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[CTC01] Le retour du Général

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Message par LFC/Emile Ollivier Mer 1 Avr - 8:19

Le retour du Général


« Monsieur le député. La France a eu son 18 Brumaire. Vous, vous aurez toujours le 23 Août... »


De Gaulle à un député communiste le prenant à partie au cri de « 18 Brumaire, 18 Brumaire ! »

Février 1945 : Soucieux d’appliquer le principal point de son programme qui est tout bonnement le rétablissement de la démocratie en France, le gouvernement Mandel organise des élections générales pour renouveler l’ensemble des corps élus de l’État.

Si ces élections sont seulement interdites aux anciennes forces de la Collaboration, on distingue 3 grandes coalitions. À savoir, le Mouvement républicain populaire, qui regroupe l’Alliance démocratique, le Parti démocrate populaire, le PSF et les débris des formations de droite anéanties par la collaboration d'une partie de leurs cadres à l'instar de la Fédération républicaine. Il coalise les forces de droite qui ont rallié Alger ou résisté donc. Les meneurs du MRP sont Mandel, Maurice Schumann, Michel Clémenceau, fils du Tigre, et le « Colonel » de la Rocque.

La seconde force est le Front républicain. Il regroupe la SFIO et le Parti radical. Il est dirigé par Blum (qui prendra la tête du gouvernement si le Front républicain l’emporte) et Daladier.

Enfin la troisième force est représenté par les Communistes qui ont résisté bien après les deux autres forces. Ces derniers, qui n'ont aucune vergognes, n'hésite pas à se présenter sous l'étiquette de leur principal mouvement de résistance. Front national...

A l’issue du scrutin, si des indépendants sont élus, c’est bien ces 3 forces qui se partagent la part du lion mais sans majorité claire ce qui oblige à une coalition. Cependant, si le gouvernement de la République française a des membres issus du PCF en son sein depuis octobre 1941, il est inutile de préciser que la méfiance vis à vis des Communistes, ou plutôt des Frontistes, est de mises au sein des autres coalitions. En effet, elles n'ont pas oubliées qu’elles ont été pendant près d’un an les seules à avoir résisté à l’Allemagne et à Laval.

Pire, leurs membres voient avec horreur la mainmise de Staline sur l’Europe de l’est. C’est donc tout naturellement que le Front républicain et le MRP s’entendent pour former un nouveau gouvernement afin de faire barrage aux Communistes. Mais quelle personnalité peut à la fois se considérer comme apolitique tout en rassemblant dans une large mesure les Français ?

C'est dans cette perspective que Mandel et Blum se mettent d'accord sur le nom de Charles de Gaulle.

Blum et Michel Clemenceau (Le Colonel étant jugé comme allant effrayer la gauche tandis que Clemenceau a, et c’est peu dire, un nom rassembleur et vénérable) deviennent vice-président du conseil. Au poste de ministre de la guerre, le Général nomme Raoul Salan, rappelé du Laos. Salan prépara bientôt activement sa revanche et celle de la France contre le Viet-Minh en fournissant à de Lattre, son successeur à la tête de l'Armée d'Extrême-Orient, les moyens d'écraser Hô.

C’est dans ce contexte que de Gaulle est pris à parti par un député frontiste à la Chambre. Député auquel il répond avec brio.

Que devient donc Mandel ? Il est tout simplement élu président de la République française après la démission d’Albert Lebrun, celui-ci étant soucieux de laisser une place d’honneur au héros de la nation française.

Le gouvernement de Gaulle I se termine le 20 janvier 1946 par un coup de théâtre à la Chambre des députés ! Celui-ci, déçu voire écœuré du refus des représentants de la Nation d’amender la constitution en vue de renforcer le pouvoir exécutif annonce sa démission ! Qui choisir à sa place ? Les 2 blocs non communistes étant incapables de former une majorité sans un accord. L'heure revient rapidement aux basses manœuvres politiciennes et aux trahisons. En effet, le Général pousse les députés conservateurs et nationalistes, à refuser la confiance à quiconque autre que lui même, espérant, en créant la « chienlit », revenir très vite au pouvoir et imposer sa réforme constitutionnelle.

La manœuvre gaullienne rabat non seulement vers la gauche l'équilibre des forces, la droite étant désormais affaiblie sans pour autant que le Général ne soit inquiet du risque de l'entrée de communistes au gouvernement, les sachant trop haïs par les autres. Mais Charles de Gaulle provoque surtout l'ire de De la Rocque et Clémenceau, furieux que l'ancien ministre de la guerre ne se comporte comme le seul chef de la droite conservatrice et ne l'affaiblisse, en y portant la division entre Gaullistes, qui voteront non à toutes candidatures non gaullienne, et « constitutionnalistes », prêts à certains compromis !

