].

Quelle que soit l'issue de l'affaire, le complot de 2002 a révélé de graves lacunes dans les services de renseignement et les forces de l'ordre des États-Unis concernant la menace que représentait le terrorisme moderne, et l'administration a été contrainte de repenser ses actions en matière de terrorisme international et d'élargir ses recherches pour retrouver les auteurs du complot qui pourraient encore être en liberté et les traduire en justice[15]. [15]




1] Derrière les États-Unis et l'Afghanistan, les attentats du 11 septembre ont eu un impact considérable sur le Pakistan, plus que sur tout autre pays[2].
[2] Musharraf a joué un rôle déterminant dans la guerre contre le terrorisme au Pakistan et ce fut l'événement clé de son mandat.
[3] L'attentat du Gujurat se produit au lieu de l'attentat contre le parlement indien. Les services de renseignement américains ont prétendu que l'attaque du parlement avait été organisée par le Pakistan pour détourner l'armée pakistanaise afin de permettre à Ben Laden de s'échapper d'Afghanistan, mais la méfiance s'était installée entre l'Inde et le Pakistan, et tout rôle du Pakistan a ici pour effet de détourner les attaques du parlement national [4].
[L'escalade OTL a été plus soudaine, l'Inde espérant que ses actions seraient approuvées dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Au lieu de cela, les tensions se sont lentement accumulées entre les deux pays.
[L'opération "bouclier défensif" a vraiment nui au processus de paix. Arafat était assiégé et tout l'appareil du "gouvernement" palestinien a été détruit, ce qui a renforcé la popularité de groupes plus militants comme le Hamas, ce qui ne s'est pas produit dans la même mesure ici dans cette uchronie.
[Avant le 11 septembre, l'administration Bush (bien que nettement plus favorable à Israël) s'était engagée à jouer un rôle neutre dans le processus de paix. Le 11 septembre, tout comme il a donné une excuse à l'Inde, a donné une justification à Israël pour intensifier sa guerre contre le terrorisme, et les États-Unis l'ont accepté. Pourtant, Sharron est un faucon et ne change pas rapidement de position.
[Conformément aux promesses plus isolationnistes de Bush, les États-Unis font un pas en arrière dans le processus par rapport à OTL. La feuille de route est essentiellement la même, mais ne demande pas le remplacement des dirigeants palestiniens.
[8] Avant le 11 septembre, les faucons étaient assez mécontents de l'agenda de Bush, qui était nettement plus compassionnel que néoconservateur.
[9] Tous les avertissements l'OTL, à l'exception de Massoud qui survit pour continuer à dénoncer les attentats.
[10] Jdey a disparu après le 11 septembre, KSM a révélé sous la torture qu'il avait renoncé à son rôle dans un complot, mais qui sait ?
[11] La concurrence entre la CIA et le FBI est la raison pour laquelle le 11 septembre a eu lieu. Ici, compte tenu du temps supplémentaire, des avertissements supplémentaires et de l'attention accrue de la Maison Blanche, ils ont été forcés de travailler ensemble.
[12] Ressam n'a clairement pas été conçu pour être un terroriste et se fait capturer en étant incroyablement suspect, comme il le fait OTL, sauf que les conséquences sont plus importantes.
[13] Reid n'a pas réussi à faire exploser sa chaussure piégée en raison de l'humidité de sa chaussure et de la vigilance accrue de l'équipage et des passagers.
[14] Les analyses ultérieures du danger que représentait la chaussure piégée de Reid ont divergé, certains affirmant qu'elle aurait permis d'abattre un avion, mais je suis enclin à penser qu'il s'agit simplement d'une peur post-11 septembre. Des attentats similaires n'ont provoqué que de petites explosions mortelles pour les personnes se trouvant à proximité immédiate, comme la tentative d'assassinat de Muhammad Nayef. Peut-être qu'avec une meilleure planification et de meilleures connaissances, il serait possible d'abattre un avion, deux choses que Reid n'avait pas.
[C'est le point de vue des États-Unis sur la manière dont le 11 septembre ou le complot de l'avion a été déjoué. J'ai l'intention de poursuivre en expliquant le complot du point de vue d'Al-Qaida.
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Message par Uranium Colonel Sam 1 Avr - 19:55

Chapitre 11: Combattre la terreur.

L'échec des détournements d'avion et l'échec de la mise en œuvre de l'attentat à la bombe de Richard Reid ont fortement inquiété l'appareil gouvernemental américain. L'idée qu'une douzaine d'agents d'organisations terroristes étrangères aient réussi à se dissimuler dans le pays (certains pendant plus de deux ans !) où ils travaillaient et s'entraînaient en vue d'un attentat aussi ambitieux était plus que terrifiante pour beaucoup.

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Les conspirateurs du complot de l'avion devant le tribunal

En bref, tout le monde était sur le pont, compte tenu du danger immédiat et de la possibilité que d'autres cellules existent encore. La comparution de Richard Reid, quelques semaines après l'arrestation de la cellule de Jersey, signifiait que d'autres agents pouvaient encore être présents et préparer d'autres attentats. Nawaf Hazmi, l'un des principaux meneurs du complot, était dans la nature et toujours en liberté. Des enquêtes supplémentaires devaient être menées pour déterminer le financement, le réseau de soutien et les origines de l'opération afin de démêler l'écheveau de la terreur internationale.

Alors que les événements secouaient les hautes sphères du pouvoir, le public n'était pas du tout au courant de l'ampleur du complot et ne s'inquiétait donc pas du danger qu'il représentait. L'annonce de l'arrestation des comploteurs de Jersey n'a pas donné tous les détails, les décrivant simplement comme "8 Saoudiens ayant des liens avec des groupes terroristes étrangers ont été arrêtés pour avoir prétendument préparé le détournement d'un avion". Au moment de leur arrestation, les pirates de l'air ne détenaient ni explosifs ni armes à feu, ce qui réduisait encore le danger perçu. La seule menace connue du public était Hazmi, qui est devenu le fugitif le plus recherché du pays. Le public était bien plus intéressé par l'attentat perpétré par Reid quelques semaines plus tard[1] (et un lien définitif entre Reid et la cellule de Jersey n'a pas été établi immédiatement), une histoire qui a oscillé entre le thriller et la farce, les médias l'ayant surnommé le poseur de bombes dans la salle de bains, évoquant des films d'action ringards. Le public n'a été ni effrayé ni dissuadé par ces attentats ratés, et malgré les efforts de l'administration Bush pour mettre en place des mesures de sécurité plus strictes et sensibiliser davantage les passagers des compagnies aériennes, la crainte de voir ces mesures sévères réduire le nombre de passagers en cette période difficile pour l'industrie a réduit ces efforts à néant. Les membres du Congrès ont également assisté à une réunion d'information au cours de laquelle ils ont salué l'excellent travail des agences de renseignement du pays, bien que les démocrates et les républicains aient divergé sur la gravité réelle de la menace.

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L'arme fatale 2

Les forces de l'ordre ont immédiatement pris la tête de l'enquête, confirmant que Hazmi avait quitté les États-Unis pour l'Espagne quelques mois avant les arrestations dans le Jersey. Selon des sources distinctes, Hazmi était parti soit pour continuer à coordonner l'opération depuis l'étranger, soit pour abandonner complètement le projet. Aucune autre cellule n'a été localisée aux États-Unis, mais une liste d'individus suspects a été dressée et quelques-uns ont même été arrêtés (notamment l'imam américain Anwar Al-Awlaki), bien qu'ils aient tous été relâchés par la suite[2].

Mais si l'administration avait vraiment l'intention de sévir contre le terrorisme, elle devait s'attaquer aux terroristes, arrêter les responsables et faire tout ce qui était en son pouvoir pour perturber leurs opérations. Ces mesures étaient beaucoup plus difficiles à mettre en œuvre que les mesures nationales. Les terroristes anti-américains opéraient dans une douzaine de pays, ignorés ou aidés par leurs pays d'accueil anti-américains. La politique américaine s'était limitée à des mots durs et à des sanctions (parfois à des frappes aériennes), mais la peur du terrorisme a suscité une nouvelle réaction. L'Afghanistan, déjà considéré comme la plaque tournante des organisations terroristes, serait attaqué, l'Alliance du Nord recevrait davantage d'aide et de formation dans le cadre de l'opération Mercure, tandis que les talibans et le Pakistan seraient soumis à une pression accrue pour qu'ils cessent de soutenir Al-Qaida et ses affiliés et qu'ils livrent certains hommes recherchés. Ce dernier point est devenu difficile, car l'administration Bush a rejeté toute négociation, préférant la pression extérieure. Une réponse militaire semblable à celle qui a tué Ben Laden a été envisagée et le ministère de la défense a commencé à définir des cibles (y compris des infrastructures terroristes et talibanes), mais n'a pas voulu ordonner un engagement tant que l'enquête n'aurait pas permis de déterminer avec précision quels groupes et quelles cibles spécifiques pouvaient être frappés. Certains voulaient aller encore plus loin et inclure l'utilisation des forces spéciales américaines pour effectuer des raids internationaux afin de détruire les camps terroristes, d'autres voulaient pousser ces missions plus loin et utiliser les forces américaines pour déposer le régime taliban et le remplacer par l'opposition (bien que cela ait été jugé trop extrême).

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Opération Mercury (la CIA est envoyée en coordination avec l'Alliance du Nord afghane)

L'enquête a été vaste, mais une chronologie sommaire du complot a été esquissée. Le chef d'Al-Qaida, Muhammed Atef, et le terroriste véreux Khalid Sheikh Mohammed ont commencé à collaborer il y a trois ans en associant les militants et les camps d'entraînement d'Atef en Afghanistan à l'argent et aux relations de KSM. Ils ont envoyé des terroristes aux États-Unis pour y suivre des cours de pilotage et fabriquer des engins explosifs. Atef et KSM ont également sollicité la participation de l'organisation terroriste d'Asie du Sud-Est JI. Cependant, l'exécution du complot a été continuellement retardée par l'impossibilité d'obtenir des visas en nombre suffisant, par les piètres performances de l'entraînement au vol et par la difficulté à fabriquer des explosifs (ce qui a conduit à l'introduction de Ressams dans le complot), contacté par le lieutenant d'Atef, Abu Zubaydah, et par une rupture de leadership entre Mazri et Midhar à un moment donné[3]. Aucune date définitive pour l'attentat n'a pu être avancée[4]. Le rapport du FBI a évalué de façon pitoyable les compétences et l'organisation des membres de la cellule, doutant de leur capacité à prendre en otage ne serait-ce qu'un avion, ce qui les a amenés à supposer que l'objectif final du complot était la destruction plutôt que la revendication[5] Richard Reids est arrivé aux États-Unis à la dernière minute, des mois plus tard que tous les autres attaquants, et avait déjà reçu la chaussure explosive ; il est resté en Floride, séparé de la cellule de Jersey, jusqu'à son attentat en avril.

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Mohammed Atef et Khalid Sheik Mohammed, architectes en chef du projet d'attentat de 2002

La crainte d'autres attentats s'est apaisée et la plupart des membres de la Maison Blanche ont repris la position qu'ils avaient adoptée avant les attentats, se ralliant à l'analyse du FBI qui considérait les auteurs des attentats comme des incompétents tout juste bons à se faire exploser. Dans l'attente des mises à jour de la CIA et du FBI, il n'y avait plus grand-chose à faire, mais certains responsables ne l'entendaient pas ainsi : ils ne pouvaient pas revenir à la routine et estimaient que les États-Unis devaient être proactifs. Le vice-président Cheney était l'un d'entre eux et il devint, semble-t-il, obsédé par la menace terroriste. Des agents entraînés passant des années sous couverture ? Un complot d'une telle ampleur n'aurait pas pu être préparé uniquement par des terroristes, il aurait nécessité le type de financement et de direction que seule une nation pouvait fournir, et une seule nation venait à l'esprit. Une théorie partagée par les néo-conservateurs de la Maison Blanche voulait que Saddam Hussein soit d'une manière ou d'une autre responsable de la tentative d'attentat. Pour eux, ce n'était pas le premier crime de Saddam, il aurait eu des liens avec l'attentat à la bombe de 1993 contre le World Trade Center et la tentative d'assassinat de George H. W. Bush. Les agences de renseignement ont rejeté ces allégations, mais ont tout de même reçu l'ordre d'enquêter sur les liens de Saddam avec le terrorisme, et la question de l'Irak est restée d'actualité.

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Saddam Hussein 2002

Outre la peur de la terreur, la politique intérieure aurait joué un rôle dans la réorientation de la politique étrangère des États-Unis. L'administration Bush a cherché à s'assurer le soutien des républicains faucons à l'approche des élections de mi-mandat de 2002, principalement par l'intermédiaire de responsables de la défense tels que Rumsfeld et Rice, mais le président s'est mêlé de tout cela dans le discours sur l'état de l'Union de 2002, prononcé avant les incidents terroristes, où il a évoqué la nécessité de "créer une coalition qui représente la liberté et stoppe la propagation du mal"[6].

Tout au long de l'année 2002, les élections de mi-mandat ont plané sur la Maison-Blanche, alors que l'économie toujours chancelante et l'agenda bloqué réduisaient les chances du président et des républicains de conserver la Chambre des représentants et de reprendre le Sénat. Le scandale Enron a continué à les hanter, amenant le vice-président sous le feu des critiques pour les réunions à huis clos qu'il a tenues avec les dirigeants d'Enron, et son bureau a été contraint de remettre des dossiers et des courriels à un groupe d'experts du Sénat. Les démocrates n'étaient que trop heureux d'épingler dans la presse le vice-président, dont la réputation n'est plus à faire. Alors que toutes les actions criminelles de l'entreprise étaient également étalées dans la presse, la phrase "que savait le vice-président et quand l'a-t-il su ?" a été prononcée plus d'une fois et, bien qu'il ait réussi à éviter toute accusation criminelle, le public a eu tendance à croire que les membres de l'administration avaient agi de manière contraire à l'éthique avec Enron.

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Le vice-président Cheney répond aux questions de la presse

Toutefois, les républicains ont réussi à entrevoir la lumière au bout du tunnel lorsque la Réserve fédérale a annoncé qu'elle reporterait la baisse des taux d'intérêt, signe que la récession touchait à sa fin[7]. Enfin, à l'issue de négociations brutales, la loi présidentielle "No Child Left Behind Act" a été adoptée par les deux chambres en juin, ce qui a donné un coup de pouce bipartisan nécessaire. Cependant, les tentatives de l'administration Bush pour faire avancer la législation sont devenues impossibles à cause de la saison électorale[1].


[Je ne pense pas être trop cynique en croyant que sans le 11 septembre, ces arrestations n'auraient pas réussi à frapper l'imagination du public. Les États-Unis avaient déjà procédé à des arrestations de terroristes et, comme le dit l'adage, ce qui saigne mène à l'action, mais la présente histoire ne saigne pas[2].
[Pas de 11 septembre, pas de PATRIOT Act, pas de détentions indéfinies ni d'accusations exagérées. Il est difficile de prouver que quelqu'un est un agent ou un associé d'Al-Qaida.
[3] Ici Al-Qaida manque de ressources et de moyens. Sans la cellule de Hambourg partie en Tchétchénie, le complot de l'avion manque de cohésion et tourne en rond jusqu'à ce que la police l'arrête[4].
Cela a été fait délibérément pour éviter toute fuite de la part des attaquants, mais cela a conduit la police à conclure que l'attaque n'était probablement pas imminente, aucun explosif n'ayant été assemblé et aucun vol n'ayant été acheté[5].
[Les plans initiaux du 11 septembre prévoyaient qu'au moins un avion soit détourné et utilisé pour émettre des manifestes ou des ordres, mais UBL a décidé de ne pas en tenir compte. Rien ne permet de le confirmer, mais j'ai l'impression qu'Atef était surtout intéressé par le nombre de morts, tandis que KSM estimait que les attentats devaient être symboliques.
[6] Contrairement au discours sur l'axe du mal, l'ITTL Bush ne cite aucun nom et fait largement allusion à une approche néolibérale de la guerre juste plutôt qu'à la doctrine Bush que nous connaissons.
[7] L'impact économique du 11 septembre et la guerre contre le terrorisme qui s'en est suivie ont aggravé les difficultés économiques et la confiance des consommateurs. De plus, les budgets de la défense dans le monde n'augmentent pas, de sorte que tous les partisans du déficit ont un peu moins à craindre.
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Message par Uranium Colonel Ven 7 Avr - 15:36

Chapitre 12: des vues différentes



L'administration Bush avait beaucoup à craindre à l'approche des élections de mi-mandat de 2002. La récession économique, bien qu'en recul, était encore ressentie par de nombreux Américains ; avec l'affaire Enron et les hostilités résiduelles de l'élection de 2000, les perspectives républicaines étaient sombres. Toutefois, le parti républicain n'était pas le seul à devoir s'inquiéter.

