[CTC09] Gâchis

Le président George H. W. Bush ne s’était pas laissé attendrir à la vue de la longue ligne de cadavres déchiquetés ou calcinés, gisant dans les carcasses incinérées des véhicules alignés tout le long de l’autoroute de la mort. Au contraire, il avait ordonné, en dépit des objections des Français, pour qui le risque de briser le front commun avec les pays arabes était grand, ces mêmes pays arabes, mécontents pour beaucoup de voir l’Amérique allait bien au-delà de son mandat d’origine. Bush n’avait également que faire des avertissements de l’Iran concernant le risque de déstabilisation voire d’embrasement régional si le régime baasiste, qu’ils méprisaient pourtant, s’effondrait. Et que dire du véritable crachat à la figure d’un Gorbatchev fini, que constituait l’offensive terrestre en elle-même, alors que Saddam avait finalement accepté l’offre de paix de Moscou.

Le président Bush voulait abattre à tout prix Saddam le despote et il irait terminer la guerre à Bagdad. Il ordonna donc à ses forces d’aller bien au-delà de la simple libération du Koweït et de continuer leur poussée vers la capitale de l’Irak et le cœur du pouvoir du Baas. Déjà, les plans d’origine prévoyant l’isolement des forces irakiennes stationnées dans le petit émirat avait conduit non seulement d’importantes forces en Irak même, américaines en premier lieu, et notamment les célèbres 101ème et 82ème US Airborne mais également la « Division Daguet » de l’armée française, de loin l’unité la plus avancée en Irak au 28 février, moment où Bush ordonne à la coalition de « terminer le boulot ! ».

Le premier à réagir est le chef de l’État syrien, Hafez el-Assad, qui, allié à Saddam contre l’Iran, avait rejoint la coalition américaine quand le Raïs eut franchi le Rubicon. En effet, quoi que Chiite, el-Assad était nettement plus effrayé par les discours enflammés de Bakhtiar et de Bazargan sur l’immuabilité de l’expansion de la démocratie dans la région, qu’inquiet d’une victoire de son frère ennemi, le régime baasiste d’Irak. Mais Saddam, en attaquant le Koweït était allé bien trop loin en s’aliénant la seule et unique superpuissance restante après la mort de l’URSS, les USA. El-Assad refuse que les troupe syriennes entrent en Irak même, presque immédiatement rejoint par le Régime d’Hosni Moubarak, qui avait succédé à Amer en 1989.

Les monarchies du golfe, notamment l’Arabie Saoudite, soutiennent quant à elles la poursuite de l’offensive afin d’être débarrassées pour toujours du tyran de Bagdad.

Bush, voulant le triomphe pour lui-même et son armée, manipula la logistique afin de défavoriser Daguet, bien trop avancée à son goût en Irak. Les retards de la logistique alliée, contrôlée par l’Amérique, permirent, au péril de la vie des soldats français, l’entrée des 2 divisions de parachutistes américaines en premier en Bagdad à la mi-mars, après un combat d’apocalypse au sud de la ville entre la courageuse, déterminée, mais très mal équipée, Garde républicaine et les forces de la coalition, rejointes entre temps par les Chiites du sud du pays, révoltés contre leur bourreau, Saddam.

Notons une participation indirecte de Téhéran à la chute de Saddam. En effet, voyant que le Raïs chuterait sous peu, le gouvernement iranien autorisa l’entrée au Kurdistan irakien de centaines de combattants kurdes repliés en Iran, qu’il bloquait jusque là. Massoud Barzani proclama dans la foulée, l’autonomie du Kurdistan irakien, zone comprenant également Mossoul et Kirkouk. Point d’indépendance pourtant, Washington l’ayant déconseillée aux Kurdes et la Turquie mobilisant à la frontière…

La chute de Bagdad entraîne le pillage massif des palais de Saddam par les troupes américaines tandis que la population s’en prend aux musées de la ville pour pouvoir revendre à terme, contre de l’argent frais, à des millionnaires étrangers, leur riche passé.