Mais ce basculement à gauche de la chambre profite toute naturellement à son chef, Léon Blum, qui est investi. Daladier, son allié au sein du Front républicain, devient vice-président du conseil, tout comme Robert Schumann, avec le porte-feuille des affaires étrangères,en tant que représentant de la faction de la droite qui a votée l'investiture. Cependant, le Colonel et Clémenceau, pourtant prêts au compromis, sont contraint de quitter le gouvernement, étant désormais à la tête d'une force affaiblie par le sécession rapide des Gaullistes, qui fonderont le RPF, le Rassemblement pour la France.

En 1946, lors d'un grand discours à Fréjus (choisie car première ville métropoloitaine d’importance libérée par des troupes exclusivement françaises lors de l’opération Anvil/Enclume en 1944), dénonce-t-il le « Régime des partis » et se déclare pour la fondation d'une Quatrième République disposant d'un Régime présidentiel.

Aux législatives de 1950, où le Général est élu député de Colombey-les-Deux-Eglises, le RPF est le premier parti de France. Cependant, il n'a pas la majorité nécessaire pour gouverner.

Le MRP, devenu une force de centre droit (la droite conservatrice suivant de Gaulle), s'est, quant à lui, effondré. Il s'allie néanmoins une nouvelle fois à la SFIO, qui maintient à peu près ses résultats, pour former une nouvelle équipe dirigeante avec Robert Schumann, l’un des père de la Communauté européenne, à sa tête.

Gouvernement éphémère cela va de soit...

L’une des causes de la chute du MRP est le fait que si le RPF se veut au-dessus du clivage droite-gauche, son programme attire principalement les gens de la droite conservatrice, qui se sont donc détournés d’une droite plus modérée.

Mais le RPF, bien que de plus en plus populaire, voit nombre de ses députés participer à leur tour au jeu parlementaire et donc se « compromette » aux yeux du Général.

En effet, ceux-ci votent l'investiture à divers gouvernement de « coalition »…

Certains même quittent le RPF pour le MRP et rejoignent des cabinets gouvernementaux.

Cela, de Gaulle ne leur pardonnera jamais...

De Gaulle dégoûté, démissionne alors de son poste de député. Le RPF s'effondre de lui-même.

Commence alors ce que l’histoire nommera « la traversée du désert »...

Il faudra que la France connaissent le drame algérien pour que le Général fasse son grand retour en politique et prenne en main les destinées du pays.

En effet, depuis le soulèvement du 1erjanvier 1954, dit « Nouvel an rouge », le FLN et son pendant militaire, l'ALN, ont déclenché une insurrection contre la présence française en Algérie afin de contraindre les Français à quitter le pays, comme ils l'ont déjà fait en Tunisie et au Maroc en 1950.

Le gouvernement Mendès-France, qui a succédé au gouvernement technocratique de Jean Bichelonne, a certes envoyé des renforts militaires en Algérie et parvient à tenir le pays, mais des affrontements sporadiques ont toujours lieu entre l'ALN et l'armée française.

Certes, en Algérie, il n’y a plus qu’une seule catégorie d’habitants, mais s’inspirant du sud des États-Unis, les « Pieds-noirs » parviennent plus ou moins légalement à conserver le pouvoir, cause de la colère musulmane. Néanmoins, la majorité de ces derniers sont si ce n’est pro-français, du moins « attentistes ».

Dans ce contexte, voyant que l'insurrection risque d'échouer, le FLN déclenche une série d'attaques contre la France métropolitaine même, à la grande fureur de Bourguiba, le premier ministre du royaume de Tunisie, soutien discret du FLN certes, mais qui ne veut pas trop durcir le conflit avec la France dont il admire la culture.

À la suite de ces carnages, des émeutes anti-musulmanes ont lieu non seulement en Algérie mais aussi en Métropole, où on dénombre malheureusement des lynchages...

Face à cette situation explosive, et les élections législatives de 1955 approchant, De Gaulle sort de sa réserve et fonde un nouveau parti, l'Union pour la Nouvelle République (UNR) reprenant les thèmes de campagnes du défunt RPF.