Australie

Le gouvernement de coalition libéral-national de centre-droit du premier ministre John Howard a dû affronter des élections difficiles en novembre 2001. Tout au long de l'année, la coalition a été distancée par le parti travailliste dans les sondages, en raison de la stagnation de l'économie, des prix élevés des carburants et du parti populiste One Nation. Lors des élections anticipées de 1998, la coalition n'a pas obtenu la majorité des voix, mais a conservé sa majorité parlementaire. En 2001, John Howard devait affronter à nouveau le chef du parti travailliste, Kim Beazley

Howard est entré en mode électoral pour récupérer le soutien du gouvernement, annonçant une série de revirements politiques, le plus important étant la politique d'immigration du gouvernement. En août 2001, un cargo norvégien ("Le Tampa") transportant 433 réfugiés du Moyen-Orient est entré dans les eaux australiennes. Plutôt que de chercher une solution politique ou diplomatique, Howard a opté pour une solution militaire et a ordonné aux forces spéciales australiennes de monter à bord du navire pour l'empêcher de débarquer. Le gouvernement a ensuite tenté d'adopter la loi sur la protection des frontières (Border Protection Bill) pour rendre rétroactivement l'action légale, mais la loi a été rejetée par le Sénat.

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Les réfugiés du Tampa et le Premier ministre John Howard

Les motivations du gouvernement étaient claires : faire de l'élection une question de sécurité nationale et gagner le soutien des électeurs de la classe ouvrière travailliste et de One Nation. Dans le monde entier, les actions ont été critiquées comme étant illégales et certains ont accusé l'Australie de se soustraire à ses engagements en matière de droits de l'homme. À l'intérieur du pays, les actions ont été plus populaires mais toujours controversées, certains remettant en question la décision du Premier ministre d'entreprendre une action militaire ou y voyant un stratagème cynique pour changer de sujet. L'action a amélioré les perspectives de la coalition en attirant le soutien de la droite populiste, et la course s'est resserrée.

La deuxième question qui a marqué les élections a été l'effondrement de la deuxième compagnie aérienne australienne, Air Ansett. Pendant des années, le boom du transport aérien a stimulé la concurrence dans le secteur, mais les compagnies aériennes se sont battues pour attirer les clients et réduire les coûts. Ansett elle-même, rachetée par Air New Zealand, n'a pas pu suivre le mouvement et a lentement commencé à s'effondrer en vendant ses actifs et en licenciant ses employés. En septembre 2001, il était clair que la société était dans une spirale fatale et qu'elle aurait besoin d'une aide urgente de l'État pour éviter de s'effondrer. Le gouvernement Howard a refusé, arguant que les problèmes de la société étaient de sa propre faute. Cet argument est tombé dans l'oreille d'un sourd pour les milliers d'employés restants d'Ansett qui, soutenus par les syndicats et le parti travailliste, ont organisé des manifestations populaires. La compagnie a poursuivi sa spirale pendant des mois en essayant de trouver un acheteur, mais les dettes de la compagnie aérienne rendaient la chose improbable.

Lorsque les Australiens se sont rendus aux urnes le 10 novembre 2001, ils avaient beaucoup de choses à décider, mais les prédictions se sont finalement vérifiées. Le parti travailliste australien a remporté une courte victoire. Avec un demi pour cent d'écart en faveur des travaillistes, le parti a repris 10 sièges à la coalition, lui donnant une courte majorité de 2 sièges et faisant de Kim Beazley le 26e Premier ministre de l'Australie[1].

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Premier ministre australien Kim Beazley

La France

Les élections françaises de 2002 ont été différentes de celles de l'Australie : il ne s'agissait pas d'un gouvernement sortant tentant de s'accrocher au pouvoir en dépit d'une mauvaise économie. La France était une nation où deux hommes tentaient de gagner l'héritage d'une économie forte. Depuis 1997, le président conservateur Jacques Chirac avait conclu un accord de partage du pouvoir avec le parti socialiste de gauche dirigé par le premier ministre Lionel Jospin. La période de cohabitation a suscité la colère des deux partis, qui se sont bousculés pour s'attribuer le mérite de la réussite du pays et blâmer l'opposition pour ses échecs. Il était clair que les deux parties avaient besoin que l'arrangement prenne fin et les deux hommes se sont préparés à une revanche présidentielle pour prendre les rênes du gouvernement.

Les années de cohabitation ont convaincu de nombreux Français que Chirac et Jospin avaient trop de points communs, et une vaste liste de candidats s'est présentée pour les défier. Au total, six candidats supplémentaires, issus de l'ensemble du spectre politique, se sont présentés par rapport à 1995, ce qui a transformé le processus en une affaire étrange, bien que dépourvue de tout suspense. Chirac et Jospin ont fait campagne comme s'il n'y avait pas eu de premier tour et ont visé directement le centre, ce qui a permis à l'extrême gauche et à l'extrême droite de progresser davantage. La pléthore de partis de gauche (Verts, trotskistes et eurosceptiques), combinée à sa personnalité austère et à sa réticence à négocier, le maintient à quelques points de pourcentage derrière Chirac dans les sondages du premier tour. Cependant, Chirac accumulait lentement une liste de scandales financiers et défendait une politique de défense et d'affaires étrangères qui stimulait les nationalistes.

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Le Président Chirac (à gauche) et le Premier ministre Lionel Jospin (à droite)

Les résultats du premier tour sont conformes aux attentes : Chirac arrive en tête avec 18 % des voix et Jospin arrive juste derrière avec 17 %, suivi par Jean-Marie Le Pen et le Front national (extrême droite) avec 15 % (la meilleure performance de Le Pen à ce jour)[2]. Les sondages pour le second tour placent Jospin et Chirac au coude à coude, alors que les partis de gauche et de droite se consolident autour d'eux. L'élection s'est transformée en un véritable gâchis : Chirac a mené une campagne en faveur de la loi et de l'ordre à la suite de quelques meurtres très médiatisés, tandis que Jospin a mené une campagne socialiste traditionnelle axée sur l'inégalité.

Les résultats finaux ont été un coup de tonnerre pour le gouvernement français lorsque, le 5 mai 2002, le premier ministre Lionel a battu le président Chirac avec 53 % des voix contre 47 % pour ce dernier, soit une différence de 1,8 million de voix, Les résultats ont été surprenants compte tenu de la campagne médiocre de Jospin, mais sa victoire a été largement attribuée à la popularité vacillante de Chirac et à l'incapacité des conservateurs à se transformer en raison de la montée continue de l'extrême-droite. Néanmoins, Jospin, incarnation de la bureaucratie française, a devancé le charismatique Chirac[3].

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Le président français Jospin aux côtés du futur premier ministre François Hollande [3b]

Allemagne


Des mois de récession, la colère contre les taxes sur les carburants et l'introduction de l'euro ont convaincu la plupart des gens que le bateau du gouvernement dirigé par le chancelier Gerhard Schröder, du parti de gauche SPD, était en train de sombrer. C'est en tout cas ce qu'a pensé l'opposition lorsque le candidat à la chancellerie CDU/CSU, Edmund Stoiber, a déclaré que "ces élections ressemblent à un match de football où l'on est en deuxième mi-temps et où mon équipe mène par 2 à 0". Cependant, le résultat n'a pas été aussi clair que Stoiber l'avait prédit, sa popularité personnelle étant bien inférieure à celle de Schröder et le tristement célèbre système de coalition allemand signifiant que Stoiber aurait besoin d'un partenaire de coalition au sein du Parti démocrate libre (FDP) pour obtenir de bons résultats lors des élections, et la décision inhabituelle du FDP de ne pas annoncer son intention de former une coalition avec la CDU a mis tout cela en péril.

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Le chancelier Schröder (à droite) débat avec le leader de la CSU Edmund Stoiber (à gauche)

En août 2002, quelques semaines avant les élections fédérales, une semaine de pluies torrentielles s'est abattue sur l'Europe, détruisant des milliers de maisons, tuant des dizaines de personnes et causant des milliards de dollars de dégâts matériels. L'Allemagne a été la plus durement touchée lorsqu'une décennie d'infrastructures a été anéantie en une seule journée. La réaction du gouvernement a été rapide, l'action militaire la plus importante que l'Allemagne ait entreprise depuis la Seconde Guerre mondiale. L'effet a été fort pour Schroder et sa popularité a grimpé de 10 % et celle du gouvernement de 8 %. Ensuite, ce fut le tour des débats, deux débats télévisés au cours desquels Schröder et Stoiber se sont affrontés en opposant leurs problèmes et leurs idées. Schröder, homme à l'assurance suprême, a charmé les caméras et a été publiquement perçu comme le meilleur, utilisant la question des inondations et accusant la vision de Stoiber d'être irréaliste.

Les résultats de l'élection ont été les suivants : la CDU a reçu un coup de pouce de 5 %, soit 40 % du total des voix depuis l'élection de 1998 (gagnant 12 sièges), contre 37 % pour le SPD (une baisse de 4 % et une perte de 53 sièges)[4], ce qui signifie que la CDU est devenue le plus grand parti au Bundestag avec 257 sièges, contre 245 pour le SPD. Le FDP a également bénéficié d'une augmentation modérée de 5 sièges, lui donnant une majorité combinée de 48 sièges, ouvrant la voie à un retour de la coalition CDU-FDP au pouvoir, bien que la majorité soit très étroite et que les analystes ont estimé qu'un effondrement rapide était possible[5].

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Chancelier allemand Edmund Stoiber

Les États-Unis

Les élections de mi-mandat de 2002 allaient, comme toujours, déterminer le futur paysage politique des États-Unis et de l'administration Bush, en décidant de la Chambre des représentants et d'un tiers du Sénat, ainsi que d'une série de postes de gouverneurs d'État. Les élections ont eu lieu à un moment crucial pour l'administration, qui pouvait se vanter de ses réalisations (réductions d'impôts et réforme de l'éducation), conserver son emprise sur la Chambre des représentants et reprendre le Sénat. Elles ont également donné à l'opposition l'occasion de manifester son mécontentement face à la lenteur de l'amélioration économique et ses griefs de longue date concernant le mandat de Bush pour gouverner et pour contrôler entièrement le corps législatif, ce qui a sérieusement paralysé la Maison Blanche. Pendant la majeure partie de la campagne, les démocrates ont été favorisés par la tradition des élections de mi-mandat, qui permettent de contrôler l'exécutif, et ils disposaient d'une carte favorable, mais à la mi-2002, la course a commencé à se resserrer.

Les démocrates détenaient une majorité d'un seul siège à la suite du "franchissement de la ligne de démarcation" par Jim Jeffords, mais les sondages se resserrant, la perspective de gains significatifs s'est heurtée à la réalité de rudes batailles pour les deux camps. Les républicains devaient défendre quelques sièges ouverts dans le sud où les députés sortants prenaient leur retraite, notamment Strom Thurmond, âgé de 99 ans, en Caroline du Sud. Les démocrates n'avaient plus qu'à défendre la Géorgie, jusqu'à ce qu'une tragédie survienne : le sénateur du Minnesota et pilier libéral Paul Wellstone est décédé dans un accident d'avion alors qu'il se rendait à l'enterrement d'un ouvrier métallurgiste. À l'époque, Wellstone était le favori pour sa réélection et le parti a désigné l'ancien vice-président Walter Mondale pour lui succéder[6].

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Walter Mondale fait campagne pour le siège ouvert au Sénat du Minnesota.

Les démocrates sont sortis vainqueurs de l'élection en renversant trois sièges républicains et en conservant tous les leurs, ce qui leur a permis d'obtenir une majorité de quatre sièges au Sénat. Ils ont remporté le New Hampshire où la gouverneur Jeanne Shaheen a battu le représentant John E. Sunuu malgré une campagne entachée d'irrégularités. L'Arkansas, où le sénateur sortant Tim Hutchinson, confronté à un scandale de divorce, a perdu face à Mark Pryor (fils de l'ancien gouverneur/sénateur David Prior) et le Colorado, où le sénateur sortant Wayne Allard a perdu un nouveau match face à l'avocat Tom Strickland. Cependant, les démocrates n'ont pas réussi à détrôner les républicains du Sud et ont été contraints de se battre de justesse pour conserver la Géorgie, où Max Cleland, triple amputé, a remporté de justesse une course qui s'est déroulée à coups de sifflets. Toutefois, les démocrates ont fait des percées décentes au Texas, où le républicain John Cornyn était sous le feu des critiques pour avoir reçu de l'argent d'Enron, et ne l'a emporté qu'avec 3 points d'avance au lieu des 10 habituels. En outre, Walter Mondale a battu les républicains et est retourné au Sénat après 26 ans d'absence, devenant ainsi le dernier vice-président à le faire depuis son ami et compatriote du Minnesota, Hubert Humphrey.

Les élections législatives se sont également bien déroulées pour les démocrates, qui ont gagné 2,5 % par rapport à 2000, ce qui s'est traduit par des gains modérés de 11 sièges dans l'ensemble du pays, mais a signifié un changement important puisque le contrôle de la Chambre est passé des républicains aux démocrates, qui détenaient désormais une majorité de 5 sièges, et a précédé le retour de Dick Gephardt en tant que chef de la majorité.

Les républicains ont trouvé un peu de réconfort dans les élections au poste de gouverneur, où des élections importantes comme le deuxième mandat de Jeb Bush et la candidature du gouverneur de New York, Patakis, pour un troisième mandat, ont toutes deux été couronnées de succès, Ces courses ont attiré l'attention nationale, mais ils n'ont pas réussi à détrôner des démocrates perçus comme faibles, tels que les gouverneurs de l'Alabama et de la Géorgie Don Siegelman et Roy Barnes, et bien qu'ils aient fait des percées dans des États démocrates en gagnant Hawaï et le Minnesota, d'autres comme le Maryland et le Massachusetts leur ont échappé malgré des courses extrêmement serrées, ce qui a permis aux démocrates de remporter la majorité des postes de gouverneur en gagnant 8 États (6 républicains, 2 indépendants).

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(à gauche) Carte des élections sénatoriales, (à droite) Carte des élections gouvernatoriales. Le bleu/rouge plus foncé indique un renversement de tendance politique.

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(à gauche) Le gouverneur Kathleen Kennedy Townsend, Débat de droite entre le gouverneur élu Shannon O'Brien et l'homme d'affaires Mitt Romney [7].



Le lendemain de la victoire a placé le pouvoir législatif fermement entre les mains des démocrates et a clairement montré le mécontentement à l'égard de la présidence de Bush. Gephard a marqué la victoire en se moquant des républicains : "Nous avons dépensé moins, mais ils ont été mis en minorité", "C'est le moment pour le président de réfléchir à la façon dont le pays désapprouve sa gestion des problèmes". Bush, qui espérait qu'une victoire aiderait à rebondir, a réagi froidement : "Cette fois-ci, nous avons eu des difficultés, et ce n'est jamais bon"[8]

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Dick Gephardt, président de la Chambre des représentants (à gauche) et Tom Daschle, leader de la majorité au Sénat (à droite).


[1] Les élections australiennes ont eu lieu au lendemain du 11 septembre et le soutien rapide de John Howard à Bush, du fait de son séjour aux États-Unis, l'a certainement aidé. Dans ce qui était de toute façon une élection serrée.
[2] L'extrême droite et la politique d'immigration évolueront certainement sans le 11 septembre et, bien que la victoire de Le Pen au premier tour ait été choquante, elle était probablement plus due à des luttes intestines au sein de la gauche qu'à toute autre chose. Il n'en reste pas moins que cela représente l'impact psychologique du 11 septembre plus que toute autre chose.
[3] Il est difficile de calculer la victoire de Chirac contre Jospin : la gauche aurait-elle mis ses soucis de côté pour voter Jospin, où se situe l'extrême droite, nous ne le saurons jamais. Mais les sondages les ont toujours placés au coude à coude et, étant donné la tendance constante de la France à ne pas aimer ses titulaires, si une alternative viable se présente, ils la choisissent à la surprise générale.
[3b] Conformément à la tradition de la plupart des élections législatives françaises, le parti du président remporte la majorité.
[4] La guerre en Irak est entrée dans la danse. L'équipe Bush a commencé à s'attaquer à l'Irak à la mi-2002, mais cela ne s'est pas produit. L'électorat allemand était largement opposé à la guerre, ce qui a donné un coup de pouce considérable à Schröder, qui était fermement opposé à la guerre, par rapport à Stoiber.
[5] PS : est-ce que quelqu'un comprend vraiment les élections allemandes ? Cela fait des jours que j'essaie de les comprendre, mais je n'y arrive pas, alors je suis resté un peu vague et je me suis contenté des chiffres du Bundestag OTL.
[6] J'aurais pu papillonner sur la mort de Wellstone, mais dans un monde sans 11 septembre, les avions ne sont pas plus sûrs.
[7] Désolé Romney, mais les Jeux Olympiques d'Hiver de Salt Lake City n'ont pas été suffisants pour lui faire gagner cette élection.
[8] Les élections américaines de 2002 se sont considérablement éloignées de l'OTL, sans les attentats du 11 septembre, l'Afghanistan, la guerre d'Irak à venir pour valider l'administration Bush , les électeurs la rejettent.