Rapidement, suite en partie à la guerre en Yougoslavie, Mitterrand ordonne le retour rapide en France du contingent Daguet, les Américains et leurs amis britanniques constituent la principale composante de la force d’occupation. Restait dès lors la manne principale, le pétrole, dont le pays regorge. Inévitablement, les Français sont défavorisés dans les appels d’offres sur les contrats pétroliers, au profit des compagnies américaines mais aussi britanniques. De même, un pays réduit à l’état de ruines fumantes en quelques semaines, est un excellent marché pour les entreprises du bâtiment et travaux publics…

Néanmoins, l’occupation grève le budget américain, du fait des coûts immenses de la reconstruction mais aussi du coût humain insupportable pour une nation démocratique, de la guerre larvée et contre-insurrectionelle conduite par l’US Army contre les mouvements baasistes bientôt supplantés par les mouvements djihadistes d’Al Quaïda, des milliers de combattants étant revenus d’Afghanistan pour mener désormais la guerre sainte en Irak face aux Mécréants qui souillent, selon eux, la terre d’Islam. Dans les années qui suivirent, le fléau du radicalisme religieux supplantera dans les pays arabes de la région l’espoir que portait les régimes nationalistes laïcs, affaiblis et rejetés dans la répression féroce pour tenter de sauver ce qui peut l’être de leur autorité.

Cette conquête de l’Irak fut finalement un immense gaspillage de richesse pour l’Amérique. Des milliards de dollars gaspillés qui aurait été plus utilise a minima pour l’économie américaine si on est libéral, a fortiori dans des programmes sociaux si on a une fibre sociale. Une jeunesse américaine tombée par centaines en terre étrangère, pour une occupation de plus en plus impopulaire, des milliers d’autres souffrant du syndrome post-traumatique. L’émergence de l’Islamisme sunnite politique dans les pays arabe aux régimes dictatoriaux moribonds. Pour les Républicains, au pouvoir quasiment sans interruption depuis 20 ans, la fin de leur hégémonie avec l’élection de Bill Clinton en 1992, réélu en 1996 et dont les deux successeurs furent deux démocrates comme lui. Al Gore en 2000 (qui eut a affronté les attentats du 11 septembre 2001, préparés certes depuis l’Afghanistan mais dont les participants furent pour une partie, formés dans les zones contrôlées par les Djihadistes d’Irak) puis Adam Sand en 2006, premier Amérindien a occuper cette fonction. Malheureusement, certes plein de bonnes intentions, l’argent engloutie dans le fardeau irakien (mais également Afghan, ce second pays étant, pour ses zones reculées, un autre vivier du terrorisme islamique) les empêchèrent de conduire jusqu’au bout les politiques économiques qui eurent pu permettre d’empêcher la perte de millions d’emplois ouvriers américains.

L’émergence de Peter Stevenson et de son Party of the american people fut la conséquence néfaste du fléau irakien.

Sans doute également les richesses perdues au Levant eurent été plus utiles à soutenir économiquement le président Kasparov, renversé par un coup d’État communiste en 2008. Peut-être la démocratie russe aurait pu être sauvé et la République socialiste fédérative de Russie, comme elle s’appelle officiellement, n’aurait jamais surgi des cendres de la chute de l’Union soviétique.

Adam Sand?

Un personnage né après le PdD de mon invention. Il apparaît dans le sujet sur Stevenson

Apparemment Sadate n'a pas été au pouvoir en Egypte ?

Effectivement

Voilà donc les communistes de retour au pouvoir en Russie!
Hâte de te voir développer cet aspect!

(et ton texte m'a aussi encouragé à écrire un court texte que je voulais rajouter à "Joli mois de Saur")

DemetriosPoliorcète a écrit:(et ton texte m'a aussi encouragé à écrire un court texte que je voulais rajouter à "Joli mois de Saur")

Gogogo.
Normalement le miens débarque d'ici demain soir

La, j'ai deux doutes :
En 91, la garde républicaine reste de loin la mieux équipé des formations irakiennes.

Et surtout, je rappelle que Ben Laden a cette date avait proposé que ce soit ces hommes qui participent à la guerre contre l'Irak a la place des occidentaux. l'Afghanistan en 91 avait un régime communiste combattue par les autres factions dont Massoud. Al Queda n'a pas de ''bastion'' pouvant lui permettre d'entretenir une force déterminante en Irak a cette date.

Le chaos djihadiste en Irak apparaît comme IRL suite au ressentiment des Sunnites face à la domination nouvelle des Chiites. Pour Benladen je savais pour cette proposition. Pour la garde républicaine. Elle a plié IRL face aux Américains dans le sud de l'Irak. Elle sera detruite LFC au sud de Bagdad.