De Gaulle promet en plus de « régler au plus vite la question algérienne ». Bien que ce propos soit ambigu, la plupart le prenne pour une défense de l'Algérie française.

D'ailleurs, l'armée s'agite. En colère après le retrait de Tunisie, du Maroc et d'Indochine, elle craint un nouveau lâchage en Algérie à l'heure où le gouvernement a déjà acté pour 1960 l’indépendance des membres subsahariens de l’Union française.

45 % des voix, c'est le score de l’UNR aux législatives de février 1955.

C’est à la fois une immense victoire et une défaite pour de Gaulle.

En effet, il n’a pas la majorité à lui tout seul et il ne dispose d’aucun allié potentiel…

À moins que…

30 avril 1955, un nouveau vote pour investir un gouvernement a lieu, après 5 échecs précédents (Mendes-France continue d’assurer les affaires courantes).

Lors du vote à main levée, quelle n’est pas la stupéfaction des élus siégeant au centre lorsqu’ils se voient encerclés par les mains levées.

Les Communistes votent pour de Gaulle !

Certains députés Front républicain et MRP, issus de la France combattante, se retirent pour faire part de leur désapprobation.

De Gaulle devient chef du gouvernement d’une République qu’il combattait férocement.

Le président Mandel (car oui, il est toujours président en 1955), refusant de nommer celui qu’il considère désormais comme un anti-républicain, démissionne.

On élit en catastrophe à la tête de l’État, le candidat voulu par de Gaulle.

Jacques Soustelle.

À peine élu, Soustelle dissout les chambres.

Un acte qui, bien qu’autorisé par les lois constitutionnelles de 1875, est considéré comme une forfaiture, un acte de Césarisme, sous la IIIème République !

On n’avait plus vu ça en France depuis Mac Mahon !

Mais Soustelle et, au-delà, le Général, respecte scrupuleusement la loi…

Une large majorité gaulliste est élu et les débris des formations centriste lasses (ainsi que le PCF), votera sans peine pour de Gaulle à la présidence car Soustelle a de suite après l’élection de la nouvelle Chambre, démissionné.

Dans son ouvrage Les Droites en France, concernant les évènements marquant le terme de la IIIème République qu’il qualifie « d’Octobre blanc », Jean Vavasseur-Desperriers expliquera que le Général reçu l’appui communiste car il avait promis de mettre à bas les réformes économiquement libérales du gouvernement Bichelonne. Concernant l’élection de Soustelle, celui-ci obtînt le soutien du bloc PCF lors de l’élection du nouveau président (avant de devenir le premier ministre du Général comme récompense) car il était considéré « comme le plus à gauche des Gaullistes » et que donc, les Communistes ne voteraient que pour lui.

Quant à Pierre Péan, il désigne explicitement François Mitterrand comme l’intermédiaire entre de Gaulle et le PCF, dans son ouvrage François Mitterrand : L’âme damnée du Général.

Pour l’anecdote, Jacques Duclos, croisant de Gaulle après le vote, lui dira avec un léger sourire.

« M. le président, vous aussi vous aurez toujours votre 23 août... »


Dernière édition par Emile Ollivier le Mer 1 Avr - 11:08, édité 2 fois
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Message par Thomas Mer 1 Avr - 10:41

Intéressant.
Bravo et merci pour cette première participation.

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Message par Uranium Colonel Mer 1 Avr - 15:55

Bravo, je n'ai aucune chance de gagner Wink
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Message par Thomas Mer 1 Avr - 16:23

Uranium Colonel a écrit:Bravo, je n'ai aucune chance de gagner Wink
L'important c'est de participer.

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Message par Collectionneur Ven 22 Jan - 10:30

J'avais loupé ce texte. Retrait d'Indochine ? Cela m'étonne.
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Message par LFC/Emile Ollivier Ven 22 Jan - 10:33

LFC est assez mouvant pour la guerre froide. Je ne toucherai pas à ce texte de concours mais on peut décaler l'insurrection algérienne au 1er novembre 1954 et introduire un Dien Bien Phu LFC (avec des bombardiers US en prime) plus tôt cette année là.
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Message par Collectionneur Ven 22 Jan - 12:25

Sinon, a l'époque, j'ai l'impression que l'on n'avait même pas le temps de graver les plaques avec les noms des ministres qu'ils étaient déjà remplacer Wink
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Message par LFC/Emile Ollivier Ven 22 Jan - 12:28

Ils ne défaisaient même pas leurs valises en "s'installant" dans leurs ministères. Laughing
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