NDT: J'ai traduit " Crossing the floor" par "franchir la ligne de démarcation", ce que je pense être plus à propos dans le contexte où représentants démocrates et républicains sont ici fortement polarisés, si quelqu'un à une meilleure idée, je suis preneur, merci Wink .
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Message par Uranium Colonel Ven 7 Avr - 16:10

Chapitre 13 : La crise du Cachemire

L'année 2002 a continué à être marquée par des tensions enflammées dans le monde entier, l'une d'entre elles ayant retenu le plus l'attention étant l'impasse actuelle entre l'Inde et le Pakistan. Après une série d'attaques terroristes en Inde et dans la région contestée du Cachemire, le gouvernement indien a affirmé que ces attaques avaient été commanditées par les services de renseignement pakistanais. Après une série d'attaques terroristes en Inde et dans la région contestée du Cachemire, que le gouvernement indien prétendait avoir été commanditées par les services secrets pakistanais (ISI), l'Inde a demandé au Pakistan d'interdire et d'arrêter les membres de deux organisations terroristes, Lashkar-e-Taiba (LeT) et Jaish-e-Mohammed (JeM). Le gouvernement pakistanais et son président militaire, Pervez Musharraf, ont rejeté la responsabilité sur l'Inde et ont refusé de modifier la politique du Pakistan. Après un examen des armées et des économies indiennes et pakistanaises, le gouvernement indien et le Premier ministre Atal Bihari Vajpayee sont parvenus à la conclusion qu'une action militaire pouvait et devait être entreprise.

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(à gauche) le président pakistanais Perves Musharraf (à droite) le premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee

L'Inde était pleinement consciente des conséquences de ses actes, notamment de la possibilité d'une guerre nucléaire, et a défini une série de conditions à remplir avant toute action radicale. Premièrement, ses exigences devaient être claires, à savoir la fin du parrainage par le Pakistan d'organisations terroristes en Inde et au Cachemire, et plus précisément une diminution des activités terroristes. Deuxièmement, le soutien global des puissances occidentales et la garantie de non-ingérence de la part d'autres puissances (Chine et Russie). Troisièmement, toute action militaire doit être brève, précise et limitée. Leur analyse de l'armée pakistanaise était qu'il s'agissait d'un tigre de papier[1], incapable de rivaliser avec l'armée indienne ; les tenants de l'opération citaient la guerre de Kargil, une économie pakistanaise en déclin et certains doutaient même de l'état de préparation de la capacité nucléaire du Pakistan[2] ; ils soulignaient que les deux dirigeants adhéreraient à une politique de non-première frappe, en particulier si la bataille était contenue au Cachemire et ne se transformait pas en un conflit à grande échelle sur l'ensemble de la frontière[3].

L'opération planifiée, baptisée Parakram (mot sanskrit signifiant vaillance), prévoyait la mobilisation des troupes indiennes dans le nord de l'Inde et dans le Cachemire sous contrôle indien ; les demandes seraient rendues publiques et, si le Pakistan n'agissait pas en conséquence et avec un soutien mondial suffisant, les forces indiennes lanceraient une attaque sur le Cachemire sous contrôle pakistanais afin d'éradiquer les enclaves terroristes et de forcer la main au Pakistan. Une fois que les Pakistanais auraient subi un coup dur, ils reculeraient inévitablement et l'armée indienne se retirerait victorieusement[4].

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Le premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee inspectant les militaires.

L'opération Parakram a souffert de plusieurs failles, tant sur le plan du hard power que sur celui du soft. L'opération terrestre proprement dite souffrait d'un manque flagrant d'objectifs physiques. La destruction d'enclaves terroristes à l'intérieur du territoire pakistanais impliquerait un mélange de raids transfrontaliers, de tirs d'artillerie lourde, de mortiers et de frappes aériennes, mais toute action militaire de cette ampleur signifiait que l'Inde devait se préparer à toute forme de réaction, ce qui impliquait un certain niveau de mobilisation à travers toute la frontière indo-pakistanaise, une opération qui prendrait des semaines à se concrétiser. Parakram a également renoncé délibérément à toute possibilité d'attaque surprise afin d'éviter toute réaction excessive. Le gouvernement indien a été divisé dès le départ entre les militaires, favorables à une action agressive à grande échelle, et le gouvernement civil, qui espérait éviter toute guerre en dehors du territoire contrôlé par l'Inde.

Le deuxième obstacle majeur était l'obtention d'un soutien étranger. Les attentats perpétrés en Inde ont suscité une grande sympathie de la part des nations du monde entier, qui se sont alignées pour condamner les auteurs des attaques, mais aucune nation n'a voulu blâmer directement le Pakistan. La raison en est simple : la menace d'une guerre nucléaire. Les dirigeants occidentaux, qui ont échappé pendant des décennies à la menace nucléaire de la guerre froide, considéraient qu'une action militaire de grande envergure entre deux puissances nucléaires était la pire issue possible, quelles que soient les circonstances. Le gouvernement britannique, qui avait déjà condamné Musharraf, a fait la navette entre le Pakistan et l'Inde pour tenter d'atténuer la situation. Musharraf a également lancé une offensive médiatique accusant l'Inde de bellicisme tout en laissant entendre que le Pakistan pourrait ne pas adhérer à la politique de non-première frappe[5]. [5]

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Le président pakistanais Perves Musharraf visite les militaires.

Les États-Unis, quant à eux, étaient particulièrement enclins à sympathiser avec l'Inde. Le gouvernement pakistanais était désormais accusé de servir de refuge aux terroristes qui avaient tenté d'attaquer les États-Unis sur leur territoire. Y compris l'architecte présumé Khalid Sheikh Mohammed. Le Pakistan était également le principal soutien des talibans que les États-Unis s'efforçaient désormais de combattre par le biais de l'opération Mercury. Les relations pakistano-américaines se sont encore détériorées en 2002 à la suite de l'enlèvement du journaliste Daniel Pearl. Ce dernier s'était rendu au Pakistan pour enquêter sur les origines de Richard Reid, le poseur de bombes dans les toilettes d'un avion, aujourd'hui décédé. Accusé d'être un agent du Mossad, Pearl a été kidnappé par un groupe se faisant appeler le Mouvement national pour la restauration de la souveraineté pakistanaise, qui a publié une liste d'exigences comprenant la libération des auteurs de l'attentat à la bombe contre l'avion américain. La prise d'otages n'a pas duré longtemps puisque 9 jours plus tard, Daniel Pearl a été tué dans ce qui a d'abord été décrit comme une tentative d'évasion, mais qui a ensuite été révélé (et mis en ligne sous la forme d'une propagande macabre) comme une exécution.

La mort de Daniel Pearl a suscité l'indignation aux États-Unis et dans les médias en particulier. La couverture de l'affaire Pearl, de son enlèvement et de sa disparition a permis de mettre en lumière le pouvoir bien établi des terroristes au Pakistan et de poursuivre les investigations sur le rôle du gouvernement pakistanais. Tout cela a influencé la réaction des États-Unis face à l'impasse indo-pakistanaise. Le président Bush s'est déclaré "choqué et attristé" et a exprimé "notre engagement à trouver les auteurs de ces actes barbares et à les traduire en justice". Washington était en colère contre Islamabad qui, malgré les assurances personnelles de Musharraf d'aider toute enquête sur la disparition de Pearl et la répression du terrorisme dans le pays, a tergiversé et n'a pas réussi à fournir d'explications satisfaisantes, alors même que les enquêtes des services de renseignement américains mettaient en évidence les liens entre l'enlèvement de Pearl, les services de renseignement pakistanais, le complot de l'avion et Khalid Sheikh Mohammed. Ce lien a été établi par l'intermédiaire du terroriste Ahmed Omar Saeed Sheikh, né en Grande-Bretagne. Saeed Sheikh avait déjà été arrêté pour l'enlèvement, en 1994, de quatre touristes occidentaux en Inde, puis relâché à la suite d'un détournement d'avion en 1999. Il aurait dirigé des camps d'entraînement en Afghanistan et aidé à financer le projet de détournement d'avion, le tout sous les yeux de l'ISI. Les États-Unis ont fait pression sur Musharraf pour qu'il agisse et Sheikh a été publiquement désigné comme le principal suspect. Rapidement, les noms et les visages de dizaines de terroristes présumés que le Pakistan était accusé de protéger ont défilé dans les journaux télévisés : Saeed Sheik, Abu Zubaydah, Khalid Sheikh Mohammed, tous accusés d'avoir tué des Américains. Pourtant, Musharraf est resté inflexible, face aux exigences des États-Unis et de l'Inde. [6]

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(à gauche) le journaliste américain Daniel Pearl (à droite) le terroriste britannique Saeed Sheikh, soupçonné d'avoir organisé l'enlèvement de Pearl.

En mai 2002, le Cachemire indien a été le théâtre d'une recrudescence du terrorisme, avec des attentats à la bombe contre le parlement régional, des attaques contre des bases militaires et des bidonvilles hindous, qui ont fait au total six douzaines de morts. Les massacres ont suffisamment provoqué le gouvernement indien pour que le Premier ministre décide que "nous devons contrer cela" et qu'il mettrait ses menaces à exécution. L'opération Parakram est entrée en vigueur et le 24 mai, l'Inde s'est mobilisée.

Pendant trois semaines, l'Inde a mobilisé plus de 200 000 soldats au Cachemire et dans la région du Pendjab et a placé 300 000 soldats supplémentaires en attente, tous les vols à destination du Pakistan ont été suspendus, les diplomates ont été rappelés et les gouvernements du monde entier ont demandé à leurs citoyens de rentrer immédiatement chez eux, signe évident que l'Inde recourait à la force. Musharraf a de nouveau promis en privé de réprimer les violences au Cachemire, mais le gouvernement indien n'a pas cru en ses paroles et est allé de l'avant. Il a incité les gouvernements occidentaux et les médias à se préparer à un engagement militaire destiné à "détruire les militants et les terroristes que le gouvernement pakistanais n'a pas été en mesure d'éliminer". Pour ne pas être pris au dépourvu, le Pakistan a mobilisé 140 000 soldats dans la région et a rapproché son artillerie et ses missiles de la ligne de contrôle.

Avant l'attaque militaire du 14 juin, le premier ministre Vajpayee a fait une déclaration : "Mes chers compatriotes, à la suite des attaques inacceptables d'aujourd'hui, j'affirme avec force que l'Inde va entamer une opération antiterroriste au Cachemire, nos unités de l'armée sont prêtes à intervenir et tous les systèmes sont opérationnels ; nous devons veiller à ce que le territoire d'une nation ne puisse être utilisé contre l'Inde, c'est une action nécessaire". Des tirs d'artillerie ont retenti peu après.

La guerre indo-pakistanaise de 2002

Le plan indien prévoyait une victoire rapide : les unités de l'armée régulière resteraient en grande partie dans le Cachemire sous contrôle indien et se défendraient contre toute offensive pakistanaise. L'artillerie et l'armée de l'air frapperaient les bases et les bunkers des terroristes. La guerre terrestre se limiterait à des frappes préventives (c'est-à-dire pour empêcher une montée en puissance pakistanaise), à des attaques de sondage pour repousser les limites du Pakistan et à la prise de contrôle du col de Haji Pir par le parachutage de forces spéciales indiennes. Une fois ces objectifs limités atteints, un cessez-le-feu serait négocié et l'Inde déclarerait au monde qu'elle ne se laissera pas faire.


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Carte du Kasmir occupé par l'Inde, le Pakistan et la Chine, ainsi que de la ligne de contrôle (LoC)

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Plan de guerre indien et réaction pakistanaise présumée

Pour la première fois depuis la guerre de 1971, des rapports faisant état d'avions indiens traversant la ligne de contrôle et frappant le Cachemire occupé par le Pakistan se sont répandus dans le monde entier. Plus d'un millier de pièces d'artillerie sont passées d'un côté à l'autre de la ligne de contrôle, tentant d'atteindre une cible après l'autre.

La réponse pakistanaise a commencé de la même manière : les avions pakistanais se sont précipités pour contrer les tirs indiens et l'artillerie pakistanaise a riposté de manière tonitruante. Des échanges de tirs nourris ont commencé de part et d'autre de la ligne de contrôle montagneuse. Des milliers de civils ont commencé à fuir pour échapper aux bombardements déjà massifs et le nombre de victimes a augmenté des deux côtés. Pour tirer parti de cette situation, l'Inde a opté pour une opération terrestre quasi simultanée visant à s'emparer le plus rapidement possible de tous les territoires dont elle avait besoin. La mission la plus importante était la capture du col de Haji Pir.

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(à gauche) Réfugiés du Cachemire (à droite) Artillerie indienne pendant la guerre de 2002​

Le col était une plaque tournante pour l'infiltration des groupes terroristes en Inde, un saillant entre les villes d'Uri et de Pooch, le capturer serait une victoire significative et impliquerait l'avantage de l'Inde dans le conflit tout en obligeant le Pakistan à adopter une posture défensive. Mais c'était beaucoup plus facile à dire qu'à faire, le terrain montagneux, fortement miné avec une forte présence pakistanaise serait un extrêmement dure à contrôler (plus difficile que l'opération similaire de 1965) mais l'armée a jugé nécessaire de mener cette opération, en préalable à l'élimination des groupes terroristes. Les Para-commandos, les forces spéciales aéroportées indiennes effectueraient la majorité de l'opération en capturant le col, mètre par mètre tout en étant couverts par une forte puissance aérienne. Ce serait la plus grande opération de forces spéciales jamais entreprise par l'Inde.

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(à gauche) emplacement du col Haji Pir (à droite) Para-commandos indiens.

Les médias internationaux ont réagi au déclenchement de la guerre avec choc, l'escalade ayant duré des mois oscillant entre une guerre des mots, des escarmouches frontalières occasionnelles et une diplomatie "intense". L'escalade massive et rapide du conflit a attiré l'attention et l'imagination de tous.
De sombres prédictions d'une campagne militaire à grande échelle se terminant par une annihilation nucléaire mutuelle ont éclaté sur les écrans du monde entier, reprises par les paroles inquiétantes de Musharraf selon lesquelles le Pakistan serait prêt à utiliser «toutes les armes à sa disposition» avant de refuser de nouveau d'adhérer à une politique de non utilisation de l'arme nucléaire en première frappe. L'effet sur le gouvernement américain n'aurait pas pu être plus palpable, le secrétaire d'État Colin Powell et le président Bush ont immédiatement plaidé pour un cessez-le-feu et ont proposé de conduire les négociations. Ces appels ont été suivis par ceux de Blair, Poutine, Zemin, Jospin, Schroder tous faisant pression pour la cessation des hostilités et exhortant en privé l'Inde à mettre fin à toute invasion ouverte. Au Pakistan, Musharraf a joué le rôle d'un guerrier réticent espérant que l'Inde serait contrainte à un retrait rapide mais le premier jour de bataille s'est estompé et un autre arrivait aussitôt.

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Soldat indien déployé le long de la LoC​

Les pertes étaient élevées, des milliers (1200) signalés le premier jour du conflit résultaient principalement de tirs d'artillerie. de même que dans les airs où un MIG indien a été abattu (les rapports diffèrent quant à la raison), bien que l'armée de l'air indienne ait réussi à détruire un certain nombre de bases terroristes, elle n'a pas pu déterminer les pertes et les dégâts causés.
L'armée pakistanaise a subi le plus gros des pertes, environ 2/3, ce qui semblait prouver la croyance de l'Inde dans sa suprématie et la précision de ses canons et de son aviation. Quant à l'offensive sur le col Haji Pir, les pertes ont été très lourdes des deux côtés, l'armée pakistanaise a été prise par surprise dans le col et n'a pu égaler les paras indiens mais le nombre de mines dans la région et le terrain parfois infranchissable de la région ont freiné considérablement l'avancée indienne. Ont été très loin de l'opération "coup de poing" que l'armée indienne espérait obtenir dès le premier jour.[7]

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Les troupes indiennes appelées au front

[1] L'Inde souffre clairement d'une lacune majeure en matière de renseignements qui constamment sous-évalue le Pakistan, elle occupe certes une position supérieure, mais nous savons tous que cela ne se traduit pas par une victoire complète immédiate.
[2] Musharraf a lui-même reconnu que le Pakistan n'était pas aussi bien doté en ogives qu'il le prévoyait et que le Pakistan n'avait pas la capacité de riposter immédiatement.
[3] Musharraf est un politicien assez rusé, mais pas "radical" et je pense qu'il resterait aussi loin que possible d'une "solution nucléaire".
[4] Parakram était imparfait dès le départ au point où certains ont pu estimé que tout le plan n'était qu'une feinte massive.
[5] Sans le 11 septembre, le Pakistan n'est plus un pivot de la politique étrangère des États-Unis et reste une menace majeure, mais pourtant, rien n'effraie autant les gens qu'une guerre nucléaire.
[6] Les néo-conservateurs ont tous été durs avec le Pakistan jusqu'au 11 septembre et bien qu'ils ne soient pas assez fous pour une impasse nucléaire, la nouvelle donne par rapport au terrorisme les pousse à mettre la vis au Pakistan, au grand plaisir de l'Inde.
[7] C'était essentiellement le plan des militaires indiens pour une guerre limitée au Cachemire, qui s'est terminée par un ultimatum américain (rejoignez-nous ou vous êtes le prochain) Musharraf a choisi l'option qui ne s'est pas terminée par l'effondrement total du Pakistan et l'Inde a été forcée de reculer.





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Message par Uranium Colonel Mer 26 Avr - 17:47

Chapitre 14: la crise au Cachemire continue.

La guerre au Cachemire est entrée dans sa deuxième journée le 15 juin 2002, aucune des deux parties n'étant encore prête à mettre fin au conflit. Le Premier ministre Vajpayee savait que les forces spéciales indiennes luttaient toujours pour le contrôle du col de Haji Pir et que l'armée de l'air avait encore des cibles à frapper. Le président Musharraf savait que si le Pakistan ne tenait pas bon et ne lançait pas de contre-attaque, le conflit serait considéré comme perdu et l'Inde aurait l'avantage dans d'éventuelles négociations. Toutes les agences de presse internationales ont couvert le conflit dans les moindres détails, décrivant tous les scénarios possibles pouvant conduire à une guerre nucléaire entre les deux puissances et leurs conséquences pour le monde entier. Dans le même temps, les nations du monde se sont efforcées de trouver une solution par la médiation. Le secrétaire d'État américain Colin Powell et le ministre britannique des affaires étrangères Jack Straw se sont rendus par avion dans la région, tandis que le président Bush a personnellement appelé les deux dirigeants, dans l'espoir de négocier rapidement la paix.

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Couverture de la guerre indo-pakistanaise de 2002 par la BBC et le magazine Time

Le principal enjeu de la guerre était de limiter le conflit, aucune des deux nations ne souhaitant encore prendre le risque d'une invasion à grande échelle de l'autre. Les troupes ont été délibérément concentrées uniquement dans la zone de conflit ; l'armée de l'air indienne n'a été autorisée à lancer des opérations militaires qu'à partir du Cachemire indien vers le Cachemire pakistanais. Et bien que des missiles aient été stationnés à proximité du front, la crainte que l'une des parties ne confonde une ogive balistique avec une ogive nucléaire a empêché leur utilisation. Ces restrictions ont énormément profité au Pakistan ; l'armée indienne, bien que plus importante et mieux équipée, s'est trouvée bloquée par le terrain accidenté, et les restrictions imposées à ses missions aériennes ont limité le champ de contrôle du champ de bataille. Les forces navales, un autre domaine dans lequel l'Inde était supérieure, étaient entièrement confinées dans les ports. L'armée pakistanaise avait été gravement sous-estimée par l'Inde. Bien que plus petites et dotées d'un équipement moins moderne, les troupes étaient bien entraînées et bien approvisionnées. Après le choc initial de l'attaque, les forces pakistanaises se sont adaptées, repositionnant leur artillerie, abandonnant les zones exposées et organisant elles-mêmes des sondages et des contre-attaques.

La bataille pour le col de Haji Pir s'est poursuivie, les forces spéciales indiennes luttant âprement pour dégager les fortifications les unes après les autres. L'artillerie pakistanaise est devenue plus efficace et plus brutale, allant jusqu'à bombarder ses propres bunkers pour priver les forces indiennes de ravitaillement. L'armée de l'air pakistanaise a commencé à contester massivement le col, empêchant ainsi l'avancée et le ravitaillement des Indiens. Les parachutistes ont subi de lourdes pertes et 18 heures d'opérations ont mis les forces à rude épreuve.

Les forces pakistanaises ont commencé à entreprendre leurs propres contre-offensives visant à étendre la zone d'opération de l'Inde. Ces offensives consisteraient en des incursions limitées et des attaques de sondage dans le nord (les hauteurs extrêmes de la région de Kargil et le glacier de Siachen). La question du goulot d'étranglement a été réglée au niveau des hauteurs impressionnantes de l'Himalaya (le conflit est considéré comme la plus haute guerre du monde). Le Pakistan a bénéficié de la vitesse, car l'Inde était réticente à l'idée de ravitailler et de transporter des troupes par hélicoptère, craignant qu'elles ne soient exposées et qu'elles ne subissent de lourdes pertes si elles étaient abattues. La guerre est tout simplement différente à de telles hauteurs, la simple respiration est un défi et plus d'hommes meurent d'un manque d'oxygène que de toute autre cause. Les assauts pakistanais visaient essentiellement à distraire les Indiens et à éviter les batailles à grande échelle. Ces efforts ont été couronnés de succès, car les forces pakistanaises se sont aventurées sur les sommets et ont menacé les lignes de ravitaillement des forces indiennes, obligeant ces dernières à dépenser beaucoup d'énergie pour reprendre les sommets et pourchasser les forces ennemies longtemps après leur fuite.

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Troupes sur le glacier de Siachen

La seconde offensive pakistanaise devait être beaucoup plus importante et impliquer l'utilisation de chars d'assaut. Ce plan était une directive personnelle de Musharraf visant à inverser le cours du conflit. Il s'apparentait à l'objectif du Pakistan lors de la guerre de 1965 : capturer des zones clés dans le sud du Cachemire sous contrôle indien, couper le gros des forces indiennes de leur ligne de ravitaillement et rendre inutiles les efforts de l'Inde pour s'emparer d'un territoire. En outre, si le Pakistan conservait l'un ou l'autre de ces territoires vitaux, il signalerait au monde une victoire et pourrait même empêcher l'Inde de perdre le contrôle de la région. Depuis le point le plus méridional, Chhamb, les forces pakistanaises se rassembleraient pour frapper en force de l'autre côté de la frontière et menacer la ville indienne d'Aknur, à quelques encablures de la capitale indienne du Cachemire, Jammu. Il s'agissait d'une opération ambitieuse qui nécessitait davantage de temps pour être préparée, et l'utilisation d'importantes forces terrestres si près de la frontière pakistanaise officielle pouvait être considérée comme une escalade sérieuse.

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(à gauche) Direction de l'avancée pakistanaise prévue, (à droite) Emplacement du plan d'attaque proposé


La guerre au Cachemire était prévue depuis longtemps par de nombreux groupes terroristes islamiques (dont beaucoup étaient financés par les services de renseignements pakistanais ou en liaison avec eux). Dans les jours qui ont suivi, des moudjahidins de toute la région, souvent équipés de matériel militaire pakistanais de qualité supérieure, se sont infiltrés dans la région et ont rejoint les combats pour aider la défense pakistanaise, enliser les forces indiennes et continuer à étendre et à menacer les lignes de ravitaillement de l'Inde. Malgré l'intention de la guerre de détruire les campements de terroristes, il semblait que la guerre deviendrait une opportunité vitale de recrutement pour eux.

Au troisième jour de guerre, le 17 juin, le moral des Indiens continuait à se dégrader, le barrage d'appels de nations étrangères, combiné aux réalités déprimantes de la guerre, s'épaississait au fur et à mesure que les pertes ne penchaient plus tout à fait en leur faveur. L'ambiance s'est encore assombrie lorsque, après une nouvelle nuit d'opérations des forces spéciales, il est apparu que l'attaque de Haji Pir ne pouvait pas se poursuivre. Les pertes, un soutien aérien insuffisant et des conditions météorologiques défavorables avaient retardé les opérations critiques. Cette situation, combinée à la rapidité des renforts pakistanais (y compris leurs propres forces spéciales, les SSG), a définitivement bloqué toute nouvelle avancée sans renforts considérables, ce qui a constitué un coup dur. Le haut commandement indien pensait que les Paras constituaient la plus grande force de combat au monde, et maintenant, leur impuissance à réaliser des gains militaires était une pilule insupportable à avaler.

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Groupe des services spéciaux pakistanais


Le troisième jour de la guerre s'est déroulé de la même manière : les avions indiens ont continué à frapper les bases dites terroristes, les raids transfrontaliers et les infiltrations se sont multipliés. Les nouvelles d'avions abattus ou de raids soudains sur des convois se sont étrangement répétées. L'atmosphère a commencé à peser lourdement sur l'effort de guerre au Nord, les forces indiennes continuant à traquer les infiltrés les uns après les autres. Les services de renseignement indiens ont alors appris que les troupes et les blindés pakistanais se renforçaient dans le sud et ont immédiatement planifié leur défense. La protection de la région serait difficile, les approvisionnements étaient déjà insuffisants et l'ajout de troupes supplémentaires dans la région entraînerait des complications importantes. L'armée indienne n'avait aucune idée de l'endroit où les Pakistanais allaient attaquer, que ce soit au Cachemire ou dans la province voisine du Pendjab. L'armée indienne disposait déjà d'hommes stationnés le long du Pendjab, mais en cas d'attaque de l'autre côté de la frontière, le conflit tout entier risquait d'exploser rapidement. Pour remédier à cette situation, l'ordre a été donné de déployer des troupes supplémentaires sur l'ensemble de la frontière indo-pakistanaise, une action reproduite par le Pakistan. Il était également impossible de conserver la supériorité aérienne si les missions terroristes devaient se poursuivre ainsi que l'opération Haji Pass, à moins d'utiliser des bases extérieures au Cachemire ou d'autoriser des frappes contre les bases aériennes pakistanaises, mais ces deux options ont été écartées car elles constituaient une escalade trop dangereuse. Au lieu de cela, les troupes ont été remaniées, amenant les propres blindés indiens au sud ainsi que des renforts destinés à la passe de Haji, les frappes contre les bases terroristes ont également été suspendues. Le 17 juin, quatrième jour de la guerre, les préparatifs pakistanais s'achevèrent, plus rapidement que le haut commandement indien ne l'aurait cru possible, et l'attaque pakistanaise, l'opération Stampede, commença.

Les blindés pakistanais ont franchi la ligne de contrôle à l'extrême sud, à la limite de la frontière proprement dite entre l'Inde et le Pakistan. Ne voulant pas dépasser le territoire proprement dit, l'attaque pakistanaise a été plus lente, ressemblant moins à un éclair qu'à une avancée tonitruante. L'attaque initiale a submergé les forces indiennes non préparées, mais la réponse n'a pas tardé. L'arrêt des missions aériennes dans le nord a libéré les jets nécessaires pour priver le Pakistan de son avantage aérien et les chars pakistanais ont été contraints d'avancer sous la menace d'un bombardement qui a gravement obstrué leurs colonnes. Les forces pakistanaises sont également fortement congestionnées, coincées entre les montagnes et les rivières, tandis que les forces indiennes préparent leur contre-attaque en amenant leurs propres chars, ce qui préparera le terrain pour la bataille de Manda.


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Des chars indiens se sont positionnés pour contrer l'avancée pakistanaise.

Les Indiens ont lancé une contre-attaque, tirant depuis les montagnes avec leurs artillerie lourde sur les forces pakistanaises jusqu'à ce qu'elles soient suffisamment affaiblies. Musharraf, qui est un étudiant de l'histoire, a dialogué étroitement avec ses généraux pour s'assurer que le Pakistan ne se soit jamais surengagé. L'armée indienne s'est également montrée prudente, espérant une retraite de l'ennemi, mais les forces pakistanaises sont restées fermes et ont riposté avant de poursuivre leur route. Pendant un jour et demi, les armées indienne et pakistanaise s'affrontèrent durement. Dans l'espoir de couper l'attaque, l'Inde tenta une attaque de flanc à travers les montagnes, bien qu'elle ne disposât pas d'effectifs suffisants pour mener une telle attaque. La bataille de chars fut rapide, les forces indiennes attaquant de front pour stopper définitivement l'avancée et provoquer de lourdes pertes. Une fois de plus, les rêves de l'Inde d'écraser l'armée pakistanaise ont été anéantis, mais la contre-attaque indienne a réussi à stopper l'avancée pakistanaise (la plus importante de toute la guerre), l'armée pakistanaise, qui risquait d'être peu à peu submergée, s'est repliée dans le Cachemire pakistanais.

La bataille (la plus importante de la guerre de 2002) a été une victoire pour les Indiens, l'armée pakistanaise ayant été défaite par les mêmes problèmes que l'armée indienne, à savoir le temps, la topographie et la politique. En termes de pertes humaines et matérielles, l'armée pakistanaise a perdu plus de 600 hommes et 34 chars, contre 230 et 6 chars pour l'Inde. Cependant, la bataille a atteint son objectif : distraire sérieusement le front indien au nord et à l'ouest. Manda allait être le point culminant du conflit ; elle offrait au gouvernement indien une occasion unique de déclarer victoire et de se retirer, ce qui fut fait trois jours plus tard, le 21 juin, en annonçant que sa mission d'élimination des enclaves terroristes s'était achevée avec succès. les missions aériennes et d'artillerie se sont progressivement ralenties jusqu'à devenir insignifiantes. Les combats les plus durs se sont poursuivis dans l'extrême nord et les combattants se sont retirés du col de Haji Pir. Toute éventualité de combat a pris fin en juillet, car la mousson a rendu les combats impossibles et, malgré quelques échanges d'artillerie ou des tirs transfrontaliers, la paix s'est peu à peu installée. Le 12 juillet, après quatre semaines de guerre et environ 9 000 morts, l'Inde et le Pakistan ont convenu d'un cessez-le-feu unilatéral et les deux nations ont déclaré chacune victoire.

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Frontière entre l'Inde et le Pakistan après la fin des hostilités ouvertes

La guerre indo-pakistanaise de 2002 (traditionnellement appelée guerre du Cachemire) diffère de tous les autres conflits majeurs entre les deux nations. La guerre a été déclarée pour forcer le Pakistan à changer sa politique en matière de terrorisme même si la campagne de relations publiques de Musharraf a fortement contribué à forcer les forces indiennes à se battre selon ses conditions. Sa menace permanente d'utiliser des armes nucléaires a sérieusement entravé tous les avantages de l'Inde, limitant sa puissance terrestre, aérienne et maritime. Les généraux indiens ont noté bien plus tard que la rapidité de la mobilisation pakistanaise par rapport à celle de l'Inde avait été une surprise totale, de sorte qu'à moins que l'Inde ne soit prête à s'engager massivement, il lui serait impossible de faire des progrès. La guerre aérienne a également été très disputée, au grand dam de l'Inde, dont les pilotes n'étaient pas suffisamment entraînés au combat et souffraient de nombreux problèmes de performance qui ne pouvaient pas être rapidement résolus. La participation de puissances étrangères a également affaibli l'Inde, même les États-Unis, qui ont commis de nombreuses transgressions à l'encontre du Pakistan, ont fait pression en faveur de la paix, après avoir obtenu de Musharraf des promesses de répression et la ré-arrestation de quelques personnes soupçonnées d'activités terroristes mineures. La Chine s'est également impliquée en menaçant d'approvisionner le Pakistan si l'Inde ne faisait pas marche arrière, une proposition qui pourrait sérieusement prolonger le conflit.

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Épave d'un chasseur indien abattu.




Bien que le gouvernement indien ait tenté de revendiquer la victoire, il était clair qu'il ne s'agissait pas de la victoire éclatante qu'il avait espérée. La popularité du gouvernement est passée des sommets monumentaux d'un gouvernement en temps de guerre à un niveau plus bas, alors que les critiques des ardents nationalistes et pacifistes affluaient. La seule mesure de son succès fut la diminution des intrusions à la frontière, un phénomène naturel pendant la saison des pluies, et seul le temps pourrait dire combien de fois elle durerait. Le Pakistan a triomphé en présentant la guerre comme une tentative d'invasion indienne qui avait été bel et bien repoussée, les carcasses déchiquetées de dizaines de MiG indiens ont été exhibées et les uniformes capturés des forces spéciales indiennes reproduisaient le drapeau d'un ennemi volé. Pour Musharraf, c'était tout ce dont il avait besoin, et sa popularité a grimpé en flèche dans la foulée ; il s'agissait certainement de la plus grande victoire de l'armée pakistanaise depuis la guerre de 47 et elle a donné à Musharraf les coudées franches sur l'avenir du Pakistan qu'il souhaitait[1].

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(Gauche) Premier ministre indien Vajpayee et (Droite) Président pakistanais Musharraf

[1] Je ne suis pas un expert en opérations militaires et je me suis concentré sur la situation dans son ensemble, à savoir que l'Inde a surestimé ses propres capacités et sous-estimé celles des Pakistanais. Combinée aux restrictions qu'elle s'est imposées et à l'attention internationale, la guerre s'est soldée par un succès plus ou moins grand pour le Pakistan, bien qu'il ait subi davantage de pertes.[/i]



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Message par Uranium Colonel Mer 26 Avr - 18:09

Chapitre 15: Terror 02

À la suite de la découverte du complot contre l'avion de 2002 et de l'attentat à la bombe dans les toilettes par Richard Reid, le gouvernement américain a lancé une campagne mondiale visant à détruire les réseaux terroristes internationaux. Cette campagne s'est avérée beaucoup plus difficile que ne l'auraient prédit les responsables de la Maison Blanche ; les fausses pistes, les impasses et les informations insuffisantes ont brouillé toutes les enquêtes. Les agences de renseignement ont dû consacrer plus de temps qu'elles ne voulaient ou ne pouvaient en consacrer, compte tenu des risques accrus et des exigences de l'exécutif, qui demandait une décision rapide.

Des menaces terroristes ont été découvertes dans toute l'Europe, en Allemagne, en Italie, en France, en Espagne et au Royaume-Uni. Toutefois, ces pays ont rarement donné suite aux demandes de la CIA ou du FBI. Un incident a provoqué des tensions mineures entre la Bosnie et les États-Unis lorsque le gouvernement bosniaque a refusé d'arrêter six Algériens supposés préparer un attentat à la bombe contre l'ambassade des États-Unis[1]. Les efforts déployés pour démasquer les opérations plus importantes d'Al-Qaida sur le continent ont échoué, la plupart des pays n'étant pas disposés à procéder à des arrestations en l'absence de preuves solides ou d'une menace imminente.

Il s'agit là du principal échec des opérations antiterroristes américaines, une incompréhension persistante de la structure de la terreur internationale. La Maison Blanche s'attendait à une organisation dotée d'une structure rigide semblable à celle d'une organisation criminelle, mais c'était loin d'être le cas. À l'exception des grandes opérations, toutes les attaques terroristes d'Al-Qaida ont été menées avec très peu d'instructions ou d'aide, les dirigeants d'Al-Qaida jouant souvent le rôle de conseillers avec, à l'occasion, une autorité directe ou un soutien financier. Le manque de renseignements a été mis en évidence lorsqu'un camion piégé a explosé dans une synagogue tunisienne, tuant 20 personnes ; les enquêteurs américains ont été surpris de constater que le seul lien avec un réseau plus vaste était un simple appel téléphonique à Khalid Sheikh Mohammed et que le Groupe combattant tunisien, peu connu, a revendiqué l'attentat au lieu d'Al-Qaida, ce qui a déconcerté les enquêteurs américains[2].

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Conséquences de l'attentat à la bombe contre la synagogue de la Ghriba


Tout au long de l'année 2002, les forces de l'ordre se sont retrouvées à enchaîner les attentats. En juillet, un ressortissant égyptien a ouvert le feu dans l'aéroport de LAX avant de retourner l'arme contre lui. Les autorités n'ont pas été en mesure de révéler des liens plus importants avec des groupes terroristes, avant de conclure qu'il s'agissait d'une tentative de prendre pour cible des Israéliens en raison du conflit en Palestine. Les forces de l'ordre se sont résignées à jouer au chat et à la souris, attendant que chaque menace se dévoile, incapables d'attaquer le problème à la racine, c'est-à-dire de mettre fin au parrainage par certains États.

La guerre du Cachemire a donné aux États-Unis l'occasion de faire pression sur le Pakistan. Le général Musharaff s'était jusqu'à présent montré inflexible quant au rôle du Pakistan dans le terrorisme international. Il était la cause première de l'attaque de l'Inde dont l'objectif de guerre déclaré était de mettre fin à l'élimination des bases terroristes du Cachemire. Les États-Unis avaient déjà joué le rôle de médiateur dans la région, en 1998, lorsque Clinton avait poussé le Pakistan à faire marche arrière dans la guerre de Kargil. En 2002, la situation était différente : l'Inde avait déclaré la guerre, et il est apparu rapidement qu'une victoire décisive de l'Inde ne se produirait pas. La diplomatie américaine a pris le dessus, au cours d'une série de conversations téléphoniques franches entre les présidents Bush et Musharraf. Le général a exposé sa situation, il a expliqué la situation géopolitique du Pakistan (la rivalité historique entre l'Inde et le Pakistan ainsi que leur point de vue sur les talibans), les exigences du peuple pakistanais (comment il ne pouvait pas être perçu comme capitulant devant les exigences étrangères), et la position de l'armée pakistanaise et des agences de renseignement (dont Musharraf avait besoin de son côté), il a exposé ses objectifs pour le Pakistan - des objectifs de libéralisation économique et sociale avec lesquels Bush était d'accord. Musharraf a terminé en faisant une série de promesses personnelles à Bush, notamment la fourniture de renseignements dans la lutte contre le terrorisme international, l'arrestation des assassins de Daniel Pearl et l'aide à la recherche des principaux dirigeants d'Al-Qaida au Pakistan. Le secrétaire d'État Colin Powell a joué le rôle de médiateur et a déclaré que les négociations s'étaient bien déroulées, les deux parties acceptant de revenir au territoire d'avant-guerre après l'engagement pris par Musharraf de supprimer les bases terroristes au Cachemire et une condamnation commune du terrorisme.

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Présidents Bush et Musharaff

Après la fin officielle de la guerre, les forces de l'ordre pakistanaises et les agents spéciaux américains ont effectué une descente dans la cachette supposée de Khalid Sheik Mohammad. Au lieu de KSM (qui aurait fui en Afghanistan quelques semaines auparavant), ils ont trouvé le plus recherché des Américains, Nawaf Al Hazmi, le chef présumé du complot contre l'avion. L'enquête a révélé que l'appartement de Karachi était un ancien logement de KSM dans lequel Hazmi avait élu domicile après une longue fuite à travers le monde. Il a été arrêté et remis aux États-Unis. Sa capture a été une grande victoire pour les forces de l'ordre américaines, mais elle ne les a pas rapprochées de la capture des principaux dirigeants d'Al-Qaida, qui résidaient tous dans l'Afghanistan voisin[3].

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Nawaf Al Hazmi, Croquis de la Cour

La bataille pour l'Afghanistan est devenue le principal front sur lequel les États-Unis ont exercé leurs capacités de lutte contre le terrorisme. L'opération Mercury a continué d'armer et d'approvisionner l'Alliance du Nord. Mais la situation est restée en constante évolution, malgré une forte offensive des talibans jusqu'au début de l'année 2002, aucune des deux parties ne s'est montrée capable de déloger l'autre, le terrain étant perdu aussi vite qu'il était gagné. L'opération Mercury devait être différente de l'opération Cyclone (l'opération qui a fourni les moudjahidin pour combattre les Soviétiques), car malgré les négociations Bush-Musharraf, le Pakistan restait un allié des talibans. Les démarches auprès de l'Iran, de la Chine et du Turkménistan étaient vouées à l'échec. Les seules véritables options d'aide régionale étaient l'Ouzbékistan et le Tadjikistan, et aucune de ces deux nations n'aurait été ravie de voir des agents de la CIA faire voler des avions et des armes à travers son espace aérien, mais elles ont toutes deux accepté provisoirement, sous réserve d'une compensation et de l'approbation de la Russie. Peu après, des camions, des armes et du matériel tactique sont tombés entre les mains de l'Alliance du Nord. Ces armes ont donné à l'alliance un avantage significatif sur les talibans, qui n'avaient pas progressé sur le plan technologique tout au long de la guerre. L'Alliance du Nord avait l'étoffe d'une cavalerie héliportée rudimentaire et pouvait traverser le pays plus rapidement que les Talibans. L'aide américaine a donné un coup de pouce à la propagande de Massoud, qui a fait jouer les muscles et les dollars américains dans le but de convaincre d'autres chefs de guerre et d'accroître le soutien local aux Afghans.

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Commandant Massoud de l'Alliance du Nord

Un aspect essentiel de l'opération Mercury est venu directement du président. Les informations faisant état d'une crise alimentaire croissante en Afghanistan ont touché la corde sensible du président. Les réserves de nourriture s'amenuisent depuis des années et le pays était largement tributaire de l'aide internationale pour éviter la famine. L'offensive hivernale des talibans a provoqué une nouvelle vague de réfugiés et le pays s'est rapproché de la famine, mettant en péril des centaines de milliers de vies. La situation s'est tellement détériorée qu'un réseau de traite d'êtres humains en échange de nourriture a explosé. Le président a décidé qu'en plus de l'aide militaire, des denrées alimentaires et des fournitures médicales seraient livrées à l'Alliance du Nord. Cela a rendu le territoire tenu par l'Alliance plus attrayant pour les réfugiés afghans et, avec le temps, les Afghans ont commencé à se rendre au nord, sur le territoire de Masoud, plutôt qu'à l'est ou à l'ouest, dans les pays voisins que sont l'Iran ou le Pakistan. Bien sûr, il y a eu des problèmes au sein de l'Alliance, certains commandants thésaurisant ou vendant des denrées alimentaires, mais des millions de personnes ont commencé à voir un peu de lumière dans la nation meurtrie, il semblait que la stratégie militaire de Massoud portait ses fruits. Pour la première fois, l'Alliance du Nord a été en mesure de prendre et de tenir un territoire, comme lorsque des soldats de l'Alliance ouzbek et tadjik, aidés par des conseillers militaires américains, ont pris la ville de Baghlan[4].

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(à gauche) Les militaires de l'Alliance du Nord, (à droite) Les réfugiés afghans

La CIA a apprécié ce qu'elle a vu en Afghanistan et a tenté de pousser l'administration à aller plus loin. Si même l'aide limitée apportée aux forces anti-talibans portait ses fruits, elle renforçait le soutien moral et local des Afghans à l'Alliance du Nord. Il était frappant de constater qu'il suffisait de peu pour acheter les tribus afghanes et que les combattants talibans n'étaient pas aussi engagés qu'on le pensait, révélant que la loyauté envers Muhammed Omar et les talibans n'était pas aussi forte qu'on l'avait d'abord supposé. Très vite, des options plus solides seront envisagées pour aider l'alliance à "aller de l'avant".

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Le chef de la CIA, George Tenet, informe le président Bush, le vice-président Cheney et la conseillère à la sécurité nationale, Mme Rice.

La guerre de Tchétchénie a continué à ensanglanter la Russie, des centaines de soldats russes ayant été tués soit dans des embuscades militaires, soit, plus souvent, dans des attentats suicides meurtriers. Cette campagne s'est étendue non seulement aux soldats russes, mais aussi aux Tchétchènes et aux civils russes qui collaboraient avec eux. Les mines en bord de route, les hélicoptères abattus, les voitures et les camions piégés ont contribué à faire de 2002 une année plus sanglante que les précédentes pour les Russes. En octobre, les Tchétchènes ont mené une attaque chaotique contre la capitale russe lorsque des dizaines de militants armés ont pris d'assaut un théâtre bondé à Moscou, prenant en otage plus de 800 civils. Les Tchétchènes ont exigé le retrait immédiat et total des forces russes de Tchétchénie. Les militants comprenaient des hommes formés dans des camps d'entraînement afghans et étaient beaucoup plus radicaux et islamistes que le gouvernement tchétchène en exil. Les 4 jours de négociations, parfois comiques, se sont terminés de manière sinistre lorsque les forces russes Spetsnaz ont pris d'assaut le théâtre, après avoir injecté du gaz destiné à neutraliser les preneurs d'otages. Le gaz a fonctionné, permettant à la police de prendre le bâtiment sans combattre, tuant tous les insurgés, mais des centaines d'otages ont respiré des quantités dangereuses de gaz, entraînant la mort de plus de 130 d'entre eux. Si les ravisseurs ont été universellement condamnés, le gouvernement et la police russes ont été largement blâmés. La plupart des détails de l'incident ont été cachés au public, y compris les rapports toxicologiques des victimes (nombre de tireurs, d'otages et d'agents chimiques utilisés). Des journalistes russes ont commencé à soulever des questions sur l'implication possible des services de renseignement russes, accusations qui ont irrité le Kremlin[5].

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Les forces russes prennent d'assaut le théâtre de Moscou


L'attaque et les critiques de l'opinion publique ont poussé le gouvernement Poutine à adopter une position encore plus dure à l'égard des Tchétchènes, en augmentant les effectifs des troupes, en critiquant même l'idée de pourparlers de paix et en menaçant publiquement les terroristes "quel que soit le pays où ils se trouvent", censés faire peser une menace sur la Géorgie voisine, accusée d'offrir un refuge aux Tchétchènes. Une législation a été promulguée pour lancer une campagne de censure et les discussions sur la guerre en Tchétchénie ont été sévèrement réprimées. Tout membre du gouvernement tchétchène en exil était persona non grata et la Russie était prête à pointer du doigt toute nation qui l'accueillait (y compris le Danemark et la Grande-Bretagne).

Tout signe d'apaisement de la guerre en Tchétchénie a été écarté en novembre lorsqu'une série d'attentats à la bombe coordonnés a détruit le siège du gouvernement tchétchène soutenu par la Russie, une caserne militaire et le bâtiment des finances, tuant 140 personnes. Parmi eux, le dirigeant tchétchène Akhmad Kadyrov, soutenu par la Russie. Ces attentats ont à leur tour été éclipsés par l'attentat de janvier 2003[6].

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(Gauche) Attentat à la bombe de novembre en Tchétchénie, (Droite) Akhmad Kadyrov, leader tchétchène décédé


L'attentat le plus sanglant de l'année a eu lieu le 12 octobre lorsque des membres de Jemaah Islamiya, un groupe islamiste indonésien (ayant des liens étroits avec Mohammed Atefs Al-Qaida), ont perpétré une série de trois attentats dans des boîtes de nuit populaires de Kuta, à Bali, une destination touristique occidentale très prisée, tuant plus de 230 personnes, y compris les trois kamikazes. La plupart des victimes étaient des touristes, principalement australiens (108) et britanniques (29). L'incident a submergé le système de santé de Bali et certaines victimes ont été transportées par avion en Australie pour y être soignées de leurs brûlures. Comme prévu, les attentats ont été largement condamnés et la JI a été publiquement qualifiée d'organisation terroriste. Cet attentat a enfin permis aux forces de l'ordre américaines de mieux comprendre Al-Qaida, car le grand nombre d'arrestations opérées au lendemain des attentats a permis d'obtenir des informations essentielles sur la structure des cellules d'Al-Qaida, ainsi que sur son réseau de communication et de recrutement.

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Conséquences de l'attentat de Bali

Les premiers ministres Beazley et Blair (amis depuis leurs études à Oxford) ont conjointement exprimé leur horreur et leur colère en qualifiant l'acte d'"acte de pure méchanceté" et en déclarant que "le terrorisme et ces groupes constituent une menace pour tous, à tout moment et en tout lieu dans le monde, et qu'il est de plus en plus nécessaire d'agir". Ils ont été rejoints par la déclaration du président Bush, qui a rappelé son discours sur l'état de l'Union de 2002 en déclarant que "le monde doit prendre la menace de la terreur plus au sérieux afin que nous puissions ensemble trouver les auteurs de ces attentats et en prévenir d'autres". Les propos de M. Beazley étaient plus solennels : "Nous vivons les heures les plus sombres, les pires jours de la vie de beaucoup d'entre nous. Cet acte triste et écœurant nous a déchirés, mais nous resterons unis, nous nous en sortirons et nous obtiendrons justice".


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(De gauche à droite) Président Bush, Premier ministre Blair, Premier ministre Beazley

Les attentats de Bali ont contribué à l'émergence d'une préoccupation mondiale croissante à l'égard du terrorisme international en tant que menace, en particulier aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. Très vite, le Royaume-Uni et l'Australie ont soutenu l'effort des États-Unis en Afghanistan et ailleurs, tout en faisant pression en faveur d'une législation antiterroriste plus stricte.






[1] les 6 algériens.
[2] Al-Qaïda en a revendiqué le crédit OTL
[3] KSM est un personnage clé que le Pakistan a remis aux États-Unis après le 11 septembre, mais avec l'Afghanistan toujours complètement accessible, les États-Unis auront beaucoup moins de chance.
[4] Les Talibans de 2001 n'étaient pas l'armée d'insurgés qu'ils sont devenus dans OTL. Avant l'invasion, les Etats-Unis n'avaient aucune idée de la façon dont la guerre allait se dérouler et ont été surpris de voir qu'ils commençaient à vaincre les Talibans avec un minimum de troupes. Avec de l'aide, l'Alliance du Nord a de bonnes chances de s'en sortir.
[5] Les allégations d'implication du FSB sont moins concrètes que les attentats à la bombe de 1998, mais le Kremlin les a certainement prises au sérieux.
[6] La guerre en Tchétchénie attire davantage de soutien étranger, ce qui conduit à une campagne plus sanglante.
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Message par Uranium Colonel Ven 26 Mai - 18:05

Chapitre 16: Sables mouvants

Donald Rumsfeld est un homme d'expérience. Il avait déjà dirigé le ministère de la défense sous le président Ford il y a plus de 20 ans. Il espérait que cette nouvelle administration lui donnerait l'occasion de remodeler radicalement la politique militaire des États-Unis. Il a fait quelques progrès en résistant aux exigences de la vieille garde des partis et en continuant à réduire le budget du Pentagone à son niveau le plus bas depuis 20 ans, tout en poursuivant le développement de nouveaux missiles controversés. Mais son principal point à l'ordre du jour, la réduction du nombre de troupes terrestres, s'est avéré être une tâche insurmontable. Pendant près de deux ans, Rumsfeld a été freiné par la bureaucratie implacable du Pentagone, une classe militaire totalement réfractaire à tout changement valable, et il n'a reçu que peu d'aide de la part de la Maison Blanche. Sa nomination a quelque peu choqué les médias, sa rivalité de plusieurs décennies avec Bush père aurait pu lui faire perdre le poste sans l'intervention de dernière minute de Cheney, et il a fait de son mieux pour ne pas gâcher l'occasion qui lui était offerte.

Mais aujourd'hui, il consacre son temps à une lutte acharnée pour l'oreille du président entre lui-même et le secrétaire Colin Powell, le soi-disant "guerrier réticent". Powell était à l'origine de ses ennuis au Pentagone, car tous les chefs d'état-major s'accrochaient à sa doctrine lors de la guerre du Golfe. Cela a pris du temps, mais tout au long de l'année 2002, Powell a lentement conquis le président et le peuple américain. Ses missions internationales en Israël et en Palestine, puis en Inde et au Pakistan, ont fait de lui l'artisan de la paix, l'homme le plus intelligent de la pièce et l'étoile montante d'une administration peu glorieuse ; il a même été élu personnalité de l'année par Time Magazine, "quelle connerie".

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Le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld et le secrétaire d'État Colin Powell (personnalité de l'année 2002 selon Time Magazine)

Aujourd'hui, le vent tournait. La défaite des Républicains aux élections de mi-mandat a plongé la Maison Blanche dans la panique. Son programme intérieur était désormais gelé, de nouvelles réductions d'impôts étaient mortes, la réforme du système de santé allait relever de l'exploit herculéen, compte tenu des difficultés rencontrées dans le domaine de l'éducation. Le président se devait d'agir, d'avoir l'air fort, et lors d'une réunion du cercle restreint, Karl Rove, le principal conseiller de Bush, a insisté sur le sujet. "Pendant deux ans, nous nous sommes croisés les bras et les avons laissés nous frapper de toutes les façons possibles, il est temps que nous jouions l'offensive, Monsieur le Président". Le président acquiesca, Paul Wolfowitz, l'adjoint de Rumsfeld, soulèva la question de l'Irak, comme il l'a fait lors de pratiquement toutes les réunions au cours des deux dernières années : "Monsieur le président, je suis d'accord, le public a besoin de voir cette administration agir, les attentats de Bali sont un signal d'alarme qui montre que nous devons prendre des mesures plus énergiques en dehors de l'Afghanistan". Paul avait déjà fait ce discours, tout le monde savait où il allait, l'exposé des dangers de l'Irak de Saddam, ses violations des droits de l'homme, ses liens avec le terrorisme, ses programmes d'armes chimiques et nucléaires. Comme toujours, Powell a répliqué : "Monsieur le Président, toute action que nous entreprenons a besoin d'un soutien mondial ; si nous continuons à appliquer les sanctions et les zones d'exclusion aérienne, nous pourrons suffisamment contenir Saddam". Rumsfeld a répondu : "Nous devons aller plus loin, nous ne pouvons pas nous contenter de suivre la politique de Clinton et d'attendre qu'ils nous frappent, Saddam est une menace et nous devons le sortir de là". Powell s'est interrogé sur la solidité des preuves à l'appui d'une telle proposition et sur les difficultés auxquelles ils seraient confrontés : "Il y a une grande différence entre soutenir l'Alliance du Nord en Afghanistan et faire la même chose en Irak", mais Rumsfeld l'a de nouveau interrompu : "Alors, mettons Tenet sur le coup, demandons à la CIA de trouver les faiblesses de Saddam et d'exposer l'ensemble de sa structure". Habituellement, de telles discussions sont interrompues par le président qui souhaitait passer à un autre sujet, mais au lieu de cela, le président a écouté et a élaboré un plan d'action.

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Le président George W. Bush et le secrétaire adjoint à la défense Paul Wolfowitz



"Le président veut que les choses bougent en Irak", c'est ainsi que Cheney l'a formulé. Après plusieurs réunions, le président est arrivé à la conclusion que Saddam constituait une menace active, il l'a décrit comme "comme Hitler" et a déclaré que "ce type veut tout contrôler" et a finalement accepté de prendre des mesures limitées pour poursuivre la politique américaine déclarée de changement de régime en Irak. Cette politique prévoyait une campagne secrète et publique contre le gouvernement irakien. À partir de 2003, l'administration Bush a chargé la CIA d'enquêter et de sonder le régime irakien afin de mieux comprendre ses liens avec le terrorisme international et la puissance de ses programmes d'armes chimiques, biologiques et nucléaires. Le projet prévoyait également le recrutement de l'opposition irakienne (exilés, dissidents, Kurdes et chiites) afin de fournir des fonds et une formation en vue d'une éventuelle action militaire ou d'un futur gouvernement post-Saddam. La nouvelle politique prévoyait également une application plus stricte des zones d'exclusion aérienne irakiennes, doublant le nombre de sorties effectuées à partir de janvier 2003. Coordonnée par la Maison Blanche, une campagne de pression publique allait être lancée afin d'obtenir le soutien des Américains et du monde entier contre le gouvernement de Saddam Hussein, en appelant à un engagement mondial renouvelé pour désarmer Saddam de ses armes chimiques et nucléaires et pour cesser de soutenir le terrorisme.

Wolfowitz estimait qu'elle n'allait pas assez loin : "Saddam est un menteur, quoi que nous découvrions, il le niera et le monde le laissera faire". Il avait proposé une action militaire consistant à envoyer des troupes au sol pour occuper les zones d'exclusion aérienne du nord et du sud et les transformer en "zones interdites" contrôlées par l'opposition irakienne, piégeant ainsi Saddam Hussein et en faisant de lui le "maire de Bagdad", mais Powell, Rove, Rice et le président n'étaient pas d'accord. Ils pensaient que les États-Unis n'étaient pas préparés à une opération militaire d'une telle ampleur, sans au moins une provocation ou une autorisation du Congrès. Rumsfeld était plus satisfait, il avait au moins lancé la balle et le vrai travail commençait, et surtout il voyait que sa vision était enfin comprise par le Président.

La nouvelle politique irakienne comportait des risques. Les relations de la CIA à l'intérieur du pays étaient minimes à la suite d'un coup d'État manqué en 1994, qui a vu l'exécution de la plupart de ses agents. Contrairement à l'Afghanistan, il n'y avait pas d'opposition forte et engagée et la plupart des voisins de l'Irak (même s'ils entretenaient de mauvaises relations avec Saddam) n'étaient pas disposés à soutenir les efforts américains contre ce pays, notamment l'Iran, la Turquie et la Syrie. La Jordanie et l'Arabie saoudite, de solides alliés des États-Unis, étaient prudents face à toute ingérence américaine dans ce pays fragile, même s'ils étaient prêts à fournir des renseignements et à aider certains éléments de l'opposition irakienne. Le Koweït était l'allié solide dont les États-Unis avaient besoin ; il continuait à réclamer des dettes de guerre et à se plaindre du passage des frontières ; s'il fallait en arriver là, le Koweït devrait servir de tremplin à une invasion de l'Irak.

Contrairement à l'Afghanistan, l'opposition irakienne était désespérément divisée, depuis les Kurdes au nord et les chiites au sud jusqu'à l'opposition arabe dispersée à Bagdad. Il y avait des communistes, des opposants baasistes, des monarchistes, des groupes pro-iraniens et pro-syriens qui ne voulaient ou ne pouvaient pas s'entraider, et maintenant ils étaient chargés de former une opposition unie ? Les États-Unis entretenaient des liens avec deux groupes irakiens dirigés par des exilés, l'Accord national irakien dirigé par Ayad Allawi et le Congrès national irakien dirigé par Ahmed Chalabi. L'INC (Iraqi National Congress) avait reçu des fonds considérables par le biais de la Commission de libération de l'Irak, mais il était miné par la corruption et de nombreux membres de la CIA doutaient de sa fiabilité ou de sa popularité en Irak. Toutefois, Rumsfeld et Wolfowitz ont tous deux considéré l'INC d'un œil plus favorable. L'opposition irakienne recevrait des fonds supplémentaires pour l'espionnage et la collecte de renseignements en Irak, et commencerait à s'entraîner en vue d'opérations militaires potentielles en cas de soulèvement en Irak, pour finalement former l'IFF (Iraqi Freedom Force, ou Force de libération de l'Irak). Inutile de dire que les attentes du Pentagone étaient élevées et qu'une sorte d'état d'esprit de guerre froide s'était installé parmi les quelques personnes impliquées. Les opérations à l'intérieur de l'Irak ont commencé, en augmentant le financement des groupes militaires kurdes, de loin les partisans anti-Saddam les mieux organisés à l'intérieur de l'Irak. Ces opérations ont été collectivement connues sous le nom d'IFR, prononcé Ifra, abréviation de Iraqi Freedom (liberté irakienne).

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Ayad Allawi, chef de l'INA, et Ahmed Chalabi, chef de l'INC.

La nouvelle politique a été présentée lors du discours sur l'état de l'Union de 2003, devant une majorité démocrate moins enthousiaste que lors des discours précédents. Outre les soins de santé et la poursuite de la réforme fiscale, Bush a évoqué pour la première fois une politique étrangère plus cohérente, avec un ton plus faucon que celui qu'il avait adopté précédemment. Il a souligné les menaces qui pèsent sur les États-Unis et le monde, notamment "les régimes dangereux qui cherchent à acquérir des armes de destruction massive et à fournir de l'aide et un refuge aux terroristes". Il a mentionné l'Irak et plus particulièrement Saddam : "Un dictateur brutal, au passé irréfléchi, qui ne doit pas être autorisé à poursuivre sa quête d'armes chimiques, biologiques et nucléaires... Nous appelons les nations du monde à agir contre cet homme". Il a demandé le retour des inspecteurs en désarmement ainsi que l'ajustement des sanctions pour cibler spécifiquement les importations militaires de l'Irak.

La réaction, tant au niveau national que mondial, a été généralement positive. Cependant, un air de cynisme s'est emparé des experts, accusant Bush de tenter de faire pivoter sa présidence après les élections de mi-mandat. La plupart ont soutenu l'appel à l'action de Bush et la salle a applaudi à chaque ligne. La plupart des démocrates ont toutefois appelé à la prudence, notamment la première femme chef de la majorité, Nancy Pelosi : "Bien sûr, nous devons épuiser tous les recours diplomatiques possibles avant d'envisager toute option militaire", le sénateur John Kerry du Massachusetts : "Maintenant, il ne devrait pas y avoir de guerre, mais s'il a ces armes, c'est un danger" et le sénateur Ted Kennedy "Je pense que le président devrait se concentrer sur les problèmes qui se posent ici, chez nous, avant de parler d'ailleurs", peu de gens allaient inutilement s'opposer au président sur cette question et, en fait, les républicains étaient tout à fait heureux de soutenir la position anti-Saddam du président et certains ont poussé à une action militaire immédiate, Parmi ces partisans, le sénateur John McCain, qui avait constamment critiqué Bush au sujet des réductions d'impôts et qui n'avait pas soutenu son projet de loi sur la réforme du financement des campagnes électorales, soutenait désormais vocalement le président : "Nous avons besoin d'un changement de régime en Irak - il [Saddam] est un criminel international qui doit être traduit en justice", ou le sénateur de l'Alabama Jeff Sessions : "Nous devons mener à bien notre politique nationale, qui est de nous débarrasser de Saddam Hussein", ou encore le whip républicain de la Chambre, Tom Delay, qui, interrogé sur le changement de régime, a répondu simplement : "le plus tôt sera le mieux".

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Le président George Bush prononce le discours sur l'état de l'Union en 2003.


Toutefois, la politique américaine en Irak a été critiquée tant à gauche qu'à droite. Les faucons de guerre conservateurs y ont vu la poursuite de la politique étrangère de Clinton, comme l'a dit le commentateur conservateur Thomas Friedman : "C'est une guerre inachevée, nous aurions dû finir le travail en 1991". Pour les colombes libérales qui considéraient les sanctions et les frappes supplémentaires comme des activités inutiles qui ne faisaient rien contre le régime et ne faisaient qu'appauvrir davantage le peuple irakien, comme Ralph Nader : "Le peuple irakien a besoin de lumière au bout du tunnel, pas d'un missile fabriqué par les Américains". Christopher Hitchens a attaqué le président des deux côtés en déclarant : "Il [Bush] est un homme totalement fier de son ignorance, qui n'a pas réussi à remporter le vote populaire avec une certaine marge et qui, déjà trempé dans les scandales, ressemble à un second rôle désolant pour son père"

La réaction a été plus discrète au niveau international. Le Premier ministre du Royaume-Uni, M. Blair (qui avait déjà pris des mesures contre l'Irak à deux reprises aux côtés des États-Unis en décembre 1998 et en février 2001), a déclaré dans un discours à la Chambre des communes que "le statu quo actuel n'est pas pratique et que la communauté internationale devrait prendre toutes les mesures nécessaires pour réduire la menace que représente Saddam", M. Blair a souligné que le retour des inspecteurs en désarmement de l'ONU était la première étape nécessaire pour "assurer la sécurité territoriale de l'Irak". Des déclarations similaires ont été faites par le Premier ministre australien Kim Beazley : "Notre intérêt moral est de faire pression sur Saddam Hussein" et le chancelier allemand Edmund Stoiber a appelé à un "effort uni pour isoler l'Irak".

En ce qui concerne l'Irak lui-même, Saddam Hussein a poursuivi son attitude belliqueuse habituelle et a rejeté d'emblée le retour des inspecteurs en désarmement de l'ONU : "Le peuple irakien rejette toute accusation ou revendication émanant de parties arrogantes, l'Irak est prêt à se défendre contre les alliés de Satan".

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Saddam Hussein s'adresse à ses généraux
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Message par Uranium Colonel Dim 25 Juin - 16:32

Chapitre 17: Tour d'horizon culturel

Diane Lane - "Et l'Oscar va à ... Bowling pour Columbine, Michael Moore et Michael Donovan".

Ovation pendant que le lauréat monte sur scène

Michael Moore - "Merci, merci beaucoup, au nom de nos producteurs Kathleen Glen et Michael Donovan du Canada. Um ... Je suis un documentariste, je travaille dans le domaine de la non-fiction, mais malheureusement, nous vivons à une époque fictive, nous avons des résultats électoraux fictifs, qui élisent un président fictif plus soucieux d'accorder des faveurs spéciales à Enron, aux pollueurs et aux lobbyistes, qui ont ponctionné des millions de dollars à cet État et à ce pays ! Honte à toi George, honte à toi ! Nous méritons mieux !"

Ce célèbre moment de la cérémonie des Oscars a été accueilli par un public partiellement positif, bien qu'accompagné d'un certain nombre de raideurs et d'applaudissements maladroits. Avec le temps, les commentateurs conservateurs tourneront en dérision le parti pris libéral d'Hollywood, mais ce moment représentait un véritable point de rencontre entre la politique et les médias. La notoriété de Michael Moore avait explosé après la sortie de son quatrième film, le documentaire Bowling for Columbine, une dissection de la culture américaine des armes à feu, du pouvoir et de l'influence de la NRA (National Rifle Association) et de son rôle dans la fusillade de l'école de Columbine en 1999. Le film a connu un succès retentissant, surtout pour le genre, et l'académie aurait été stupide de s'attendre à ce que Moore n'exprime pas ses opinions politiques sur la scène qui lui était offerte.

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Le réalisateur Michael Moore lors de son discours d'acceptation des Oscars, la couverture de son film Bowling for Columbine.

Le reste de la 75e cérémonie des Oscars s'est déroulé de manière beaucoup plus fluide. Le grand gagnant de la soirée a été Chicago, qui a remporté 6 Oscars, dont le très convoité meilleur film. C'est la première comédie musicale à remporter ce prix depuis Oliver ! en 1968. Parmi les autres moments marquants, Daniel Day Lewis a remporté le prix du meilleur acteur (son deuxième) pour son rôle dans le film épique de Scorsese Gangs of New York. Sa victoire a été remarquable dans un peloton bondé de notables comprenant Jack Nicholson, Michael Caine, Nicholas Cage et le nouveau venu Adrien Brody[1]. Le rappeur Marshall Mathers, plus connu sous le nom d'Eminem (qui était en conflit permanent avec les Cheney), a remporté le prix de la meilleure chanson originale pour la semi-biographie 8 Mile, la première chanson rap à être récompensée. Le Seigneur des anneaux : Les deux tours a remporté deux Oscars pour les effets visuels et le montage sonore.

Les deux premières années du nouveau millénaire ont marqué un tournant pour le nouvel Hollywood. Les films à succès tels que Harry Potter et Le Seigneur des Anneaux ont régné sur le box-office. La progression constante des effets visuels a permis la création d'une animation par ordinateur plus efficace, notamment avec la sortie de Shrek de DreamWorks. L'animation 3D a rapidement pris le pas sur l'animation traditionnelle dessinée à la main en tant que choix des studios. Le nouveau siècle a vu la réapparition des films de super-héros grâce aux X-Men et à Spider-Man (le troisième film le plus important de l'année), des productions qui ont contribué à la renaissance d'autres super-héros.

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Affiches pour Harry Potter et la Chambre des secrets, Spider-Man et Le Seigneur des anneaux : les deux tours


Le genre de l'action est resté la référence en Amérique. Dommage collatéral de Schwarzenegger, Mourir un autre jour de James Bond, L'identité Bourne et Gladiator ont embrassé tout le spectre du genre, des films d'action, des épopées à gros budget, des thrillers d'espionnage fantastiques et croustillants. Chaque film a récolté de nombreuses récompenses et l'industrie du divertissement s'est empressée de multiplier les succès.

Critiques

Dommage collatéral : Après avoir vu sa femme et son enfant se faire exploser par des terroristes colombiens, Arnold se lance à la poursuite de ces derniers, se rendant dans les jungles de ce pays d'Amérique du Sud et s'en prenant à eux ! Il arrête un détournement d'avion et un attentat à la bombe à Washington. Qu'est-ce qu'il ne peut pas faire ? C'est simple, sans ambiguïté, et c'est une histoire d'action divertissante. - Cole Lacey

Meurs un autre jour : C'est un gros mélange bruyant de voyages autour du monde, de sexualité timide et d'intrigues politiques caricaturales, solidement ancré dans la tradition de Bond. Mais heureusement, les réalisateurs ont été assez intelligents pour pousser cette histoire - au moins jusqu'à sa fin bruyante et turgescente - dans des directions intéressantes et surprenantes, ce qui en fait peut-être le film de Bond le plus satisfaisant depuis ''L'espion qui m'aimait''. - Dana Stevens

L'identité de Bourne Le résultat est "L'identité de Bourne", un film rapide, imprévisible et nerveux qui donne un nouveau souffle au genre du thriller d'espionnage. L'arme secrète de Liman est Matt Damon qui, bien qu'il ait dix ans de moins que le Jason Bourne de Ludlum, offre une variation intéressante sur les espions classiques... une superproduction bien écrite mais qui manque parfois d'un peu d'envergure. - Neil Smith

Gladiator - La réalisation de Scott dans ce film est à son meilleur. Il constitue l'épine dorsale de sa trilogie informelle sur la guerre, complétée par GI Jane (1997) et Black Hawk Down (2001), deux films nettement moins réussis[2]. Ce tour de force technique et théâtral est un chef-d'œuvre technique. C'est un film immersif, réaliste et tout simplement brillant en tant qu'œuvre cinématographique. - James Dickerson

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Affiches pour Collateral Damage, Die Another Day, The Bourne Identity et Gladiator

Le grand écran a vu le retour de nombreux favoris populaires, notamment West Wing, The Sopranos et Sex in the City, tout en laissant la place à de nouvelles émissions telles que The Wire, The Shield et Monk (tous des drames policiers). Cela comprenait la création de trois émissions de science-fiction à gros budget, un redémarrage de Star Trek sous la forme d'une préquelle Enterprise se concentrant sur les origines de l'univers Star Trek, un redémarrage de Battlestar Galactica [3], arborant un casting de retour dans l'émission suivant la bataille continue entre les robots Cylons et les humains toujours à la recherche de la Terre ainsi que Buffy contre les vampires. Joss Whedon a quant à lui dirigé Firefly pour le réseau 'Sci Fi', un western spatial suivant une bande de hors-la-loi rebelles. Le redémarrage de Battlestar Galactica a été diffusé sur Fox et malgré le soutien de Brett Ratner (qui dirigeait la franchise à succès X-Men), l'émission a été annulée après la 1ère saison malgré une forte campagne de fans. La télé-réalité a grandi pour dominer l'écran, grâce à de petits budgets et à une audience élevée. Survivor, American Idol et The Bachelor ont été les exemples les plus regardés, parmi un déluge d'autres.

Les albums les plus vendus de 2002:

The Eminem Show – Eminem
Nellyville – Nelly
Let Go – Avril Lavigne
Britney – Britney Spears
Laundry Service – Shakira
Silver Side Up – Nickelback
A New Day Has Come – Celine Dion
8701 – Usher
Home – Dixie Chicks
Missundaztood – Pink

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Gagnants de plusieurs Grammy (à gauche) Sheryl Crow pour le meilleur album rock et la meilleure interprète féminine, et (à droite) The Dixie Chicks pour le meilleur album country, la meilleure chanson, le meilleur instrument et le meilleur groupe [4a].

Parmi les événements sportifs notables, citons les Jeux olympiques d'hiver de Salt Lake City en 2002, qui ont été regardés par environ 2 milliards de personnes. Il s'agissait des premiers Jeux olympiques d'hiver après la création de l'Agence mondiale antidopage, ce qui a entraîné la disqualification de trois athlètes. Une autre controverse majeure a éclaté lors de l'épreuve de patinage artistique en couple, lorsque les juges français et russes se sont entendus pour échanger des notes au profit des athlètes de l'autre partie. Serena Williams est devenue numéro un mondial du tennis en battant sa sœur Venus à Wimbledon, achevant ainsi une saison surnommée le "Serena Slam". Les Américains Tiger Woods et Lance Armstrong poursuivent leur série de victoires. La 17e Coupe du monde, organisée en duel par la Corée du Sud et le Japon, a été la première Coupe du monde organisée en Asie. C'était aussi la première fois qu'une équipe n'appartenant pas aux Amériques ou à l'Europe atteignait les demi-finales : la Corée du Sud a battu l'Italie, le Portugal et l'Espagne avant de s'incliner face à l'Allemagne, qui s'est à son tour inclinée face au Brésil, vainqueur de l'épreuve.

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Les patineurs accusés Salé et Pelletier s'affrontent lors de la finale du Grand Prix 2002

Une bataille publique entre la Maison Blanche et les démocrates du Capitole a éclaté à propos du scandale Enron qui n'en finissait pas. Dick Cheney a refusé de remettre des documents concernant le nombre et les comptes rendus des réunions qu'il avait eues avec des représentants d'Enron. Lorsque le dirigeant d'Enron, Kenneth Lay, s'est présenté à deux reprises devant le Sénat, il a été raillé pour avoir invoqué le 5e amendement à chaque question. The West Wing, la série télévisée politique d'Aaron Sorkin, a reproduit des événements réels en ayant sa propre version du scandale. Lorsque le vice-président (et ancien sénateur texan) John Hoynes est pris dans un engrenage concernant les faveurs qu'il aurait accordées à une compagnie pétrolière texane, le VPOTUS entre en conflit avec le président Bartlett (Martin Sheen) en refusant de s'excuser, de coopérer ou de démissionner, Bartlett finit par l'éjecter de son ticket de réélection.

L'administration a été prise dans plusieurs batailles culturelles en raison de son engagement en faveur d'un "conservatisme compatissant" et des valeurs chrétiennes qu'elle professait. Le procureur général John Ashcroft, par exemple, a été impliqué dans le "Statue-gate". Le lieu où Ashcroft tenait ses conférences de presse contenait deux statues partiellement nues de l'Esprit de justice. Lorsque des rideaux bleus ont été soudainement placés pour couvrir les statues, Ashcroft s'est retrouvé sous le feu des critiques, et des activistes, dont la chanteuse et star de cinéma Cher, lesquels se sont indignés : "Qu'est-ce qu'on va faire ensuite ? Mettre un short sur la statue de David, un maillot de bain des années 1880 et une chemise sur la Vénus de Milo ? "


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La recherche sur les cellules souches a été un sujet de controverse, porté à l'attention du public par l'administration lorsqu'elle a interrompu tout financement fédéral supplémentaire et imposé des limites à la recherche approuvée sous l'administration Clinton. Bush a qualifié cette recherche de "risque moral" et s'est demandé si un embryon pouvait ou devait être considéré comme une vie, associant cette recherche au clonage humain. Il a comparé les résultats possibles de ces recherches à la dystopie d'Aldous Huxley dépeinte dans Le meilleur des mondes en déclarant que "même les fins les plus nobles ne justifient pas les moyens".

En ce qui concerne les droits des homosexuels, le point de vue de l'administration était plus obscur, mais toujours conservateur. En tant que gouverneur du Texas, Bush s'est opposé aux efforts de dépénalisation des comportements homosexuels, mais il a été soutenu par les Log Cabin Republicans (une organisation au sein du parti qui défend les droits des LGBT+) en 2000. Il a nommé Scott Everts, ouvertement gay, pour superviser la politique de lutte contre le sida, mais n'a pas tenté d'annuler la loi Don't Ask Don't Tell ou de classer les crimes motivés par l'orientation sexuelle dans la catégorie des crimes de haine.

Un trio de séries d'espionnage a été porté à l'écran en 2001 et 2002. 24, Alias et The Agency suivaient toutes des agents de la CIA s'attaquant à une myriade de menaces internationales et nationales, avec des niveaux de réalisme différents (The Agency se déroulait dans le monde réel et son premier épisode tournait autour d'un complot fictif du chef d'Al-Qaida, Muhammed Atef). The Agency était davantage une série d'espionnage procédurale semblable à CSI, avec un œil attentif aux détails et au réalisme présents au sein de la CIA. Elle contrastait fortement avec 24, un thriller d'action dont l'originalité était que chaque épisode se déroulait en temps réel et que la saison complète se déroulait sur une journée. La troisième série, Alias, créée par le producteur JJ Abrams et présentant le personnage principal féminin Syndey Bristow (Jennifer Garner), se situait à mi-chemin entre les deux. Sa promotion intensive par ABC, une chaîne dont l'audience avait chuté, était combinée à une structure d'intrigue qui garantissait que chaque épisode se terminait par un "cliff-hanger". Les trois séries se sont bien comportées, mais c'est Alias qui s'est démarquée en réalisant les meilleures audiences et en permettant à Jennifer Garner de remporter un Golden Globe pour son rôle. Un critique a noté la différence entre 24 et Alias : "Alias n'a jamais oublié qu'il s'agissait avant tout d'un grand drame familial. Contrairement à 24, James Bond ou d'autres franchises d'espionnage similaires, Alias s'est assuré de donner aux téléspectateurs une accroche émotionnelle - tout le drame entourant la famille de Sydney - pour nous faire revenir de semaine en semaine". 24 a trébuché dès le départ et n'était pas la préférée des critiques, mais elle s'est attiré les faveurs d'un public dévoué qui l'a maintenue en vie. The Agency a obtenu ce qu'elle voulait et a attiré un public plus âgé et moins fanatique. La CIA, consciente de son image publique ombrageuse et implicitement sournoise, a joué un petit rôle dans les productions.

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4b]

Parmi les autres événements majeurs de l'année, citons le décès de la princesse Margret et de la reine mère. Le procès du dictateur yougoslave Slobodan Milošević a commencé à La Haye. La guerre civile angolaise s'achève lorsque le légendaire rebelle Jonas Savimbi est tué lors d'un affrontement entre les forces angolaises et les forces rebelles. Coup d'État militaire manqué contre le président socialiste vénézuélien Hugo Chavez, que ce dernier a personnellement imputé aux États-Unis. Le Timor oriental rejoint les Nations unies en tant que 191e État membre et devient la plus récente nation reconnue. L'ancien président Jimmy Carter reçoit le prix Nobel de la paix pour le travail du Centre Carter et une visite à Cuba. L'Église catholique est mise à mal dans un vaste scandale de pédophilie révélé par le journal Boston Globe. Le président George W. Bush s'est évanoui et s'est blessé au visage après s'être étouffé en mangeant un bretzel.

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[1]Le Pianiste, qui traite de l'occupation de la Pologne en temps de guerre, n'a pas autant d'écho[2].
[2] Black Hawk Down ITTL n'est pas apprécié par la critique et est un échec commercial, largement considéré comme pro-américain et trop simpliste.
3] 9/11 Cette série n'a pas pu être réalisée en raison de l'annulation des vols. Elle est diffusée sur Fox, supplantant Firefly[4a].
[4a] Le nombre de chansons sur le 11 septembre est incalculable. Voici quelques alternatives : Chad Kroeger remporte le prix de la meilleure chanson rock, le prix du meilleur interprète masculin, Elvis Costello remporte le prix de la meilleure chanson rock, le prix du meilleur interprète masculin. Tous remplacent Springsteen.
[Le Globe de Kiefer Sutherlands va à Peter Krause pour 6 feet under, Chad Kroeger gagne la meilleure chanson rock pour Hero et le meilleur acteur masculin pour Elvis Costello.
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Message par Uranium Colonel Mar 27 Juin - 18:12

Chapitre 18: Qui est le prochain?


Le Soudan

Le Soudan, le plus grand pays d'Afrique, est en guerre. Il était en guerre depuis près de vingt ans, une guerre qui était elle-même la continuation d'une autre guerre qui durait depuis 17 ans. Au total, 50 ans de conflit soutenu, avec un réseau changeant d'alliances régionales. L'état actuel du conflit était une guerre civile entre le gouvernement du nord, basé à Khartoum, et les provinces sécessionnistes du sud. Les lignes de front étaient plus ou moins stabilisées depuis la fin des années 90. De nombreuses initiatives de paix émanant des mondes arabe, africain et occidental ont été tentées, mais aucune n'a abouti à un cessez-le-feu.

Le conflit trouve son origine dans les différences d'idéologies et d'ethnies entre le Nord, plus islamique et arabe, et le Sud, chrétien et d'Afrique de l'Est. Le dictateur du Nord-Soudan, Omar al-Bashir, a dirigé un État islamiste, ce qui a favorisé l'émergence d'un sentiment djihadiste extrême et suscité la méfiance de l'Occident. Les États-Unis ont qualifié le pays de sponsor du terrorisme, ayant abrité les dirigeants actuels d'Al-Jihad et d'Al-Qaida, Zawahiri et Atef, deux des ennemis les plus notoires de l'Amérique. Les relations se sont brièvement apaisées sous l'administration Clinton, jusqu'à ce qu'une attaque aérienne, faussement liée à Al-Qaida, frappe le Soudan, tuant 85 membres du personnel de l'usine médicale Al Shifa, une attaque qui a gravement affecté l'infrastructure médicale du pays et renforcé le sentiment anti-américain dans le pays.

En retour, les personnalités anti-américaines du pays ont pris de l'importance, notamment Hassan Al-Turabi, le second de Bashir, secrétaire du parti et président de l'assemblée nationale, qui a continué à exercer une influence considérable sur les diktats de Bashir.

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Le président soudanais Omar Al-Bashir et son principal conseiller Hassan Al-Turabi

Turabi, se prononçait avec véhémence contre tout rapprochement avec l'Occident, arguant que le Soudan devait poursuivre ses alliances avec les dirigeants arabes et islamiques traditionnels, y compris avec d'autres États dits terroristes. Cette politique a eu de lourdes répercussions, des sanctions ont été imposées au pays et un nouveau conflit avec le sud a éclaté en 2001. Pour s'aider dans le conflit, le Soudan a fait des ouvertures à Al-Jihad, dont le chef Ayman al-Zawahiri n'était que trop heureux d'accepter, obtenant ainsi un autre allié dans le monde arabe ainsi qu'une nouvelle campagne de propagande et d'entraînement dans le pays, et l'occasion rêvée de réaliser des profits de guerre.

Le pays a souffert sous le régime, dépendant des exportations de pétrole sous de lourdes sanctions et dans une guerre active, l'économie s'est étiolée et le Soudan a continué à stagner, l'opposition au régime de Bashir s'est accrue de façon constante. La minorité non arabe de la région occidentale du Darfour est l'une des zones de résistance. Pendant une décennie, le gouvernement de Khartoum a appliqué une politique proche de l'apartheid en séparant les Arabes des non-Arabes. Les Arabes étaient favorisés dans les conflits fonciers et l'accès à l'eau, et les non-Arabes accusaient le gouvernement d'opprimer leur mode de vie traditionnel semi-nomade. En 2002, un conflit de faible intensité a couvé au Darfour où les rebelles ont régulièrement attaqué des postes de police et des convois militaires, bien que les rapports aient été cachés à Khartoum et à Bashir.

Cette situation a duré jusqu'à ce qu'une base militaire soit attaquée en février 2003 par le groupe de libération du Darfour. Outré, Bachir a ordonné à l'armée de réprimer le soulèvement, mais 20 ans de guerre avaient vidé l'armée de toute réserve et les dirigeants savaient que le retrait des troupes du sud pourrait déstabiliser la situation et potentiellement faire s'effondrer le front. Les groupes rebelles étaient également aidés par les voisins du Soudan, notamment le Tchad et la Libye. Les quelques régiments qui ont pu être dégagés se sont révélés incapables de trouver les rebelles, et ceux-ci ont parfois été capturés et rendus au gouvernement moyennant une rançon. Au lieu de faire appel à l'armée, Bashir s'est donc tourné vers Turabi et ses militants.

Turabi a utilisé ses liens avec le monde arabe pour lever et recruter davantage d'insurgés pour combattre les rebelles au Darfour, principalement parmi les groupes nationalistes panarabes et sunnites. Ce recrutement de groupes paramilitaires s'est chiffré par milliers et a été intégré (et pris en charge) par les forces de défense populaire (PDF), la milice islamique spécialisée du pays. Les PDF ont supplanté l'armée nationale partout, en dehors du conflit du sud. Cette nouvelle formation militaire a coïncidé avec des rapports faisant état d'actes de terreur soutenus par l'État à l'intérieur du pays, commis au Darfour et dans la région méridionale, signes d'une possible tentative de nettoyage ethnique de la région des non-Arabes[1].

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Forces de défense populaires (PDF), milices islamistes envoyées pour réprimer le soulèvement du Darfour



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Carte du Soudan, avec la région sud séparatiste en vert et la région rebelle du Darfour en bleu.




La Corée du Nord

Alors que l'administration Bush présentait les menaces mondiales, les yeux du monde étaient tournés vers le "royaume ermite", la Corée du Nord et son cher dirigeant Kim Jong-Il. Il avait succédé à son père Kim Il-Sung en 1994, et il va sans dire que son règne s'était mal déroulé jusqu'à présent. Tout au long des années 90, l'économie nord-coréenne s'est trouvée en difficulté en raison d'une gestion défectueuse, due à l'incompétence de Kim dans ce domaine, et de graves inondations. Le pays, manquant de terres arables, n'a pas été en mesure d'importer suffisamment de produits, ce qui a entraîné une grave famine qui a dévasté la RPDC. Au lieu de chercher une solution au problème, Kim a cherché à consolider sa base de pouvoir en se concentrant sur la construction de l'armée nationale, tandis que le pays restait dépendant de l'aide étrangère pour les importations de nourriture.
La politique a fait de l'armée l'organisateur central de toute la société nord-coréenne.

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L'ancien dictateur de la Corée du Nord Kim il-Sung et son fils et dictateur actuel Kim Jong-Il.

Mais Kim Jong-Il a touché une corde sensible différente de celle de son père sur le plan international. Des rumeurs de réforme sont bientôt parvenues à Washington et l'administration Clinton a commencé à faire de sérieux efforts pour normaliser les relations entre ces deux nations idéologiquement et géographiquement disparates. Les deux puissances savaient que le principal sujet de conflit entre elles était la quête de l'arme nucléaire par la Corée du Nord, qui durait depuis 40 ans. L'Union soviétique et la République populaire de Chine avaient toutes deux refusé d'aider l'initiative nord-coréenne, mais Kim Il Sung, dans le cadre de sa politique de "forteresse totale", l'a poursuivie avec acharnement. Mais le processus nucléaire a été très long et, bien que le pays ait affirmé progresser vers la construction d'une bombe atomique, les analystes ont contesté cette affirmation. Cela n'a pas empêché les États-Unis de veiller à ce que la RPDC ne mette pas la main sur un tel engin, un objectif clé de leur politique coréenne à l'avenir. Un accord-cadre a été conclu en 1994, le "Agreed Framework between the USA and DPRK" (cadre convenu entre les États-Unis et la RPDC), qui visait à remplacer les centrales électriques nord-coréennes potentiellement utilisables pour le programme nucléaire par des centrales civiles, dans le but plus large de normaliser la politique entre les deux pays.
L'accord a été critiqué dès le départ, il était à la fois non contraignant et volontaire, il n'a pas été reconnu comme un traité par le Congrès en raison de la réticence de l'opposition. Les républicains se sont montrés particulièrement critiques, considérant un tel accord comme une mesure d'apaisement, le sénateur McCain qualifiant l'accord de " perfide ". Des progrès vers la réconciliation entre la Corée du Nord et la Corée du Sud ont été réalisés en 1998 lorsque le président sud-coréen Kim Dae-Jung a adopté la politique du rayon de soleil, une position plus libérale et coopérative (une politique pour laquelle il a reçu le prix Nobel de la paix en 2000). Lentement mais sûrement, des progrès ont été réalisés pour combler ce long fossé. Le département d'État avait élaboré un dossier de preuves accusant la Corée du Nord de saper secrètement le cadre et de tenter de fabriquer un engin nucléaire. Ce dossier affirmait que la RPDC n'avait pas déclaré correctement les quantités de plutonium et qu'elle procédait à des essais de missiles intercontinentaux en les déguisant en essais de satellites. Il était clair que l'administration Bush souhaitait adopter une attitude plus ferme à l'égard des Nord-Coréens, mais beaucoup d'obstacles se dressaient sur sa route. Le gouvernement sud-coréen est resté attaché à la "Sunshine policy", convaincu que la poursuite du dialogue et des négociations ouvertes était le meilleur moyen de parvenir à une détente.

Contrairement à son ton plus agressif, Bush est allé à l'encontre de ses conseillers néoconservateurs sur cette question et s'en est remis aux Sud-Coréens après une rencontre avec Dae-Jung. Dans son propre pays, l'administration Bush a été accusée de poursuivre la politique ratée de Clinton. Bush a répondu publiquement, l'administration a saisi l'occasion du discours sur l'état de l'Union pour souligner le danger de la prolifération nucléaire, mais n'a pas nommé la Corée du Nord. Toutefois, le département d'État a accusé la Corée du Nord de ne pas respecter l'accord-cadre et a commencé à faire pression en faveur d'un nouvel effort diplomatique pour garantir la dénucléarisation permanente de la Corée du Nord.

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Le président George Bush visite la zone démilitarisée (DMZ) entre les deux Corées.

Ces pourparlers ont été soutenus par la Corée du Sud et le Japon et ont abouti à l'engagement des deux parties à respecter le cadre convenu, avec un financement supplémentaire pour la conversion des réacteurs de la Corée du Nord et une nouvelle série d'inspections nucléaires. Les deux parties ont ainsi pu repartir avec l'impression d'avoir remporté une victoire, tout en envisageant d'autres pourparlers à l'avenir, dans le but de tracer une voie plus ferme vers une relation durable. Cette politique a consisté à arrondir les angles, à utiliser un langage plus dur et à atténuer les menaces en faveur d'un maintien du statu quo et de l'option d'un dialogue continu. [2]

La Libye

La Libye, dirigée par son leader de facto, le colonel Mouammar Kadhafi, était un autre pays cherchant à se doter d'armes que l'administration Bush considérait comme un danger pour les États-Unis. Kadhafi entretenait une relation particulièrement hostile avec les États-Unis, ayant financé tout au long de son règne des groupes révolutionnaires et terroristes dans le monde entier, de l'IRA à l'Armée rouge japonaise en passant par les FARCS colombiennes. Cette terreur a valu à son pays d'être bombardé par Reagan en 1986 et d'être sanctionné pour l'attentat à la bombe contre le vol 103 de la Pan Am en 1988. La Libye était de plus en plus isolée politiquement.
Pendant des décennies, la Libye a joué le jeu du bras de fer entre l'Union soviétique et les États-Unis, s'attirant le soutien des deux blocs, mais la décennie qui a suivi l'effondrement de l'Union soviétique n'a pas été clémente pour la Libye. Kadhafi a obtenu la levée de certaines sanctions en livrant deux Libyens liés à la terreur, mais son incapacité à assumer ses responsabilités et à présenter des excuses a laissé le pays dans une situation économique difficile.

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Le colonel Kadhafi, dirigeant de facto de la Libye.

Ce dirigeant flamboyant, conscient de l'isolement de la Libye, s'est efforcé de trouver un soutien en Occident, et plus particulièrement aux États-Unis, en raison de la poursuite du développement de l'armement chimique et nucléaire du pays. À l'instar de la Corée du Nord, le colonel nourrissait depuis des décennies l'ambition d'acquérir des armes aussi puissantes dans le but officiel de contrer le programme nucléaire israélien. Ce programme avait bénéficié de l'aide de l'Union soviétique et du marché noir pour son développement, mais malheureusement pour Kadhafi, ses objectifs ont été entravés par les sanctions économiques et la chute de l'Union soviétique, qui ont longtemps retardé l'avancement du projet. Conscients de leur isolement, les Libyens ont même proposé au président Clinton de mettre fin à leur programme d'armes nucléaires en échange de la levée des sanctions, mais ces efforts se sont heurtés au refus persistant de Kadhafi de s'excuser pour ses liens avec le terrorisme. Pour beaucoup de scientifiques, d'analystes et d'espions, le programme nucléaire libyen n'était qu'une chimère, mais le pays possédait encore un important programme d'armes chimiques illicites qui constituait toujours une menace potentielle. Le régime était confronté à une énigme : pouvait-il conclure un accord avec l'Occident, revenir sur des décennies de politique en échange d'une réintégration dans la communauté internationale, c'était une possibilité, mais pour le moment, l'Occident n'avait pas grand-chose à offrir.
Ni Bush ni Blair n'ont renoncé à exiger des excuses et des compensations et n'ont pris aucun engagement ferme d'abandonner les sanctions même si de tels efforts étaient faits, sans parler d'encourager les investissements dans le pays. En outre, Kadhafi disposait de nouvelles estimations sur le programme du pays, dont une faite par son fils Saif, selon laquelle le programme n'était plus qu'à 5 ans de son achèvement, que fallait-il perdre ? La réalisation d'un objectif aussi monumental obligerait certainement l'Occident à rencontrer la Libye à la table des négociations, sérieusement cette fois-ci. La décision a été prise et, au cours des mois de 2002 et 2003, des cargos sont entrés clandestinement dans le pays, grâce à des liens avec le programme nucléaire pakistanais et avec le "marché noir du nucléaire" ; des conteneurs remplis de pièces de centrifugeuses ont été débarqués à Tobrouk ; enfin, après une période de gestation de 30 ans, le régime de Kadhafi s'est attaqué sérieusement à son programme nucléaire. [3]

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Kadhafi assistant à un défilé militaire en son honneur

L'Iran


La raison pour laquelle l'administration Bush s'est montrée incapable de déceler l'accélération de la marche de la Libye vers les armes de destruction massive est peut-être due au fait qu'elle s'est concentrée sur d'autres pays. Bien sûr, l'Irak a fait les gros titres, Saddam a été publiquement identifié comme la plus grande menace pour les États-Unis et une attention particulière a été accordée à l'éventuel programme d'armement de l'Irak à la suite de son discours sur l'état de l'Union, suivi par la Corée du Nord dont les menaces grandiloquentes n'ont jamais manqué d'attirer l'attention du monde, mais discrètement, l'administration s'est détournée d'une autre politique étrangère de l'ère Clinton, celle concernant la République islamique d'Iran. Pendant des décennies, les États-Unis et l'Iran se sont affrontés dans un conflit virtuel par procuration, mais à partir de 1997, avec l'élection d'un président iranien modéré, Mohammad Khatami, l'administration Clinton a entamé un dialogue et un lent assouplissement des sanctions avec le pays. Les tentatives de dialogue complet ont échoué entre les deux parties, à cause de la politique israélienne, sur laquelle l'ayatollah n'était pas disposé à faire des compromis, mais des progrès ont été réalisés, la secrétaire d'État Albright a reconnu le rôle des États-Unis dans le coup d'État iranien de 1953, qualifiant le Shah de dirigeant répressif, et les États-Unis ont levé les sanctions sur les produits non liés au pétrole. Bush, en revanche, a adopté une position plus dure, refusant d'annuler les sanctions et multipliant les discours musclés.
Ils ont reproché à l'Iran d'avoir gâché les pourparlers de paix arabo-israéliens en finançant des groupes palestiniens et libanais anti-israéliens et ont exprimé leur plus grande inquiétude quant aux éventuelles capacités nucléaires du gouvernement iranien.

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Le président iranien Mohammad Khatami et le guide suprême, l'ayatollah Khamenei.

La politique iranienne a de nouveau été divisée entre les idéologues néo-conservateurs de Cheney/Rumsfeld et les pragmatiques dirigés par Powell. Cette fois, Bush s'est rangé du côté des partisans de la ligne dure, qui considéraient que le régime iranien vacillait et qu'il était tout aussi vulnérable à un effondrement potentiel que l'Irak de Saddam. Ainsi, toute tentative de normalisation du régime théocratique islamique se ferait au détriment des forces "démocratiques" à l'intérieur de l'Iran. Les partisans de la ligne dure ont réussi à écarter l'Iran du dialogue sur la politique étrangère des États-Unis, y compris en Afghanistan où, malgré l'Iran à majorité chiite (qui aurait pu s'avérer un allié important en tant qu'opposant aux talibans dominés par les sunnites), Washington a cherché à exclure l'Iran et l'influence iranienne de l'Alliance du Nord, contre la volonté de Massoud. La politique de l'administration Bush s'est résumée à maintenir le statu quo de relations difficiles et à ignorer le pays pour le reste.

L'Iran, à son tour, a reproduit la même politique étrangère, en reportant le dialogue, de même qu'il a reporté le changement de sa politique nucléaire, alors que le président Khatami, qui était prêt à négocier, a continué à dissimuler les installations nucléaires du pays et n'a donné aucun indice sur les plans du pays. En 2003, l'étendue technologique de son programme dépassait les prévisions des services de renseignement occidentaux, d'autant plus que les États-Unis avaient tout fait pour ralentir toute forme de technologie nucléaire en Iran. Toutefois, un tel secret ne pouvait être gardé éternellement et, en 2003, des groupes d'opposition iraniens ont commencé à divulguer des informations sur le programme. Ces fuites sont toutefois restées lettre morte, les États-Unis doutant de ces affirmations car les données étaient généralement fournies par des groupes anti-iraniens soutenus par l'Irak et étaient considérées comme une tentative de détourner les regards de Bagdad vers Téhéran. Contrairement à la Libye, il n'y avait pas d'urgence à construire une bombe et l'objectif ultime restait de forcer les États-Unis à négocier avec eux, mais il se trouve que ce chemin spécifique serait beaucoup plus long que celui que Khatami espérait[4].

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Le président iranien Mohammad Khatami, qui s'est concentré sur les réformes, "l'homme à la robe chocolat".

[1] Le Soudan et Bashir maintiennent une position anti-américaine qui étend le conflit au Sud-Soudan et conduit à un conflit plus sanglant au Darfour. Ainsi qu'une faction islamiste qui ne cesse de croître [2].
[2] Je pense que la doctrine Bush a convaincu la Corée du Nord que les États-Unis pourraient l'envahir et que la Chine ne les soutiendrait pas s'ils le faisaient. En réalité, rien de tout cela n'est vrai, et il n'y a donc pas de véritable urgence à acquérir une arme nucléaire.
[3] Kadhafi était clairement un opportuniste politique qui était prêt à donner à Blair et Bush une victoire politique significative au moment où ils en avaient le plus besoin en échange de la normalisation de la Libye. Aucun accord de ce type n'est à l'horizon, et personne ne croit même que le programme libyen est légitime. Kadhafi suit donc les terribles conseils de son fils et double la mise.
[4] Le discours sur l'Axe du mal n'existe pas, l'événement qui a déclenché toutes les alarmes à Téhéran et convaincu de nombreux Iraniens que les États-Unis visaient un changement de régime dans leur pays également. Ici, les relations américano-iraniennes sont hostiles mais pas aussi désastreuses qu'OTL.



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Message par Thomas Mar 27 Juin - 19:20

Un "axe du mal" un peu plus large qu'OTL et sans la Corée du Nord. Intéressant.

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Message par Uranium Colonel Mer 28 Juin - 10:19

Je dirais que la Libye devient en fin de compte plus dangereuse que la Corée du Nord OTL.
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